le grand oral le grand oral

spatiophobe », qui angoisse dans cet environnement fermé,. « l'anxieux », qui envisage le pire. Ça, c'est moi. Nous grimpons dans un simulateur pour quelques ...
509KB taille 5 téléchargements 713 vues
ET TOUJOURS    

          

   

    

AL I C É SP É TÉ

IMMERSION DANS LA PENDERIE DE

STROMAE

Sexe LE GRAND ORAL

#'%&! %&')"!'$!!%&$ (!&$'&'$+$!&#' p. 32

     PHOBIQUE

SANS PERDRE SA DIGNITÉ MES VACANCES DANS

LE FAUX PARIS EN CHINE p. 52

+14 AUTRES TIPS DE PLAGE p. 86



L’AVION ? p. 48

L 14452 - 45 - F: 3,70  - RD

 BEL : 4,40 € - CH : 5,90 CHF - CAN : 7,99 CAD - D : 5 € - Esp : 5 € - LUX : 4,40 € - DOM : 4,50 € - Maroc : 40 DH - Zone CFP : Avion : 1500 XPF - Bateau : 650 XPF.

"

     ."*(#)'!#)&&/#"$'(#)(1( #!!)"$&'#""')&+"#(&#)&" '('((&&2 $& '*#,'"*#"' 22''#"& # '2($'%)#"((-  &"'&'    

1 ÉTAPE : APPRIVOISER L’ENGIN RE

.          /  -0     

Depuis août 2014 et mon expatriation aux Etats-Unis, monter dans un coucou est devenu un calvaire. Angoisse les jours qui précèdent le départ, larmes pendant le vol, épuisement total après l’atterrissage… Il est temps d’affronter ma phobie. Première mission : le très prisé stage d’Air France « Apprivoiser l’avion », créé il y a vingt-trois ans. Il faut réserver sa place six mois à l’avance et débourser 650 euros. Quelques jours avant, je fais le point avec Philippe Goeury, le psychologue du centre qui propose cette formation. Il s’entretient avec tous les stagiaires : « Ça permet de mettre le doigt sur les origines de la phobie. L’élément déclencheur peut être un vol traumatisant, mais aussi un événement totalement extérieur : la disparition d’un proche, un nouveau travail, un mariage. » Je repense à cet été 2014, durant lequel j’ai vécu une difficile relation amoureuse à distance. Un vendredi, je retrouve Philippe à Orly, avec trois autres stagiaires. Il nous présente nos mentors pour cette journée : Eric, qui est sophrologue et chef de cabine, Nicolas, steward, et Pierre, pilote de ligne. Eric a l’air de lire dans nos pensées : « En vol, vous vous dites : mais qui va venir à mon enterrement ? Qui va être triste ? Qui va m’oublier ? » C’est exactement ça… Il détaille les profils des passagers stressés. Il y a le « terrien », qui se sent en danger dans les airs, le « décideur », qui ne supporte pas le manque de contrôle à bord, le « traumatisé » par un incident en vol, le « spatiophobe », qui angoisse dans cet environnement fermé, « l’anxieux », qui envisage le pire. Ça, c’est moi. Nous grimpons dans un simulateur pour quelques tours de manège. Un moteur qui explose, un vol en plein brouillard, un incendie au décollage, un décrochage, nous expérimentons toutes ces situations. J’ai beau savoir que ça n’est pas réel, mon corps réagit violemment. Quand il y a des turbulences, mon 

   

estomac se noue et je m’accroche aux accoudoirs. En temps normal, ce genre de perturbations déclenche immédiatement dans mon cerveau l’image d’un avion en chute libre. « Impossible, tranche Eric. Les turbulences sont dues à des mouvements dans l’air, à cause des nuages ou du soleil. C’est tout à fait normal. » Me voilà rassurée. A la fin de la journée, je repars avec un « certificat du centre antistress ». Si je le souhaite, je pourrai consulter Philippe Goeury avant mon prochain voyage et il pourra de son côté signaler à l’équipage que je suis un « passager peureux ». Ça ne me vaudra pas un surclassement, mais au moins quelques attentions du personnel navigant.

2 E ÉTAPE : UTILISER SES YEUX Et si la solution passait par… mes mirettes ? Je consulte Emmanuelle Dobbelaere, une praticienne de la technique EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) qui traite les états de stress post-traumatique. Cette méthode, qui coûte 100 euros la séance, a été découverte en 1987 par la psychologue américaine Francine Shapiro. Alors qu’elle se baladait dans un parc, elle s’est aperçue que ses pensées négatives s’éloignaient quand elle déplaçait ses yeux rapidement de gauche à droite. Ça ne m’inspire pas vraiment confiance. Pourtant, Emmanuelle assure qu’elle peut obtenir des résultats en deux séances. Elle va tenter de « désensibiliser mon cerveau ». « Prendre l’avion alors qu’on vit une période compliquée comme une séparation amoureuse, m’explique-t-elle, peut créer une association entre le fait de voler et cet état émotionnel. » Emmanuelle me passe des huiles essentielles d’orange sous le nez, et me demande d’imaginer l’endroit où je me sens le plus en sécurité. Je choisis la cuisine de ma maison de famille. Ce « chez moi » doit me servir de refuge quand la peur m’oppresse. Ensuite,

 

elle me demande de m’imaginer dans un avion tout en suivant des yeux le mouvement de ses doigts. L’angoisse refait surface. « Souffle fort, comme si tu voulais expulser ta peur dans le sol. » En répétant l’exercice plusieurs fois, je finis par me détendre. Mais aussi à choper une grosse migraine. Next.

3 E ÉTAPE : S’AUTO-HYPNOTISER J’enchaîne avec un rendez-vous chez Geneviève Gagos, qui enseigne la technique EFT (Emotional Freedom Techniques), entre hypnose et acupuncture. C’est l’unique formatrice en France de cette discipline inventée par l’Américain Gary Craig et utilisée depuis 2002 dans certains services de psychiatrie. La séance d’une heure coûte 95 euros. L’avantage de l’EFT, c’est qu’une fois les gestes appris, je pourrai les répéter en situation de stress. Geneviève est formelle : je n’ai pas peur de l’avion mais du départ. « L’avion est un engin qui vous mène loin de chez vous, mais ce n’est pas la raison de la peur. » Geneviève manipule ensuite des points utilisés en acupuncture : le haut du crâne, les sourcils, les tempes, le menton, la tranche des mains. Je les tapote à mon tour, en répétant inlassablement cette phrase : « Ce grand vide dans mon ventre quand je suis dans l’avion qui m’emmène loin de chez moi, je m’accepte comme je suis. Ce grand vide dans mon ventre quand je suis dans l’avion qui m’emmène loin de chez moi, je m’accepte comme je suis… » Si j’ai le sentiment que Geneviève a parfaitement cerné mon problème, je me sens très perturbée lorsque j’achève la séance.

4 E ÉTAPE : DÉCOLLER Il est temps d’affronter ma phobie les yeux dans les yeux (ou les hublots). Elyas Khouadja, vice-président de l’aéroclub Air France de Toussus-le-Noble (Yvelines), m’attend sur le tarmac. Avant de grimper dans son TB-20, un quadriplace bien flippant, Elyas « check » l’appareil : les phares, les volets des ailes, tout est bon, nous verrouillons les portes. Casque vissé sur les oreilles, mon stress augmente quand la tour de contrôle nous donne l’autorisation de décoller. Les moteurs accélèrent et je maudis Elyas, son grand sourire et son air ravi. Sans m’en rendre compte, je murmure « on va mourir, on va mourir, on va mourir, on va mourir ». « Oui, je te le garantis, mais ni aujourd’hui ni en avion », se moque mon instructeur. Ça y est, on décolle ! Adieu. Au bout de quelques minutes, l’avion se stabilise. Nous sommes secoués par les turbulences, mais je me rappelle, comme Pierre me l’a dit, qu’elles ne peuvent pas faire chuter l’avion. Je tente de respirer calmement et les odeurs d’orange de ma séance avec Emmanuelle resurgissent. Je songe à Geneviève qui m’a assuré que je n’avais pas peur de l’avion. En revanche, impossible de me souvenir des phrases que je suis censée me répéter et je commence à avoir envie de vomir. C’est le moment que choisit Elyas pour prononcer cette phrase terrifiante : « Bon, tu vas prendre les commandes maintenant. » Un hurlement s’échappe de ma gorge. Et pourtant, je m’exécute. Miracle : je pilote un avion ! Sensation incroyable. Mais la nausée me rattrape rapidement et Elyas pose en douceur le TB-20. Mes pieds touchent le sol. Enfin. Je ne sais pas si je suis tout à fait guérie, mais j’ai la sensation d’être prête à affronter mon prochain voyage. Et si l’avion a un souci, je pourrai toujours prendre les commandes…