La rencontre professionnelle - Festival Chromatic

Après le Centre Phi en 2016, Chromatic Pro est revenu en 2017 avec deux partenaires de taille, Moment Factory et C2 ..... la culture nord-américaine et des valeurs européennes : « Cela offre à la ville de belles perspectives d'avenir ». ...... London Design Museum. Il compte parmi leur client, l'Agence spatiale britannique, ...
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La r pro enco ntr fes e sio nn elle

©CHROMATIC 2017. Tous droits réservés.

c h romat ic pro

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Chromatic Pro a pour vocation de cultiver la conversation entre artistes, entrepreneurs et professionnels en quête de nouvelles inspirations mais aussi de réfléchir et échanger sur les nouvelles formes de créativité, de modèles d’affaires et d’entrepreneuriat culturel. Au travers de conférences, d’ateliers et de rencontres, Chromatic Pro met en lumière les profondes mutations économiques qu’engendrent l’innovation dans les domaines de l’art et de la culture. Après le Centre Phi en 2016, Chromatic Pro est revenu en 2017 avec deux partenaires de taille, Moment Factory et C2 Montréal, poursuivant ainsi ses initiatives de développement tout en encourageant à nouveau les collaborations entre les milieux des arts, des industries créatives et des affaires.

L ES N OTES  |  c h r o m at i c p r o

[06-11]

Mot du président

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Mot du directeur général

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Partenaires

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Comment la créativité

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[12-41]

numérique impacte

aujourd’hui notre économie?

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Retour sur Chromatic Pro @Moment Factory

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Montréal, capitale mondiale

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de la créativité numérique

Le marché du numérique, quelle économie?

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Les projets numériques de

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demain : rencontre avec des créatifs de la relève

Startups du numérique :

inspirations, développements

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et modèles de réussite

Atelier interactif : le proto room de Moment Factory

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Portrait : Sylvie Labelle

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Portrait : Daniel Iregui

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Portrait : Michaël Bechler

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[42-79]

De l’entrepreneuriat à l’activisme culturel

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Art et entreprise

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La créativité : pour que les 50 bottines suivent les babines La créativité au service

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Creating innovation strategies

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From local studio to world leader

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de la société

Succès et échecs 62 de studios créatifs La fête des lumières, de Lyon à Dubaï

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Art et architecture

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Mobilizing Montreal’s

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Rester créatif, un défi quotidien

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creative community

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[80-107] Guillaume Lachapelle

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Guillaume Arsenault

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Sabrina Ratté

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Daniel Iregui

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Myriam Bleau

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Jordan Söderberg Mills

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Float4

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Tyson Parks

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Kenny Wong

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Mateo Mounier

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Greg Barth

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Jonathan Chomko

107 c h romat ic pro

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Le mot du président La culture comme moteur de croissance

Véritable célébration de l’art et de la créativité montréalaise, le festival Chromatic permet depuis déjà huit ans au public de découvrir les meilleurs talents émergents d’ici et de s’imprégner des tendances culturelles, artistiques et musicales. Dès le début, nous nous sommes laissés guider par notre mission de faire rayonner le talent artistique montréalais et de multiplier les opportunités pour nos artistes. Depuis des années, nous réalisons que l’effervescence artistique montréalaise est incomparable et nous nous activons à faire reconnaitre la métropole comme un leader mondial de la créativité. Nous articulons pour une seconde année cet objectif à travers le volet professionnel du festival, Chromatic Pro. La conférence Chromatic Pro est un véritable hub de créativité qui facilite les échanges d’idées et le maillage entre les artistes et le monde des affaires. Rassemblant 300 créatifs, entrepreneurs, artistes et dirigeants d’entreprise qui partagent tous une vision de l’art comme moteur de croissance, la conférence célèbre les succès, adresse les enjeux et offre des solutions créatives pour faciliter le mélange art et affaires. Reconnaissant que la culture nourrit la créativité, nous sommes fiers de notre association avec C2 Montréal pour cette seconde édition de Chromatic Pro. Ensemble, nous avons multiplié les collisions d’idées et permis de décloisonner la culture en facilitant l’accès à la communauté d’affaires. Le talent de nos artistes et les idées innovantes de nos leaders en affaires rencontrés pendant Chromatic Pro nous ont rapproché un peu plus de notre rêve de faire de Montréal le Silicon Valley de la culture.

Philippe Demers Président du festival Chromatic et directeur général de MASSIVart

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Le mot du directeur général

À Chromatic Pro, nous invitons le public à réfléchir et réinventer les relations entre l’art et les affaires et à s’inspirer des créatifs qui font rayonner aujourd’hui l’art et la culture sous différentes formes. Cette seconde édition a mis en avant les talents de notre métropole montréalaise qui fourmille de nombreux exemples inspirants et qui oeuvrent tous à faire de la culture et de l’art des leviers de développement social, économique et sociétal. Cette anné, notre équipe de programmation a mis tout son effort dans le choix des contenus et des réflexions qui en découlent et dans le choix des conférenciers et intervenants. Venus démontrer que Montréal est une ville pleine de ressource en matière d’invention de nouveaux modèles, d’entrepreneuriat culturel et d’innovation artistique, les intervenants d’Ubisoft Montréal, Moment Factory, Sid Lee Architecture, PixMob, Loto-Québec, Félix & Paul ou encore du Pôle Entrepreneuriat culturel et créatif ont pu s’entretenir avec un public capté et attentif aux défis qui nous attendent. Réel laboratoire d’idées d’ici et d’ailleurs, Chromatic Pro présentait également des études de cqs de personnalités internationales notamment avec la venue de représentants d’Universal Pictures (États-Unis), de la Fête des lumières de Lyon (France) ou du studio de création TeamLab (Japon). Chromatic Pro s’efforce également à offrir au public une variété de formats qui facilite les

échanges et la rencontre des professionnels à l’intérieur de l’événement, c’est pourquoi grâce à nos partenaires nous avons mis en place des ateliers dont l’objectif est d’offrir des outils de travail en communication, marketing, gestion de projets, ou encore des séances de coaching personnalisé par des professionnels venus de divers secteurs. Nous reviendrons également dans ce premier cahier Chromatic Pro sur la journée de conférences dédiées à la créativité numérique et son économie à Moment Factory le 28 janvier dernier. Intervenants et public ont questionné les impacts et les enjeux du numérique dans les secteurs culturels et artistiques en tentant d’apporter des réponses et des solutions aux professionnels en quête de nouveaux défis. Ce premier cahier Chromatic Pro revient ainsi sur une année riche en connaissances, débats et rencontres autour de questions qui nous tiennent tous à coeur que l’on soit un professionnel du secteur culturel et artistique ou simples curieux. Vous y trouverez une diversité de sujets abordés et relatés ici par une équipe de rédacteurs passionnés.

Patrick Truong Directeur général du festival Chromatic

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Merci à tous nos partenaires!

Chromatic Pro a compté en 2017 de nombreux partenaires et collaborateurs qui ont chacun contribué à son succès et son rayonnement. Tous nos partenaires ont trouvé dans Chromatic Pro et plus largement dans le festival une réelle place pour porter leur voix et s’engager dans des sujets culturels qui hissent la société vers le haut. Merci à tous nos partenaires et collaborateurs pour la confiance accordée depuis deux ans et le travail mené ensemble pour faire de Chromatic Pro un événement incontournable dans notre métropole.

Grands partenaires

Partenaires institutionnels

Partenaires

Partenaires media

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c h r o m at i c p r o @ moment facto l a c r é at i v i t é numérique et son économie 28 janvier 2017

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l a c r é at i v i t é n u mé r i q u e e t s on éc on omie

comment la créativité numérique impacte aujourd’hui notre économie?

Toujours plus présent et créatif, le numérique ne cesse de conduire le domaine de l’art, de la culture et de la création vers plus d’innovation. Le marché du numérique est devenu un secteur prisé des startups innovantes, des créatifs et des personnalités de la culture au moment même où Montréal s’y positionne comme leader sur la scène internationale, par l’omniprésence de ses industries créatives, studios de création, artistes du numérique ou plus simplement par la multiplicité de ses projets numériques. En rassemblant les pointures de l’industrie créative numérique cette journée spéciale Chromatic Pro a abordé et répondu aux défis de l’industrie tout en guidant les entrepreneurs et artistes avides d’inspiration. En parallèle des panels de discussion et de présentations par des intervenants passionnants, une masterclass interactive a été offerte par Moment Factory et le public a pu admirer les oeuvres numérique des artistes Daniel Iregui, Samy Lamouti et Sam Chenennou.

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Retour sur Chromatic Pro @ Moment Factory

Par Victoire Pottiez

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Le 28 janvier, Chromatic accueillait les professionnels de l’industrie numérique. Des créateurs aux diffuseurs, en passant par les commandites, les directeurs de startups, les gestionnaires de ressources, ou les consultants en stratégie numérique, tout ce beau monde était réuni dans les locaux de Moment Factory pour échanger sur la créativité numérique, et peut-être bien bâtir les bases d’une grande collaboration, à l’échelle du Grand Montréal. La journée était articulée autour de trois conférences sur le marché du numérique, le positionnement de Montréal et le parcours de startups innovantes, suivies de quatre présentations de partage d’expériences professionnelles. Pendant les pauses, les participants pouvaient expérimenter les installations numériques de Daniel Iregui et de Sma&Sam (Sam Lamouti et Sam Chenennou) ou assister à une masterclass de Moment Factory.

Plusieurs options de réponses s’offraient à l’auditoire, sous les formes d’ambitions, de projets, ou d’exemples concrets avec les témoignages, entre autres, d’artistes, comme Manuel Chantre; de directeurs de festivals comme Alain Thibault d’Elektra ; de chercheurs comme Aurélie Besson de Molior ; et même de deux directrices d’organismes gouvernementaux, Sylvie Gilbert du Conseil des arts du Canada et Monique Simard de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), n’ayant pas hésité à évoquer les lacunes des systèmes qu’elles représentaient. De cette matinée, il en est ressorti un besoin crucial de collaborations entre les acteurs de la créativité numérique et de soutien financier à l’égard de ces derniers, mais aussi une phrase bourrée d’optimisme qui a fait écho tout au long de cette journée : « On a tout pour devenir LA capitale numérique » lancée par Jérôme Hellio, consultant en stratégie et médias interactifs.

De grandes résolutions

Des idées en action

C’est surtout dans la matinée que l’avenir se jouait. Il s’agissait de questionner la capacité de Montréal à rassembler, promouvoir et soutenir ses forces et vives, pour qu’elle puisse figurer fièrement dans les premiers rangs mondiaux des capitales numériques. Puis, de questionner, encore, la capacité du marché économique, cette fois, à s’adapter à une nouvelle ère déjà bien installée.

Après les débats porteurs d’avenir, on pouvait voir, dans l’après-midi, de quoi Montréal était déjà capable : les initiatives qu’elle sait porter, la concentration de passionnés qu’elle accueille et l’énergie et l’optimisme qu’elle insuffle. On a vu en primeur des démonstrations de vêtements versatiles (3lectromode), de mapping dans la ville (MAPP_MTL), de simulations 3D

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(Mapping Matter), de concert immersif (Timecode Lab), d’expériences de réalité virtuelle où l’on vit l’endoctrinement subi dans une secte (Dpt.) ou la sensation d’être un aigle survolant Paris (Ubisoft). Pour tous ceux-là, l’absence de modèle d’affaires n’a jamais été un frein à l’avancement : « notre économie, c’est les idées » dit Thien Vu Dang de MAPP_MTL, pour qui « la créativité se joue aussi dans la gestion des ressources ». Il reste que le numérique, comme le soulignait Charles Huteau d’Ubisoft, « peut être très banal sans la créativité et il est à la rencontre de différentes disciplines qui jusqu’à ce jour n’ont jamais travaillé ensemble ».

Cette journée génératrice d’idées et de réflexions était donc, surtout, un grand plaidoyer pour la collaboration, le décloisonnement des disciplines, la mise en réseaux des talents, sans oublier la participation sine qua non du public, car aujourd’hui, dans le monde du numérique, on ne crée plus de produit fini sans la participation de ce dernier : « Les utilisateurs doivent aider les concepteurs à co-construire l’expérience » préconisait Michaël Bechler, directeur marketing de Soul.city inc.

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Montréal, capitale mondiale d e l a c r é a t i v i t é n u m é r i q u e  ? Table ronde Animée par Eva Quintas, artiste et consultante en gestion des arts Avec Stéphane d’Astous, directeur général (Float4) Aurélie Besson, directrice générale et co-directrice artistique (Molior) Sylvie Gilbert, directrice du fond pour les arts à l’ère du numérique (Conseil des arts du Canada) Jérôme Hellio, consultant en stratégie numérique et en médias interactifs, membre du conseil d’administration (Culture Montréal)

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Par Victoire Pottiez La table ronde était introduite et animée par Eva Quintas, artiste et consultante en gestion des arts, qui s’appuyait sur l’étude du Printemps Numérique réalisée en 2016 : Comprendre et valoriser l’écosystème montréalais de la créativité numérique : un levier pour le développement local et le rayonnement international de la métropole.

Que disait l’étude du Printemps Numérique ? L’enquête entre ses mains, Eva Quintas marquait un premier constat : Montréal se distingue par la qualité et la diversité de son écosystème. Cette richesse amène cependant son lot de complexités, dont une, plus prégnante : la difficulté de cerner les différents acteurs de l’industrie. Dans la notion de créativité numérique, il faut intégrer toute création, ou processus de création, englobant une composante numérique. L’étude du Printemps Numérique ne relève pas moins de neuf grappes industrielles où l’on retrouve cette composante. Elle isole cependant quatre pôles autonomes correspondant au «  pouls vibrant du

Montréal Techno  » : les jeux-vidéos, les médias interactifs, les arts numériques et l’animation/ art visuel. Ces quatre ensembles présentent néanmoins des modalités de gestion très sectorielles. Si les liens entre les acteurs de la créativité numérique sont si difficiles à cerner à Montréal, serait-ce parce qu’ils sont invisibles, voire inexistants  ? Avant de passer la parole aux invités, Eva Quintas a conclu cette présentation par l’énonciation de différents enjeux. Un même écueil semblait toujours refaire surface : le manque de collaborations entre les acteurs de l’industrie.

Reconnaître le cœur créatif de Montréal Pour agir ensemble, il faut créer un sentiment d’appartenance et nourrir un intérêt commun : «  Il faut préserver le cœur créatif de Montréal  », préconisait Eva. Tour à tour, les intervenants ont réaffirmé l’altérité de Montréal, en qualité de ville créative et numérique.

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Aurélie Besson observait le caractère historique de cette spécificité : «  Je ne connais pas d’autres villes ayant eu un développement aussi fulgurant depuis ces 50 dernières années (…) Il y a ici une véritable expertise qui s’est développée dans la mise en place d’expositions dédiées aux arts numériques  ».

des espaces de rencontres, comme celui d’aujourd’hui, pour nous permettre de développer de nouvelles stratégies. Ça aussi c’est important  ! »

Sylvie Gilbert : «  Beaucoup ont mené ici des études poussées sur les nouvelles technologies, il y a, à Montréal, une concentration de cerveaux et une grande diversité culturelle ; il y a aussi

Stéphane d’Astous a souligné la position intéressante de Montréal, bénéficiant de la culture nord-américaine et des valeurs européennes : « Cela offre à la ville de belles perspectives d’avenir ».

Jérôme Hellio : «  On a tout pour devenir LA capitale de la créativité numérique. Partout dans le monde on nous parle de l’exemple québécois  ».

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Briser les silos et accroître notre visibilité S’il est à Montréal des grands noms qui profitent d’une visibilité internationale, comme Moment Factory ou Félix & Paul, ils se sont forgés cette notoriété de façon indépendante. Leur succès n’est pas associé à une dynamique insufflée par la politique de la Ville. En comparaison à Montréal, Eva Quintas citait des villes proposant une vision concertée, englobant les arts, l’économie et le tourisme, par la création de centres interdisciplinaires très soutenus comme l’Institut des Deux Rives à Bordeaux. Pour Jérôme Hellio, «  Si on ne met pas en place une concertation des industries, on va rester dans nos silos respectifs et risquer de s’étouffer. Nos industries doivent se rencontrer et partager ». «  Mettre en lien les différents acteurs de la créativité numérique est possible  », selon

Aurélie Besson, «  Mais comment entretenir cela à long terme ? Il faut s’inscrire dans des projets collaboratifs avec différents pays  » suggérait-elle. Jérôme Hellio émettait alors une nouvelle perspective d’avenir où «  Montréal pourrait simplement être l’étincelle de l’innovation : si Montréal défriche, et Berlin prend le relais, c’est bien aussi  » a-t-il relativisé. Consolider le développem ent local Dans son introduction, Eva Quintas déplorait des secteurs sous financés en plus d’un manque cruel de cohésion dans le secteur des arts numériques. Soutenir les forces vives, oui, mais lesquelles ? Pour Sylvie Gilbert, directement concernée, de par sa fonction aux Conseils des arts de Montréal, « ce n’est pas toujours facile de désigner les bénéficiaires des subventions. Qui a l’autorité de dire que telle ou telle œuvre est bonne à promouvoir ? Un travail collaboratif est aussi nécessaire à ce niveau là. Il

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faudrait développer une pensée stratégique pour permettre aux organismes de soutien actuels de se réaligner face aux changements liés à l’ère du numérique ». «  Ne plus voir les commandites comme des financeurs, mais comme des partenaires  » c’est ce que nous devrions faire aussi, selon Jérôme Hellio. Pour fédérer les acteurs du numérique et consolider le développement local, Jérôme suggérait «  un Louvre des arts numériques » à Montréal : un lieu qui permettrait de concrétiser la convergence des industries et qui assurera des missions de formation, d’exposition, de démystification du numérique, et d’accès au matériel de production. Pour Stéphane d’Astous cet espace existe déjà, nommant la Société des Arts technologiques (SAT). Eva Quintas rappelait à ce titre que la SAT a été la première instance à porter le discours de la convergence et à se mobiliser en ce sens.

Mais pour Sylvie Gilbert, «  il ne faut pas tout cloisonner en un seul et même espace, l’art numérique doit être partout, il faut désorganiser tout ça, mettre en place des mécanismes d’agilité, sur lesquels devront se calquer les systèmes de financements  ». Moins de structure donc, pour une meilleure propagation de la créativité numérique. Pour que la créativité numérique de Montréal rayonne aussi bien sur le plan local qu’international, tous les intervenants s’accordaient donc sur la mutualisation des expériences, des savoirs, et des équipements. Susciter la participation de tous les acteurs de la créativité numérique, toutes branches confondues, pour contribuer à une dynamique d’ensemble, tel doit être le credo de toute l’industrie numérique et créative. C’est également de cette ambition que sont nés les espaces de rencontres tels que Printemps Numérique, MUTEK ou Chromatic.

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Le marché du numérique, q u e ll e é c o n o m i e ? Table ronde Animée par Aurélie Besson, directrice générale et co-directrice artistique, Molior Avec Manuel Chantre, artiste en nouveaux médias et directeur artistique Pascale Daigle, directrice de la programmation, Partenariat du Quartier des spectacles Johanna Marsal, directrice du développement des affaires, Moment Factory Monique Simard, présidente et chef de la direction, SODEC Alain Thibault, fondateur et directeur artistique, Elektra

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PAR camille balzinger Les avis et les expériences divers des invités de cette table ronde ont permis une vision globale et nuancée de la question soulevée. Aurélie Besson oriente le débat vers quatre questions précises afin de mieux cerner les enjeux.

La relation entre marchés et financements Les entreprises à Montréal sont porteuses d’une grande dynamique dans leur soutien constant à la création et production, suscitant une attraction vers le milieu de la création dès la fin des années 1990 et l’essor de l’industrie du jeu vidéo à Montréal. Cependant l’usage de la propriété intellectuelle est une nécessité : il faut faire en sorte qu’elle reste à Montréal, pour permettre un réinvestissement du capital créé. L’artiste doit rester propriétaire et non locataire de la valeur et créativité nées de son projet. Aussi sans soutien public à la création, la culture est vouée à mourir. Ainsi est fait le constat d’une urgence de mise à jour des institutions et des fonds pour des silos moins classiques de la culture : si les fonds disponibles pour l’opéra ou les musées existent, ce ne sont pas ceux qui

correspondent ni à la nature actuelle du marché, ni à la créativité telle qu’ existante aujourd’hui. Les fonds publics sont gérés par des institutions, qui par définition ont une certaine résistance (ou réticence parfois) au changement. Le défi du gouvernement est donc finalement de permettre la subvention de silos culturels moins classiques, tels ceux de la créativité numérique. Enfin on observe dans les milieux créatifs une certaine passivité à nommer les choses et les revendications. Il faut pour que le changement puisse se faire convaincre les gouvernements, accorder de la valeur au rassemblement et se fédérer pour manifester les intérêts en jeu. Aussi la création est forcément influencée par le financement (selon la demande du client, l’artiste propose une offre). Manuel Chantre précise que malgré cela, c’est l’intérêt créatif qui doit guider l’artiste, constituer la ligne rouge de son travail. Lui, par exemple, finance ses projets personnels grâce aux projets qu’on lui commande. Enfin, il est pointé qu’une œuvre peut et doit être aussi exposée hors contexte initial, un film par exemple dans une exposition, afin de nourrir la pratique d’utilisations moins banales et de faire évoluer la conception des silos de la culture. Il est nécessaire d’associer les compétences précises : une coproduction entre une industrie

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et un artiste augmente la valeur de la création, comme par exemple les protocoles de partenariats entre le Musée d’art contemporain de Montréal (MACM) et l’Office National du Film (ONF). De même une co-présentation augmente l’expertise et donc la valeur associée à l’œuvre. Les collaborations reposent essentiellement sur les financements obtenus sur un projet. L’économie québécoise a changé en ce sens. Le besoin d’expertise et donc de collaboration pour les projets créatifs numériques actuels et locaux ne repose ni sur la création ni sur la production, mais bien sur l’exploitation du projet in fine, souligne Monique Simard. Aussi le développement du numérique, d’un point de vue financier, est à penser comme un vecteur de croissance pour le Québec (la culture représente 15% du produit intérieur brut québécois). Il faut briser les domaines et les concepts préétablis du développement économique et culturel au niveau gouvernemental pour favoriser la collaboration. On note en 2016 une augmentation des investissements des marchés privés de l’art contemporain en des créations numériques, signe qu’une collaboration plurielle est possible et en marche. Johanna Marsal précise que la création est tout simplement inconcevable en l’absence de collaboration. Pour illustrer ces idées, Manuel Chantre précise que la collaboration avec Elektra a influencé sa pratique, que les mélanges de cultures influencent grandement la création et qu’en l’occurrence, le modèle de collaboration se diffuse et devient de plus en plus courant. Enfin, la volonté politique d’organiser ces collaborations peut à l’avenir jouer un grand rôle dans la standardisation du processus, le simplifier, le favoriser, pour développer encore plus la créativité et le transferts de savoir.

Créativité numérique et publics Le public est une composante essentielle de toute démarche artistique. Cette dernière vise à rassembler autour d’expériences uniques et mémorables. L’on peut aussi voir en l’art une mission éducative, une incitation à la réflexion, au-delà de l’entertainment pur et simple.

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26 Mais pour ne pas être réducteur on peut aussi considérer l’art comme un moyen de montrer le beau, l’intéressant du monde, et d’inciter à la créativité. L’art porte un message perpétuel et est fait d’essais. Il porte un point de vue dans chaque projet. Le point de vue défendu par la création peut cependant être une entrave aux financements, le diffuseur n’ayant pas forcément d’intérêt pour la défense de ces idées.

Diffusion internationale : l’artiste comme ambassadeur Montréalais ou simple parti à une relation d’affaires ? Si l’on peut penser que l’artiste est forcément ambassadeur de son lieu de travail ou d’origine (il est toujours mentionné dans les expositions ou performances l’origine de l’artiste), Alain Thibault précise que le marché dans cette seule optique est très limité. Ainsi, lui se considère

*ALENA : Accord de libre-échange nord-américain **TAFTA : Transatlantic Free Trade Agreement

ambassadeur lorsqu’il exporte des créations par le biais de collaborations entre offices et organisations gouvernementales. Cependant les rôles d’ambassadeur et d’associé sont étroitement liés. Pour le rayonnement et les affaires, le marché est essentiel, tout comme l’adoption d’une stratégie internationale pour développer ces marchés. Est soulevée ici l’attention sur la révision du traité de l’ALENA* qui garantissait une exception culturelle dans le commerce de l’art avec les États-Unis : n’était pas considéré comme concurrence déloyale tout programme de soutien à la culture. Les prochains mois diront si cette exception restera ou non, changeant la donne sur le marché international du marché numérique. Aussi, le TAFTA** adresse les produits numériques dans certaines de ses dispositions, et les créations considérées étant des produits numériques, cela sera un nouveau problème pour le marché international. Plus pratiquement, Pascale Daigle précise que l’exportation et la diffusion internationale doit être pertinente : un projet construit dans le cadre du 375ème anniversaire de

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27 Montréal n’aura pas forcément de pertinence à l’exportation, même si certaines œuvres gagneraient à être sorties de leur contexte initial. Dans le cas de Moment Factory, dont 95% des activités a trait à l’international, il y a toujours l’angoisse de devoir revoir le principal de l’œuvre pour permettre et favoriser l’exportation. Manuel Chantre conclut que l’artiste doit travailler pour vivre, ce qui veut parfois dire exporter, de fait, il se pose en tant qu’ambassadeur dans ses relations d’affaires. Le défi principal est désormais les mises en marché international : développer une stratégie de mise en marché, établir des politiques, et assurer que cela soit profitable aux moyen et long termes, pour finalement ouvrir le marché. Proposant des solutions diverses ainsi qu’un tour d’horizon des différents marchés, le débat a permis d’appréhender au mieux les enjeux pour les créatifs d’aujourd’hui et de demain dans le processus d’entrée sur le marché de l’art. La

richesse du débat réside essentiellement en la présence à la fois d’artistes entrepreneurs et d’acteurs publics, permettant des réponses et exemples d’issues parfois abstraites. Un regret cependant : l’ampleur des problématiques soulevées ne permettait pas d’explorer des solution concrètes, mais plutôt de poser des pistes de réflexions pour de futurs débats. Si l’on comprend très bien que le but de la journée est d’exposer le plus de facettes de la créativité numérique au public, ce débat a finalement mis en avant bien des idées et a permis de sensibiliser sur les enjeux concrets de la créativité numérique de demain. Monique Simard souligne très bien, finalement, la nécessité de publiciser ces enjeux, notant qu’ici, « on parle à des convaincus ».

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Les projets numériques de demain: rencontre avec des créatifs de la relève Conférence Animée par Arnaud Granata, président, Infopresse Avec Charles Huteau, directeur créatif, Fun House - Ubisoft Montréal Valérie Lamontagne, artiste-designer, fondatrice 3lectromode, doctorante à l’université de Concordia en “Performative Wearables: Bodies, Fashion and Technology” Nicolas S. Roy, directeur de création, Dpt. Thien Vu Dang, co-fondateur et directeur de création, MAPP_MTL

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Par Adeline Huar Afin de démontrer le potentiel de Montréal en matière d’accueil et d’accompagnement des créatifs et de leurs projets, Chromatic Pro a convié quatre invités de marque, Valérie Lamontagne, Charles Huteau, Nicolas S. Roy et Thien Vu Dang. Le public a pu découvrir des parcours inspirants et emblématiques des différentes disciplines existantes en créativité numérique. Revenons en détails sur les idées soulevées par ces acteurs et experts de la création numérique montréalaise.

Valérie Lamontagne, artistedesigner, fondatrice d’3lectromOde Artiste et entrepreneure aux multiples créations, Valérie Lamontagne a ébahi le public en exposant ses connaissances et ses projets attraits aux vêtements actifs. On a alors été projetés dans l’avenir quand elle décrivait et projetait en images les vêtements interactifs faits de textiles tout droit sortis des récentes imprimantes 3D. On a aussi été séduits par ses idées en matière de révolution du vêtement. Pour que celui-ci ne soit plus qu’un simple habit peu durable, la doctorante nous a parlé des recherches actuelles en matière de textures biologiques et biodégradables mais

aussi de vêtements auto-lavants et programmés pour changer de couleur. En revenant plus dans l’aspect numérique du textile, Valérie Lamontagne a fait part de ses connaissances en matière de vêtements intelligents. Elle a en effet approfondi sur les vêtements « sensors » qui réagissent aux regards ou permettent de visualiser le poux d’une personne. Ces pièces artistiques et numériques des plus modernes tout comme la passion de la conférencière nous ont transportés dans un avenir radieux où les personnes portent des vêtements actifs. Elle a d’ailleurs réussi à nous donner envie de participer au festival Fashion Tech qu’elle a fondé dans le but de démocratiser ces concepts dans la ville qu’elle chéri; Montréal. Via cet événement, elle souhaite amener la mode expérimentale au coeur des événements montréalais et rencontrer la relève qui s’intéresse au sujet.

Thien Vu Dang, co-fondateur et directeur de création, MAPP_MTL Inspirant personnage, Thien Vu Dang nous a conté son parcours depuis ses débuts en mapping avec la SAT jusqu’au lancement de la première édition de l’inédit festival Mapp_MTL (Festival

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international de mapping) dont il est le cofondateur. Passionné et créatif, Thien a montré que la créativité numérique même si elle est étroitement liée à la technologie qui a un certain coût, peut naître et grandir dans une approche centrée sur la collaboration. Si les conférences précédentes de la matinée de Chromatic Pro nous avaient laissés sur une note un peu pessimiste quant au manque de financement, ce conférencier nous a redonné l’optimisme créatif qu’il nous faut pour mener Montréal jusqu’à la place de capitale mondiale de la créativité numérique ! On pense maintenant que même dans ce domaine, les jeunes, les passionnés finissent par réussir à créer quelque chose de grand à l’image de Montréal et de sa créativité ambiante.

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Nicolas S. Roy, directeur de création, Dpt. Directeur de création du studio Dpt., Nicolas S. Roy nous a plongé dans l’univers numérique, physique et magique des conceptions diverses et variées de Dpt. Surprenantes et uniques, les créations qu’il nous a présentées allient expérience interactive et réalitée augmentée. Il a commencé par nous faire découvrir The enemy, une installation de Dpt. et de Karim Ben Khelifa qui projette les images d’ennemis de guerre en réalité virtuelle. Faisant le tour du monde et s’arrêtant particulièrement dans des zones de conflits, l’équipe a filmé différentes personnes qui avaient toutes un ennemi pour ensuite les confronter à l’image de l’autre au plus proche à l’aide d’un casque de réalité virtuelle. « L’idée est de rencontrer son ennemi, pour qu’il ne cesse d’exister » a fini par expliquer Nicolas S. Roy. Il nous a ensuite parlé de l’expérience interactive Deprogrammed de Mia Donovan et Dpt. qui invite le spectateur à entrer dans l’esprit de trois individus endoctrinés par des sectes ou des groupes extrémistes. Ce projet web utilisant les codes des jeux-vidéo, avait notamment gagné le

prix du meilleur Digital au festival international du documentaire d’Amsterdam (IDFA).Ces créations inspirantes tournées vers les problématiques de notre société actuelle montrent que l’art et plus particulièrement la créativité numérique peuvent servir à conscientiser pour créer un monde plus solidaire et inclusif.

Charles Huteau, directeur créatif, Fun House (Ubisoft Montréal) Se servant de son talent et de sa maîtrise des nouvelles technologies, Charles Huteau participe à l’idéation et à la création des jeux vidéos du studio Ubisoft de Montréal. Durant la conférence il a alors mis en avant la vocation première d’Ubisoft qui est d’offrir aux joueurs, une expérience réellement immersive grâce aux nombreuses nouvelles technologies. Il nous a parlé des projets dédiés à la plateforme Kinect mais aussi fait la présentation du premier jeu de réalité virtuelle de la compagnie, Eagle Flight. Celui-ci plonge les joueurs dans la peau d’un aigle qui parcourt Paris débarrassée des humains et reprise par la nature. À ce moment là, il a fait disparaître nos préjugés envers les jeux de réalité virtuelle. Il nous a ensuite expliqué que dans son quotidien, la créativité numérique est employée au service de la conception de mondes interactifs plus vivants, plus ouverts et plus captivants. Pour lui le numérique d’aujourd’hui grâce à la réalité virtuelle permet une expérience vivante, unique et différente avec le corps humain. On a d’ailleurs pu ressentir ce qu’il a évoqué grâce à l’activité interactive proposée durant cette journée. Dans une des salles de Moment Factory, on a en effet pu tester les technologies interactives de demain. Une expérience joyeuse, intéressante qui a mis tout le monde d’accord : la réalité virtuelle fait toute la différence et donne envie de plonger des journées entières dans les jeux vidéo !

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Startups du numérique: inspirations, développements et modèles de réussite Conférence Animée par Christian Bélair, président et co-fondateur, Credo MTL Avec François-David Gagnon, président, Mapping Matter Michaël Bechler, directeur marketing, Soul.city inc. Stéphane Hoareau, président, Timecode Lab Alex Nemeroff, co-fondateur et directeur Design/UX, Dynamo

Par Alice Zachary

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A l’occasion de cette conférence animée par Christian Bélair, spécialiste sur le paysage des startups à Montréal, quatre entrepreneurs sont venus parler de leur expérience et présenter leurs projets.

City vous propose de découvrir une ville selon vos envies. L’expérience utilisateur est ici au centre des réflexions, les co-fondateurs « observent les comportements pour amplifier la traction » et ainsi trouver et donner de la valeur aux utilisateurs.

Stéphane Hoareau, président de Timecode Lab, après avoir travaillé pour une agence de publicité dans une boite de service conseil a voulu « se donner la liberté de créer ». L’entreprise créée par Stéphane Hoareau œuvre sur trois domaines :

Plusieurs collaborations ont déjà vu le jour avec des bloggeurs, dans une logique de donnant donnant, ces derniers peuvent partager leurs contenus tout en attirant une nouvelle audience et en faisant partager leurs communautés.

• Expérientiel, avec des projets de simulateur chevrolet, ou bien de ski.

Michaël Bechler et Stéphane Hamilton définissent Soul.City comme un moyen permettant « la réalité réelle et non la réalité virtuelle ».

• Artistique, avec des structures 3D ainsi qu’Orbis, un concert immersif où les gestes du corps d’une chanteuse génèrent image et son. • Culturel, en passant par l’application Musée Mobile dont le but est d’améliorer les expériences dans le monde muséal jusqu’à VOCAB qui permet d’apprendre aux enfants par le jeu. Projet qui tient particulièrement à coeur Stéphane Hoareau. Après avoir traversé l’atlantique pour rendre visite son ami Michaël Bechler à Strasbourg, Stéphane Hamilton, un des co-fondateurs de Soul. City Inc, a pu découvrir la ville à la manière d’un local. C’est alors que les deux amis se sont posés la question du « feeling » lors de la découverte des villes. Que vous soyez en jet-lag, que vous voulez découvrir « l’âme d’une ville » ou bien que vous ayez envie de faire la fête, l’application Soul.

François-David Gagnon, préfère quant à lui revenir sur le processus de création de son entreprise de logiciel de projection vidéo, Mapping Matter. En allant à l’encontre du principe du lean startup, François-David est parti «s’enfermer dans une cabane dans le bois», ce « mini-incubateur » comme il l’appelle lui a permis de se spécialiser et de prendre le plus d’informations possibles. Cela a notamment été possible par la passion qu’il avait de son produit et de son métier. Se donner la liberté de créer, faire vivre une expérience à l’utilisateur et vivre de sa passion, ces trois entrepreneurs ont chacun des ambitions différentes, mais se retrouvent chacun dans l’écosystème montréalais, une ville avec un haut potentiel d’attraction et de développement pour des startups du numérique.

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Atelier interactif : Le Proto Room de Moment Factory Par Marco Gartenhaus La journée Chromatic Pro en janvier avait lieu dans les nouveaux bureaux de Moment Factory. L’entreprise rayonne au Québec et à l’internationale par sa capacité à créer des installations interactives et des projections numériques époustouflantes. Quoi de mieux pour s’immerger dans l’univers créatif de l’agence que de tester les technologies inventées dans leur salle de prototypage. Les participants pouvaient suivre un atelier mené par Félix Prégent, designer interactif, concepteur de jeu et samurai des technologies numériques. Composée d’une quinzaine de personnes, l’équipe interactive de Moment Factory a pour habitude peu commune d’utiliser des lasers, des caméras numériques, infrarouges et thermiques, et des objets connectés. À partir de ces mêmes médiums, les équipes de design graphique, de modélisation 3D et de scénographie créent les univers voués à l’interactivité. Voici en détail, les quatre principales technologies qui étaient en démonstration dans le fameux Proto Room à l’occasion de Chromatic Pro : 1. Écran géant interactif : les utilisateurs pouvaient créer des formes fluides et des nuages de couleur en touchant l’écran. Un scanner et un laser identifiaient l’objet touchant l’écran pour permettre une interaction instantanée. 2. Projection thermique : à l’aide d’une caméra thermique, il était possible de projeter le corps des participants sur l’écran. En jouant avec les écarts de température, il est possible de créer des environnements ludiques. 3. Modélisation 3D dans l’espace : à l’aide du Kinect développé par Microsoft pour le Xbox, les hackers de Moment Factory ont développé un outil de modélisation instantanée des participants

avec projection sur écran. Il est aussi possible d’ajouter des éléments visuels comme des ballons qui bougent en fonction du corps. Avec un grand nombre de vedettes comme clients, telles que Miley Cyrus, Céline Dion ou Arcade Fire, Moment Factory a récemment collaboré avec Muse pour leur tournée Muse 360 en utilisant des écrans géants semi-transparents qui projetaient des formes squelettiques vivantes directement connectées aux artistes sur la scène. 4. Objets intelligents (IoT : Internet of things) : une panoplie d’objets a été développée par les designers et hackers de Moment Factory. Par exemple, un sabre cylindrique connecté type Star Wars remplis de LEDs permettait d’aspirer des nuages multicolores projetés sur l’écran et de le remplir de façon magique. Aussi, une lampe de poche à infrarouge projetait de la lumière sur un environnement sombre sur l’écran géant. Imaginez une expérience dans le bois de type Blair Witch Project ou un jeu co-développé avec Ubisoft ou il faut se déplacer dans des endroits lugubres remplis de zombies sanguinaires avec des armes munies de lampes de poche infrarouge! Avec cet atelier, Moment Factory nous a montré comment engager une audience de façon intuitive et naturelle par la technologie numérique. Leurs studios multimédias vont beaucoup plus loin que les interfaces-écrans auxquels nous sommes tous habitués, en utilisant un éventail de technologies. Leur scénographie permet à l’audience de s’immerger dans un monde hybride entre le virtuel et la réalité et crée des expériences collectives rassembleuses.

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PORTRAIT S y l v i e L a b e ll e Commissaire au développement économique et innovation à la Vi lle de Montréal

Par Marco Gartenhaus

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Lors de l’événement Chromatic Pro, Sylvie Labelle qui était parmi le public, aurait aussi très bien pu faire partie des panélistes de cette journée. En effet, Sylvie Labelle, cumule plusieurs années des expériences en développement économique autant à Montréal qu’en Afrique (Dakar, Cotonou et Libreville, notamment en ayant été conseillère aux Nations Unis. Sa vision pour Montréal est simple : « notre Ville doit devenir un pôle majeur dans les industries créatives sur la scène internationale en supportant les PME et en favorisant le partage des innovations ». Avec son expertise reconnue en développement de projets liés à l’innovation, elle a d’ailleurs fondé le Parcours Innovation PME Montréal en 2015. Ce parcours qui s’échelonne sur neuf mois a permis à 100 PME (30-40 par an) de trouver des solutions créatives et innovantes à leurs problématiques d’affaires. « La quatrième révolution industrielle, celle du numérique, crée des bouleversements dans toutes les industries dans lesquelles oeuvrent nos participants : en santé et en éducation, autant qu’en alimentation » précise Sylvie Labelle. Un bon exemple d’agilité et d’implantation de solution innovante est Gastronomia, spécialiste en gastronomie surgelée destinée aux restaurateurs. Ayant de la difficulté à connecter avec les chefs cuisiniers pour prendre le pouls du marché au quotidien et mieux concevoir leurs produits, Gastronomia a décidé de créer une communauté virtuelle intégrée à la plateforme Yammer. Ainsi, l’intégration de nouvelles solutions d’affaires est souvent liée au développement d’outils numériques pour supporter les PME ainsi qu’au design de l’expérience numérique (UX/UI) de leurs clients sur des sites webs et applications

mobiles complètement repensés. En citant l’exemple d’Ubisoft qui a ouvert son studio montréalais dans le Mile End en 1997 grâce à une subvention au développement de 50% des salaires à l’époque (aujourd’hui 37.5%), Sylvie Labelle s’attend aujourd’hui à beaucoup plus d’efforts provenant des instances gouvernementales. L’industrie du jeu vidéo est maintenant à maturité et l’importance de l’implication des organismes gouvernementaux en développement économique est indéniable. Sylvi Labelle dénote un certain manque de volonté politique actuel par le Premier ministre Philippe Couillard. Pourtant, la stratégie numérique du Ministère de l’Économie, Science et Innovation (MESI) du Québec proposée à l’été 2016 inclut des investissements de 200M$ sur 5 ans en mesures budgétaires et fiscales pour les PME et les jeunes startups. Selon elle, cette vision n’est pas assez ambitieuse : « Pourquoi ne pas se donner de réels moyens en investissant 2 milliards de dollars dans la révolution du numériquet?» Entre temps, le rôle de la Ville de Montréal continue de se traduire par des initiatives comme le Quartier de l’innovation, le Quartier des spectacles, la Ville Intelligente et Numérique, la Cité du Multimédia et l’appui du pôle de startups dans le quartier du Mile End. La Ville de Montréal souhaite d’ailleurs appuyer les initiatives collaboratives en créativité numérique afin de favoriser le maillage des pratiques artistiques intégrant l’innovation technologique et la collaboration avec les communautés. Le Service de la culture propose donc des mesures de soutien et a lancé un appel de projets pour les organismes culturels.

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PORTRAIT Daniel Iregui Artiste numérique, Studio Iregular

Par Marco Gartenhaus L’installation présentée par Daniel Iregui dans le cadre de cette journée à Moment Factory étonne. Cadre noir entre quatre murs, fumée et jet de lumière interactif, musique tonitruante : Moon, interactive installation, illustre parfaitement la créativité numérique et son impact sur le public. Artiste depuis quatre ans, Daniel Iregui travaillait auparavant dans le domaine des jeux vidéos. Dès lors, son intérêt pour la création d’œuvres incorporant le numérique se base sur plusieurs composantes : l’interaction créée avec son public et l’appropriation par ce dernier de l’installation. Autodidacte, la démarche artistique et créative de Daniel Iregui part de rien, de tout en bas, et consiste pour lui essentiellement à faire ce qui lui plaît. Cette interactivité qu’il recherche entre l’œuvre et le spectateur constitue son challenge, son défi, « Moon is only complete when human interaction occurs ». Il regrette la recherche permanente des adultes à bien faire et veut les voir explorer, les pousser hors du cadre – paradoxal lorsque l’interaction dans Moon n’est possible qu’en allant au-delà du cadre de l’installation – et assister à un amusement presque enfantin, faire renaître la curiosité sans borne et sans « Am I doing it right ? ». Lui veut ses créations minimales, enlever le surplus jusqu’à ce qu’on ne puisse plus rien enlever pour que l’œuvre existe.

« I’m a geek » La partie technique et numérique dans ses œuvres permet la connexion avec l’audience,

mais n’est pour lui que l’outil lui permettant d’atteindre ce qu’il recherche. La forme prise par l’installation et ce qu’elle exprime est un ensemble de combinaisons infinies, permises par la technologie qu’il a créée, « the experience starts and ends with you ». Sans public, pas de Moon. Daniel cherche à effacer les limites quelles qu’elles soient, à embrouiller les sens tout en les sollicitant tous. Il use du numérique comme réelle composante du processus, modifiant même les réglages son en plein milieu de la journée d’exposition pour voir ce que ça fait si on change ça. Enfin il regarde son œuvre vivre et prend un malin plaisir à contempler ce que le public en fait, comment il se l’attribue et la fait vibrer, comment il l’utilise. Peu importe la place, peu importe le cadre, Daniel Iregui est un de ces artistes cherchant non pas à montrer ce que lui fait, mais à contempler comment l’être humain et le numérique peuvent ne faire qu’un, dans une espèce de danse unique et universelle, interaction entre l’homme et la machine. En savoir plus : iregular.io

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PORTRAIT Michaël Bechler Directeur marketing, Soul.city inc

par Camille Balzinger

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Originaire de Strasbourg, Michaël Bechler est invité à la conférence sur les startups de demain. Sa startup à lui ? Soul.City, proposant aux locaux aussi bien qu’aux touristes une expérience hors du commun dans trois villes : Paris, Strasbourg, et… Montréal ! Que cela soit à travers des endroits insolites, des balades secrètes, ou de bonnes adresses, Soul.City révolutionne l’application de voyage en rendant la visite d’une ville à la fois plus fun et plus alternative. Les mots clés du concept : émotions et exclusivité. Cela fait dix ans que Michaël vient régulièrement à Montréal, tombé en amour du charme de la ville et de l’effervescence entrepreneuriale qu’elle dégage. Son but à lui est de connaître et d’identifier les écosystèmes de chaque ville qu’il cartographiera plus tard sur son application, afin d’identifier les besoins de ses potentiels utilisateurs. Partant du principe selon lequel l’envie de découvrir est universelle, il vise à la fois le touriste curieux et le local en quête de bien-être et de nouveauté. À termes Soul.City a vocation à s’étendre aux plus de villes possibles, selon un modèle duplicable. Ainsi le nouveau défi de Michaël Bechler est de mettre en place des partenariats avec les différentes institutions gouvernementales locales, misant sur le succès d’un pour en entraîner d’autres. Mais pourquoi Michaël Bechler incarne-t-il si bien la créativité numérique montréalaise ? C’est justement parce que français, c’est malgré tout Montréal qu’il a choisi pour implanter son concept, pour l’essayer, pour l’améliorer. Signe qu’ici, Montréal se pose de fait comme une capitale de potentialité, de créativité, et de possibilité, du moins dans le champ de la créativité numérique ! En savoir plus : www.soul.city

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CHROMATIC PRO @ C 2 MONTRÉAL Conférences

24 et 25 mai 2017

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Durant deux soirées à l’Arsenal, Chromatic Pro a proposé un programme riche en conférences, tables rondes et ateliers autour des questions d’innovation, de croissance et d’économie dans les domaines culturel et artistique. Au sein même de C2 Montréal, dans un environnement conçu pour stimuler les rencontres significatives et les réflexions créatives, les découvertes et les inspirations ont su donner un nouveau regard sur les approches professionnelles des participants. Artistes, institutions culturelles, industries créatives et entreprises étaient présents pour y trouver des inspirations et faire naître de nouvelles idées et et collaborations.

En parallèle, Chromatic Pro a présenté son premier showcase d’installations artistiques dans l’écosystème de C2 Montréal. Dans le cadre d’un marché de diffusion d’art, il a eu pour vocation l’exportation d’oeuvres d’artistes locaux à l’international. Douze oeuvres numériques, telles que Bounding Circle II de Jordan Söderberg Mills ou Stories of Mechanical Music de Myriam Bleau, ont été rassemblées et ont joué d’un dénominateur commun: la perception de la réalité par la manipulation, le détournement et le questionnement.

Écouter les conférences en podcast sur Soundcloud

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De l’entrepreneuriat à l’activisme culturel Entrevue Animée par Bradley Grill, directeur des relations publiques, Lightspeed / Actions sociales et communication, Never Apart. Avec Régine Chassagne, membre fondatrice, Arcade Fire et co-fondatrice, Fondation Kanpe

par RaphaËlle Harvey

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« We could have chosen a place that already exist but we didn’t » C’est à une Régine Chassagne très ouverte et transparente à laquelle nous avons eu droit lors de l’ouverture de l’édition 2017 de la conférence Chromatic PRO. Celle qui a fondé le groupe indie rock Arcade Fire au début des années 2000, puis la Fondation KANPE, n’a pas toujours eu le désir de devenir une musicienne à succès. Elle qualifie son rapport avec la musique de très intime voir même spirituel.

De la musique à l’activisme « Je ne peux pas laisser mon emploi à la boulangerie. Je dois aider Haïti » sont les mots que se répétait Régine lorsque l’idée de vivre de sa musique effleurait son esprit. C’est après ses nombreux voyages au pays de ses ancêtres que Régine Chassagne trouva sa véritable vocation. Selon elle, lorsqu’on arrive dans un endroit où les gens n’ont rien, la musique devient quelque chose de très précieux.

Entre des souvenirs où elle fredonnait Let it Be des Beatles au chevet d’un homme mourant ou encore lorsqu’un enfant frêle trouvait la force de s’agiter au son de ses mélodies, Régine Chassagne comprend combien la musique peut être de la nourriture pour l’esprit.

La musique pour aider Haïti

« Try to bring the culture with all the actions you do » Il y a déjà plus de 10 ans, Arcade Fire fondait PLUS1 avec la mission de verser 1 $ pour chaque billet de spectacle vendu dans un fond pour soutenir Haïti. Après plus de 3 500 spectacles à travers 22 pays, la fondation a amassé plus de 4 millions de dollars et permet à présent à de nombreux artistes d’engager leur communauté afin de soutenir les causes qui leur tiennent à cœur.

Surmonter les impasses La musicienne activiste insiste sur le fait que les

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impasses font partie de n’importe quel parcours. Selon elle, nous avons le pouvoir de choisir la manière dont nous percevons les choses. Peu importe la vision que nous aurons choisi d’avoir, il est important de continuer d’avancer. En créole, KANPE signifie se tenir debout. Régine a mis sur pied la fondation KANPE pour développer des solutions sur mesure pour permettre aux familles haïtiennes de sortir de la pauvreté et de se tenir debout. La fondation œuvre principalement dans la région du Plateau central, une région parmi les plus touchées par la pauvreté au pays.

« Make sure the vision of where you are going is really clear » En savoir plus : plus1.org

et kanpe.org

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Art et entreprise

P ou rq u o i l e s e n tr e p r i s e s mise nt -e lle s sur l’ar t e t la cult ur e ? Table ronde Animée par Nathalie Courville, présidente, Courville Communications & Marketing Avec Élisabeth Lepage, directrice marketing, Roots Canada Stéphanie Lepage, directrice affaires publiques et partenariats, Aéroports de Montréal Simon Robert, directeur de la responsabilité sociétale, Loto-Québec

par RaphaËlle Harvey

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« Le marketing - Simon Robert

ne doit pas faire peur aux artistes »

De plus en plus, les grandes entreprises ou encore les sociétés d’État sentent le besoin d’investir davantage dans l’art et la culture. Certaines d’entre elles sont des pionnières et ont déjà commencé à avoir recours à des artistes afin de les aider à renforcer leur identité et créer un engagement avec leur public. De cette table ronde, nous présenterons ici les points de vue des trois invités :

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Simon Robert Loto-Québec

Stéphanie Lepage Aéroports de Montréal

Élisabeth Lepage Roots Canada

Au sujet des artistes

Nous souhaitons offrir un maximum de visibilité aux artistes. Nous avons créé un véritable parcours culturel dans nos établissements.

Nous cherchons des artistes qui pourront donner de la fluidité à l’image de Montréal.

Nous voulons nous associer avec des artistes d’ici comme avec des artistes d’ailleurs.

Au sujet de l’art

Nous bâtissons un modèle d’affaires autour de l’art et la culture.

Les aéroports cherchent à avoir un landmark. Il faut qu’on affiche qui on est.

Il est important que l’artiste comprenne son positionnement par rapport au produit.

Au sujet de leur réalité

Malgré l’engagement que suscite l’art dans nos activations, année après année, nous devons nous justifier pour continuer à investir dans un programme sociétal plutôt que dans le marketing traditionnel.

Vu le nombre considérable et la diversité culturelle des personnes qui seront exposées aux œuvres, il est important pour nous de travailler avec des artistes qui voudront collaborer.

Aujourd’hui, les gens recherchent davantage une compagnie qui a une âme. Nous cherchons à créer du contenu authentique en utilisant ce qu’on qualifie de marketing émotif.

Citation

« Nous n’achetons pas une œuvre. Nous travaillons avec »

« Les entreprises se doivent d’être plug in avec l’art et la culture »

« Le challenge dans tout cela, c’est d’être créatif tout en restant pertinent auprès des consommateurs »

Les avis sont unanimes, il est primordial pour les entreprises de faire valoir le talent des artistes. L’aspect le plus intéressant est sans aucun doute qu’aucun des panélistes n’ait abordé le sujet de l’argent.

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La créativité: pour que les bottines suivent les babines

P ou rq u o i l e g e s t i o n n a i r e doit ê t r e le pr e mie r cr é at if de son é qui p e? Conférence Avec Stéphane Cardin, producteur For Honor, Ubisoft Montréal

par Catherine Laroche

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Stéphane Cardin s’attaque avec énergie aux principaux thèmes qui touchent l’univers d’Ubisoft : créativité, échec, communauté et sens de l’équipe. Le gestionnaire et producteur de For Honor doit être le premier à être créatif. Son rôle est de créer des univers pour les marques qu’il développe. Il insiste : il ne faut pas négliger le volet de la gestion dans le processus de création. La conception du jeu For Honor s’est avérée être un gros défi. Un projet exaltant de 4 ans et demi qui a demandé la participation de 500 personnes de diverses expertises. Le rôle du gestionnaire est de s’assurer que tout le monde respecte la ligne directrice du projet. Malgré l’acharnement de l’équipe à vouloir rendre le meilleur jeu sur le marché, Stéphane Cardin a vite réalisé qu’il était impossible pour son équipe et lui de proposer un projet si, en cours de route, il n’y avait plus de plaisir. C’est avec conviction qu’il a jugé nécessaire de transmettre le message suivant : « Pour moi, on avait tout d’un guerrier, on avait le talent, l’ossature, mais il manquait le cœur ». Au cours de son expérience, le gestionnaire a compris qu’on ne peut pas forcer la créativité sans créer un contexte propice à son développement. Il fallait faire de ce projet une belle aventure. C’est ce que l’idéation représentait, un territoire inexploré, mais qui promettait une foule de possibilités. Pour proposer le meilleur produit, le créateur a souhaité nourrir la passion de ses

collègues en instaurant un tournoi For Honor où tous les membres participaient. L’instauration de cette nouvelle activité a été un tel succès que le tournoi final Ubisoft a rassemblé plus de 2 500 personnes. Dans cet état d’esprit, le gestionnaire a réussi à amener son équipe à devenir la première communauté de son propre jeu. Il retient comme morale qu’il faut arrêter de se prendre au sérieux, si on veut laisser la chance à notre entourage de faire preuve de créativité. Stéphane Cardin insiste énormément sur le message qu’il souhaite transmettre : sans plaisir, il n’y a pas de créativité, sans celle-ci, il n’y a pas de projet qui peut être réalisé à la hauteur de nos attentes. For Honor représente 8 ans de travail acharné ponctué de remises en questions, d’échec, de doutes, mais aussi de plaisir. Un pari risqué qui leur a permis de remporter le titre du jeu le plus vendu en février 2017 dans l’industrie. Une conférence qui encourage les personnes à continuer de croire en leur projet, leur passion, malgré les obstacles, à miser sur les relations et le plaisir de créer.

En savoir plus : Exemple de tournoi For Honor Bande-annonce For Honnor

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La créativité au service de la société U n m o t e u r d e d é v e l o p p e m e nt social?

Conférence Avec Cindy Ornstein, directrice générale, Mesa Arts Center Mouna Andraos, co-fondatrice, Daily Tous Les Jours

par Victoire Pottiez

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En 2014, Cindy Ornstein directrice générale du Mesa Arts Center en Arizona sollicite les services du studio de design d’interaction Daily tous les jours, basé à Montréal. Elle souhaite faire de la vaste place du Mesa Arts Center un lieu incontournable de création et d’interaction et ainsi favoriser la vie communautaire. Il en résulte Mesa Musical Shadows, une œuvre extrêmement ludique ayant fait danser une grande diversité de personnes, de tous âges et de tous milieux. Mouna Andraos, cofondatrice de Daily Tous Les Jours, était aux côtés de Cindy Ornstein pour parler de l’installation et évoquer l’importance de l’art comme vecteur de changement social.

Le Mesa Arts Center, en bref : Le plus grand centre culturel et artistique de l’État d’Arizona avec : • 4 salles de spectacles, dont le Farnsworth Studio Theater et le Ikeda Theater • Le Mesa Contemporary Arts (comprenant 5 galeries d’exposition) • 14 salles et ateliers dédiés aux classes artistiques et à la création d’arts visuels. Sans compter les espaces polyvalents, à l’intérieur et à l’extérieur. L’édifice a été créé en 2005 avec 3 ambitions :

Quelques mots de plus sur Cindy Ornstein Également à la tête du département des Arts et de la Culture de la ville de Mesa, Cindy Ornstein a joué un rôle majeur dans la transformation de la ville autrefois associée à une ville-dortoir et devenue aujourd’hui une plaque tournante de la création artistique. Auparavant, Cindy Ornstein était présidente et chef de la direction de la Flint Cultural Centre Corporation (FCCC) à Flint, en Virginie ; directrice adjointe du Allentown Art Museum et directrice générale du Mayfair Festival of the Arts à Allentown, en Pennsylvanie.

• Promouvoir la création et l’innovation à travers des expositions et des performances artistiques • Favoriser l’apprentissage créatif aux enfants et aux adultes • Renforcer l’esprit communautaire (dont il était principalement question dans cette conférence)

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Le rôle de l’art, selon Cindy ornstein « En plus de son rôle didactique, l’art a le pouvoir incroyable de créer le dialogue et de connecter les gens au-delà les différences. Il permet une compréhension naturelle de “l’autre” et de mieux saisir les nuances dans nos façons à tous d’aborder le monde ».

The 21 st century cafe society « Nous voulons rassembler les gens d’une façon dont ils n’ont plus l’habitude.»

artistique et culturelle. Elle lance le projet «  21stcentury cafe society » inspiré, comme le nom l’indique, des cafe society de Paris, Londres ou New-York dans les années 20 et qui se distinguaient par la fréquentation d’artistes de toutes disciplines. Ce nom évoque également celui du premier club de jazz à New York où les artistes afro-américains avaient le droit de se produire. Cindy Ornstein souhaite donc à travers ce projet rassembler les gens de tous horizons sur la place du Mesa Arts Center et y faire régner la créativité sept jours sur sept. C’est dans le cadre de ce vaste projet, qu’elle a sollicité les services de Daily Tous Les Jours.

– Cindy Ornstein

Depuis son arrivée au Mesa Arts Center, en 2010, Cindy Ornstein déploie des projets résolument axés sur le renforcement de l’esprit communautaire. En 2014, elle veut transformer le Mesa Arts Center en lieu d’effervescence

Daily Tous Les Jours : ou comment transformer l’ordinaire en extraordinaire Co-fondé en 2010 par Mouna Andraos et Melissa Mongiat, Daily Tous Les Jours crée des

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expériences collectives dans les espaces publics. Le succès retentissant de ses créations lui vaut d’être sollicité aux quatre coins du monde. Le studio a d’ailleurs remporté de nombreux prix : un Best in Show en 2013 aux Interaction Awards, le Grand Prix aux UNESCO Shenzhen Design Awards en 2014, ou le Knights Cities Challenge Global Innovators Prize en 2015, pour ne citer que ceux-là. « La majorité des activités que nous proposons se déroulent dans la rue, c’est de là que nous puisons notre inspiration ». — Mouna Andraos « Nous essayons d’insuffler un peu de magie dans la vie de tous les jours, d’occasionner des rencontres de façon inhabituelle, de créer des choses qui réinventent le quotidien ». — M. A. « D’un point de vue philosophique, utiliser les ombres suggère aux gens de s’oublier, en se prêtant au jeu de l’interaction et à l’expérience collective ». — M. A.

D’autres expériences collectives signées Daily tous les jours Food Sessions, 2015 The littleBits Store, 2015 McLarena, 2015 Choregraphies for Humans & Stars, 2014

Écouter une interview de Cindy Ornstein, réalisée à l’occasion des 10 ans du Mesa Arts Center

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Creating innovation strategies A case st u dy w i th U n i v e r s a l P i c tur e s Conversation With Greg Reed, vice president, Technology Partnerships, Universal Pictures Marie-Louise Mortensen, vice president, Strategy & Business Development

by Joëlle Paquette « VR, big data, AI, blockchain, these are all things we’re looking at and wondering how to activate ». At leading film studio Universal Pictures, there is no room for failure. However disrupted the industry is with the constant evolution and creation of new technologies, the studio must maintain its growth while adapting to the ever-changing scene. How can Universal Pictures translate its experiences to new platforms and use new technologies to support its growth? Greg Reed, Vice-President Technology and Partnerships, was brought in a little less than a year ago to tackle these key challenges. He rapidly found a great ally in Marie-Louise Mortensen, 6-year Vice-President Strategy and Business Development. Together, with Greg’s fresh perspective and Marie-Louise’s legitimacy, they’re pushing the boundaries, working with new technologies and start-ups to create innovative experiences.

« It’s an important time for the old guards to plug into the new start-up ecosystem. New platforms are where we can take risks and experiment »

– Marie-Louise Mortensen

They created a sandbox environment within the studio. Identifying key themes of interest, the team connects with start-ups, bringing them challenges and problems that need solving. These start-ups

present solutions and a pilot is created to test some of them. Only at the end of this process, when success is almost guaranteed, will the team allow a bigger budget to an idea. This strategy is low cost and low risk, creating a comfortable environment for people to take risks. A great example of this was a project by Montreal firm 5TH WALL. Experiencing with VR, they created a walk-through of Christian Grey’s apartment. The project proved to be a great addition to promote the franchise. « We want to be as open-minded as possible to the new technologies out there » – M.-L. M.

The film industry in 10 years « We will still tell the same fundamental stories, only the format and platforms will change gradually. I’m all about the story and the human connection. I don’t care about the platform I’m watching it on » - M.-L. M.

« Individuals will be more immersed and will have power to interact and change the stories. Technology will play a good part in what we do »

- Greg Reed

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From local studio to world leader T he ca s e o f P i x M o b Conference With David Parent, CEO, PixMob

by Marco Gartenhaus

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Growing up in the wild, up north in La Tuque, gave David Parent, Co-Founder of PixMob, the taste for adventure. In 2012, in the midst of a fundamental business transformation, PixMob almost went bankrupt and David was sitting in the driver’s seat. Surviving the storm was the first step towards a significant global success.

and the Heineken Moment campaign. But before this wave of success, the company went through different phases of development and took many risks. Here are a few insights from David on how to avoid a discussion with the special accounts.

« On June 6, 2012 at 6pm, I received a call from our bank saying our 100k loan was not accepted. We had 3 days to survive before laying off everyone. The shit hit the fan. We were sent to the infamous special accounts team. You can convince them sometimes. I am here to tell you about our story because we managed to convince them » – David Parent

Don’t be a firefighter

In less than 10 years, the Montreal-based studio PixMob became one of the global technology providers for connected events. Their vision? To transform the audience’s role during an event by making it contribute to the experience. Every spectator carries an interactive device equipped with multicolor LED light sources. Those react to the music following the scenography so that everyone becomes a «pixel» in a larger, collective performance. In the past few years, PixMob has contributed to many international events such as the half-time show for the Superbowl, the opening games of the NBA, the Sochi Olympics, Taylor Swift’s international tour, Arcade Fire’s Coachella concert

«We were seen by our early customers as firefighters. At PixMob, we love to experiment new technologies : 3D displays, LED signs, art, custom electronics, etc. Therefore, at our beginnings, we would spend our time solving complex problems: if Mr. Factory couldn’t do it, we could do it! » – D. P.

« Even though new challenges are always interesting for a team, he explains that a company should not fight fires constantly. A small one once in a while is okay, but many big ones are impossible to manage » – D. P. « Our biggest mistake was to chase complex problems instead of building something great. Complexity is the source of most failures » – D. P.

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Extreme focus It is essential to focus your efforts on a limited set of problems aka your target market. Doing too many things all at once doesn’t work. You can say no and fire (no pun intended) customers! Saying yes to contracts that are out of your core expertise can help the company survive another week or month but the projects that are out of focus will need twice as much work because of the unlimited amount of unsolved problems. « At some point, we were working closely with Moment Factory and Cirque du Soleil and we decided to say no to a 1M$ contract when we had only generated 50k the past quarter. A year later, we were in Amsterdam closing with Heineken and launching our international operations » – D. P.

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It is quite simple. Repeating something again and again leads to achieving effectiveness and refining your art, which usually leads to profits. Simply managing the same fire creates happy clients, a happy team, more business, more referrals, and payments on time! Doing the same thing over and over might not attract the same clients or employees, but it’s okay to switch to other ones in the long run.

Recipe: how to build your value proposition 1. Find what you are truly good at : after PixMob’s early monumental breakdown, they collaborated with the MIT to work on their value proposition and found that the clear answer was To create togetherness. 2. Quantify your impact : in the art or experiential world, the challenge when pitching to potential clients is to quantify emotions but it has to be done one way or another. PixMob is still working on that. 3. Create your minimal viable product (MVP) : easy one, generate money with something simple and then justify the investments to build layers of

functionality or complexity on top to drive new revenue streams. PixMob built the BLE-based Klik badges which can talk to each other and exchange information, replacing business cards at events like C2 Montréal. 4. Innovate: it is crucial to be seen as an expert or to differentiate yourself clearly by improving your craft. David and his team decided to create deep innovation cycles by understanding what’s the current state of tech and what it will be in 3-5 years. The idea is to move faster than others and create a gap by staying ahead of the curve.

En savoir plus : pixmob.com

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Succès et échecs dE studios créatifs M om e n t Fa c to r y , F é l i x & Paul e t Te amLab Table ronde Animée par Louis-Étienne Dubois, professeur adjoint en management des industries créatives, Université Ryerson Avec Quentin Bleton, architecte solution, Moment factory Sebastian Sylwan, directeur de la technologie, Félix & Paul Takashi Kudo, directeur des communications, TeamLab

Par Victoire Pottiez

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Cette table ronde réunissait trois représentants de trois studios créatifs parmi les plus innovants au monde. Félix & Paul, Moment Factory et TeamLab se donnent pour mission de repousser les limites des nouvelles technologies à travers la création d’œuvres numériques dédiées au grand public. Après avoir présenté les succès notables de leur compagnie, Sebastian Sylwan, Quentin Bleton et Takashi Kudo ont partagé avec recul et sans pudeur les difficultés rencontrées à travers certains projets. Qu’en ont-ils appris? Comment ont-ils rebondi? Voici un petit condensé de leurs interventions.

de la réalité virtuelle, repousser les limites technologiques de ce médium en pleine évolution à travers la création de nos propres projets. Un tel enjeu induit nécessairement des erreurs, parfois même des échecs ».

Succès (parmi d’autres) • Myubi, 2017 • Inside the white house, 2017 • Dreams of ‘O’ – Cirque du Soleil, 2017

SE B ASTIAN SY L WAN , FE L IX & PAU L «  C’est quand le risque d’échouer est important que l’aventure est excitante  » Félix & Paul est un studio de création spécialisé dans la création d’expériences en réalité virtuelle cinématographiques. Sebastian Sylwan est partenaire créatif, chef de la technologie. « Nous voulons explorer le langage cinématique

• J u r a s s i c Wo r l d : A p a t o s a u r u s , 2 0 1 5 • Inside Impact: East Africa, 2015 • LeBron James : Striving for Greatness, 2015

Échec «  Il y a deux ans, au festival du film de Tribeca, nous avions le projet ambitieux de faire une démonstration de réalité virtuelle auprès de 500 personnes en même temps, impliquant la

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synchronisation de 500 casques de réalité virtuelle. On s’y était pris à la dernière minute et on a eu un gros problème technique au niveau du son. Toute l’expérience était biaisée et ce fut un échec total. Je me souviens l’avoir pris personnellement ».

S’autoriser l’échec «  C’est important de se dire que l’échec est permis - pas seulement aux autres, mais aussi à soi-même. On a tendance à être trop exigeant envers soi-même ».

Communiquer «  Nous continuons de communiquer cette expérience aux membres de l’équipe qui ne l’ont pas vécue. Cela permet de ne pas refaire les mêmes erreurs. Il s’agit d’apprendre donc il n’y a rien que nous ne puissions pas partager ».

Anticiper. «  Tu dois être capable avec l’expérience d’identifier les problèmes assez tôt pour les corriger à temps, mais en règle générale, c’est assez simple de les identifier ».

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Q UENTIN B L ETON , MOMENT FACTORY «  Plus jamais le Wifi  !  » La philosophie de Moment Factory repose sur l’envie de rassembler les gens à travers des expériences inédites. Quentin Bleton y travaille depuis 10 ans en tant qu’architecte solution. Par définition, son métier requiert une excellente capacité à résoudre les problèmes. Il intervient à toutes les étapes du projet, en support à tous les membres de l’équipe : concepteurs, designers, programmeurs, développeurs, etc. «  Je pense que la technologie peut être un outil formidable, mais elle peut avoir pour effet de nous séparer les uns des autres. C’est incroyable le nombre de personnes que je vois devant un ordinateur, une tablette ou un téléphone… Chez Moment Factory, nous voulons travailler sur des projets qui rassemblent les gens et qui leur font apprécier l’expérience collective  ».

succÈs (parmi d’autres) • L’ i l l u m i n a t i o n d u p o n t J a c q u e s C a r t i e r, M o n t r é a l , 2 0 1 7 • Aura, Basilique Notre-Dame, Montréal, 2017 • To u r n é e T h e G e t a w a y , R e d H o t C h i l i Peppers, Europe, 2016

Échec «  Il y a quelques années, nous avons essayé de créer une expérience grand public impliquant l’utilisation massive et simultanée du Wifi, nous voulions que les gens soient capables d’envoyer des messages et chater au même moment, au sein d’un même espace. L’expérience n’a pas fonctionné du tout, car le Wifi n’est clairement pas pensé pour ce genre d’utilisation massive  .»

Échouer, c’est apprendre «  C’est peut-être un peu naïf de dire cela, mais quand on échoue, on apprend et on refait rarement les mêmes erreurs ». «  Plus jamais je n’utiliserai le Wifi pour une expérience immersive donnée à l’extérieur  !  »

Faire ses propres tests «  Une compagnie doit se donner le temps d’expérimenter. Il faut pouvoir travailler sur des prototypes. Même si le projet ne voit pas le jour, c’est bien de l’avoir essayé. C’est ce qui nous permet d’explorer. C’est la même chose pour une idée personnelle, il ne faut pas hésiter à faire ses propres tests  ». «  Chez Moment Factory, une fois par année, toute l’équipe part en camping pendant deux jours. Chacun emmène ses ébauches de projets et on en profite pour les tester. On a perdu un drone comme ça, d’ailleurs…  »

• Lumina Borealis, Kingston, 2016 • To u r n é e R e b e l H e a r t , M a d o n n a , 2015 • Fo re s ta Lu m i n a , 2 0 1 4 • Montréal signe Ode à la vie, S a g ra d a Fa m i l i a , 2 0 1 1

Ne pas avoir peur «  Il faut savoir être proactif, prendre des risques, et trouver des alternatives quand la route est barrée. On ne peut pas demander à quelqu’un de faire les choses dans les limites de ce qui est “safe”. J’ai plutôt tendance à dire : ose faire ce que tu ne connais pas »

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TAKASHI KUDO , T e a m L A B «  En équipe, l’échec n’existe pas  » Fondé en 2001, TeamLab est un collectif d’artistes comprenant des experts en tout genre : informaticiens, designers, mathématiciens, architectes web, programmeurs, etc. Le collectif se donne pour mission de brouiller les frontières entre l’art, la science, et la technologie, et offre au spectateur une place prépondérante dans le processus créatif de chaque œuvre. Takashi Kudo est le directeur des communications. « Nous créons des œuvres à travers l’expérimentation et l’innovation et nous voulons que les spectateurs s’engagent physiquement, en s’impliquant dans la modification des œuvres ».

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Les tableaux immersifs créés par TeamLab évoluent en fonction des déplacements et des mouvements du public. Succès (parmi d’autres) • Light Sculpture of Flames, 2016 • B l a c k Wa v e s i n I n f i n i t y, 2 0 1 6 • Cristal Universe, 2015 • Flowers and People, Cannot be C o n t r o l l e d b u t L i v e To g e t h e r, 2 0 1 4

Zéro échec «  Nous ne connaissons pas l’échec, car celui-ci ne peut pas avoir sa place dans notre mode de fonctionnement. Notre travail est guidé par des structures logiques élaborées au préalable. Nous créons des choses que le public n’a jamais vues auparavant, donc nous devons absolument faire des prototypes ». «  Dans ma vie personnelle oui, je rencontre des échecs et je fais beaucoup d’erreurs, comme manquer les rendez-vous à la maternité avec

ma femme… Mais en équipe, d’après moi l’échec peut difficilement exister. Le travail en équipe est essentiel pour éviter l’échec ».

L’essai-erreur «  On met en place des processus d’essai-erreur. Nous réalisons des prototypes et nous les testons. Si cela ne fonctionne pas, on supprime le projet de notre calendrier ».

Étendre ses connaissances «  Quand on est dans un processus de création, c’est important de partager ses connaissances, et elles sont souvent basées sur l’expérience. Il peut s’agir de ne pas utiliser le Wifi dans tel contexte, pour reprendre l’exemple de Quentin. On réutilise les connaissances acquises lors des projets antérieurs, et on se remémore les obstacles rencontrés pour bâtir de nouvelles façons de procéder. Ainsi, les erreurs sont transformées en quelque chose de bénéfique ».

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La Fête des lumières, de Lyon à Dubaï M odè l e d ’ u n é v È n e m e n t c ult ur e l qui s’e xpor t e à l’int e r nat ional Conférence Avec Jean-François Zurawik, directeur des événements, Ville de Lyon / Fête des Lumières

par Hanaë Bossert « Pour voir la lumière il faut commencer par l’éteindre » - Jean-François Zurawick

68 Quelques mots sur la Fête des Lumières de Lyon… La Fête des Lumières est un festival qui réunit chaque année, en décembre, 2 millions de visiteurs sur quatre soirs (soit deux fois la population de Montréal), et ce depuis près de trente ans. Une centaine de créations est exclusivement produite pour l’occasion et présentée sur soixante-dix sites dans la ville de Lyon, en France.

Quelques mots sur Jean-François Zurawick, son coordinateur Jean-François Zurawick, personnage emblématique et central de cet événement, se définit lui même comme un « ovni » dans les panels du jour. Il est coordinateur de la Fête de Lumières de Lyon et directeur des évènements de la Ville de Lyon.

Comment est née la Fête des Lumières ? Elle a été créée en 1989 à l’initiative de la Direction de l’éclairage public. Elle tire son histoire d’une pratique originellement religieuse, qui amenait chaque habitant à illuminer son rebord de fenêtre, début décembre, à l’aide de luminions, petites bougies et feux de bangale. « Lyon s’est faite connaître à la fin des années 80. C’était une des premières villes en France à véritablement éclairer son patrimoine : les ponts, les lieux historiques, les principaux bâtiments, etc. Aujourd’hui, nous en sommes au 3e Plan Lumière, avec plus de 250 bâtiments éclairés. C’est aussi dans ce cadre qu’est née la Fête des Lumières. C’était une des toutes premières fêtes de ce type dans le monde sur l’espace public, gratuite, transgénérationnelle et trans-culturelle. Nous y avons vécu ce que j’appelle des instants de suspension et d’éternité. Des choses dont on se souviendra toujours et qu’on ne reverra peut-être plus ». - J.-F. Z. En savoir plus : www.fetedeslumieres.lyon.fr

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Des retombées importantes pour les artistes Le second volet d’exportation concerne uniquement les artistes, il s’agit du « replay de leurs oeuvres ». « On organise des rencontres professionnelles au sein du festival car la communauté d’organisateurs d’événements-lumière dans le monde vient y faire son marché ». C’est pourquoi, le coordinateur a créé, dans ce but, le Club des artistes ambassadeurs de la Fête des Lumières. Cette organisation regroupe les créateurs d’œuvres adaptables à l’espace public en toute sécurité et faisabilité sur le long terme. Ces artistes, sollicités à l’étranger, exportent leurs créations originales tout en parlant de Lyon et du festival. Ainsi, près de cent œuvres ont été exportées après leur création à la Fête des Lumières, avec une retombée économique de 4,5 millions d’euros pour les artistes et les producteurs.

Finalement, quels conseils pour s’exporter en tant qu’organisation culturelle ? « Il faut se concentrer sur une création ou une discipline que l’on connait très bien, trouver une occasion pour la faire connaitre, se faire aider car les limites budgétaires arrivent vite tout en faisant attention à ne pas se faire copier. Même si c’est difficile, il ne faut pas hésiter à y aller, ne serait-ce que pour les très belles rencontres humaines ».

En savoir plus : www.fetedeslumieres.lyon.fr

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Art et Architecture

C onst r u i r e l a v i lle c r é a t ive de de main Table ronde Animée par Archibald Verney-Carron, directeur général, Art et Entreprise Avec Guillaume Lachapelle, artiste en arts visuels Martin Leblanc, architecte et associé principal, Sid Lee Architecture Michèle Meier, vice-présidente communications, marketing et RSE et affaires internationales, Ivanhoé Cambridge

Par Marco Gartenhaus

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L’utilisation croissante des technologies numériques et de l’art dans les espaces urbains modifie en profondeur la manière dont les populations interagissent avec leur environnement. La pratique de l’architecture doit donc encadrer l’utilisation des œuvres afin d’assurer la cohérence entre les éléments durables et fixes, et la technologie qui peut parfois avoir une nature plus éphémère ou en mouvance. Avec les avancées technologiques effrénées, les espaces et l’art peuvent être une invitation à ralentir. Par l’intervention de l’artiste, les projets urbains se révèlent et les usagers se l’approprient, c’est ainsi que le couple architecte/artiste devient le plus pertinent dans la construction d’une ville. Le quatuor d’invités s’intéresse à ces questions en pensant la ville de demain comme un canevas en constante redéfinition, mais où l’objectif premier est de donner une place à l’art, de le protéger et le projeter. Ce panel a permis au public d’en apprendre plus sur les pratiques courantes pour que l’art fasse partie intégrante des projets d’environnement bâti.

créer un espace qui assurera un certain bien-être pour l’utilisateur final ». Ivanhoé Cambridge a notamment collaboré avec MASSIVart et Sid Lee Architecture pour installer une collection d’œuvres d’arts d’artistes établis et émergents au Fairmont Le Reine Elizabeth. « Les œuvres ne sont pas seulement décoratives mais font en sorte que les espaces vivent, car l’art stimule, crée un dialogue et suscite des émotions ». Michèle Meier invite d’ailleurs la communauté artistique à ne pas hésiter et à proposer des collaborations avec les promoteurs immobiliers et les architectes ou à contacter des organismes comme MASSIVart. L’approche d’Ivanhoé Cambridge est d’ailleurs d’impliquer les artistes dès le début du projet et de prévoir l’art dans le budget initial. Projet phare : tour DUO à Paris

Martin Leblanc Sid Lee Architecture Michèle Meier, Ivanhoé Cambridge « Le plus petit dénominateur commun est l’usager dans nos espaces. Notre vision est de

Les architectes questionnent constamment la relation entre la conception de bâtiments et l’art qui l’habite. « Dans un projet architectural, surtout

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public, nous avons souvent très peu de contrôle. Il faut s’ajuster à des budgets, des fonctions, des usages et des critères précis. C’est alors que l’art devient le dernier repère de la liberté dans nos espaces. En tant qu’architecte, c’est notre devoir de créer un contexte ou l’art émerge et de permettre à d’autres d’offrir leur art, leurs réalisations, leur âme ». Sid Lee Architecture collabore sur de nombreux projets avec des artistes locaux et internationaux. L’exemple de Carbonleo démontre la possibilité de pousser l’art avec des investissements limités mais qui rayonnent haut et fort.

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Projet Phare : Carbonleo RoyalMount Champs Libre

Archibald Verney-Carron, Art Entreprise À l’origine une galerie d’art connectant des artistes à des lancements ou des événements, Art Entreprise permet aujourd’hui de faire intervenir les artistes sur la place publique. L’équipe est donc l’intermédiaire entre les promoteurs immobiliers et les artistes pour créer des œuvres locales. « Nous ne cherchons pas à ce que l’espace publique devienne une galerie d’art, nous voulons plutôt créer des œuvres in situ qui donnent du sens au lieu et à son histoire. Le but du jeu : réveiller l’architecture par l’art ! » Projet phare : Les Docks à Lyon

Guillaume Lachapelle : Artiste en arts visuels Les œuvres de Guillaume Lachapelle parlent d’elles-même. Plusieurs de ses collaborations

impliquent une relation étroite entre l’environnement bâti, les espaces publics et les traces du temps dans de nombreux quartiers montréalais. Même si ses installations sont souvent liées au passé d’un quartier ouvrier, comme des échafaudages industriels à la bibliothèque Centre-Sud, il utilise des techniques modernes comme l’impression de pièces en 3D. Plusieurs de ses œuvres, à travers des livres et des miroirs, évoquent la perte de repères quand on entre dans un nouveau champ de connaissance, de l’obscurité vers la lumière ou vice-versa. Humble de nature, Guillaume Lachapelle avoue ne jamais avoir senti le désir de proposer quoi que ce soit à des promoteurs ou des architectes, n’en connaissant pas personnellement. « Ce n’est pas évident de débarquer et dire j’aimerais mettre cette œuvre dans ce projet spécifique » constate-t-il.

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Mobilizing MontreaL’s creative community T he e xa m p l e s o f D y n a mi c /MTL and Cr e at ive Mor nings Conversation With Boyana Stefanova, General Manager, Creative Mornings André Valle, Co-Founder, Dynamic/MTL

By Joëlle Paquette

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Boyana Stefanova, General Manager at Creative Mornings Montreal, and André Valle, CoFounder of Dynamic/MTL, are both championing Montreal’s conference scene with two series of successful events bringing together the creative community. Aside from being a lot of fun, their involvement allowed them to meet with new people and push their personal brands forward. At Chromatic Pro, they shared their tips to create a successful conference.

to bring people in and to finance it »

– André Valle

Make it a tradition Creative Mornings is a worldwide event taking place every last Friday morning of each month. Dynamic/MTL is a quarterly event, always taking place on a Tuesday evening.

Create great content «  You show what you care about, your vision. You can say so much through the experiences you’re bringing with these conferences » – Boyana Stefanova

Make it affordable

«  I can’t afford C2 Montréal. How can we achieve the best quality for the lowest price ? » – A. V. Creative Mornings is free. Dynamic/MTL is $20.

Combine notorious speakers with newcomers Big names will bring in your targeted audience and give you the opportunity to introduce local or unknown people.

«  Leverage your network to get speakers,

Be generous

«  We wanted to accelerate the city through learning » – A. V.

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«  A company that makes people shine in its community shines through them »

– B. S.

Keep true to your values

«  Be bold, genuine. Always delight people and let your passion projects lead the way »

Both brands share their event’s content online for free. Watch Creative Mornings Montreal’s conferences here Listen to Dynamic/MTL’s podcasts here

- B. S

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Rester créatif, un défi quotidien Conférence Avec Patrick Plourde, directeur créatif et vice-président, FunHouse / Ubisoft Montréal

par Catherine Laroche et Victoire Pottiez

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Patrick Plourde aborde avec aplomb le thème de la créativité qui représente un défi continuel quand on travaille dans le domaine des jeux vidéos. Créateur des jeux Assassins Creed, Farcry 3, Child of light et Watch Dogs 2, Patrick Plourde est aussi curateur et doit ainsi jongler constamment entre son côté créatif et son côté analytique. Il compare souvent son rôle à celui d’une firme d’avocats. D’après lui, « il vaut mieux être un créateur qui embrasse son rôle d’associé, plutôt que d’être un pion ».

Réfléchir…longtemps Pour rester motivé dans ses phases de création, Patrick Plourde se réfère souvent à la réponse de Fusajiro Yamauchi, fondateur de Nintendo, à la question posée « Quel est le secret pour réaliser les meilleurs jeux au monde ? ». Réponse : « Il faut y réfléchir le plus longtemps possible », avait répliqué le célèbre créateur.

projets que nous menons, au point parfois de les abandonner. Patrick Plourde recommande de se rappeler régulièrement la raison pour laquelle on aime son métier. En outre, il est convaincu que la meilleure des idées peut se baser sur la chose la plus insignifiante : si elle intéresse le créateur, elle touchera aussi d’autres personnes.

«  Be bored vs be curious » Ne pas être blasé, se laisser surprendre par la vie : chaque chose est intéressante et pertinente, selon Patrick Plourde. Quelque peu ennuyé par ce qui existe déjà sur le marché, il pense qu’il faut sans cesse repousser les frontières de la créativité et il perçoit le futur comme un défi continuel.

«  Enjoy the chaos » Le parcours n’est pas toujours une ligne droite, il peut parfois se présenter en dents de scie. Patrick Plourde conclut sur une note pour le moins originale, mais à l’image des créateurs : “Enjoy the chaos ». Il explique :

Ne pas décourager On peut facilement se laisser abattre par la charge de travail ou l’autocritique dans les

« Cela ne veut pas dire que tout ce que l’on fait fonctionne, mais si le parcours est intéressant, cela fait une belle explosion ».

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c h romat ic pro

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CHROMATIC PRO @ C 2 MONTRÉAL 80

SHO W CASE D ’ INSTALLATIONS ARTISTIQUES

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Chromatic Pro a ouvert son premier marché de diffusion d’art international. Pour l’occasion, un véritable showcase d’une douzaine d’installations artistiques numériques s’est ajouté à l’écosystème C2 Montréal.

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Il a eu pour vocation l’exportation des artistes et créatifs montréalais et québécois à l’international. Montrer nos innovations artistiques numériques et asseoir la cote des artistes contribuent à façonner l’image de Montréal comme une ville créative et attractive. Ce marché de diffusion d’art est une opportunité d’échanges et de connexions majeures aussi bien pour les artistes québécois que pour les professionnels du secteur culturel de C2 Montréal venus des quatre coins du monde. Destinée aux représentants des institutions, des territoires, des fondations et des entreprises des domaines culturels, cette exposition avait pour intention de rassembler des oeuvres numériques qui brouillent les frontières du réel et du virtuel et réinventent l’espace et les volumes dans des expériences immersives. Ces installations jouaient d’un dénominateur commun : la perception de la réalité par la manipulation, le détournement et le questionnement.

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G u i ll a u m e L a c h a p e ll e L o s t i n r e fl e c t i o n

guillaumelachapelle.com

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Guillaume Lachapelle vit et travaille à Montréal. Il a présenté son travail dans le cadre d’expositions individuelles et collectives à travers le Canada et les États-Unis, entre autres, au Centre d’exposition Circa, au Musée régional de Rimouski, au Musée des beaux-arts de Sherbrooke, à la galerie Art Mûr, à Edward Day à Toronto, ainsi qu’à la Guided by Invoices gallery à New York. En Europe, il se démarque au Künstlerhaus Bethanien lors d’une résidence internationale à Berlin. Depuis, il expose régulièrement son travail en Allemagne. On note aussi sa participation à l’exposition Personnal Structures à Venise en 2015.

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G u i ll a u m e A r s e n a u l t Feu Tungstène g l l m a r. g i t h u b . i o Artiste numérique, il détourne pixels, octets, photons et longueurs d’onde pour créer des expériences interactives novatrices. Captivé par les relations entre l’énergie cinétique, l’électricité, le digital et le vivant, il hybride les technologies pour créer des installations où mouvements et efforts s’entrelacent pour alimenter le spectaculaire critique et l’intrigant. De l’installation immersive à la projection architecturale en passant par la conception sonore, lumineuse et

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technologique, la diversité des projets constitue son carburant créatif. L’installation de Feu Tungstène est un environnement sono-lumineux qui cherche à saisir l’aspect hypnotique qu’un feu de bois génère. Les créations de cet artiste canadien ont été présentées à la Société des arts technologiques, à l’Office national du film du Canada et à la galerie Eastern bloc.

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Sabrina Ratté Domestic Landscape sabrinaratte.com Le travail vidéo de Sabrina Ratté est caractérisé par la création d’environnements virtuels générés par des signaux électroniques. L’électricité, comme matériel brut, est sculptée, manipulée et altérée numériquement pour renaître en une architecture vibrante et lumineuse. Ses œuvres se situent à la limite de la science-fiction, à mi-chemin entre l’abstraction et le figuratif, l’utopie et la dystopie, l’architecture et le paysage. Son travail inclut des installations, impressions et performances live. Expositions passées: Dolby Gallery, Young Project Gallery , Paddles On!, la première enchère d’art numérique chez Phillips, EMPAC, Museum of the Moving Image, Biennale international d’art numérique de Montréal, Lampo, Elektra, MUTEK. Elle est représentée par la Galerie parisienne Laffy Maffei.

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Daniel Iregui Moon

i r e g u l a r. i o Daniel Iregui est le fondateur d’Iregular, un studio de création de contenus interactifs à Montréal. Il travaille dans le domaine du design interactif depuis plus de dix ans. Ancien directeur artistique devenu programmeur, Daniel Iregui créé des expériences interactives et des sculptures lumineuses pour lesquelles le design est aussi important que les technologies.

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Il est intrigué par les combinaisons infinies et aléatoires qui se produisent quand un système est ouvert au public pour qu’ils puissent le transformer. Le travail de Daniel Iregui a été présenté à de nombreux événements et festivals à Montréal et à l’international, notamment au Mapping Festival à Genève, en Suisse.

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M y r i a m Bl e a u

Stories of Mechanical Music myriambleau.com Myriam Bleau est une compositrice, artiste multimédia et musicienne originaire de Montréal.

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Œuvrant à la frontière entre la performance musicale et les arts numériques, elle cherche à créer des systèmes audiovisuels qui dépassent l’écran, en réalisant des installations et des interfaces musicales de performance. Ses activités sur la scène musicale populaire ont orienté sa pratique électronique hybride, qui intègre des éléments hip-hop, techno et pop. Son travail a été reconnu et présenté internationalement, notamment à Elektra (Canada), Ars Electronica (Autriche), Transmediale (Allemagne), Sonica (Royaume-Uni), Maintenant et Scopitone (France), Sonar et Lev (Espagne).

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J o r d a n S ö d e r b e r g M i ll s B o u n d i n g C i r c l e II soderbergmills.com Jordan Söderberg Mills est un artiste visuel de Toronto. Il utilise la physique pour créer des filtres numériques dans le monde réel. Il joue avec la lumière, la couleur et la perception optique à travers le travail du verre et de l’acier. Avec des connaissances en sculpture, architecture et design, il commence un apprentissage avec le maître forgeron Francisco Gazitua, étudiant d’Antony Caro, dans les Andes. Il a récemment obtenu un diplôme de maîtrise du centre de Saint Martins et a créé des projets pour le Tate Britain, le V&A, la Biennale d’Istanbul, la Semaine du design de Milan et The Power Plant Contemporary Art Gallery.

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Float4

Stable-Instable float4.com Float4 est un studio primé, passionné par la création d’expériences numériques inoubliables qui amplifient le caractère des espaces physiques. L’équipe, composée d’individus polyvalents partageant une même vision, aspire à sortir des sentiers battus en concevant et en réalisant des installations multimédias interactives personnalisées.

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Tyson Parks Branes

tysonparks.com Tyson Parks est un artiste basé à Los Angeles et à Vancouver, il travaille un large éventail de médias, aussi bien le son, la vidéo, la sculpture, l’animation 3D, l’installation interactive qu’Internet. Le travail de Tyson Parks explore les relations entre les gens et la technologie. Son travail est une exploration continue de la perception qui agit sur la compréhension humaine dans un monde saturé de technologie. Tyson Parks est intéressé par l’utilisation de nouvelles technologies pour créer des fusions poétiques entre différentes réalités.

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Kenny Wong Undermine

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Avant même d’atteindre la trentaine, Kenny Wong a vu ses œuvres être exposées dans plus de dix pays.

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Actuellement étudiant à la maîtrise en sculpture à l’Université Concordia de Montréal, il a obtenu en 2011 son Baccalauréat en médias créatifs de la School of Creative Media de l’Université municipale de Hong Kong. Kenny Wong a été nommé parmi les Golden 15 lors de la 3ème édition de l’International Emerging Artist Award. Fasciné par les mouvements, les textures sonores et les motifs visuels, il a développé une spécialité en sculptures cinétiques informatisées.

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Mateo Mounier Digital Skin mateom.com

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Mateo Mounier est un artiste multimédia créateur d’expériences émotionnelles et immersives. Il est un joueur clé de la connectivité et des expériences de marque mémorables. Ses designs expérientiels transforment la publicité passive en activité participative, du design de production à la production et l’intégration.

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Greg Barth Trajectoire 3 gregbarth.tv Greg Barth est un artiste et réalisateur suisse basé à Londres, spécialisé dans l’animation et le design, il conçoit des clips vidéo, des publicités, des identités visuelles etc. Ses œuvres sont souvent conceptuelles et surréalistes et leur esthétique naïve et minimale. Il a pu travailler pour des clients de renommée internationale et ses créations ont été publiées dans de

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nombreux magazines de design ou recommandées par des leaders d’opinion du monde du design et des cultures visuelles. Le concept, le scénario, la direction artistique, la production, Greg Barth maîtrise tout le processus de fabrication, ce qui lui permet d’offrir des œuvres fortes et singulières. Composée de 16 raquettes, 70 balles et un projecteur, Trajectoire 3 est une installation animée en séquence par projection. Dans cet hommage délicat au temps, une série d’échanges de raquettes s’intensifie jusqu’au point de non-retour. Hypnotique et surréaliste, l’installation évoque le rythme implacable auquel chacun se soumet dans notre société contemporaine.

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Jonathan Chomko R e l a t i v e Cl o c k s c h o m k o r o s i e r. c o m Le studio Chomko & Rosier travaille à la frontière de l’art, du design et de la technologie. Leur travail consiste à engager le public dans un contexte social, historique ou scientifique par rapport à un lieu précis. Leur approche multidisciplinaire permet de créer des installations ou expériences interactives dans le domaine public. Le studio a su rapidement se faire connaitre à l’échelle internationale et a été reconnu comme « Design of the Year » par le London Design Museum. Il compte parmi leur client, l’Agence spatiale britannique, le consulat anglais, FutureEverything, le Illuminating York, le Watershed et le Media Ambition Tokyo.

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équ ipe Philippe demers Président

Arthur gaillard Commissaire d’exposition

patrick truong Directeur général

Jessica Drevet Directrice de production

sun min DUFRESNE Directeur administratif

Hanaë Bossert Chargée de programmation

Claire tousignant Directr ice des partenariats

Pierre Tran Chargé de programmation

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r é dacteurs camille balzinger

catherine laroche

Hanaë bossert

joëlle paquette

marco gartenhaus

victoire pottiez

raphaëlle harvey

alice zachary

adeline huar

© C once pt i o n g raph i qu e   : B e n To r re n te © Photo g raph i e s   : Pa g e d e co u ve r t u re   : N i k M i r u s (Ca m p a gn e vis u e lle 2017 ) Pa g es 3 à 6 , 1 0, 4 2 à 1 07   : B r u n o De s tom b e s Pa g es 8 , 1 4 à 4 1   : Lo ï c Rah ar i s o n

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Cahier 2017