80% de la production aux states

10 déc. 2007 - D'abord celle de M. Frank Dottori, longtemps pdg de Tembec et ... laisser sur place pour d'abord maintenir la santé du stock et pour favoriser le.
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Sommet de Québec, 10 décembre 2007

PRÉSENTATION DE L’ACTION BORÉALE La publication du rapport Coulombe et son acceptation quasi unanime était censée, il y a quatre ans, mettre fin à la politique de l’open bar forestier au Québec. Les déclarations de grands chefs d’entreprises, à la suite du rapport, ont probablement convaincu ce qui restait d’esprits sceptiques. D’abord celle de M. Frank Dottori, longtemps pdg de Tembec et considéré à l’époque comme un grand maître forestier : « La foresterie nous a apporté beaucoup de prospérité. Mais cette prospérité cache une réalité que personne n’a voulu connaître, ni le gouvernement, ni les sociétés forestières, ni la population. La forêt nous a rendus riches parce que nous l’avons surexploitée. Et tout le monde le savait. Le gouvernement a accordé des droits de coupes pour du bois qui n’existait pas. » Puis celle de M. Georges Cabana, vice-président Affaires publiques, Bowater Canada : « On n’a fait que couper en fonction des directives gouvernementales. Et les calculs d’approvisionnement effectués par le gouvernement étaient erronés ». Ou encore l’analyse de la revue Commerce : « Depuis 15 ans, le rythme annuel des coupes dans la forêt boréale s’est accéléré de 45 %. Dans les résineux, le volume de bois par arbre a diminué de 35 %. Dans les feuillus, les scieries importent maintenant 40 % de leur bois de sciage. » L’affaire était entendue. Il fallait changer radicalement notre vision de la forêt qui conduisait à la dépréciation de notre ressource et au chômage des forestiers. Que proclame le rapport Coulombe, en tout premier lieu? : Que la conservation de la diversité biologique et le maintien des écosystèmes constituent la pierre d’assise de la gestion des forêts. C’est-à-dire se demander en premier lieu non pas ce qu’on peut aller chercher en forêt, mais qu’est-ce qu’on doit laisser sur place pour d’abord maintenir la santé du stock et pour favoriser le développement d’autres potentiels que strictement ligneux, permettre ainsi une forme de réappropriation sociale de la ressource. Le milieu forestier sera désormais géré comme un tout. Le rapport recommande : „

De baisser la possibilité forestière de 20 % dans la zone boréale.

„

D’implanter à travers la province un réseau d’aires protégées à hauteur de 8 % pour fin 2006 et 12 % pour fin 2010.

„

D’instaurer un vaste programme de réhabilitation des forêts feuillues du sud, maganées comme on aurait jamais pensé.

„

D’entreprendre une politique de plein boisement aux frais de l’exploitant.

Considérant que les 80 recommandations du rapport devraient être appliquées de front, on insiste pour que soit mise sur pied pour une période se terminant le 31 décembre 2007, donc d’ici trois semaines, une équipe de mise en œuvre qui précise les échéanciers, les plans de travail et la forme des rapports à être présentés au ministre. Rappelons maintenant le principe auquel tout le monde a adhéré, il y a 4 ans : La conservation de la diversité biologique et le maintien des écosystèmes constituent la pierre d’assise de la gestion des forêts. Or le ministère du Développement durable et de l’Environnement, dépositaire majeur de la connaissance de nos écosystèmes n’a pas encore été contacté, à ce que nous sachions.

Nous n’avons pas eu connaissance d’un plan directeur qui aurait décrit comment s’articulerait cette gestion forestière écosystémique. Nous avons cependant été témoins de la création d’un comité de suivi d’une quinzaine de personnes de tous horizons, censés conseiller le ministère sur le sujet. Paraîtrait-il que ce comité a été sabordé. Nous ne connaissons rien du travail qu’il a pu accomplir. Nous attendons encore — autre proposition majeure du rapport — des audiences publiques portant sur nos pratiques forestières. Même chose pour les plans généraux de reboisement. Et nous n’avons pas vu s’améliorer le sort des planteurs et débroussailleurs. Nous n’avons pas senti cette obligation qui incombe au gouvernement de consulter et d’accommoder les peuples autochtones. Hors la Paix des Braves, rien n’a l’air prévu pour partager, cogérer avec les autres. Les Algonquins se font décimer leurs terres ancestrales qu’ils n’ont jamais transigées. Les Attikamekw se font envahir par les contracteurs sortis du territoire crée par l’entente de 2002, les Montagnais se cassent les dents sur l’intransigeance des chasseurs blancs. L’insupportable piétinement dans le développement du réseau des aires protégées. : c’est fou ce qu’il faut de représentations, d’analyses d’impacts, de négociations pour préserver quelques centaines de kilomètres carrés alors que l’industrie peut se faire accorder des territoires de dizaines de milliers de kilomètres carrés sans qu’on y applique la même rigueur exigée pour statuer d’une aire protégée. Lors de la dernière révision du régime (2000), le gouvernement réitérait que le milieu forestier devait être géré et aménagé dans le meilleur intérêt public, c’est à dire conformément aux valeurs et aspirations de la population. Or, dans un sondage extensif publié plus tôt cette année, 87 % de la population réclamait plus de protection de son territoire. L’objectif ne peut être plus clair. Nous avons salué la nomination d’un grand chef forestier qui devait être indépendant du gouvernement. On lui a plutôt conféré l’autorité d’un simple sous-ministre. Certes, et conformément à une recommandation majeure du rapport Coulombe, il aura réduit la possibilité forestière de 20 %, ce qui ne constituait pas une exigence catastrophique puisque l’industrie n’arrivait même pas à récolter tout ce qu’on lui allouait. À 25 millions de mètres cubes, nous dépassons encore de beaucoup ce que la nature peut produire. Mais ce qui demeure frappant dans cette nomination — dans un contexte qui l’oblige à jeter les bases d’une foresterie écosystémique — c’est de constater que le chef forestier n’a manifesté aucune préoccupation écologique. Dans ces calculs extirpés de l’ancien logiciel Sylva — dont il s’est débarrassé depuis — le chef forestier a accordé cinq ans de ressources ligneuses sans tenir compte du fait que le gouvernement s’était engagé à créer des aires protégées à hauteur d’au moins 12 % du territoire. Nous demeurons aussi consternés par ses décisions aberrantes d’aller récolter dans les bandes riveraines, dans le flanc des montagnes et dans les îlots de vieillissement, tous des endroits écologiquement très sensibles. Le grand chef forestier considère encore la forêt comme un hangar virtuel de 2 x 4. Désolé, mais cette mentalité pré-coulombienne n’a plus sa place ici. Il serait sûrement plus à l’aise au sein d’un département d’approvisionnement d’une compagnie. Pour l’instant cette grande révolution écosystémique s’est réduite à un projet pilote en HauteMauricie. Faudra-t-il attendre 40 ans, le temps que cette forêt mûrisse, pour en entamer un deuxième ? Finalement, où est donc le vérificateur des forêts réclamé par la commission ?

Sommet de Québec, 10 décembre 2007 „ Présentation de l’Action boréale

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Le ministère des Ressources naturelles nous assure régulièrement qu’il « fait des choses » souhaitées par le rapport Coulombe. Peut-être. Mais seule une expertise indépendante pourrait les quantifier et les qualifier. En fait, le débat amorcé par la commission a été éclipsé par l’effondrement industriel forestier annoncé. Il n’était pas difficile de prévoir qu’un jour ou l’autre la petitesse des arbres et leur éloignement causerait problème. Et surtout que l’entêtement de l’industrie à se cantonner dans la production de bas de gamme inviterait la concurrence internationale à la défier. C’est fait, avec toutes les conséquences sociales, elles aussi prévisibles, pour nos populations forestières. Les banques et les actionnaires ont logiquement cessé de soutenir la grosse industrie. Celle-ci est venue alors réclamer auprès du gouvernement à peu près tout ce qui restait à réclamer. Ça suffit. Depuis 4 ans, il en coûte au trésor public des centaines de millions à chaque année pour maintenir en respiration artificielle un domaine qui devrait nous rapporter énormément, vivant dans une des plus grandes forêts du monde. Nous ne pouvons plus garantir inconsidérément la ressource à des corporations américaines dangereusement surendettées, qui, si elles le pouvaient, récolteraient tout avec une seule machine et traiteraient tout dans une seule usine. Alors qu’une intelligence forestière n’attend qu’un peu d’espace pour s’épanouir, que beaucoup de transformateurs sont prêts à faire beaucoup mieux avec pas mal moins de matière; alors qu’une grande majorité de la population souhaite un partage réel de ce qui nous définit peut-être le mieux : notre forêt. Nous enjoignons le milieu syndical d’adhérer à cette intelligence forestière qui générera pas mal plus d’emplois, au lieu de se coller à une philosophie forestière corporatiste qui ne vise qu’à les éliminer. Richard Desjardins Vice-président de l’Action boréale

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