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BONUS
vendredi 7 mars 2014 www.metronews.fr
Une scène du spectacle mis en place par Donagan (en médaillon). INSERTION HANDICAP
L’ado qui fait bouger le handicap PRÉCOCE. Donagan, 13 ans, a été sensibilisé dès son plus jeune âge au problème du handicap. SOLIDARITÉ. Pour faire changer les mentalités sur ce sujet, il a monté un spectacle de hip-hop mettant en scène des non-valides. JACQUES-ALEXANDRE BRUN
«C
omme vous, j’ai une passion. Moi, c’est le hip-hop. Comme vous j’ai des amis. Parmi eux, il y en a un qui est particulier : il s’appelle Gerrick. Il est handicapé. » Celui qui s’exprime ainsi s’appelle Donagan Manuel-Vasco-Légitimus. Il a 13 ans. Avec sa gestuelle souple de danseur, ses yeux rieurs, ses baskets et ses fines dreadlocks sur le crâne, le gamin ne paie pas de mine. C’est pourtant un drôle de môme. Le 22 février dernier, dans la salle des fêtes de la mairie du XIIIe arrondissement, le petit gars de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) a fait vibrer pendant deux heures plus de 200 spectateurs. Sur la scène, il avait rassemblé une vingtaine de danseurs de hip-hop, dont deux handicapés. Handip-hop, le nom de ce show pas banal, est son idée. Son rêve devenu réalité. Sa façon à lui de faire changer les mentalités. Lorsqu’il évoque son projet, sa voix timide qui d’ordinaire s’écoule comme un mince
filet, gagne en assurance. « Le but du spectacle c’était de montrer que les personnes invalides peuvent faire autant de choses que les autres. Au final, l’idée c’est de sensibiliser les gens au problème du handicap, afin de les aider à sortir de leur isolement. » Un thème bien sérieux pour un élève de 4e.
Une réponse à l’injustice
Ceux qui l’ont guidé, chez Ashoka (un réseau mondial d’entrepreneurs sociaux), et soutenu, au sein de l’association Insertion Handicap. C’est d’ailleurs à cette dernière que les fonds récoltés par le spectacle ont été reversés. Ils serviront à payer la scolarité d’enfants handicapés au Sénégal, ainsi que des sorties pour de jeunes infirmes français.
Cette idée fixe ne lui est pas vraiment tombée Violoncelliste et boxeur dessus par hasard. « Depuis le primaire, Dona« Ça a pris beaucoup de temps et c’était difgan fréquente des autistes, des enfants inva- ficile », reconnaît le jeune Boulonnais après lides…, avance sa mère, Carole, qui œuvre coup. Mais pas au point de le décourager. « On dans le milieu associatif. Il est sensible et pré- réfléchit déjà à en refaire un l’année provenant. Particulièrement avec ce type de per- chaine, et celle d’après », s’emballe le collésonnes. » Mais le déclic du spectacle lui est venu gien. Malgré son enthousiasme, Donagan ne de Gerrick, son ami paralysé des deux jambes, s’est pas mué en militant de la cause des hanqui s’était vu refuser l’entrée d’un magasin à dicapés. Il est simplement parti d’un constat cause de son infirmité. auquel il a voulu apporter sa Les fonds récoltés propre réponse. De cette injustice, Donagan a sont reversés à tiré sa motivation. Pendant six En dépit de cet accomplissement Insertion Handicap. peu commun, le jeune banlieumois, avec l’aide de sa mère, « très fière » de son fils, il a contacté des associa- sard aux origines métissées (angolaise, antiltions, expliqué son projet, fait appel à des laise et arménienne) reste un gamin identique bénévoles, effectué des recherches sur Inter- à beaucoup d’autres, qui cultive les paradoxes net, choisi la programmation musicale et de son âge. Danseur de hip-hop, violoncelliste validé chaque étape. Des activités chrono- et boxeur, il se rêve chirurgien mais galère en phages qui l‘occupaient « le soir après l’école, maths. Il a beau avoir monté un projet si préle week-end ou pendant les vacances ». cocement, il « ne pense pas avoir mûri » pour Souvent ses interlocuteurs n’en revenaient autant. Et quand s’achève l’entretien, il sort pas de tomber sur un adolescent, presque le téléphone portable qu’il avait remisé dans encore un enfant. Le garçon ne s’est pas sa poche et balance un rapide texto. démonté. Il a trouvé les soutiens qu’il fallait. Comme n’importe quel ado.§
