Lait de vache - Fnab

17 mai 2016 - pendant plus de trente années ont été supprimés il y a tout juste un an. Retour sur le ..... au grand public du 21 mai au 11 juin. Une opération à ...
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Lait de vache

Mai 2016

Un an après la fin des quotas laitiers… Les quotas laitiers qui ont régulé l’offre de lait dans l’Union européenne pendant plus de trente années ont été supprimés il y a tout juste un an. Retour sur le regard d’André Pflimlin, ancien collaborateur à l'Idele (Institut de l'élevage), sur le contexte de la filière laitière en France, en Europe et dans le monde. © FDH

Quelques éléments de compréhension du contexte conventionnel

Lait Bio de France (LBF) avait invité André Pflimlin, à son débat public le 15 mars pour permettre aux producteurs bio de mieux comprendre le contexte laitier afin de faire les bons choix pour la filière française biologique. Un marché mondial avec des effets dévastateurs ! Les échanges de lait sur le marché mondial représente 60 milliards de litres de lait sur les 800 milliards produits en 2013/2014 (seulement 7%) et une croissance de 2 milliards par an entre 2000 et 2013. L'essentiel du marché mondial est constitué par les poudres de lait, secteur très concurrentiel car ce sont des produits industriels. Or, les laiteries de l'UE (surtout les coopératives) ont investi dans la poudre. Les trois plus gros fournisseurs sont la Nouvelle Zélande 32%, l'Union européenne 25% et les Etats-Unis 15%. L'UE et les USA ne font plus de stockage public, néanmoins le marché mondial est très réactif avec des prix très volatils. Note de conjoncture Lait FNAB – mai 2016

Dès 2014, le contexte mondial était en surcharge de lait : + 11 milliards de tonnes vis-à-vis du marché mondial qui représente 60 milliards de tonnes. L'UE a surproduit de +4.7% (6.5 milliards de tonnes). La Nouvelle Zélande a connu une année record entre 2013/2014 avec + 11% (2 milliards de tonnes). Et les USA ont progressé aussi de l'ordre de + 2.4% (2.2 milliards de tonnes). A cette même période, la demande était fragile. De 2002 à 2012 une hausse du marché mondial existait de plus ou moins 2 milliards de tonnes par an. En 2014, la Chine a réduit ses achats dès avril et la Russie a décrété l'embargo sur les produits laitiers de l'UE (2 milliards de tonnes). Donc de très gros stocks fin 2014... mais qui étaient inconnus à Bruxelles. 1

Une régulation de l'offre est vitale Il faudra 4 à 5 ans pour résorber le surplus produit en 2014. L'UE est la première responsable du surplus. En 2014, l'UE a mis sur le marché mondial 3 fois la croissance (+6.5 milliards de tonnes vis-àvis des 2 milliards de croissance). En 2015, la Nouvelle Zélande a fait moins de lait, les USA ont ralenti, mais l'UE a fait plus de lait malgré la chute du prix (les investissements sont faits maintenant donc il faut diluer les coûts fixes). Malgré la moindre demande (Chine, Russie, pays pétroliers),

la croissance mondiale est au ralenti pour plusieurs années. 2016 sera pire que 2015, et pas d'éclaircie pour 2017... S’il n'y a pas de régulation de l'offre UE. Il est important de réguler le marché en cas de surplus. Il faut donner priorité au marché interne à l'UE et miser sur les produits à forte valeur ajoutée (fromage, produits frais) avec des éleveurs nombreux, des campagnes vivantes. Propos recueillis par Anne Uzureau CAB Pays de Loire

Une collecte laitière européenne en hausse et des prix toujours à la baisse en conventionnel La collecte mondiale de lait conventionnel ne freine pas en ce début d’année sous l’impulsion, toujours, de l’Union européenne et malgré une baisse des prix du lait généralisée. Sur la dernière campagne laitière, l’UE a produit +2,7% de lait avec des hausses de production relatives très forte dans des pays comme l’Irlande (+17,5%) ou en quantité comme aux PaysBas (+11,4%/ +371 000 t) ou en Allemagne (+392 000 t), contre +1,5% en France. Le marché est alourdi par des stocks communautaires abondants. Le déséquilibre perdure et entraine un repli des prix mondiaux.

(Données et graphiques France Agrimer).

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Une collecte bio 2015 en hausse de +5,7 % En janvier 2016, la collecte annuelle en cumul annuel mobile représentait 560,8 millions de litres (données CNIEL), soit une hausse de + 5,7% de la collecte 2015. La hausse est même de +8,1 % sur janvier-février 2016 par rapport à 2015 Le cheptel de vaches laitières a augmenté de 6 % et représente maintenant 3,6 % du cheptel national laitier. La dynamique de conversion est importante, les prévisions sont aux alentours de 500 nouvelles exploitations laitières qui s'engagent (déjà 2200 en France) ;soit une prévision de +25% de lait bio sur le marché en 2017-2018 (150 millions de litres en plus sur les 560 millions de litres produits).

Note de conjoncture Lait FNAB – mai 2016

© APLB Grand Est

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Un prix du lait qui repart légèrement à la hausse fin 2015

L’observatoire des prix FNAB permet une surveillance détaillée des prix du lait bio et contribue à la transparence du marché. Les prix de 21 laiteries (38 sites de collecte) ont été relevés dans différentes régions (Est, du grand Ouest, Nord Pas de Calais et Rhône-Alpes). Les prix présentés ci-dessous correspondent aux prix bio (qualité moyenne 38 g MG, 32 g MP) ou aux prix de base complétés par la prime bio, voire par une prime « exceptionnelle ». Les primes qualités ou toutes primes liées à la performance individuelle ne sont pas prises en compte. Ces prix sont fournis par les groupements régionaux du réseau FNAB et leurs représentants à la commission lait de la FNAB et ne sont pas pondérés par les volumes mensuels produits, ils sont donc indicatifs.

Sur le graphique ci-dessous sont figurés le prix moyen mensuel pour l’observatoire (en noir), les prix des deux laiteries dont le prix moyen annuel est le plus élevé (en rouge) et les prix des deux laiteries dont le prix moyen annuel est plus faible (en vert). Sur l’histogramme en bleu, sont figurés les écarts constatés chaque mois entre le prix le plus fort constaté et le plus bas prix constaté (pas toujours les mêmes laiteries). La moyenne 2015 du prix payé est de 432 €/ 1000 litres avec un prix moyen maximum en août à 454 € et un minimum en mai à 353 €. On constate que l’écart des prix payés entre laiteries tend à diminuer en 2015 par rapport à 2014, en particulier sur les mois de janvier, février, mars, septembre et octobre 2015 (cf. histogramme des écarts). Les forts écarts de prix payés se retrouvent essentiellement au printemps. Ceci s’explique par des politiques prix différentes selon les laiteries concernant la saisonnalité. Certaines laiteries font le choix de lisser leur prix sur l’année (cf. courbe prix haut 2) et d’autres laiteries peuvent faire varier leur prix de plus de 70 €/1000 litres (entre avril-mai et juillet- août).

Le prix du lait bio 2015 est inférieur au prix de 2014, toujours en lien avec la connexion au prix du lait conventionnel. Il finit par se stabiliser au mois d’octobre 2015 pour dépasser le prix payé en 2014. En ce début d’année 2016, le prix du lait bio se maintient mais reste en dessous des prix de 2014. (source France Agrimer).

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Et l'Europe dans tout cela ? Début février 2016, une tendance générale se dessine dans le secteur du lait bio en Europe : les volumes de production sont en augmentation et la demande continue de croître, du fait d’une consommation de produits laitiers bio en augmentation partout en Europe. De nombreuses conversions s’opèrent dans la majeure partie des pays, on attend donc une forte augmentation des volumes en 2017 et 2018 : Danemark : L’année 2015 a été marquée par une baisse des volumes produits au Danemark, du fait de la déconversion de nombreuses fermes (puisqu’Arla met la pression pour augmenter la production de lait conventionnel à destination du marché asiatique). Mais les volumes bio devraient augmenter dès 2017 puisque de nombreuses fermes, indépendantes d’Arla, sont en conversion. L’Allemagne reste le 1er producteur européen de lait bio avec 735 Millions de litres en 2015. Mais elle ne couvre pas la demande, qui est importante et reste croissante. Le produit le plus consommé étant le lait UHT bio et les boissons lactées. Une augmentation de la production de l’ordre de 10% est attendue pour 2018, ce qui devrait rééquilibrer le marché production-consommation. La demande aux Pays-Bas est réelle et très élevée. Ce qui encourage les conversions, qui sont en progression, ainsi que l’importation de lait brut pour subvenir aux besoins nationaux et exporter une partie de la production en spécialités fromagères.

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En Autriche, la production de lait bio est très élevée : elle permet de subvenir à la demande nationale (qui reste constante) et d’en exporter une grande partie. Irlande : Peu de conversion sont attendues, surtout du fait de la difficulté pour les fermes conventionnelles trop développées et industrialisée de passer en bio. D’autant plus que la disponibilité des aliments fait défaut. En revanche, on note que la demande intérieure est en augmentation. Belgique : La demande en lait bio est en constante augmentation. Ce qui encourage la conversion de nombreuses fermes. D’ici deux à trois ans, la production du pays aura presque doublé. Suisse : Comme l’Autriche, la Suisse se trouve actuellement en situation de surproduction, notamment au printemps, mais la demande est en constante augmentation. Grande-Bretagne : contrairement aux autres pays européens, la consommation de lait bio au Royaume-Uni reste très marginale. L’essentiel de la production du pays, qui est en augmentation, est donc destinée à l’export. Peu de conversion sont attendues sur le court terme. Des discussions du réseau FNAB et LBF vont se poursuivre avec les autres pays européens pour avoir une vision partagée du développement du lait bio. Vidéo : Témoignages de producteurs européens en cliquant ici. Ou sur Youtube : chaine FNAB/ vidéo AG Lait Bio de France 2016

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Evolution de la production annuelle de lait bio des différents pays européens depuis 2007 (données Bioland) Ce grahique nous permet de voir l’évolution des productions de lait bio des différents pays de l’UE depuis 2007. L’Allemagne est le premier pays producteur européen, secondé par la France depuis 2013. On remarque que la France est le pays qui a eu le plus fort développement de sa production. La Grande-Bretagne a diminué sa production, ainsi que le Danemark.

Evolution du prix du lait bio des différents pays européens pour l’année 2015 (données Bioland). En 2015, l’Allemagne et les Pays-Bas ont les prix du lait les plus élevés (+7 à 10 %/France). La tendance est haussière dans tous les pays. On remarque aussi que les autres prix européens subissent beaucoup de variation saisonnière des prix sur l’année. La saisonnalité en France, fait chuter le prix du lait des mois d’avril et mai au plus bas niveau de prix des pays figurés sur le graphique. En cette fin d’année 2015, les prix danois et autrichiens sont proches des prix français.

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Une croissance de la consommation bio à deux chiffres, dans un contexte conventionnel baissier… Les ventes en volume continuent de progresser pour l’ensemble des produits laitiers bio. L’ultrafrais reste en tête et accélère sa progression avec +19,4% de croissance sur début 2016 (contre +13,3% en 2015 par rapport aux mêmes périodes 2014). La crème atteint les mêmes performances (+19% sur début 2016) alors que sa progression 2015 était plus modérée (+10% sur 2015). Cette croissance est notoire dans un environnement où tous les segments conventionnels reculent sur début 2016 : - 0,7% pour la crème, -0,9% pour le fromage, 1% pour les desserts lactés, -1,2% pour le beurre, -2,8% pour l’ultrafrais, -3,9% pour les yaourts, -4,3% pour les fromages frais et -5,1% pour le lait. Cette dynamique de vente s’accompagne simultanément d’une diminution du prix moyen payé par les consommateurs sauf pour le lait conditionné qui se maintient.

Un marché bio global à 5.7 milliards d’euros soit une croissance de + 13 % /2014

source Agence bio

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Une consommation nationale de lait qui baisse en France

La consommation de lait ne cesse de baisser en France Article de L. Girard paru dans Le Monde du 17 mai 2016 Le niveau de lait absorbé par les Français ne cesse de baisser. Selon les chiffres publiés mardi 17 mai par le Syndicat national du lait de consommation, Syndilait, ils en ont consommé environ 51 litres en moyenne chacun en 2015. A comparer aux 61 litres absorbés par an et par habitant en 2003. Soit une évaporation de 15 % du bidon de lait hexagonal sur cette période. Résultat, les industriels et les coopératives ont constaté une fois de plus, en 2015, un recul des ventes de bouteilles et de briques de lait. Les Français en ont acheté 2,6 milliards de litres en grande distribution, soit 2,5 % de moins en un an. Cette fuite régulière des clients s’explique par des changements d’habitudes de consommation. Les exportations ont reculé de 3 % Le petit déjeuner, tout d’abord, s’impose de moins en moins dans le quotidien des gens. Autre élément d’explication : l’allergie au lactose, réelle ou auto diagnostiquée, est régulièrement évoquée pour se détourner des laitages. Sans compter tous ceux qui refusent de s’alimenter avec des produits animaux. Dans le détail, le segment du lait frais pèse à peine 2,5 %. Les versions UHT qui ont subi un traitement industriel sont largement plébiscitées. Le lait bio affiche, lui, une croissance de plus de 7 % et représente désormais 9 % du marché. Les laits dits « de spécialité », qu’ils soient enrichis, vitaminés ou délactosés, progressent également. A cette érosion constante de la consommation s’ajoute une forte hausse des importations. Elles ont bondi de 12,8 % en 2015, à 231 000 tonnes. Alors même que les exportations ont reculé de 3 %, à 339 000 tonnes. Ce sont surtout les bouteilles et les briques vendues sous marque de distributeur.

Directrice de publication : Stéphanie Pageot Rédaction : Aline Wang (FNAB)

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Les enseignes de grande distribution, qui ont engrangé en 2015, au rayon lait, selon Syndilait, un chiffre d’affaires de 2,35 milliards d’euros en 2015, en baisse limitée de 1,1 %, font pression sur les industriels qui fabriquent des produits à leurs marques. Et n’hésitent pas à conclure des accords avec des entreprises allemandes ou néerlandaises. Campagne de communication Les industriels et les coopératives qui s’approvisionnent essentiellement en France tentent une contre-offensive. Pour la troisième année consécutive, Sodiaal (Candia) ou encore des industriels comme la Laiterie de SaintDenis-de-l’Hôtel (LSDH) ouvrent leurs portes au grand public du 21 mai au 11 juin. Une opération à laquelle Lactalis ne participe pas. L’industrie va également lancer une nouvelle campagne de communication avec le soutien financier de Bruxelles, pour inciter les Français à consommer du lait. Enfin, Syndilait a lancé en 2015 un logo «Lait collecté et conditionné en France ». Il estime qu’il est apposé sur 50 % des références de lait. Une manière de promouvoir l’industrie qui emploie 6 000 personnes dans 27 usines réparties sur le territoire. Une démarche soutenue par les éleveurs français secoués par la chute du prix du lait liée à une surproduction européenne après la fin des quotas laitiers et l’embargo russe. Thierry Roquefeuil, président de la Fédération Nationale des Producteurs de Lait (FNPL) dans un courrier adressé à Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, affirme que «pour le secteur laitier : le libéralisme ne marche pas ». Il estime que « l’ouverture politique » de la Commission européenne concernant la mise en œuvre de l’article 222 qui rend possible une régulation temporaire de la production laitière n’était qu’une vue de l’esprit. Et qu’elle attend que « la régulation se fasse d’elle-même avec la mort des producteurs ».

(FNAB)

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