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11 sept. 2014 - hôtel faisait partie d'un consortium, Louvre. Hôtels, appartenant à la famille Taittinger qui l'avait revendu en 2005 à Starwood, fonds d'in.
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LA LETTRE N° 3600 DU 11 SEPT. 2014 1,50 €

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Éditorial

Le « droit » à la haine ? La nomination de Najat Vallaud­Belkacem au ministère de l’Éducation nationale a donné lieu à des attaques d’une violence sans égale dans l’histoire politique française récente. Récente, car hélas, il suffit d’un peu de mémoire historique pour se souvenir qu’en 1936, Roger Salengro victime des calomnies d’une presse d’extrême droite sans retenue finit par se suicider. Ce rappel du passé n’est pas abusif: les accusations contre Najat Vallaud­Belkacem sont le symptôme de la résurgence d’une pensée de droite maurrassienne, xénophobe, sottement chauvine, et dont les raisons religieuses (car elles sont invoquées) ont plus à voir avec la défense des traditions d’une petite société étriquée qu’avec la fraternité évangélique. Voici un commentaire reçu sur le site de TC: «Que des soi­disant catholiques ne comprennent pas que la nomination d’une Marocaine musulmane franc­maçonne à la tête de l’Éducation nationale puisse poser un réel problème en France, prouve bien le niveau de décadence de ces soi­disant catholiques…» Bel échantillon de venin! Les «soi­disant catholiques» décadents sont bien évidemment la rédaction de TC et moi­même, auteure d’un billet de défense de la ministre (1). Il a quelques années, l’un des slogans du Front national était: «Le Pen dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas.» La «lepénisation» des esprits, ce n’est pas seulement le Front qui progresse, c’est aussi cette parole «décomplexée», qui désormais a droit de cité. Quelque chose de grave couve dans notre pays; bien plus grave que le chômage et les difficultés éco­ nomiques, mais qui s’en nourrit, c’est le «droit» à la haine attisé par ceux et celles qui espèrent être menés au pouvoir par la peur et le soupçon savamment distillés. La bataille n’est pas perdue mais pour avoir une chance de la gagner, il faut la mener et maintenant. C’est le combat qui a fondé Témoignage chrétien. C’est plus que jamais le nôtre. Seule la fraternité (2) nous sauvera de la haine. CHRISTINE PEDOTTI (1) À lire sur le site internet de TC. (2) Signez et faites signer le manifeste de TC « Tu es le gardien de ton frère ».

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Les électeurs écossais sont appelés à se prononcer sur la sortie du Royaume­Uni le 18 septembre. Le oui progresse.

Les atouts d’une Écosse indépendante

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’un côté, il y a les défenseurs du Royaume-Uni tel qu’on le connaît, avec quatre nations. Rassemblé dans la campagne Better Together (« on est mieux ensemble »), le camp des unionistes, dirigé par le travailliste Alistair Darling, est composé des grands partis britanniques : travaillistes, conservateurs et libéraux-démocrates. Pour eux, l’Écosse bénéficie de nombreux avantages à rester dans l’union : une monnaie forte, une place dans l’UE, l’Otan et le conseil de sécurité de l’Onu, une économie britannique puissante. Face à eux, les indépendantistes, menés par le Premier ministre écossais Alex Salmond et au pouvoir depuis 2007, affirment que la nation est capable de s’assumer seule. Tout le monde s’accorde pour dire qu’avec une démocratie fonctionnelle et une économie stable, l’Écosse pourrait devenir un petit État viable de 5 millions d’habitants. Mais serait-il plus prospère en se séparant du Royaume-Uni ? Au niveau politique tout d’abord, après s’être détournés des conservateurs dans les années 1980 et des travaillistes dans les années 2000, les Écossais se sont progressivement tournés vers le SNP (Scottish National Party), proindépendance, depuis 2007. Profitant d’une large autonomie d’action, le gouvernement régional d’Alex Salmond a mis en place la gratuité des soins et des universités. Dans le même temps, Londres concédait de larges parts du service public de la santé au privé, triplait les frais d’inscription à l’université et mettait en place une politique d’austérité. L’immense majorité des parlementaires écossais étant travaillistes, beaucoup de citoyens envisagent l’indépendance comme un bon moyen de se débarrasser des conservateurs au pouvoir à Londres. Pour les unionistes de gauche en revanche, l’indépendance n’est pas une solution. Pour eux, il suffirait de voter pour les travaillistes lors des élections générales de 2015, dans l’intérêt de l’Écosse… et du reste du Royaume-Uni. La deuxième raison de cette volonté d’indépendance est économique. Les unionistes affirment que l’Écosse reçoit plus qu’elle ne contribue au budget britannique, ce qui, selon eux, leur permet d’être plus généreux socialement : car Londres subventionne Édimbourg. Les indépendantistes au contraire argumentent que c’est l’Écosse qui donne plus qu’elle ne reçoit : en particulier avec les revenus du pétrole de la mer

du Nord, découvert dans les années 1970, situé à 90 % dans les eaux territoriales du futur nouvel État. En cas de victoire, les indépendantistes ne comptent pas seulement sur l’or noir : Édimbourg dispose aussi d’un secteur financier important, bien que plus petit que celui de Londres, d’une industrie, d’une agriculture. L’Écosse dispose surtout d’un atout majeur avec le secteur des énergies renouvelables. Car avec un quart du potentiel européen en utilisation du vent, des marées et des vagues, l’Écosse peut devenir la centrale électrique écologique de l’Europe. Sous réserve des moyens… Quant au facteur identitaire, effaçons une idée reçue. Si les Écossais optent pour l’indépendance, cela ne devra rien à l’amour du tartan, du kilt et de Braveheart. Une majorité d’entre eux se sentent aussi Britanniques, tout en jugeant cette appartenance anachronique et se pensent simplement Écossais. À une semaine du vote, les jeux sont loin d’être faits. On note depuis quelques jours une poussée spectaculaire du oui, lequel pour la première fois était en tête dans un sondage, le 7 septembre. Il y a encore un mois, il était 20 points derrière le non. Même si le non l’emporte, la question écossaise demeurera posée à Londres. ASSA SAMAKÉ

UN NOUVEA U RÉDA CTEUR EN CHEF Cher lecteurs, La nouvelle déclinaison de TC engagée depuis dix­huit mois nous conduit à renforcer notre organisation éditoriale avec l'arrivée comme rédacteur en chef de Jean­Michel Dumay, ancien rédacteur en chef au journal Le Monde. Il remplace à ce poste Christine Pedotti qui devient éditorialiste. Jean­Michel Dumay intègre également le comité éditorial de TC qui comprend Jean­Pierre Mignard et Bernard Stéphan, codirecteurs de la rédaction, Christine Pedotti et Pascal Percq. Avec cette équipe, l'ensemble des salariés, les bénévoles et les administrateurs, notre journal veut plus que jamais témoigner qu’il est possible de construire une démocratie de fraternité. BERNARD STÉPHAN, président du conseil d’administration TÉMOIGNAGE CHRÉTIEN 1

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Tribune Alors que l’État de New York vient d’autoriser le cannabis à des fins médicales, son utilisation en France pourrait présenter un réel bénéfice thérapeutique.

Cannabis à l’hôpital: un interdit social et politique douteux

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’utilisation du cannabis et de ses dérivés est un sujet passionné et passionnel. Présente-t-elle de potentiels dangers ? Aurait-elle un intérêt thérapeutique ? Si la réponse à cette question était positive, l’interdit social et politique qui frappe cette pratique, jugée dangereuse par et pour la société, pourrait avoir du plomb dans l’aile. En mai 1998, un rapport rendu au secrétaire d’État à la Santé Bernard Kouchner par le Pr Bernard Roques comparait des substances en partant du constat qu’aucune des molécules n’était complètement inoffensive : toutes sont hédoniques, susceptibles d’entraîner des effets de dépendance physique et psychique. Ce rapport les a classées en trois groupes : 1. les plus dangereuses (héroïne, cocaïne et alcool) ; 2. les psychostimulantes (hallucinogènes et tabac) ; 3. plus en retrait, le cannabis. Celui-ci n’induit qu’une faible dépendance physique (l’alcool une très forte et le tabac une forte) et psychique (l’alcool et le tabac une très forte), il n’a aucune neurotoxicité (comme le tabac et forte pour l’alcool), une très faible toxicité générale (l’alcool une forte et le tabac

une très forte, liée au cancer) et une faible dangerosité sociale (l’alcool une forte et le tabac aucune). Pourtant, l’alcool et le tabac sont consommés librement sans que l’on se soucie d’une éventuelle dangerosité sociale. Le cannabis retrouve un regain d’intérêt avec l’utilisation de son principal principe actif, le tétrahydrocannabinol (THC), aux effets psychotropes, antalgiques et antispasmodiques, sur la faim, la nausée et l’émotion et, à fortes doses, sur la détérioration de la mémoire et des mouvements. On l’utilise en Amérique du Nord comme stimulant de l’appétit chez les patients atteints du sida et comme antivomitif chez ceux qui sont soumis à des chimiothérapies anticancéreuses. À faible dose, sans effets secondaires, il permet d’éviter l’escalade des morphiniques consécutive aux problèmes de tolérance.

Autorisation limitée En France, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a délivré l’autorisation de mise sur le marché (AMM) d’un médicament

déjà autorisé dans vingt-trois pays, le Sativex, à base de deux composés dérivés du cannabis, qui ne sera pas disponible en pharmacie avant 2015. Cette AMM, très limitée, ne concerne que les patients atteints de sclérose en plaques (SEP) pour le seul traitement des douleurs de contracture, prescription limitée à six mois. Sous forme de spray nasal, le Sativex associe le THC et le cannabidiol. Sans être psychoactif, il est anticonvulsivant et sédatif, améliore la qualité de vie, principalement du sommeil, et diminue la douleur. Il est efficace contre les contractures musculaires (spasticité) et les dysfonctionnements urinaires de la SEP et abaisse la pression intraoculaire dans le glaucome. Au Canada, la prescription du Sativex est plus large, pour les douleurs neuropathiques de la SEP et pour le traitement analgésique d’appoint chez les adultes atteints de cancer avancé. Aux États-Unis, les usages médicaux sont autorisés dans vingt États et, depuis peu, dans celui de New York. La vente de cannabis et de ses dérivés reste illégale au niveau fédéral : l’administration a seulement annoncé qu’elle ne poursuivrait plus ces infractions. Dans l’État du Colorado et bientôt celui de Washington, la pleine légalisation du cannabis à fumer, manger ou inhaler est en vigueur depuis le 1er janvier 2014. D’ici à 2018, quatorze autres États américains vont légaliser sa vente publique. Le pays le plus avancé est l’Uruguay : il l’a légalisé en décembre 2013, et va créer le premier marché réglementé au monde du cannabis. La dépénalisation de son usage pour des patients attler de son usage récréatif, repose plus sur des jugements de valeur moraux de la société que sur une analyse objective des données. Il s’agit là d’un problème politique, mais aussi éthique, auquel tout citoyen doit pouvoir s’intéresser. BERNARD CALVINO, membre de Forum protestant

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Initiative La Maison des solidarités de Lyon forme à l’interculturalité les animateurs des activités périscolaires proposées aux écoliers, dans le cadre de la réforme de l’école primaire.

La citoyenneté par le jeu

À

partir de cette rentrée scolaire, toutes les écoles primaires de France adoptent la réforme des rythmes scolaires. Un nouveau tempo et des enjeux nouveaux, dans lesquels s’inscrivent désormais des activités périscolaires aux formes diverses : sportives, artistiques, culturelles… C’est dans ce contexte que la Maison des solidarités de Lyon (1) lance un cycle de formations à destination des animateurs de ces activités, pour favoriser une approche de la citoyenneté aux 7 à 12 ans. En s’appuyant sur la pédagogie du jeu – plus d’une trentaine de jeux créés ou sélectionnés pour ce cycle –, des formateurs bénévoles élaborent une dynamique d’éducation à la dignité, à l’altruisme et au vivre-ensemble. Après huit rencontres en 2013-2014, ce cycle est centré sur les diversités et les inégalités, vécues ou perçues par les enfants, sous le titre « En jeux pour le bien vivre-ensemble(2) » .

Anim’acteur D’abord, il s’agira de questionner les animateurs. La diversité culturelle est-elle un exotisme ? Toutes les cultures se valent-elles ? À l’heure où des standards uniformisés s’affichent à l’échelle de toute la planète, où des conceptions religieuses imposent des pratiques ostentatoires dans l’espace public, où des inégalités économiques s’étalent à travers la publicité et les médias, quelle démarche entreprendre pour que chaque enfant trouve sa place, sache prendre en considération la diversité des cultures, apprenne l’esprit critique ? Se mettre au clair quand on est « anim’acteur » avec des enfants n’est pas un luxe superflu. Après ces bases avec jeux de définitions, les deux autres rencontres proposeront des jeux pour enfants, courts, facilement adaptables et reproductibles. On travaillera sur les diversités les plus proches (physiques, alimentaires, vestimentaires…), celles aussi qui enrichissent la

société (hommes célèbres, mots, arts…) ou celles qui apparaissent « étranges » (interdits alimentaires, pauvreté et richesse, rôles selon le genre…). Dans ce domaine, l’album 6 milliards de visages, paru au début des années 1980 à L’École des loisirs, est une source d’inspiration de jeux formidable. D’autre part, seront proposés des jeux sur des aspects plus « lointains », à la rencontre de loisirs, musiques, nourritures d’ailleurs, de gestes pour habiter autrement la planète ou encore découvrir les migrations, source d’enrichissement. Sur ce volet, L’Atlas des inégalités (Milan Jeunesse, 2009) offre des pistes nombreuses. Une vaste réforme à l’école débute. Des milliers de nouveaux acteurs, à côté des enfants, parents et enseignants, y font eux aussi leur entrée et vont prolonger l’acte éducatif. Proposons-leur des activités riches de sens et innovantes. L’éducation à l’interculturalité, à un altruisme bienveillant, à une culture de citoyenneté ouverte au monde, cela s’apprend et c’est passionnant. GEORGES DURIEZ, bénévole et membre de la Maison des solidarités de Lyon (1) Créée fin 2012 à Lyon, la Maison des soli­ darités rassemble une trentaine d’associations engagées dans des solidarités locales et inter­ nationales. Elle met au service du public des temps d’animations collectives avec échanges et débats ainsi qu’un centre de ressources et d’information. (2) « En jeux pour le bien vivre­ensemble » le cycle se déroulera les vendredis 16, 23 et 30 septembre de 17 h à 20 h à la Maison des solidarités, 62 rue Chaponnay – Lyon 3e. Rens. : [email protected], ou 0472 737943 Plus d’info sur la Maison: maisondessolidarites@ gmail.com (le site internet www.maisondessolidarites.org ouvre très prochainement).

Fondé en 1941 dans la clandestinité par Pierre Chaillet (s.j.). Témoignage chrétien est édité par ETC SA au capital de 483960€. Anciens directeurs: Pierre Chaillet, Georges Montaron, Bernard Ginisty, Michel Cool, Jacques Maillot, Hubert Debbasch. 28 rue Raymond-Losserand, 75014 Paris. Tél. : 01 44 83 82 82 ; fax : 01 44 83 82 88 ; [email protected] Pour joindre votre correspondant: composez le 01448382 suivi des deux chiffres indiqués entre parenthèses. Courriels: initialeduprenom.nom@ temoignagechretien.fr Directeur de la publication: BernardStéphan.Codirecteurs de la rédaction: BernardStéphan, Jean-Pierre Mignard.Administratif/ financier/RH: Annie Guillem (60). Développement: Laëtitia Girard (62). Rédacteur en chef: Jean-Michel Dumay. Rédaction: Éditorialiste: Christine Pedotti. Coordination: Pascal Percq (71). Philippe Clanché (72), Benjamin Sèze (web, 85). Directrice artistique : Françoise Perchenet (67). Ont collaboré à ce numéro : Georges Duriez, Bernard Calvino, Marie-Odile Mauchamp (SR), François Quenin, Bernard Rivière, Assa Samaké. Publicité: Comédiance, 5 rue Pleyel – Immeuble Calliope, BP 229, 93523 Saint-Denis Cedex – Éric Trehel, 0149227449,[email protected] Diffusion, abonnements: Témoignage chrétien – Bureau B 1380 – 60643 CHANTILLY 03 44 62 43 83. Vente au numéro/VPC: Annie Guillem (60) – a.guillem@temoignage chretien.fr Diffusion librairie: Laëtitia Girard – 0144838262 – [email protected] Conception graphique: Françoise Perchenet. Imprimerie: Imprimerie de Champagne, Langres (France). N°ISSN: 0244-1462. N°CPPAP : 0318 C 82904.

N° 3600 DU 11 SEPTEMBRE 2014

Documentaire

Une grève juste Pendant un mois, les femmes de chambre de l’hôtel Première Classe du pont de Sèvres ont fait grève pour réclamer la reconnaissance de leurs droits. Le documentariste Denis Gheerbrant les a filmées. On a grèvé restitue cette lutte. Cet hôtel faisait partie d’un consortium, Louvre­ Hôtels, appartenant à la famille Taittinger qui l’avait revendu en 2005 à Starwood, fonds d’in­ vestissement américain. «Starwood fait partie de ces groupes qui se donnent comme règle de doubler la mise en cinq ans, explique Gheerbrant. C’est dans cette logique que le groupe réalise sur chaque femme de chambre une plus­value égale au salaire qui lui est versé!» Les femmes de cham­ bre n’étaient pas payées à l’heure mais à la cham­ bre. Elles n’étaient pas salariées de l’hôtel mais d’un prestataire de service. En 2010, Denis Gheerbrant avait rencontré l’équipe de nettoyage de la Cité des Sciences et de l’Industrie et des adhérents de la CNT Net­ toyages, un petit syndicat bien implanté dans le milieu. Un membre de la CNT a mis en contact Denis Gheerbrant et Claude Lévy, l’un des res­ ponsables de la CGT des hôtels de prestige et économiques. Lévy le prévient qu’un conflit se prépare au pont de Suresnes. C’est parce que le syndicat CGT a pu se constituer une caisse de grève grâce aux prud’hommes qu’il a engagé une action longue. Résultat : les femmes de chambre ont obtenu d’être payées à l’heure et non à la chambre. Et elles ont été embauchées directement par l’hôtel de Suresnes. FRANÇOIS QUENIN On a grèvé, de Denis Gherbrant, 1h10, en salle.

Témoignage chrétien élargit sa diffusion en librairie Vous trouverez désormais le supplément mensuel de TC disponible dans 200 librairies (au lieu de 85 précédemment). Vous trouverez la liste des librairies sur le site internet de Témoignage chrétien :

www.temoignagechretien.fr Si vous souhaitez que d’autres librairies le diffusent via le diffuseur Sofedis et le distributeur Sodis, n’hésitez pas à le leur proposer. Pour tout renseignement : contacter Laëtitia Girard, [email protected] TÉMOIGNAGE CHRÉTIEN 3

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A GENDA

Lyon (69) Résistance à la guerre Dans le cadre de la Quinzaine de la nonviolence et de la paix, le Mouvement pour une alternative non violente (Man) propose un programme autour du thème : « 19142014 : les résistances à la guerre d’hier à aujourd’hui. La guerre, lui résister mais surtout l’éviter ! ». Du 21 septembre au 2 octo­ bre sont prévues des projections de films, des échanges et des animations Rens. : 04 78 67 46 10 ou www.nonviolence.fr/IMG/pdf/la_quinzaine.pdf

Besançon (25) Micro­entrepreneurs Jusqu’au 29 septembre. « Micro-entrepreneurs du monde : leur donner une chance », exposition proposée par Oikocrédit. Centre diocésain, 20 rue Mégevand. Rens. : 03 81 34 78 74

Arras (62) Joc Samedi 13 septembre. « Cardijn et le rayonnement jociste à Vatican II », journée d’étude autour de la thèse de doctorat de Stefan Gifacz.

10 h, Centre diocésain, 103 rue d’Amiens. Rens. : http://cardijn-vatican2.blogspot.fr/

plusieurs ONG. 14 h, place de la République. Rens. : peoplesclimate.org/paris/

Flanfoy (42) Création

Caen (14) Église

Mercredi 17 septembre. « La ville : demeure de l’homme, demeure de Dieu », rencontre œcuménique pour la sauvegarde de la Création, organisée par le Comité interconfessionnel des églises chrétiennes de la région. 18 h 30, Le Guizay. Rens. : 06 72 39 30 19

Lundi 22 septembre. « À quoi sert l’Église », début d’un cycle de formation animé par le P. François Quillet. 10h30, Centre théologique, 3 rue Nicolas Oresme. Rens. : 02 33 81 15 04

Pomeys (69) Afrique Mercredi 17 septembre. « Quelles perspectives aujourd’hui pour l’Afrique subsaharienne ? », soirée débat avec le P. Michel Cartéron et René Valette. 18h, La Neylière. Rens. : 04 78 48 40 33

Boulogne­Billancourt (92) Mgr Herbulot Samedi 20 septembre. « Pour une Église servante et pauvre, 40 ans d’expériences du service épiscopal», colloque en l’honneur de Mgr Herbulot, évêque émérite d’Évry, avec Albert Rouet, Marc Stenger et Christoph Théobald. 9 h 30, Maison Saint-François de Sales, 1 parvis Jean-Paul II. Rens. : 06 70 88 07 87

Paris Climat Dimanche 21 septembre. « Paris marche pour le climat », marche militante à l’instigation de

Paris Palestine Mardi 23 septembre. « Le Proche-Orient et la Palestine, de Gaza à l’État islamique », avec Alain Gresh (Le Monde diplomatique), invité par le comité Justice et Paix en Palestine et au Proche-Orient du 5e arr. 19 h 30, La Clef, 34 rue Daubenton, 5e. Rens. : 06 78 36 54 39

Saint­Étienne (42) Genre Mardi 30 septembre. « Sexe et genre, peut-on y voir plus clair ? », formation avec le P. JeanBernard Rolland. À suivre les 7 ou 14 octobre. 18 h 30, Maison de Saint Charles, 5 bis rue Praire. Rens. : 04 77 91 10 19

Paris Jésuites 10 et 11 octobre. « Les jésuites aujourd’hui. Deux siècles après leur rétablissement (18142014). Aller, rencontrer, servir », colloque avec Claude Langlois, Philippe Lécrivain, Michael Amaladoss et Benoît Vermander. Centre Sèvres. Rens. : 01 44 39 56 14

BIBLE

Lettre de Paul aux Philippiens 2,6-11 «Le Christ Jésus, lui qui était dans la condition de Dieu, n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu; mais au contraire, il se dépouilla lui­même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui­même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a élevé au­dessus de tout; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame: “Jésus Christ est le Seigneur”, pour la gloire de Dieu le Père.»

Arc­en­ciel

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vant de poursuivre, je vous conseille de lire et relire le texte de Paul aux chrétiens de Philippes, une ville de Macédoine, évangélisée par Paul en 50. La lettre, probablement rédigée en 58, peu après la mort du Christ et 20 ans après la conversion de Paul en 37, est un des tout premiers écrits du Nouveau Testament. Le passage de la lettre aux Philippiens est une sorte de Credo, avant celui de Nicée en 381. Tout résume, dans ce passage dans des termes compréhensibles par tous, la foi chrétienne. Le Christ Jésus, cet homme né d’une femme, homme parmi les hommes, est Dieu même, Dieu venu sur terre (l’Incarnation). Il vécut comme tout un chacun, sans arrogance, plein d’amour pour ses contemporains. Cet amour, poussé à l’extrême par des paroles et des actes, fait l’émerveillement du peuple en même temps qu’il excite la rancœur et l’hostilité des détenteurs des pouvoirs civil et religieux. Il subira le supplice de la croix, fréquent pour les condamnés de 4 TÉMOIGNAGE CHRÉTIEN

droit commun. Il y sera accompagné par deux « brigands », osons dire, des pécheurs, des gens normaux. L’« histoire » de Dieu ne pouvait s’arrêter là : un pendu exposé à la vindicte populaire. Lui, Dieu, abaissé au rang des hommes, traverse la mort et « est élevé au-dessus de tout ». Avec lui la destinée de l’humanité tout entière est bousculée : de la mort surgit la vie (« Aujourd’hui tu seras avec moi au Paradis ») (la Rédemption). L’horizon humain – au-delà de toute imagination – prend une dimension nouvelle. D’enfer, de géhenne, de néant, d’abîme entre le ciel et la terre, il n’est plus. Par Jésus, l’humanité est jugée, jugée digne d’être rassemblée sous un même Chef (une même Tête), «au-delà de tout Nom». Cette justification n’est pas une condamnation, telle que peut l’être une justice des hommes, mais une sanctification qui refait de chacun une image même de Dieu (Gn 1, 26). N’est-ce pas là l’essentiel en termes simples de notre Credo ? Certes, les théologiens des siècles

suivants approfondiront le corpus de la foi, développant un point ici, un point là. Mais on découvre, dans ce passage de Paul, que la foi chrétienne repose sur l’Incarnation et la Rédemption. Elle puise ses racines dans l’Ancien Testament. Il suffit pour s’en convaincre de lire un autre texte proposé dans la liturgie. Tiré du livre des Nombres (21, 4-9) il met en scène Moïse en butte, au désert, à un peuple rebelle se croyant sur le point de mourir de faim, de soif, de maladies. Sur les conseils de Yahvé, il élève un « Brûlant », sorte de serpent, d’ange, offert à la vénération du peuple : tout homme victime d’une blessure mortelle, qu’il regarde ce « Brûlant », il sera alors sauvé de la mort. Avec la Croix, ce n’est pas un Jésus mort que nous contemplons, mais un Ressuscité, vivant, glorieux, Brûlant, qui conduit à la gloire du Vivant. (Dommage que dans nos églises catholiques, ce soit un « pendu supplicié » qui soit objet de contemplation et non pas l’élévation de Celui qui vainc la mort tous les jours en nous.) Le serpent élevé, la croix dressée, sont liens entre le ciel et la terre. Le bâton de Moïse, la croix de Jésus, annoncent l’élévation de l’humain, du terrien, vers plus haut, non pour échapper à la condition humaine mais pour accomplir jour après jour le projet même de la vie, de toute vie. L’arc-en-ciel, la nature, du brin de blé jusqu’aux grands pins, tout ce qui pousse, les clochers de nos églises, les minarets des mosquées, les pyramides égyptiennes, tout raconte le lien indéfectible du ciel et de la terre. « Habiter » et « cultiver » la terre, rendre plus juste la condition humaine, regarder et contempler la beauté, même trop souvent cachée par le poids des misères, c’est rendre visible l’Univers Ciel et Terre, marqués du Sceau de l’Esprit (cf. La Messe sur le monde, de Pierre Teilhard de Chardin). BERNARD RIVIÈRE N° 3600 DU 11 SEPTEMBRE 2014