De la gestion de soins autoadministrés aux soins virtuels ...

chroniques, tout porte à croire que la technologie ne se satisfera plus dans son rôle de solution réactive et prendra le virage vers une approche proactive.
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De la gestion de soins autoadministrés aux soins virtuels accessibles à tous

Christopher Sutton Directeur, consultation auprès des entreprises, TELUS Santé

Jelena Vatavuk Stagiaire, Université de Victoria, TELUS Santé

Lorsqu’il est question de soins de santé, les exigences se font de plus en plus pressantes pour développer des approches proactives et centrées sur les patients. Aujourd’hui, le suivi à domicile de la santé constitue un excellent moyen de préserver l’indépendance des patients, d’améliorer leur accès aux soins et de leur fournir des solutions sécuritaires et économiques à grande échelle. Il s’agit d’un premier pas efficace pour desservir une clientèle d’âge avancé. Pourquoi ne pas aller plus loin en s’attaquant au défi de l’autosurveillance pour les patients atteints d’affections subaiguës et les populations plus jeunes ? Avec le nombre croissant de patients atteints de maladies chroniques, tout porte à croire que la technologie ne se satisfera plus dans son rôle de solution réactive et prendra le virage vers une approche proactive. Le suivi à domicile de la santé et les solutions de gestion ont tout le potentiel nécessaire pour être bénéfiques, au-delà des populations vieillissantes et des personnes atteintes de maladies chroniques. Ces solutions procurent une autonomie et une paix d’esprit aux patients, quel que soit leur groupe d’âge. Elles sont particulièrement adaptées à la gestion de soins autoadministrés, et notamment à l’éducation en matière de bien-être.

Les technologies de suivi à domicile de la santé (SDS) améliorent grandement la vie des gens atteints d’une maladie chronique. Imaginez le potentiel illimité d’une approche semblable appliquée à la promotion de modes de vie sains pour les personnes de tous âges.

Définir la gestion de soins autoadministrés L’autogestion se rapporte aux tâches que le patient prend en charge pour bien vivre avec une ou plusieurs affections chroniques (BC Ministry of Health, 2011). Plusieurs types d’autogestion reposent sur les comportements du patient. À cet égard, le ministère de la Santé de la ColombieBritannique énonce l’autogestion de la manière suivante : les connaissances du patient sur sa propre condition, le plan de soins que le patient s’administre lui-même, la collaboration active avec les professionnels de la santé et l’adoption d’un mode de vie sain centré sur la prévention et l’intervention précoce. Du point de vue de la technologie, les outils d’autogestion peuvent être regroupés dans quatre catégories représentant autant d’axes d’intervention : 1. Outils subordonnés :

Outils qui ne requièrent que peu d’intervention de la part du patient. Par exemple, la surveillance vidéo et les systèmes de détection pour le suivi à domicile. 2. Outils structurés :

Outils qui permettent de circonscrire un certain type d’autogestion. Par exemple, les indicateurs de rappel sonores

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ou textuels et les appareils qui permettent à un patient de transmettre des données après en avoir fait la lecture. 3. Outils collaboratifs :

Outils qui facilitent la collaboration entre le patient et le professionnel de la santé. Par exemple, le matériel éducatif, les interventions en ligne et le soutien à la prise de décisions. 4. Outils autonomes :

Outils qui ne nécessitent pas d’interventions périodiques du professionnel de la santé. Par exemple, les sites Internet et les défibrillateurs cardiaques à domicile.

Potentiel de la gestion de soins autoadministrés En segmentant les champs d’application prioritaires de cette technologie et les populations qui y sont associées, on peut facilement évaluer l’état de la situation et le potentiel de l’autogestion des soins de santé. Les personnes âgées constituent le premier groupe d’utilisateurs des technologies de gestion de soins autoadministrés. Il s’agit du plus important groupe de bénéficiaires de la technologie de soins à domicile, et celui-ci continuera d’être au cœur de la croissance dans le domaine. Les personnes âgées prennent souvent part à des programmes ciblant des maladies chroniques précises telles que le diabète ou l’insuffisance cardiaque congestive. Les technologies en cause requièrent généralement une grande participation des professionnels de la santé. Pour les gens âgés vivant avec des symptômes chroniques, intégrer une pratique d’autogestion au quotidien peut être un gage d’autonomie et d’estime de soi, en plus de permettre de conserver une vie active tout en prévenant les complications. À l’autre extrémité, les applications commerciales de santé et de bien-être ciblent principalement le groupe des jeunes adultes âgés de 25 à 34 ans. Une étude américaine sur l’utilisation des applications iOS (A Day in the Life of a Mobile Consumer, 2013) a démontré que les femmes dans ce groupe d’âge utilisent les applications portant sur le sport, la santé et le bien-être dans une proportion 200 % plus grande que la population en général. Pour les jeunes adultes, la notion de qualité tend à se confondre avec celle de commodité, et elle se traduit par un accès à un large éventail d’information sur des téléphones intelligents et sur des technologies mobiles similaires. Dans ce contexte, la logique est de cibler les jeunes adultes avant qu’ils ne soient atteints de maladies aiguës ou chroniques.

Dans le cas de la population « d’âge moyen », il semble y avoir place pour davantage de données et de recherches. Nous l’avons vu, les jeunes adultes constituent un public de choix pour la commercialisation de nouvelles applications. Or, la population d’âge moyen peut également tirer des avantages de ce type d’applications, pour peu qu’elles répondent à leurs besoins. Pensons en particulier aux programmes et aux applications portant sur les comportements préventifs et s’adressant aux personnes reconnues comme présentant des risques particuliers. Un article paru dans le British journal of community nursing (2013) a démontré que l’éducation en matière de gestion de soins autoadministrés entraîne des améliorations tant du point de vue du comportement du patient que de sa façon d’envisager sa condition. Les patients ont le sentiment d’être plus efficaces et mieux informés. Ainsi, la gestion de soins autoadministrés et l’éducation ont permis d’améliorer la qualité de vie des patients. Pourquoi alors ne pas en faire profiter nos enfants? Il est possible de s’adresser aux enfants en recourant à l’éducation et aux activités sur le thème de la santé et de l’autogestion. Et nous devrions le faire. L’apprentissage d’un mode de vie sain dès le plus jeune âge permet de développer une culture du bien-être dont le potentiel est illimité, et ce, tant pour permettre aux gens de vieillir en santé que pour alléger les pressions sur le système de santé.

Favoriser l’adoption à grande échelle L’adoption à grande échelle ne se définit pas de la même façon dans tous les marchés. Un des aspects les plus importants pour favoriser l’adoption est d’offrir des solutions taillées sur mesure pour les besoins des groupes ciblés. Fait incontournable, la technologie visant à améliorer la santé ne peut être la même sur l’ensemble de l’échelle des âges. Les protocoles de soins peuvent bien se ressembler, mais la plateforme de la solution doit être adaptée au groupe visé pour permettre son assimilation, en tenant compte notamment des aptitudes, des perceptions et des intérêts de chaque groupe. Le développement de solutions pour un groupe d’âge en particulier doit reposer sur une bonne compréhension de la relation qui unit la solution et son utilisateur. Plusieurs éléments sont à considérer pour obtenir les résultats escomptés : l’assimilation par le patient des critères d’une utilisation efficace, l’incidence du vieillissement sur la

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convivialité de la solution et le degré de formation requis pour en favoriser l’adoption. Les consommateurs démontrent de plus en plus d’intérêt à obtenir un soutien en matière de santé sur leurs appareils mobiles. En témoignent le nombre incalculable d’utilisateurs de téléphones intelligents, lequel indique une grande soif d’apprentissage et une volonté d’intégrer les nouvelles technologies. À l’image des téléphones intelligents, devenus de véritables accessoires qui ne nous quittent que rarement, les soins de santé peuvent eux aussi prendre le pari de la mobilité et de la commodité. Cela dit, il ne faut pas perdre de vue que l’objectif de telles technologies n’est pas de se substituer aux professionnels de la santé, mais bien de permettre une meilleure collaboration entre ces derniers et les patients. Il est donc essentiel de tenter de comprendre pourquoi les applications en santé ne font toujours pas l’objet d’une adoption et d’une utilisation à la mesure de leur plein potentiel, alors que les téléphones intelligents sont devenus des appareils indispensables de la vie moderne. Le moment est venu de jeter un éclairage sur le moment où la santé entre dans nos vies. Aujourd’hui, les enfants jonglent avec des technologies comme celle du iPad dès l’âge de deux ans. De nombreuses applications à vocation éducative sont conçues expressément pour les enfants. Le potentiel de ce type de technologie pour l’introduction de principes d’autogestion de la santé est immense.

L’avenir Dans notre culture, les soins de santé sont perçus comme étant un droit. L’objectif des solutions numériques en santé et des technologies d’autogestion est de changer cette donne, et de faire en sorte que les patients collaborent davantage avec les professionnels de la santé pour obtenir de meilleurs résultats. En matière de soins, qualité et commodité doivent aller de pair. L’éducation en autogestion doit commencer dès l’âge scolaire, afin de jeter les fondements d’une société qui aborde la santé d’une manière saine et efficace et qui en connaît la valeur. Les soins de santé ne doivent plus être centrés sur des maladies particulières, mais bien sur les besoins du patient, et en lui donnant un plan véritablement personnalisé. La création d’un modèle durable de soins autoadministrés et d’éducation s’adressant aux jeunes (avant l’âge présentant de forts taux d’hospitalisation) favorisera l’adoption croissante des principes de l’autogestion, ce qui devrait permettre de réduire les pressions sur le système de santé. Ensuite, en suivant les différents groupes d’âge pour leur offrir une solution sur mesure, nous pourrons continuer d’adopter cette approche axée non plus sur le traitement d’un problème, mais sur la prévention. Dans un avenir rapproché, la gestion à distance de soins autoadministrés ne concernera plus seulement les patients atteints de maladies aiguës ou chroniques. Elle s’inscrira dans les choix que nous ferons tous au quotidien dans l’adoption de nos modes de vie.

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