Charles Gagnon

portante production pic- turale et photographique, il s'est intéressé aussi au dessin, au collage, à la gra- vure, à la sculpture et au ci- néma, ce qui fait de lui l'un.
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Charles Gagnon

NE GRANDE EXPOSITION rétrospective comprenant 135 œuvres rend hommage à l’artiste montréalais Charles Gagnon. Elle est présentée à Montréal, au Musée d’art contemporain, jusqu’au 29 avril 2001. Elle est par Lise Montas le reflet de 45 années de création arBien qu’il soit connu printistique. Charles Gagnon est cipalement par son imune figure marquante de l’art portante production piccontemporain au Québec et turale et photographique, au Canada. Lauréat du Prix il s’est intéressé aussi au Paul-Émile Borduas en 1995, dessin, au collage, à la graCharles Gagnon a reçu égalevure, à la sculpture et au ciment un doctorat honoris néma, ce qui fait de lui l’un causa de l’Université de Montdes premiers artistes mulréal, ainsi que l’Ordre du Quétidisciplinaires de sa génébec en 1991. ration. Les œuvres exposées L’accrochage des tableaux a ici rendent bien compte de été réalisé avec la participation la diversité de ses moyens de l’artiste, d’une façon très d’expression. agréable et aérée. Les visiteurs Charles Gagnon attire parcourent les différentes salles notre attention sur le thème avec plaisir, en découvrant au récurrent de la fenêtre dans fur et à mesure les étapes sucson œuvre. Dans certains cessives de l’œuvre selon un fil tableaux des années 1965 à chronologique invisible mais 1970, nous passons d’une présent. fenêtre à une autre et à une Rappelons que Charles Gaautre encore, comme augnon est né à Montréal en tant de trappes intérieures. 1934. C’est un long séjour à Charles. Painting for a Funeral Parlor, 1962. Huile sur toile Le visiteur est introduit New York, entre les années Gagnon, (127 x 111,7 cm). Collection particulière. dans le processus vécu par 1955 et 1960, qui a déterminé sa carrière. De 1956 à 1960, il a étudié « Spectrafonia », un environnement le peintre. Il nous explique ceci : « J’ai le design à la Parsons School of Design, lumineux et sonore pour Terre des toujours été fasciné par une fenêtre puis à la New York School of Design. Hommes, et la murale « Time-Screen, fermée. Elle nous permet à la fois de Il a fréquenté l’Art Students League et Though-Space » en hommage à l’an- nous tenir à l’extérieur du monde tout l’Université de New York. Il s’est consa- cien premier ministre du Canada Lester en nous invitant à y plonger. » Dans ses photographies, on constate cré quelques années au design avant B. Pearson, œuvre qui se trouve à d’enseigner à l’Université Concordia Ottawa, dans l’édifice du ministère des la délimitation de deux zones qui à Montréal (1967-1974), puis à l’Uni- Affaires extérieures. Quant à la murale communiquent par une fenêtre, une versité d’Ottawa (1975-1996). C’est « Transition/Illusion/Réfle (x/ct) ion », ouverture ou une porte, dont l’une ainsi qu’il a été amené à former de on peut la voir au Faubourg Sainte- évoque l’emprisonnement de la naCatherine à Montréal, dans le hall ture, voire la mort. Par l’utilisation de nombreux artistes. « boîtes-fenêtres » avec poignée et rouParallèlement à l’enseignement, il a d’entrée des cinémas. Par l’éclectisme de son travail, lettes, il veut signifier son attachement exercé les activités de peintre et de photographe. Parmi les commandes pu- Charles Gagnon s’est inscrit en marge au quotidien. Il place derrière la vitre bliques qu’il a exécutées, mentionnons des courants artistiques dominants. des objets dérisoires.

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au Musée d’art contemporain

Le Médecin du Québec, volume 36, numéro 3, mars 2001

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tanément deux autres expositions à Montréal, l’une à la Galerie René Blouin, et l’autre à l’Université Concordia, où la Galerie d’art Leonard et Bina Ellen a présenté une quarantaine de ses photos en noir et blanc, produites au cours des 30 dernières années et triées parmi des milliers… Ces photos sont remarquables par la pureté austère de la forme. Des éléments structuraux tels que portes, fenêtres, corridors délimitent deux aspects de la réalité. Ces évocations du paysage naturel ou urbain soulèvent des questions concernant la nature du vécu. Elles révèlent l’engagement de l’artiste en quête de la dimension métaphysique de l’existence. Les 10 plus récentes années de la Gagnon, Charles. Blind Space with Space Blind/Green, 1966. Huile sur toile (2 panneaux : 204 x 235 cm production de Charles Gagnon sont [l’ensemble]). Collection particulière. marquées par deux voyages déterminants effectués dans Charles Gagnon a réalisé le désert américain, en 1989 trois films. Son film le plus et en 1991. L’artiste s’est connu, « Le huitième jour » rendu dans les états de l’Utah, (1966), a été conçu spéciade l’Arizona et du Nouveaulement pour le pavillon Mexique. À la suite de cette chrétien d’Expo 67. « Le expérience, la peinture et la film voulait montrer que photographie évoluent entoutes les guerres de ce semble en un dialogue frucsiècle, de la guerre de 1914 tueux. « Ex Situ 1 – Painted à celle du Viêtnam, ont été Desert, Arizona Of Ground » identiques, qu’on en connaît montre une même photo jules causes et les malheurs et melée à quatre reprises à un que, malgré tout, nous plan coloré qui varie d’un sommes encore incapables diptyque à l’autre, suggérant de les prévenir. » Le film « Le la variation de coloris que reson d’un espace » date de vêt ce paysage désertique au 1968, tandis que le film de cours de la journée. 1970 intitulé « Pierre Mercure Charles Gagnon nous (1927-1966) » rend homparle du désert « où il n’y a mage au musicien. Un quarien et pourtant, où il y a tout. trième film est demeuré Il y existe une sorte de teninachevé à ce jour. Il s’agit Gagnon, Charles.Spiltscreenspace/Orient/espace-écran divisé/Orient,1975sion entre la vie et la mort. de « R-69 », inspiré par un 1976. Huile sur toile (205 x 184,7 cm). Collection particulière. Chaque printemps, pendant grand tableau rouge d’Yves Gaucher. Gagnon a l’intention d’en En contrepoint de la rétrospective trois mois, surgissent des fleurs, puis faire un vidéo en souvenir de cet ami au Musée d’art contemporain, Charles tout revient à la sécheresse et à la disparu. Gagnon a eu le privilège d’avoir simul- mort… » ■ Le Médecin du Québec, volume 36, numéro 3, mars 2001