Le vêtement bio arrive aux Antilles Il y a an Mickael Bedot était vendeur pour le groupe Bata. Spécialiste des rayons sportifs il vendait les plus grandes marques en plein centre ville de Fort de France. Des articles hors de prix qu’il portait pour « être à la mode ». Il ne lui a pas fallu longtemps pour réaliser que sa peau ne supportait pas les tissus utilisés dans ces vêtements soit disant au top de la technologie. Il cherche alors des produits qui pourraient limiter ses allergies. Il achète quelques tee shirt sur internet et se trouve convaincu par les produits issus de l’agriculture biologique. Obligé de les importer de la métropole il cherche à faire des achats groupés et trouvent rapidement de nouveaux adeptes. C’est en janvier 2012, à 35 ans que Mickaël démarre BIO WEAR 972, importateur et créateur de vêtements bio.
Concrètement ça change quoi ?
Mickaël n’est pas écolo, il est allergique. Comme quoi le bio ce n’est pas seulement une question environnementale. Pour lui c’est avant tout une question de confort et de santé. Les vêtements classiques quand ce ne sont pas des fibres plastiques dérivées du pétrole c’est souvent du coton coupé dans des champs de culture intensive. Le coton y pousse trois fois plus vite que dans les champs bio. Engrais, pesticides et traitements par dizaines compensent le manque de maturité de la fibre. Quant à la couleur, elle s’obtient dans des bacs remplis de peinture aux métaux lourds et autres composants cancérigènes. Au final un impact environnemental catastrophique et des allergies pour de nombreuses personnes. Mickaël a trouvé en Europe quelques fabricants de vêtements bio accrédités par de nombreux labels plus ou moins sérieux. Il en identifie trois qu’il teste et importe. Des vêtements plus légers, des problèmes de peaux aux oubliettes et plus d’odeurs de transpiration. Au delà des labels, il a la « chance » d’avoir une peau sensible et d’être ainsi un laboratoire vivant pour tester avant de commercialiser ! Aussi surprenant que cela puisse paraître, les tissus issus de l’agriculture biologique, après quelques années de recherches et quelques brevets, sont plus performants que les produits les plus avancés de certaines grandes marques. Plus de ventilation, moins de transpiration et moins d’odeur. Quand les produits classiques sont traités aux ions d’argents pour absorber la transpiration et limiter les odeurs, les caractéristiques de la fibre bio fait le job naturellement. Nous avons testé quelques produits. Sans même avoir eu le temps de transpirer dedans leur légèreté nous a surpris.
Et en Martinique ?
En Martinique c’est simple, Mickaël Bedot est le seul à vendre ce genre de vêtements. Ce n’est pas très étonnant car en janvier 2012 lors du lancement de BIO WEAR 972 aucune banque ni institution n’a souhaité le suivre dans son aventure. Tous ont jugé que la population martiniquaise n’était pas prête à changer ses habitudes vestimentaires. Seul avec un petit capital de départ il a commandé pour 6000 euros de vêtements en Europe pour les revendre aux Antilles. D’abord en camionnette il s’est ensuite sédentarisé en septembre 2012 dans un local de 40 mètres carrés. Après un an et des résultats encourageants, le business se développe et la CCI de Martinique le soutient à l’aide de formations et de contacts. Même les banques ont retourné leur veste et l’ont contacté pour le soutenir dans son développement. L’entrepreneur de 35 ans surf sur les deux volets de l’agriculture biologique : La santé et l’environnement. Ainsi 50% de ses clients sont comme lui, allergiques aux ions d’argents ou à d’autres agents de synthèse. L’autre moitié le fait pour le confort et pour la planète. Mickaël le dit lui même, « je suis allergique, mais la perspective de laisser une planète plus saine à mes deux filles me donne une raison toute aussi forte de m’habiller comme ca ». Son grand regret est de ne pas trouver de producteurs de coton biologique en Martinique « nous avons tout pour le faire mais personne ne s’est lancé. Et moi je n’en ai pas les moyens ». C’est donc pour plus tard. S’il arrive à pérenniser son entreprise, il commencera par multiplier les points de vente pour ensuite dessiner sa propre collection. Ca lui donnera le temps de faire aboutir les demandes de certifications (notamment EKO, AB et ECOCERT) qui sont déjà en cours. A ce moment là, pourquoi ne pas commencer à produire lui même ses vêtements, puis ses tissus et si possible son coton biologique 100% martiniquais. Parallèlement il a d’autres projets, comme le lancement de BIO WEAR 971 et BIO WEAR 973 pour la Guadeloupe et la Guyane ou encore, le short en plastique recyclé dont la première commande de 250 produits s’est écoulée en deux mois !
Pour conclure?
Il est clair qu’on va dans le bon sens avec ce premier distributeur de vêtements biologiques aux Antilles Françaises. Malheureusement l’impact environnemental de l’initiative reste entaché par le circuit de distribution des produits. Un coton indien, tissé et cousu en Europe puis transporté en avion jusqu’à la Martinique laisse une certaine trace sur l’environnement. C’est une bonne nouvelle, les perspectives ne peuvent être que meilleures ! D’autre part quand il faut trois fois plus de temps pour récolter du coton biologique il y a forcément un impact sur les coûts de production. Au final c’est le même prix qu’une grande marque, le choix reste donc au consommateur. Marque renommée ou produits bio ? A vous de voir. Plus d’infos sur http://www.bio-‐wear972.com/