Lait de vache - Fnab

Le prix payé aux producteurs bio est soit un prix bio (Biolait, Coop Lait Bio du Maine, Laiterie. Mulin, Monts et Terroirs (Sodiaal), St Père, Montsûrs, Sill, Terra ...
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Lait de vache

Avril Mai 2015

La lettre conjoncturelle «Lait de vache»: kesako? Les lettres d’information conjoncturelle lait de vache de la FNAB paraissent deux fois par an (avril et novembre). Elles participent à établir de la transparence et donnent des repères aux éleveurs laitiers bio. Elles apportent une analyse de la conjoncture du lait bio au regard des enjeux de développement des filières lait bio. Elles sont complémentaires des lettres filière lait « La terre est notre métier » éditées 3 à 4 fois par an. Retrouver la précédente lettre d’info rédigée fin 2014 en cliquant ici

Une année lactogène, progression…

une

collecte

en

La collecte 2014 est proche de 531 millions de litres de lait biologiques. La progression de 7,7% par rapport à l’année précédente s’explique essentiellement par une année particulièrement lactogène, avec une très bonne pousse de l’herbe. Les conversions sont faibles et le taux de réalisation des quotas en moyenne de 82%. Même s’il y a une grande variabilité de la réalisation de ces derniers (entre 75% et 100%), c’est avant tout une bonne année climatique concordant avec une demande des laiteries en lait bio (et non la prévision de la fin des quotas) qui expliquent la progression de la collecte. 1

…Installations encourager

et

conversions

à

L’enquête « conversion » réalisée cet automne par le Cniel montre en effet peu de conversion en cours et quelques arrêts identifiés. La prévision de collecte fin 2016 est de 548 millions de litres. Après une importante phase de conversion en 2009/10 et une augmentation rapide des volumes collectés en bio, la progression de ceux-ci est très linéaire depuis 2012. Les marchés continuent de se développer et une baisse de la production est à anticiper notamment liée à des départs en retraite. Installer et convertir des producteurs en mode de production biologique répondent à des enjeux de société (reconquête de la qualité de l’eau, de la fertilité des sols, de la richesse en biodiversité et contribution à des territoires dynamiques). Installation et conversion sont également importantes pour satisfaire les besoins des marchés des produits laitiers biologiques et poursuivre leur développement.

Prix du lait bio 2014 : c’est mieux mais insuffisant Les prix présentés ci-dessous correspondent aux prix bio (qualité moyenne 38 g MG, 32 g MP) ou aux prix de base complétés par la prime bio, voire par une prime « exceptionnelle ». Les primes qualités ou toutes primes liées à la performance individuelle ne sont pas prises en compte. Ces prix sont fournis par les groupements régionaux du réseau FNAB et leur représentant à la commission lait de la FNAB et ne sont pas pondérés par les volumes, ils sont donc indicatifs. L’observatoire des prix permet une surveillance détaillée des prix du lait bio et contribue à la transparence du marché. Grâce aux producteurs de notre réseau, les prix de 19 laiteries (36 sites de collecte) ont été relevés, certaines laiteries dans différentes régions (du grand Est, du grand Ouest, en Nord Pas de Calais et en Rhône-Alpes). Le prix bio moyen annuel 2014 (qualité 38 g MG, 32 g MP) hors primes qualités est de 451 €/1000 litres, le prix le plus bas est de 424 € et le prix le plus haut de 480 €. Les prix relevés ne sont pas pondérés par les volumes mensuels de lait bio collectés par chacune des laiteries. En 2013, l’enquête avait concerné 10 laiteries dont certaines enquêtées dans plusieurs régions. Le prix moyen était de 425,07 €/1000l, le plus bas de 397,07 €/1000 l et le plus élevé de 436 €/1000 l.

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€/1000 L 550

Prix moyen mensuel non pondéré (hors primes qualités) en 2014 sur 19 laiteries 60000 L

530 510 490

50000 moyenne nationale

40000

470 450

prix mini

30000

430 410 390

20000

Prix maxi

10000

volume national mensuel

370 350

0

Cette augmentation du prix est à saluer, mais elle est encore insuffisante pour assurer une rémunération et le développement de l’ensemble des élevages laitiers biologiques. Ce prix est encore insuffisant pour porter cette filière d’avenir, accompagner l’amélioration des performances environnementales et sociales des fermes bio et susciter des conversions et de nouvelles vocations. Avec l’ensemble des acteurs des filières, il faut valoriser ces performances jusqu’aux consommateurs et garder les moyens de les améliorer. Une prochaine lettre filière Lait sera consacrée aux coûts de production et au développement écologique, social et économique des fermes laitières bio. Les chiffres de France AgriMer concernant les prix confirment les tendances de nos enquêtes mêmes si les chiffres en valeur diffèrent (différence due notamment à la prise en compte de la qualité et de la pondération des volumes par FAM). L’enquête FranceAgriMer exprime le prix toutes primes mensuelles comprises (y compris les primes bio), toutes qualités confondues, ramené à un lait standard (38 g de MG et 32 g de MP) et pondéré par les volumes de lait bio collectés par chacune des laiteries. Les compléments de prix qui ne se rapporteraient pas au mois considéré -primes trimestrielles ou de fin d’année et primes de froid- ne sont pas pris en compte dans les prix FAM. En 2013, la moyenne annuelle était de 407 €/ 1000 l, elle est de 429,2 € en 2014.

© FRAB Champagne-Ardenne

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Des prix élevés

du

lait

bio

européens

plus

L’Allemagne est le premier pays Source : FranceAgriMer producteur de lait bio en Europe avec 690 millions de litres en 2014. Les prix du lait bio allemand ont continué leur progression en 2014. La moyenne 2014 (prix pondérés) est de 470 € /1000 litres. Alors que le prix du lait conventionnel chutait, le prix du lait bio n’a pas baissé et la différence entre les prix du lait conventionnels et bio en Allemagne atteint 170 € par mille litres au premier trimestre. On constate que le prix du lait bio français reste davantage lié au prix du lait conventionnel français (et donc indirectement lié au prix du lait conventionnel allemand) qu’au prix du lait bio allemand. La construction du prix du lait bio en France mérite un travail approfondi. En 2014, l’ensemble des pays européens (Autriche, Danemark, Pays Bas, Belgique) affichent un prix moyen du lait bio supérieur au prix français et les tendances ne sont pas à la baisse pour 2015. Les marchés progressent et la disponibilité du lait bio risque d’être insuffisante à l’échelle européenne à moyen terme. Avec la fin des quotas des élevages Danois se « déconvertissent » pour augmenter leurs volumes. Les taux d’endettement des éleveurs Danois sont en moyen très élevés. Il y a donc une réelle opportunité à s’installer ou à convertir sa ferme !

A quand un vrai prix Bio ? Composition du prix bio Le prix payé aux producteurs bio est soit un prix bio (Biolait, Coop Lait Bio du Maine, Laiterie Mulin, Monts et Terroirs (Sodiaal), St Père, Montsûrs, Sill, Terra Lacta et le GIE des près), soit il est composé d’un prix de base, d’une prime bio voire d’un complément de primes bio. C’est la construction la plus fréquente encore pratiquée par les laiteries privées et les coopératives ayant une activité en bio et en conventionnel. Notons tout de même que des réflexions en lien avec les discussions des OP de mandat bio laissent entrevoir des évolutions possibles. La flexibilité additionnelle est un correctif concernant les entreprises qui transforment plus de 35% de leur collecte en produits industriels. Elle est toujours présente dans certaines feuilles de paie pour les producteurs bio surtout en ce qui concerne les coopératives ayant une 4

activité conventionnelle et bio. Elle peut être négative ou positive mais bien souvent n’a aucun lien avec les marchés bio. Dans certains cas, la composition du prix est plus complexe avec des primes « bien être animal », « herbes et fourrages » (actuellement ces deux primes ne sont pas conditionnées à un cahier des charges, ce qui pourrait évoluer) et des ajustements conjoncturels basés sur le calcul du coût de production du lait bio réalisé par l’Institut de l’élevage. C’est le cas de Danone en Normandie. Rappelons que les coûts de production calculés par l’institut sont ceux de fermes performantes en vitesse de croisière. C’est une méthode issue d’une réflexion en cours d’expérimentation partagée entre l’industriel et les producteurs ; l’objectif étant de s’affranchir du prix conventionnel.

Vigilances Au-delà du prix bio, des points de vigilances dans la lecture des feuilles de paies du lait sont à souligner. Des volumes A et B apparaissent même si a priori la plupart des producteurs bio ne sont pas concernés par les volumes B. Des lignes concernant les OP sont aussi présentes. Normalement les producteurs ont accepté un prélèvement par la laiterie qui le reverse ensuite à l’OP pour son fonctionnement. Parfois la laiterie compense ce prélèvement partiellement ou totalement. Parfois de nouvelles primes multicritères apparaissent prenant a priori en compte des aspects qualités. Ce type de dénomination et de regroupement complexifie la compréhension de la construction d’un prix et ne permet pas aux producteurs de savoir si leurs résultats correspondent aux attentes des laiteries. Attention, les "primes" qualité peuvent avoir un impact considérable sur le prix final (à la hausse comme à la baisse). La définition de leurs seuils et les critères influencent également les pratiques d'élevage (alimentation, gestion sanitaire, choix racial, réforme des animaux...). Il est donc essentiel de sensibiliser les laiteries au mode de production, aux spécificités bio et ne pas se focaliser sur la négociation du prix mais englober les conditions de collecte, la gestion des volumes sur le territoire, les relations partenariales, etc. C’est notamment le rôle des OP de mandat (voir lettre filière lait n° 1 page 3) ou de commercialisation bio (voir lettre filière lait n°2 page 3).

Primes à la conversion et/ou à l’installation Danone propose aux producteurs de Normandie le livrant une prime à la conversion de 50 €. Depuis peu, Eurial et Sodiaal en ont mise une en place, d’un montant respectif de 20 et 30 €, destinée à leurs adhérents souhaitant passer en bio. Biolait offre une prime conversion de 30 € sur l’ensemble du territoire. Biolait a également mis en place une « aide à la reprise d’une exploitation bio » en 2015. Elle est calculée sur le volume bio produit la 1ère année de l’installation, à hauteur de 30 €/1000 litres, plafonnée à 6 000 € par exploitation. Pour les sociétés, le volume de lait produit la première année sera divisé par le nombre d’associés. Les bénéficiaires sont des «re» preneurs d’une exploitation bio qui adhère à Biolait ou des nouveaux associés d’une société, adhérente de Biolait, en remplacement d’un associé sortant. Ils doivent faire une demande écrite et s’engager pour 5 ans (signature d’un contrat). La FNAB et les groupements de producteurs laitiers bio regroupés au sein de Lait Bio de France (voir lettre filière lait n° 3) incitent à une réflexion pour la mise en place d’actions et de primes facilitant la transmission des fermes bio et l’installation de nouveaux producteurs en élevages laitiers bio. 5

Pourquoi déconnecter le prix du lait bio de celui du conventionnel L’agriculture biologique est un mode de production reposant sur des principes fondamentaux et des exigences réglementaires, entraînant des spécificités tant en termes de production que de commercialisation. La production ne répond pas aux signaux des marchés de la même façon qu’en conventionnel : 

L’augmentation de la production se fait essentiellement par l’arrivée de nouveaux producteurs biologiques et non par l’augmentation des volumes produits par les producteurs bio,



Le coût de production est plus élevé, la saisonnalité plus marquée, et la production de lait bio est davantage sensible aux aléas climatiques.

Les marchés ne suivent pas les mêmes tendances qu’en conventionnel : 

les marchés des produits laitiers biologiques sont plus locaux et bien moins dépendants des cours mondiaux,



L’évolution de la demande des consommateurs en produits biologiques et donc des marchés ne suit pas toujours les mêmes mécanismes que celle des produits conventionnels. Les crises sanitaires des années 90 ont entrainé une demande forte en produits bio. En 2009, suite au Grenelle de l’environnement, la consommation de produits laitiers bio a soutenu un prix du lait bio haut alors que le lait conventionnel traversait une grave crise.



Le potentiel de consommation en produits laitiers bio est largement sous estimé. Il ne correspond pas à la consommation mais dépend de l’offre et de l’accessibilité des produits laitiers bio.

La consommation de produits laitiers bio augmente pendant que celle des produits conventionnels stagnent ou diminuent. Concrètement en 2015 : le prix du lait conventionnel est influencé par l’augmentation des volumes produits en Nouvelles Zélande (+9,5% en 2014) et en Europe (+4,5 %). La production bio de la Nouvelle Zélande est proche de zéro et l’on craint une pénurie de lait bio à moyen terme en Europe. Les prix du lait bio des pays dont le prix bio est déconnecté du prix du lait conventionnel sont élevés et une baisse de ceux-ci n’est pas d’actualité. 6

Ventes des produits laitiers bio Les ventes de lait et des produits laitiers bio poursuivent leur progression en 2014. La part du marché du lait conditionné bio représentent plus de 9% (en volume) du marché global des laits conditionnés. A souligner le développement de la vente en ligne des produits laitiers bio (14% du lait conditionnés bio est vendu en ligne). Les prix de vente consommateur en grandes et moyennes surfaces se tiennent plutôt bien même s‘il y a une légère tendance à la baisse entre 2012 et 2014.

Les volumes concernés par la vente de lait sont bien moindres en magasins spécialisés qu’en grandes et moyennes surfaces mais les prix se maintiennent bien. En magasins spécialisés, les hausses sont plus rapides et la résistance à la baisse plus forte.

Directrice de publication : Stéphanie Pageot (FNAB) Rédaction : Claire Touret (FNAB) Maquette : Arthur Brunet (FNAB)

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