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Selon vous, qu'est-ce qui motive les étudiants de l'académie d'Aix-Marseille à s'inscrire au concours supplémentaire de Créteil ? "Difficile de répondre.
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Aix-en-Provence

Mercredi 18 Mai 2016 www.laprovence.com

Pour devenir professeur... ils sont prêts à tout

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À suivre Pourquoi le ciel est-il noir la nuit...

Les étudiants de l’Espé Aix ont participé au "concours de la seconde chance" organisé par l’académie de Créteil qui manque de candidats au poste de prof des écoles. Témoignages

Vous vous êtes toujours demandé pourquoi le ciel est noir la nuit ? Vous aurez peut-être la réponse ce soir à 19 h 30, à l’Ensam (2, cours des Arts-et-Métiers) à l’occasion d’une conférence-débat de Michel Marcelin, spécialiste de l’étude de la vitesse des galaxies, directeur de recherche au Laboratoire d’astrophysique de Marseille. La question peut paraître saugrenue, mais elle mérite pourtant d’être posée. Si l’on suppose l’Univers infini et uniformément rempli d’étoiles alors, quelle que soit la direction vers laquelle on se tourne, notre regard devrait aboutir à une étoile et le ciel apparaître lumineux, même la nuit... Cette situation est connue sous le nom de paradoxe d’Olbers, astronome allemand qui fut l’un des premiers à l’énoncer à la fin du XVIIIe siècle. De nombreuses solutions ont été proposées, depuis, pour le résoudre. La conférence apportera quelques éléments de réflexion, de manière la plus simple et compréhensible possible.

La Seds, précieux témoignage de la naissance d’une ville

Hier, plusieurs dizaines d’étudiants étaient au CAEC de Galice pour passer la première épreuve du concours supplémentaire de professeur des écoles. En France, ils étaient 9 150. Aujourd’hui à 13 h, leur sort sera scellé. Séverine, Adrien, Alban et Élodie devront-ils faire leurs valises pour Créteil ? / PHOTOS SERGE MERCIER

A

lors que les demandes affluent pour devenir professeur, l’académie de Créteil, elle, reste carencée. Pour pallier cette pénurie, la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a instauré depuis 2015 une seconde session au CRPE (Concours de recrutement des professeurs des écoles) de Créteil. L’an dernier, ce concours a rassemblé 11 600 candidats. Cinq cents exercent aujourd’hui dans la banlieue parisienne. Ils ont quitté leur Sud natal, leur famille et leurs amis pour réaliser leur rêve : enseigner. Vendredi 13 mai, Youssouf sort de l’Espé. Il n’a pas réussi le CRPE d’Aix-Marseille, il prépare celui de Créteil. Youssouf a 48 ans, il étudie en Master

MEEF PE (Métier de l’enseignement, de l’éducation et de la formation professeur des écoles) depuis un an. En reconversion professionnelle, il a décidé de devenir professeur. "J’étais développeur dans une banque. Le soir, je faisais du soutien scolaire. J’ai fait ça pendant quatre ans. J’ai démissionné l’an dernier pour faire ce métier." Youssouf est marié et il a trois enfants âgés de 10, 15 et 23 ans. Il a dû trouver un terrain d’entente avec sa famille avant d’entamer le projet de les quitter. "Si j’ai le concours, je reviendrai tous les week-ends et pendant les vacances scolaires. J’espère que ma situation jouera en ma faveur et que je rentrerai vite à Marseille." Le soleil, la mer, son foyer et

L’Espé, ça fonctionne comment?

"Je quitte ma famille et mon copain, mais si je trouve ma place, je veux bien rester." l’ambiance marseillaise, c’est ce qui manquera le plus à ce père de famille qui habite la région depuis l’âge de 14 ans. Youssouf se lève à 5 h tous les matins pour se rendre à l’Espé d’Aix. "Ce n’est pas évident mais je suis persévérant. Être professeur, c’est une passion. Je gagnais 2 800 ¤ à la banque, je quitte tout pour en gagner 1 700. Si c’est pas par passion, alors c’est pour quoi ?" Les enfants, la reconnaissan-

ce des parents, c’est ce qui motive Youssouf qui aime "donner". Pour lui comme pour beaucoup, le CRPE est un moyen de départager les étudiants au vu du nombre croissant de demandes. "C’est pas les gens qui réussissent qui sont les meilleurs profs." Malgré les a priori, il se sent assez fort pour opérer ce changement de vie. Grâce aux Sopa (Stage d’observation et de pratiques accompagnées), il a pu toucher du doigt le terrain. Mardi 17 mai, c’est le jour J. Séverine patiente anxieusement devant la salle d’examen. L’étudiante de 23 ans a déjà passé le concours l’an dernier, sans succès. "J’ai un peu d’appréhension parce que je ne connais pas Créteil. Je quitte ma famille et mon

LES 3 QUESTIONS

Après vingt-trois ans de service, l’IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres) a laissé place en 2013 à l’Espé (École supérieur du professorat et de l’éducation), avec la volonté de recadrer et de professionnaliser la formation. Depuis, ces établissements proposent quatre parcours : Master MEEF (Métier de l’éducation, de l’enseignement et de la formation) premier degré, second degré, encadrement éducatif et pratique et ingénierie de la formation. Les deux premiers, forment en deux ans, des professeurs pouvant exercer en écoles primaires (premier degré), au collège ou au lycée (second degré). L’année se partage entre la dispense de cours théoriques (maths, français, sciences, histoire, arts, EPS, etc.) et les Sopa (Stages d’observation et de pratiques accompagnées). Ces Sopa permettent aux étudiants de fréquenter le terrain. Depuis peu, un TD (travaux dirigés) délocalisé est mis en place pour confronter les étudiants aux zones sensibles.

Le concours dans tout ça ? La première année du Master prépare au concours. Le CRPE (Concours de recrutement de professeurs des écoles) et le Capes (Certificat d’aptitudes au professorat de l’enseignement du second degré) ont lieu en avril (épreuves écrites), en juin et en juillet (épreuves orales). Deux concours blancs sont organisés pendant l’année, ils donnent un aperçu du jour J. Cette disposition permet aux étudiants admis de continuer leur Master 2 tout en exerçant dans une école à mi-temps. Ils sont professeurs stagiaires. Toutefois pas de répit pour les lauréats qui, la même année, doivent valider leur M2, réaliser un mémoire et être titularisés ! Pour les non-lauréats au concours, pas de retour à la case départ, ils peuvent continuer en M2 et repasser le concours à la fin de l’année. Cette disposition permet de ne pas "perdre" une année d’étude. Au niveau national, deux tiers des lauréats sont formés au sein des Espé. M.Z.

copain, mais si je trouve ma place, je veux bien rester." À quelques pas de là, Élodie semble plus sereine. "Ce concours est un plan B, j’attends les résultats du Capes maths. Dans tous les cas, je me jetais déjà dans la gueule du loup !" Un peu plus loin, Alban et Adrien révisent une dernière fois. Pour ce dernier, ce concours est une chance. "Je suis venu à Marseille pour des raisons professionnelles. Je souhaite retourner à Paris pour retrouver ma famille et ma compagne." À côté de lui, Alban, originaire de la région, s’exclame : "Les quartiers nord de Marseille ou les zones difficiles de Créteil, après tout, ça doit pas être si différent !" Maeva ZABNER

à Jacques Ginestié directeur de l’Espé Aix-Marseille

"Pour un étudiant qui habite le Sud ce n’est pas une décision simple à prendre"

Le chiffre

❚ Selon vous, qu’est-ce qui motive les étudiants de l’académie d’Aix-Marseille à s’inscrire au concours supplémentaire de Créteil ? "Difficile de répondre... Beaucoup d’étudiants choisissent de passer le CRPE parce que c’est un concours régional, contrairement au Capes. Ils peuvent rester près de chez eux. Ceux qui n’ont pas le concours et qui passent celui de Créteil doivent être motivés par le besoin d’avoir un emploi." ❚ Avec un seuil d’admission au CRPE bien en dessous de la moyenne, Créteil fait beaucoup parler d’elle. Faudrait-il instaurer un seuil minimum au concours ? "C’est plus compliqué qu’un simple seuil. On pourrait en mettre un, mais ça ne réglera pas le problème de Créteil. Il faudrait repenser le concours de recrutement des professeurs dans son intégralité. C’est un autre chantier (rires). Ce serait honorable de dire ’On ne prend pas de professeurs en dessous de 10 de moyenne’, mais cela pose la question du vivier. Il faut assurer la présence d’un enseignant devant les élèves. Le rectorat va désespérément chercher des enseignants. Ne vaudrait-il pas mieux accepter les étudiants et leur apporter une formation solide la première année de leur stage ? Cependant ceux qui ont été refusés à Montpellier avec 10 de moyenne auraient, bien entendu, été plus utiles à Créteil, mais je comprends leur appréhension à l’idée de quitter leur vie." ❚ Concrètement, que pensez-vous de ce concours de la "seconde chance" ?

Demain à 18 h, à la Cave aux huiles, place de l’Archevêché, l’Association pour la restauration et la sauvegarde du patrimoine du pays d’Aix (Arpa) propose une conférence de Nuria Nin, conservateur en chef du patrimoine et responsable du service archéologique d’Aix sur "La valorisation du site de la Seds, un grand projet patrimonial et urbain". En 2004, des fouilles archéologiques conduites dans l’enclos de la Seds mettaient au jour le théâtre antique d’Aix. Dans un remarquable état de conservation, ce monument parait ainsi la ville d’un attribut hautement symbolique de sa romanité, la replaçant au rang des grandes agglomérations romaines de la Gaule narbonnaise. Emblématique de l’histoire antique de la ville, le site l’est aussi pour sa longue occupation entre l’Antiquité tardive et le Moyen Âge, périodes pour lesquelles il est susceptible de fournir un modèle du processus de formation de la cité. Sa longue occupation conventuelle du XVIe à la fin du XXe siècle l’a, enfin, épargné de l’urbanisation, en faisant un lieu éminemment conservatoire. Souhaitant valoriser ce site, la municipalité a lancé une étude de préprogrammation afin de disposer de plusieurs scénarios possibles en termes d’aménagement. Ce projet répond à d’importants enjeux scientifiques, patrimoniaux, culturels et touristiques, mais aussi sociologiques, environnementaux, économiques et urbains. Ce sont ces enjeux qu’abordera la conférencière. Arpa, 5, rue Pierre-et-Marie-Curie 04 4296 91 50, www.aix-patrimoine.org

3Le Théâtre des Ateliers

Jacques Ginestié, le directeur de l’Espé, est confiant. "Ce concours a permis de pallier le manque d’effectif." / PHOTO DR "D’après les échos de ma collègue Brigitte Marin, ce concours a réellement permis de pallier le manque d’effectif à Créteil. Après, pour un étudiant qui habite le Sud, ce n’est pas une décision simple à prendre. C’est peut-être plus facile pour les académies d’Orléans, Tour ou Reims et celles qui sont un peu plus proches." Propos recueillis par M.Z.

convie le public à la Semaine de l’option théâtre d’aujourd’hui à samedi. À raison de trois spectacles par jour (à 18 h, 20 h et 22 h), les élèves de l’enseignement de spécialité théâtre du lycée Paul-Cezanne, en partenariat avec le Théâtre des Ateliers, présenteront leurs travaux sur les textes de différents auteurs contemporains.