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La flamme s’est éteinte Par Sylvie Bovet
Les 25-35 ans n’ont pas le goût du risque qui
barrières pour accéder à une carrière ou pour
animait la génération précédente qui a formé
réaliser un projet auquel nous rêvons. Le problème
le Québec inc.
est qu’il y a tellement d’occasions alléchantes qu’il
En tant que relève principale de la quatrième 5
complètement. Les passions, projets et idées qui
souvent de réfléchir sur les enjeux de ma géné-
nous animent sont multiples. Mais la vérité est
ration au travail. Non seulement je réalise le besoin
que le passage de la parole à l’acte n’est pas la
d’en discuter, mais je suis aussi aujourd’hui dans
force qui nous caractérise le plus.
les classes où le manuel Zénith est utilisé.
© ERPI Reproduction autorisée uniquement dans
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Il va sans dire que ma génération est bien
Plus que jamais, c’est maintenant à mon tour et à
formée et qu’elle cultive ses compétences. Nous
celui de mes collègues et amis qui forment ma
avons certes le potentiel de nos ambitions. Cela
génération, celle des 25-35 ans, de jouer le « rôle
nous amène à désirer et à croire être capables de
des grands » et de faire avancer le Québec.
régler le sort du monde. Toutefois, le quotidien
Chaque génération a ses défis. L’un des 15
devient difficile de faire un choix et de s’y investir
génération d’une entreprise québécoise, il m’arrive
une position pour agir et faire avancer mes idées. 10
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nous rattrape vite. Et on préfère malheureusement
nôtres est certainement de vivre dans une société
trop souvent s’échouer devant la télé pour regarder
où presque tout est possible. Il n’y a plus de
l’émission de téléréalité du moment plutôt que
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La flamme s’est éteinte (suite)
réaliser ses projets.
et fonçaient au risque de repartir à la case départ
Bref, on veut le gros poste, beaucoup de
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responsabilités, un gros salaire, mais nous ne
les manches pour poursuivre le commerce d’un
sommes pas nécessairement prêts à faire les
parent et ainsi faire vivre leur famille.
sacrifices que cela implique. Quand vient le temps
Mes deux grands-pères ont vécu cette situa-
de mettre la main à la pâte, nous répondons la
tion et je ne peux que les admirer. Ils en ont passé
plupart du temps : absent. C’est comme si le sens
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du devoir et des responsabilités nous échappait.
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des moments pénibles, mais aujourd’hui ils ont le regard fier d’entrepreneurs qui ont pleinement
Je travaille pour une entreprise familiale qué-
vécu leur vie. Certes, ils sont satisfaits de leur
bécoise dans le milieu du commerce de détail et
réalisation, mais ils sont encore plus fiers de la
je suis à même d’observer le choc des généra-
grande famille qu’ils ont créée autour d’eux : leurs
tions. Je remarque que celle à laquelle j’appartiens
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employés. La réflexion qu’ils portaient sur l’avenir com-
manque parfois d’énergie ou de volonté pour
mençait par « nous » et non par « je ». Travailler
foncer.
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sans passer par GO. D’autres ont dû se relever
Je crois que nous ne possédons plus la flam-
pour rendre les gens heureux et procurer une
me qui animait la génération qui nous précède,
vie confortable pour tous. Vision qui détonne de la
c’est-à-dire celle qui a formé le Québec inc. Les
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entrepreneurs n’hésitaient pas à risquer leur
nôtre qui tend souvent vers l’atteinte du million ou la maximisation des REER en fin d’année.
maison et leurs épargnes pour démarrer une Zénith / Guide 11113
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les classes où le manuel Zénith est utilisé.
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entreprise ou pour réaliser leur rêve. Ils osaient
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d’investir les heures nécessaires à bosser pour
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La flamme s’est éteinte (suite) Aurions-nous quelque peu perdu cette notion du risque ? Il faut retrouver le plaisir de réaliser
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les classes où le manuel Zénith est utilisé.
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professionnelles. Il faut en être conscient. Ce n’est pas tant le temps investi dans notre
d’argent ou de standing1. Accomplir des choses
carrière ou dans nos projets de société qui
collectivement pourrait triompher d’un individua-
m’inquiètent – car je crois que nous sommes
lisme excessif répandu dans la nouvelle génération
performants –, mais plutôt la passion de nos 95
objectifs et la persévérance de réussir. Il faut aller
C’est certain que les réalités sont différentes
au bâton pour faire un circuit. Il faut s’animer,
aujourd’hui. Le couple est au centre des décisions
oser, trébucher, se relever et persévérer pour
et des actions. Notre but est de nous offrir le plus
vivre pleinement notre vie et la terminer avec une
de possibilités et de confort possible. Mais pour
fierté d’accomplissement !
tout avoir et tout faire, on doit concilier le travail,
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quelque chose au lieu d’être en quête constante
des gens d’affaires.
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peut-être pas compatible avec nos ambitions
L'auteure est vice-présidente, achats pour le
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les activités et les tâches ménagères. C’est fré-
groupe Bovet et membre du comité consultatif
quent de voir un ou une collègue quitter le bureau
Relève du Focus stratégique Québec 2010, mis
tôt pour une situation familiale. C’est tout à fait
sur pied par SECOR Conseil. Elle s'exprime à
respectable. Mais cela entraîne dans l’environ-
titre personnel. Sylvie BOVET, « La flamme s’est éteinte », La Presse, 17 mars 2010, p. A25.
nement de travail une autre dynamique qui n’est
© 2010 La Presse. Tous droits réservés. Numéro de document : news-20100317-LA-0050
1. Standing (anglicisme) : position économique et sociale, niveau de vie. Textes modèles
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