Guerres Les civils d'Alep disent que nous les oublions et

victimes civiles du génocide alepien. Nous autres, citoyens empathiques et humains, les voyons, pleurons pour eux, mais ne savons pas quoi faire.
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Guerres

Les civils d’Alep disent que nous les oublions et les laissons mourir dans l’indifférence, mais ils se trompent. C’est simplement qu’ils ne peuvent pas entendre notre indignation et notre soutien, étouffés par nos dirigeants muets et con-citoyens d’extrême droite, à l’inverse de plus en plus vocaux à l’égard de qui souhaite aider ceux qu’ils qualifient de cafards : les réfugiés et les victimes civiles du génocide alepien. Nous autres, citoyens empathiques et humains, les voyons, pleurons pour eux, mais ne savons pas quoi faire. Nous sommes pieds et poings liés par nos dirigeants qui ont décidé de rester immobiles, et de ne pas appeler Bashar et Vladimir par leur vrai nom : des monstres, des tyrans, des dictateurs. Eux, et tous les autres tyrans qui tuent des innocents partout dans le monde à l’heure même où vous lisez ces mots. Et dieu sait que la palme des pires atrocités s’arrache avec férocité depuis la nuit des temps. Les citoyens ordinaires d’Occident et du monde sont pris en tenaille entre des images de tueries et de guerre qu’ils trouvent insoutenables, et des situations géopolitiques complexes qu’ils ne comprennent pas, et qui doivent bien, pourtant, apporter des réponses quant à l’extermination d’Alep. Les alliances entre pays, la lutte entre le dictateur syrien et les rebelles d’Al Quaeda pour savoir qui règnera sur les ossements d’Alep, les intérêts économiques et idéologiques, toutes ces choses que nous, non-spécialistes, ne comprenons pas. Nous savons simplement, dans notre âme d’Homme, que ce que l’on fait à ces civils est une ignominie sans nom, ou plutôt si : un massacre d’une cruauté extrême, et le pire visage de l’Humanité. Alep est la face émergée de l’iceberg de la terreur humaine. On m’a appris récemment qu’en ce moment, tous les jours, des civils de tous les âges sont massacrés quotidiennement au Yemen, et que personne n’en parle. Alep est médiatisée, mais des horreurs se perpétuent partout. Bien sûr, nous ne sommes pas naïfs, nous savons bien que les monstres humains font rage, partout, et prennent toutes les formes possibles et imaginables. Aujourd’hui, hier ou avant-hier : pensez à ces massacres et à ces guerres innombrables qui constituent notre Histoire, celle de la Terre depuis le règne des hommes sur elle. Il suffit de remonter le fil du temps pour nommer les massacres, grands ou petits, si ignobles, qu’on ne peut même pas en imaginer les scènes. Le Bataclan à Paris, la Tchétchénie, le Rwanda, l’Holocauste, les goulags russes, l'élimination de la population d’Avaricum au 1er siècle avant J.C, les Vêpres asiatiques 30 ans plus tôt, la capture de Gaza par Alexandre Le Grand 2 siècles avant cela. Une fresque longue comme les contours de la Terre ne suffirait pas à lister toutes les atrocités menées par des hommes envers d’autres hommes. Si, seulement, ce sont des hommes. Nous pouvons simplement nous estimer chanceux que, si nos grands-parents, peut-être, se trouvaient à Oradour-Sur-Glane lorsque les Nazis exécutèrent la totalité du village ou dans les convois en direction d’Auschwitz, nous n’avons pas connu l’infortune d’être nés à Alep au 21ème siècle. Nous avons cette fois-ci échappé au massacre qui ravage en ce moment d’autres contrées que celles où nous vivons. Et nous semblons oublier bien vite que les

souffrances d’Alep aujourd’hui sont nos souffrances du passé et, irrémédiablement, lorsque la roue aura fini de tourner et s'arrêtera à nouveau sur nos terres d’enfance, celles de notre futur. Nous ne sommes pas aujourd’hui le peuple d’Alep, car, tout comme le hasard de la naissance place certain d’entre nous sur des trônes, il en place d’autres sur un étal de boucher, prêts à être sacrifiés, pour toute raison qu’il plaira au bourreau d’invoquer. Ceux qui tuent Alep sont perdus : ils ne seront plus jamais des Hommes. Je m’adresse alors à ceux qui ne montrent pas d’empathie envers le peuple syrien, par racisme, indifférence ou haine pure et simple de l’Autre. Souffrez-vous d’amnésie collective, d’ignorance historique aiguë, ou vous complaisez-vous dans les méandres d’une vie dictée par l’égoïsme, l'absence d’amour et de compassion pour ceux de la même race que la vôtre : la race des Hommes ? Alep, nous t'entendons, nous pleurons sur tes cendres et ton sang, et en pleurant pour toi, nous pleurons pour toutes les victimes de la férocité humaine depuis la nuit des temps. Nous avons honte de la facette de l’Homme que révèle ton exécution, et honte que certains ne viennent pas prier sur ta tombe. En leur nom, nous offrons nos plus profondes excuses pour cette autre partie de nous, cette autre partie des Hommes, qui met fin à tes jours ou ne ressent rien que vide et indifférence face à ton calvaire. Au nom de ceux qui ne sont plus des Hommes, nous nous excusons. Nous prions, de nos coeurs de croyants ou d’athés, pour vous à Alep, qui mourrez par centaines, et nous prions pour vous, qui êtes incapables de pleurer pour Alep comme s’il s’agissait de vos propres enfants, et qui avez perdus toute Humanité. Gabrielle Narcy