Echappe-toi si tu peux!

tin, l'e-mail de Roland-Garros en. 2013 qui l'invite pour les qualifi- cations et la ... quarts de finale du tableau mas- culin, le public de Roland-Garros assista en ...
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Société & Sport

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MARK HENLEY/PANOS PICTURES

Le Temps Jeudi 4 juin 2015

Fred, Marine et Stéphanie explorent chaque recoin du Studio #113 de ParaPark à la recherche d’indices. Ce concept de jeu d’évasion grandeur nature se développe un peu partout dans le monde. GENÈVE, 2 MAI 2015

Echappe-toi si tu peux! > Tendance Les jeux d’évasion grandeur nature débarquent en Suisse romande > Le concept: les participants ont une heure pour s’enfuir. L’enfer, c’est la montre Adrià Budry Carbó Soixante minutes. C’est le temps que vous avez devant vous pour vous échapper de l’une des pièces confinées de ParaPark. Cet escape game («jeu d’évasion») à taille réelle a ouvert ses portes en mars dernier à Genève… pour mieux les refermer derrière les aventureux qui – par équipe de deux à cinq – se retrouvent encabanés volontaires dans l’une de leurs deux salles thématiques. A choix: un laboratoire, théâtre d’une mystérieuse expérimentation soviétique (ratée) sur des animaux, ou un studio habité par un esprit dérangé. Une fois la porte refermée, les participants sont livrés à eux-mêmes. A eux de travailler en équipe et de faire marcher leurs méninges pour trouver tous les indices dont la

pièce regorge. Le tout rythmé par le tic-tac obsédant de la minuterie située près de la porte de sortie. Les deux créateurs du ParaPark genevois, Attila Horvath et Regina Sipos, se sont inspirés de ce qui existe depuis quelques années déjà dans leur pays d’origine, la Hongrie, où des centaines d’escape games ont vu le jour. «Il y a là-bas une quarantaine de compagnies différentes. Mais, à l’origine, le jeu a été créé au Japon et n’avait été pensé que pour une personne. Le taux de réussite des participants était alors très faible, moins de 2%. En Hongrie, un travailleur social a eu en 2008 l’idée de faire participer les gens en équipe.» Depuis, les ParaPark ont essaimé dans le monde. On en trouve à Zurich, en France, en Espagne ou au Chili. A Genève, Attila et Regina comptent surtout sur le bouche à

oreille pour remplir leur cellule. Le mot est bien passé: en mai, 55 équipes embastillées volontaires se sont essayées à la grande évasion. Un hobby dévorant pour ces deux fonctionnaires internationaux qui prennent sur leurs soirées et week-ends pour gérer les deux salles. Leurs participants sont en général plutôt trentenaires même si ParaPark a déjà accueilli des familles et des retraités. «Nous avons aussi pas mal de touristes, de passage à Genève, qui viennent chez nous parce qu’ils y ont déjà joué dans d’autres villes», explique Regina. Reste que ce genre de jeux se heurte vite aux limites de leur modèle: les candidats recommencent rarement un escape game dont ils sont venus à bout. «Nous avons mis six mois à installer tout le matériel, explique Attila. Nous ne sommes pas encore prêts à changer l’intrigue mais nous le ferons dès que nous sentirons l’intérêt du public s’émousser.» Le Temps a souhaité, l’espace d’une soirée, relever le défi de ce huis clos angoissant. Marine Léguillon, Stéphanie De Oliveira et Frédéric Wasmer ont gentiment accepté de nous servir de cobayes. Des cobayes tout de même un brin tendus devant la porte du Studio #113 et ses mystères. Clic, clac. La porte se referme et le chrono démarre son compte à rebours. La salle est remplie d’objets bizarres, de coffres et de cadenas. Après quelques secondes d’hésitation, le déclic se produit. Les trois candidats se répartissent tacitement la tâche et partent tous explorer un coin de la salle.

Livres, tableaux, meubles, rien ne doit être négligé. Les énigmes sont ingénieuses. L’enchaînement a été savamment orchestré mais ne laisse – seul regret – que peu de place pour les considérations liées au scénario ou à l’histoire du lieu.

«Le plus surprenant, c’est cette poussée d’adrénaline quand on résout une énigme et qu’on peut avancer» Impossible pourtant de ne pas se laisser prendre au jeu. Résolument professionnel, votre serviteur abandonne pourtant assez vite sa casquette de journaliste pour partici-

per à la quête collective. La résolution de deux ou trois énigmes fait vite monter l’excitation. «J’ai trouvé un truc. Viens!» Lequel? Mystère! Pas question ici de briser le suspense. Stéphanie résume: «Le plus surprenant dans ce jeu, c’est cette poussée d’adrénaline quand on résout une énigme et qu’on peut avancer.» De l’extérieur, les deux maîtres du jeu, Attila et Regina, se révèlent bons princes. Par talkie-walkie ou à l’aide d’images projetées, ils distillent quelques indices pour débloquer les participants qui sèchent sur une combinaison. Cette assistance n’enlève pourtant rien à la magie de la partie et permet à tous les concurrents – même les moins perspicaces – de progresser et d’avoir une chance de résoudre l’énigme ultime: celle qui

débloque la porte de sortie. Une caméra – qui filme mais n’enregistre pas – permet aux organisateurs de suivre la progression des joueurs tout en s’assurant que tout se déroule dans les règles de l’art. On imagine les éclats de rire. «Parfois, oui, concède Attila. Mais le plus drôle, c’est ces dernières secondes où il ne manque aux participants plus qu’un objet pour s’échapper. Ils se mettent alors à retourner toute la salle à sa recherche.» Sortis à la dernière seconde non sans avoir saccagé le Studio #113, Fred, Marine et Stéphanie, le confirment; dans un escape game, l’enfer, ce n’est pas les autres, c’est la montre. ParaPark, 105, bvd de la Cluse, 1205 Genève. Coût par salle: 100 francs. geneve.parapark.ch/

Un modèle qui essaime un peu partout en Suisse et en Europe ö C’est à Lausanne que le premier escape game («jeu d’évasion») de Suisse romande a vu le jour. Alexei Konovalov, qui a fondé The Door en octobre dernier, propose deux salles: un bunker post-apocalyptique et une chambre victorienne avec une intrigue à la Sherlock Holmes. «Il y a clairement une tendance positive. Les gens sont un peu saturés par le numérique et veulent revenir au réel. Pour nous, plus il y a d’escape room, plus cela permettra de nous faire connaître.» www.thedoorgame.com ö Autre lieu, autre ambiance. A

Genève, Escape Geneva ouvrira ses deux premières salles sur la rue de Lausanne dès le 6 juillet. Là encore, le concept est le même avec des équipes de 2 à 5 joueurs. www.escape-geneva.ch ö Trip Trap Escape s’est aussi lancé sur le créneau avec Le Trésor de Jack Rackham. Une énigme de pirates, façon XVIIIe siècle, qui se déroule dans une cabine de bateau. Le tout sous la menace des canons de la marine anglaise. Le jeu est à découvrir jusqu’à ce dimanche. Il emménagera dans un local du centre-ville à partir de septembre et proposera

deux nouvelles énigmes locales: L’Escalade et Frankenstein. Aurèle Barde, 30 ans, cofondateur, a découvert le concept lors d’un séjour à Paris. Il est allé récupérer des planches sur le chantier du CEVA et se consacre aujourd’hui à plein temps à ce jeu: «Ce qui me fascine c’est ces quatre secondes pendant lesquelles les participants se regardent circonspects. Passé ce laps de temps, tout le monde se retrouve agenouillé pour chercher si la clé n’est pas sous un meuble. L’adolescent comme le directeur de boîte.» www.triptrapescape.ch A.B.C.

Bacsinszky prolonge la fête du tennis vaudois Nadal tombe de haut > Tennis Comme Wawrinka, la joueuse lausannoise est en demi-finale à Roland-Garros Les Valaisans ont la Coupe de Suisse; les Vaudois, eux, ont Roland-Garros. Ce jeudi matin, ils sont deux, un gars de Saint-Barthélemy, une fille de Belmont-surLausanne, en demi-finale du plus prestigieux tournoi du monde sur terre battue. Timea Bacsinszky a rejoint Stan Wawrinka en éliminant mercredi la surprise de la quinzaine parisienne, la jeune Belge Alison Van Uytvanck (6-4 7-5). A l’issue du match, remporté en 1h46 sur le court Suzanne-Lenglen, la jeune femme a invité le public suisse à la fête. «Tout Lausanne peut monter à Paris pour nous soutenir, Stan et moi.» Les bonnes âmes sont priées d’apporter un papet vaudois. Ici, à Paris, Timea Bacsinszky ne sait plus quoi manger. «On a fait tous les restaurants autour de l’hôtel. Le chinois, le sushi, l’italien, la brasserie. Tout! Les serveurs me demandent si je compte rester encore longtemps. Je ne sais pas…» Au moins encore un jour. Le temps de retrouver ce jeudi Serena Williams en demi-finale. Ce ne sera évidemment pas une partie de plaisir. Depuis trois saisons, l’Américaine perd vite ou va au

bout des tournois qu’elle dispute. A Paris, elle peut ajouter un vingtième titre du Grand Chelem à son palmarès XXL et se rapprocher du record de Steffi Graf (22). «Serena est favorite, bien sûr», admet Timea Bacsinszky, qui a perdu leurs deux rares face-à-face. Elle se souvient qu’elle avait «quelques petites ouvertures. Je n’avais pas su les saisir. J’en espérais d’autres qui ne sont jamais venues. C’est la différence avec les autres joueuses.»

«T’es une dure à cuire, toi!» Leur précédent affrontement eut lieu en mars à Indian Wells. Timea Bacsinszky venait d’enchaîner deux titres (Acapulco et Monterrey) et 15 victoires de rang. En pleine confiance mais fatiguée, elle avait fait mieux que se défendre. «Sur le court, Serena m’avait lancé un truc du genre: «T’es une dure à cuire, toi!» Après le match, son entourage était venu me parler dans le vestiaire, me dire que j’avais bien joué. J’ai senti qu’elle me regardait avec respect, ce n’était pas ce regard arrogant qu’elle lance souvent aux joueuses.» C’est tout le tennis féminin qui la regarde différemment.

A pas encore 26 ans (elle les fêtera lundi 8 juin), Timea Bacsinszky a déjà eu trois vies: enfant prodige, adolescente perdue, jeune femme épanouie. Trois âges, comme tout le monde, sauf qu’elle n’était pas armée pour les transitions. Ex-future star du tennis (elle avait remporté deux fois le tournoi des Petits As, officieux Championnat du monde des 12-14 ans, comme seule Martina Hingis avant elle), mais enfant martyre de ce sport où tant de joueuses ne font qu’accomplir la volonté d’un père, elle avait décidé de tout arrêter au début de l’année 2013. Son histoire, la rupture avec le père puis avec le tennis, les quelques mois dans un palace de Montreux à éplucher des pommes pour confectionner des tartes Tatin, l’e-mail de Roland-Garros en 2013 qui l’invite pour les qualifications et la remet miraculeusement en selle, sont devenus des musts de ses conférences de presse. Elle ne s’en lasse pas et raconte avec toujours autant de fraîcheur comme son tennis a changé à partir du moment où elle a décidé qu’elle jouait pour ellemême. «Décider, c’était quelque

chose d’horrible parce qu’on ne m’avait jamais appris à faire mes propres choix.»

Son revers, son point fort Timea Bacsinszky a fait la course en tête et globalement dominé les échanges en faisant courir une adversaire puissante mais peu mobile. Elle aurait pu gagner plus aisément, notamment le second set, avec un coup droit plus sûr et une plus grande efficience sur ses nombreuses balles de break. Son revers, son meilleur coup, la tira de quelques mauvais pas quand le jeu se durcit en fin de manche. Aujourd’hui, on devine dans le regard des autres joueuses une forme d’envie devant sa liberté. Dans ce quart de finale qu’elle était supposée ne pas perdre face à la 93e mondiale, elle ne s’est jamais mis de pression excessive. L’enjeu (elle n’avait jamais fait mieux qu’un troisième tour dans les épreuves du Grand Chelem) n’a pas eu prise sur le plaisir du jeu. Il en sera de même contre Serena Williams. «Je ne joue pas ma vie sur ce match», assure-t-elle en riant. Laurent Favre PARIS

mais promet de se relever > Tennis Victoire facile de Djokovic en 3 sets De mémoire de chroniqueur, on n’avait pas le souvenir d’avoir vu Rafael Nadal inspirer à Paris un sentiment ressemblant de près ou de loin à de la pitié. Venu plein d’espoir assister au choc des quarts de finale du tableau masculin, le public de Roland-Garros assista en un peu moins de 2h30 au déboulonnage en règle de la statue Nadal (7-5 6-3 6-1). Invaincu cette saison sur terre battue (tout comme Andy Murray, son adversaire en demi-finale), au-dessus du lot depuis huit mois, Novak Djokovic pouvait bien sûr devenir le deuxième homme à battre ici le nonuple vainqueur du tournoi. Ce qui semblait impossible, c’est qu’il le fasse avec autant de marge et de facilité. Pressé d’en finir, Rafael Nadal se présenta encore fumant à la salle de presse. En anglais, en castillan puis en catalan, il s’exprima sans langue de bois. «Novak (Djokovic) a été meilleur que moi. Il n’y a rien à dire et quatre choses à faire: 1. le féliciter, 2. l’accepter, 3. comprendre ce qui s’est passé, 4. travailler

pour progresser. Tout est allé très vite. Trop vite. Je fais quelques petites erreurs, cela tourne en sa faveur sur pas grand-chose. Ce n’est pas une grande surprise pour moi parce que je n’étais pas assez performant ces dernières semaines.»

«Je doute depuis onze ans» «Je prends cette défaite avec mesure. Vous admettrez que j’ai toujours été mesuré lorsque je gagnais le tournoi. Je l’ai gagné neuf fois, j’ai perdu deux matchs. Je ne suis pas inquiet parce que je ne suis pas blessé. Lorsque vous êtes blessé, vous ne pouvez rien faire; là je peux travailler davantage pour revenir et essayer de gagner encore.» «Est-ce que je doute de moi? Je doute de moi-même depuis onze ans. Je suis 10e mondial parce que j’ai été blessé six mois et que j’ai mal joué trois mois. Mais je sais que je vaux mieux que ce classement et je sais que je serai de nouveau mieux classé. Je reviendrai ici à Paris et je reviendrai pour tenter de gagner une fois de plus.» L. Fe