du code informatique

esr de taille car Ia cybernétique a développé et favorisé l,idée d,une régu- lation parfaite qui alimente un déni du àioit (Lessin g 1999: 5). Participant en première ...
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David Fores[ I

maginaires libertaires du code informatique

lntroduction Qu'y a-t-il de commun entre un hucker dela côte Est des États-Unis féru de programmation et un Indien d'Amérique du temps iadis ? Peu de choses en apparence. Pourtant, à y regarder de plus près, avec l'æil de l'ethnologue, ces deux tribus partageraient un même culte du don. Le succès grandissant des logiciels libres promus inlassablement depuis près de quinze ans par ses militants, et désormais bien au-delà, n'est plus à démontrer. Devenus un enieu maieur pour les administrations françaises et les services publics, ils sont également parvenus à séduire les industries du logiciel jadis hostiles qui désormais multiplient les « briques » de logiciels libres au sein de leurs produits. Le succès de cette entreprise, appuyée sur la notion trompeuse du bénévolat, a encouragé l'idée selon laquelle les contributions des partisans du libre reposent sur une éthique, voire une « philosophie du donra ». Quelles sont la validité et la pertinence d'une telle association et de quoi parle-t-on au iuste ? A cette philosophie s'aioute une conception de la propriété intellectuelle et de sa régulation en terrnes de « code » érigé en instrument de pensée dont la clef est donnée comme universelle. Au fil des discours et des déclarations, de multiples glissements de sens interviennent. Le code régulateur est également libérateur et, des tentatives de régulation programmatique aux espoirs de libération, naît l'espérance d'un cyberespace gouverné par les logiciels libérés des standards propriétaires et de la rétention des codes. C'est bien dans leur fonction d'opérateurs symboliques permettant le passage incessant et à double sens de la technique au social que don et code doivent ici être étudiés. l*.

Eric S. Rayrnond. rr. la. Alain Caillé développe une critique acérée des théories sociales et économiques fondées sur I'individu intéressé l'honro æconomicus) et en appelle à la logique du don pour réformer la société marchande. Marcel Mauss, dont l'acronyme du mouvement d'Alain Caillé emprunte le nom. cririquait à travers son étude du don la vision utiliariste de la monnaie.

lmaginaires liber-taires du code informarique

celui-ci n'entretient pas de rapport avec la gratuité les logiciels libres ne s'opposant ni au commerce ni à l'idée de rémunération, contrairement à une idée reçue - mais plutôt avec la liberté. Le slogan de la Free Software

Fondation (FSF) o Free as infræ speech not as infree beer,» entend ainsi dissiper, non sans humour, tout malentendu. Cette liberté se décline en liberté d'utiliser le programme pour quelque usage que ce soit, y compris commercial, de modifier ce même progïamme aiu soncode source, d'en

redistribuer des copies au besoin modiliées et, ce faisant, elle se conjugue dans le même temps avec la lutte contre le secret. Ainsi, l'expression open utilisée par ailleurs serait impropre à décrire cette philosophie dès lors qu'elle éclipse le terme de liberté (Forest 2004aer b). Le logiciel libre

source

conçoit donc comme un bien dont le contenu est subsumé, un bien sémiophore, porteur de sens. Et c'est précisément dans ce sens que le don peut être compris comme une reconnaissance de la communauté du libre avec l'organisation et les valeurs qu'elle promeut. Pour autant, un dilemme est apparu à la FSF. Pour garantir Ia liberté attachée au logiciel, seule une protection juridique par le biais d'une Iicence d'utilisation est en mesure d'empêcher une société de récupérer un logiciel libre pour, au terme de quelques modifications, le transformer en logiciel propriétaire. Afin de contrer une telle menace, le « don » a pris appui sur un contrat de licence comme la Licence Publique Générale " GNLJ » et ses déclinaisons, ce document iuridique marquant l'appartenance à la communauté du libre, elle-même appuyée sur une fondation, la FSF. L'instrument iuridique formalise, par conséquent, la reconnaissance réciproque et renforce l'interdépendance des contractants au profit d'un partage de valeurs communes. En filigrane de la philosophie du don, c'est bien une théorie du changement social qui trouve à s'exprimer. En cela, le projet GNU, qui double la licence d'urilisation par un r'éritable contrat social, se présente comme un projet total. Les droits ainsi garantis visent à assurer l'égalité des contributeurs. Car la liberté a pour corollaire l'égalité sur le réseau en permettant un accès au code source de façon égalitaire et toujours ouverte. « LibertéÉgalité-Fraternité », chacun des éléments de la triade républicaine trouverait à s'incarner dans l'axiologie des valeurs du logiciel libre: liberté d'accès sans entrave au code source, égalité et fraternité promues par I'appartenance à la communauté solidaire des partisans du libre. Eric S. Raymond, ardent défenseur du libre, a proposé une théorie largement reprise pour démontrer la supériorité de la collaboration horizontale entre développeurs (le style