Politique fiction Politique fiction

la saga héroïco-fantastique de. HBO réunit devant .... De nature discrète, Simonetta «Daenerys» Somma- ruga parvient à ... Mais qui est ce vieil homme presque ...
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Tribune de Genève | Samedi 31 janvier-dimanche 1er février 2015

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Tribune de Genève | Samedi 31 janvier-dimanche 1er février 2015

Politique fiction

Politique fiction

Les jeux de trônes pour le Palais fédéral sont ouverts Vous reprendrez bien un peu de politique fédérale mijotée à la sauce «Game of Thrones»? Adrià Budry Carbó

L

a série de tous les superlatifs est de retour. Le premier épisode de la saison IV de Game of Thrones – alias Le trône de fer en français – sera diffusé en Suisse romande ce lundi (RTS1, 22 h 20). La saison complète, quant à elle, paraîtra en DVD au milieu du mois de février. Série la plus piratée du Web, la saga héroïco-fantastique de HBO réunit devant leurs écrans la bagatelle de 18,4 millions de té-

léspectateurs par épisode. La raison de ce succès? Un savant mélange d’intrigues de palais, de realpolitik et de sanglantes trahisons. La recette de George R.R. Martin, le créateur de la saga, fonctionne tellement bien que nous nous sommes demandés, à la Tribune de Genève, si elle marcherait avec nos politiciens bien à nous. On a relevé le défi. Réfléchissez: une terre où se mêlent plusieurs langues mais où on finit par parler anglais pour se comprendre, des alliances politiques qui volent en éclats tous les trois mois, des clans mus par une

Christian «Jaime» Lüscher, Eveline «Mélisandre» Widmer-Schlumpf, Toni «Jon» Brunner, Christophe «Ned» Darbellay et Simonetta «Daenerys» Sommaruga convoitent tous le trône. PAOLO BATTISTON

seule et même aspiration: siéger sur le trône de fer. Sans oublier cette hantise collective de l’effondrement d’un modèle de prospérité; «Winter is coming» comme métaphore évidente de la menace de récession qui guette la Suisse suite à l’abandon du taux plancher. Lumineux, non? Alors, qui l’a inventé? N’en déplaise à nos confrères de Libération, c’est probablement dans notre politique fédérale que George R.R. Martin a puisé son inspiration. Décodage en attendant les élections d’octobre prochain.

Qui sont-ils? Si certains Lannister peuvent être vicieux (la famille semble avoir un penchant inné pour le complot), ils ne sont jamais dénués de flair. Hormis peut-être le petit dernier, Philippe «Joffrey» Nantermod, dont l’omniprésence n’a d’égale que sa haine pour l’Etat. Grand espoir de la famille: le toujours bien coiffé Christian «Jaime» Lüscher, a.k.a. la main invisible,

Ils se la jouent solo ou ont été répudiés. Nous, on les aime bien quand même

C

e n’est pas parce qu’ils peuvent sembler hors course pour les élections fédérales ou qu’ils se contentent d’observer la mêlée de loin qu’on les a oubliés. Hodor, le gentil géant à la force surnaturelle et au discours un brin répétitif (Hodor! Hodor!), se promène volontiers les roupettes à l’air. Selon des sources proches du dossier, il s’en est fallu de peu pour que Geri Müller décroche le rôle et accompagne dans leurs aventures les jeunes Brandon – qui possède le superpouvoir de tourner ses globes oculaires à 180 degrés dans ses orbites – et Rickon Stark, dont le seul talent actuel semble être celui de pleurnicher.

Les Lannister, le clan des banquiers libéraux-radicaux Le clan La plus puissante famille du royaume ne connaît pas la crise, comme le rappelle sa devise: «Un Lannister paie toujours ses dettes». Grands, blonds et un brin consanguins, ses membres règnent sur Port-Réal et Castral Rock comme le Parti libéral-radical sur les cantons suisses. Peu porté sur la défense de la veuve et de l’orphelin, ce clan est celui des argentiers, marchands et autres affairistes. Présents dans tous les conseils d’administration, les Lannister tiennent les cordons de la bourse et l’arbalète par le manche. Ils sont si puissants qu’ils sont parvenus à faire passer partout des lois sur le frein à l’endettement, leur règle d’or. Modestement représentée par un Lion rugissant, la formation sait également nouer des alliances pour régner. Comme celle avec la maison Tyrell, un mariage de raison.

Les renégats

aussi connu pour ses plaidoiries à une main (depuis qu’il a perdu l’usage de l’autre au ski nautique) que pour ses rapprochements idéologiques avec sa cousine Céline «Cersei» Amaudruz. Il est parfois considéré comme un traître en raison de ces penchants. Forcément à force de manger à tous les râteliers, cette grande famille compte aussi son lot d’enfants incestueux et de nains politiques. Craignant les poursuites judiciaires, on vous laisse le soin d’établir les correspondances…

Roger «Tyrion» Golay se cherche une nouvelle famille politique. Celui qui est parvenu à maintenir son parti à flot en plein «siège» républicain a été écarté après l’arrivée de renforts Lannister libéraux-radicaux au sein du Mouvement citoyens genevois (MCG). Minorisé après ce virage à droite, il aurait, selon nos informations, songé plus d’une fois à rejoindre la Garde de nuit. A Berne en tout cas, Roger «Tyrion» Golay a trouvé une famille d’accueil, sympathique et aimante, dans le groupe parlementaire de l’Union démocratique du centre (UDC).

L’histoire (si vous avez manqué le début) Les Lannister tiennent les rênes de Port-Réal depuis la mort du roi Robert. Mais de plus en plus de familles lorgnent leurs fiefs. Une série de défaites politiques ont fini par démystifier la toute-puissance de la famille. L’enjeu sera de voir avec qui les sections locales établiront des alliances afin de maintenir leurs bastions.

Il est là depuis tellement longtemps que tout le monde a oublié son nom. Mais qui est ce vieil homme presque aveugle au fond de l’hémicycle? Du côté de la Garde de nuit, on l’appelle simplement Mestre Jacques «Aemon» Neirynck. Mais les anciens affirment qu’il fut conseiller national démocrate-chrétien (PDC). Une histoire de succession, par moines

Les enjeux de la saison à venir A Westeros, on parle de plus en plus du mur. Ce n’est pas bon pour les affaires du PLR, qui doit convaincre ses sujets que la venue de peuplades extra-muros est bonne pour l’économie.

copistes interposés, l’a poussé à rompre avec son clan. Ce qu’il conteste d’ailleurs, rejetant toute la faute sur une mauvaise retranscription de ses propos. Depuis, le Mestre ère sous la Coupole, toujours pas décidé à raccrocher les crampons. Toujours vif, il devrait aussi briguer le trône de fer cette saison. Shae, plus connue sous la dénomination «la fouine de Berne», anime avec ses autoportraits façon Vénus de Milo l’austère politique fédérale. Peu prudente sur son passé – qui ne regarde qu’elle après tout – cette servante a dû renoncer à son activité professionnelle après qu’on a tenté maintes fois de la renvoyer sur ses terres natales de Lorath. Prise en flag dans le palais, elle n’a pu que constater, impuissante, l’hypocrisie de la plupart des nobles feignant la surprise concernant ses activités. Les rois passent et trépassent. Seul reste le maître des chuchoteurs Claude «Varys» Longchamp. Toujours à l’affût, il dénote par son étonnante capacité à aller dans le sens du vent. Ce sondeur professionnel se plante parfois, souvent même, mais parvient tout de même à décrocher tous les mandats d’étude de la politique fédérale. Une phénoménale force d’inertie qui en dit beaucoup sur les aptitudes d’un personnage encore trop souvent sous-estimé.

Les Stark sont branchés famille démocrate-chrétienne

Les Dothraki attendent le Grand Soir socialiste

Le Parti de Baratheon et de Dieu (ou PBD) veut faire la lumière

La Garde de nuit et la frontière de l’UDC

Le clan Amis des bêtes et défenseurs des anciennes traditions (leur culte aux anciens dieux n’a d’égal dans le royaume de Westeros), les Stark dirigent le Territoire du Nord en bons pères de famille. Logée dans la forteresse de Winterfell – sorte de Sion septentrional – la maisonnée affiche de troublants points communs avec notre Parti démocrate-chrétien, également très branché famille. Attention toutefois à ne pas paraître trop naïf. A force de vouloir faire le grand écart entre le nord et le sud, le clan est menacé de tous les côtés. Le trône de fer semble s’éloigner un peu et la gueule de bois postnuptiale pourrait être difficile. La devise des Stark: «Winter is coming» et c’est bon pour le tourisme.

Le clan Exilée depuis la mort de son père, Aerys II (surnommé «le roi fou» par ses détracteurs), la jeune et blonde Daenerys Targaryen médite son retour sur la scène politique depuis Essos. Un autre continent. «Une autre planète!» surenchérissent même certains. Celle du salaire minimum à 4000 francs et de l’initiative 1:12. Quoi qu’il en soit, les terres d’Essos sont peuplées de guerriers dothraki. Une tribu de nomades, surtout idéologiquement. Le clan, par essence socialiste, est par ailleurs toujours prompt à s’émouvoir des conditions de travail des peuplades reculées.

Le clan Depuis la mort de son frère, le roi Robert, Martin «Stannis» Landolt est en colère. Il estime que le trône de fer aurait dû lui revenir de droit, l’ascendance, et donc la légitimité démocratique, du jeune Joffrey étant douteuse. Pour se lancer dans le «Game» en solo, il crée sa propre formation, le PBD, le Parti de Baratheon et de Dieu. Sur le chemin, Stannis doit notamment se défaire de son frère Renly, également dans la course au trône. Il parvient à rallier son armée de centristes en usant de méthodes qui manquent parfois de fair-play.

Le clan Une vision étriquée de la société, des valeurs ancestrales, la certitude d’être le dernier rempart de la civilisation… Que serait donc le mur du Nord sinon la concrétisation du projet politique de l’Union démocratique du centre? Cette méfiance d’à peu près tout ce qui vient d’outre-mur est nourrie par un discours antinoblesse «qui-vitdans-de-beaux-châteaux-etne-s’occupe-pas-des-problèmesquotidiens-de-ses-sujets» ou quelque chose du style. Afin de renforcer la sécurité du royaume, l’affaire de tous, la Garde de nuit est toujours prête à justifier de nouvelles dépenses militaires. Dans un épisode précédent, il était même question d’importer des dragons suédois pour protéger le toit, pourtant en paille, des chaumières de Westeros. Allez comprendre… De toute façon, tout le monde sait que les dragons, c’est démodé depuis la mort du roi Aegon III. Au moins!

L’histoire (si vous avez raté le début) Inquiète des événements qui se dérouleraient au-delà du mur – on parle de terrorisme et de chute de l’euro – la Garde de nuit a envoyé plusieurs patrouilles parlementaires histoire de vérifier. Le dernier voyage ne s’est cependant pas très bien déroulé puisque personne n’en est revenu. Comme chacun sait, la Garde n’est jamais aussi forte que du haut de ses murailles. Mais les murs seront-ils suffisants pour contrer les forces obscures fondant sur Westeros?

Qui sont-ils? Formée d’éléments composites (principalement des hommes, si si), au passé parfois sulfureux (brigandage, alcoolisme ou références historiques douteuses), la Garde de nuit s’est autoproclamée ultime protectrice du royaume. Toujours prête à

Les enjeux de la saison à venir Tout en occupant une position périphérique sur la carte de Westeros, l’UDC conditionne la plupart des débats politiques. La mise en place, ou pas, des mesures de refoulement à la frontière - décidée en février - devrait donner de l’eau à leur moulin.

Qui sont-ils? Père absent, Christophe «Ned» Darbellay s’absentait régulièrement avec son écuyer Yannick Buttet pour effectuer des pèlerinages. Mais le patriarche a fini par perdre définitivement la tête lors d’un duel manqué en AG face aux femmes de son parti. Depuis, le clan mise tout sur Guillaume «Jon» Barazzone – sorte de gendre idéal au regard de biche – et ses filles rebelles pour représenter ses Contrôle qualité

couleurs. Grosse déception de la famille: le transfuge Mauro «Theon» Poggia, passé à l’ennemi après avoir été élevé par les Stark comme l’un des leurs. L’avenir de la maisonnée ne s’annonce donc pas des plus sereins. Heureusement, la famille peut encore compter sur ses valeurs sûres et rassembleuses: les loups blancs. Ils tenteront de faire la liaison entre les Stark des villes et ceux des champs. La famille est un brin dispersée depuis la fin de la saison dernière (lire ci-dessous). L’histoire (si vous avez raté le début) La scène la plus traumatisante de la saison III de Game of Thrones reste probablement celle des noces entre Robb Stark et la belle Talisa. Une saignée conduisant à la disparition de la scène politique de nombreux membres de la famille. Winterfell en cendres et ses héritiers dispersés dans Westeros, la lignée passera-t-elle l’hiver électoral? Les enjeux de la saison à venir Le PDC doit convaincre les sujets de Westeros qu’il est LA famille sur qui on peut compter. Un titre notamment contesté par les socialisants Dothraki – qui chassent sur ses terres – et la Garde de nuit UDC, qui l’accuse de délaisser le mur.

Qui sont-ils? De nature discrète, Simonetta «Daenerys» Sommaruga parvient à surmonter la mort de son mari, Drogo, et à s’ériger en Khaleesi, une sorte de conseillère fédérale dothraki. Toujours prompte à moraliser le débat et à dénoncer l’esclavagisme capitaliste, elle parvient à rallier le lumpenprolétariat croisé sur son chemin. Il faut dire aussi que la Khaleesi possède un argument massue: de petits dragons cracheurs de feu. Celui de la révolution. Malheureusement, ces jeunes sulfureux, ou JS, s’avèrent incontrôlables, plaçant vite l’ensemble du

groupe dans une position désagréable par rapport aux autres formations. Particulièrement inquiets, les Lannister libéraux-radicaux en appellent au «respect du partenariat social». «Ce sont des dragons de Khaleesi. Ils ne pourront jamais être domestiqués. Même par leur mère», comme le rappelle le spin-doctor mais néanmoins ex-trafiquant d’esclaves (principalement des stagiaires) Rudolf «Jorah» Strahm. Dans la série, ce dernier est plus connu sous la dénomination de Lord Friend-zone. L’histoire (si vous avez raté le début) Après avoir retourné les soldats contre leurs maîtres et libéré les esclaves, la Khaleesi se heurte aux réalités de la politique gouvernementale. Parviendra-t-elle à maîtriser ses dragons afin de s’imposer en grande impératrice de Westeros? Les enjeux de la saison à venir Pour le Parti socialiste, il s’agit surtout de survivre à son exercice d’équilibriste entre un discours, parfois de rupture, et sa présence dans les plus hautes instances du pouvoir. Ah oui… et si les socialistes pouvaient un jour remporter une votation, ils gagneraient probablement en crédibilité.

Qui sont-ils? Le clan, dirigé par Martin «Stannis» Landolt, est entièrement regroupé autour d’une prêtresse. La ténébreuse Eveline «Mélisandre» Widmer-Schlumpf, qui ne s’embarrasse pourtant pas de formules magiques. Désireuse de convertir au Seigneur de Lumière des politiques plus habitués à l’obscurantisme financier, elle devient une cible facile pour la Garde de nuit UDC – qu’elle a trahie pour servir son nouveau maître – ou les Lannister PLR, qui aiment railler les nouvelles croyances. Le PBD est également soutenu par le conseiller Davos Mervault, un ancien contrebandier à qui il manquerait la moitié Contrôle qualité

d’une main – ce qui ne l’a pas empêché de devenir la Main du roi, notez bien l’ironie. Malgré de gros efforts d’investigation, nous n’avons pas été en mesure de vérifier ces allégations. L’histoire (si vous avez raté le début) On a vu l’armée de Stannis se faire décimer dans la baie de Néra au cours d’une bataille épique pour la prise de Port-Réal – le centre droit pour les besoins de l’histoire. Mais la réalité du terrain a prouvé que le PBD avait les yeux plus gros que le ventre. Ces défaites ont miné un peu plus la légitimité des revendications de Stannis au trône de fer fédéral. Les enjeux de la saison à venir Les Baratheon ont besoin de se refaire dans la course aux élections fédérales. Ils devront nouer des alliances, avec le PDC ou les Vert’libéraux par exemple, afin d’éviter de se faire massacrer dans des régions où ils sont encore inconnus. Selon l’avis d’un certain nombre de Mestres – des experts reconnus dans le jeu de trônes – la maisonnée dépend beaucoup trop de la figure de sa prêtresse pour s’imposer dans les autres royaumes de Westeros. Le PBD pourrait néanmoins jouer les arbitres dans la course au trône de fer.

agiter la menace du marcheur polonais ou à mettre en garde contre les hordes de sauvageons sans dieu ni maître, la confrérie est prompte à la bagarre. A signaler quand même la présence de quelques fines lames, tel Yves «Surin» Nidegger, ou compagnons débonnaires, comme Guy «Samwell» Parmelin.