Le médecin légiste n’est pas un boucher sanguinaire
Les idées reçues persistent sur ce métier dont l’imaginaire est nourri par films et séries policiers. Le point avec le médecin légiste Philippe Cathala, 37 ans, responsable de l’unité médico- judiciaire du CHU de Montpellier. Le rôle du médecin légiste se réduit à autopsier des cadavres FAUX. « Sur les 5000 actes qui ont lieu par an dans le service, 9 sur 10 se produisent sur des victimes vivantes ». L’unité médico-‐judiciaire du CHU de Montpellier, à différencier de l’Institut médico légal (autopsie et morgue), se charge quotidiennement d’accompagner les victimes de maltraitance, agression sexuelles ou accidents en tous genres. « Les victimes peuvent consulter spontanément pour obtenir un certificat médical descriptif qui servira lors d’un dépôt de plainte ». Pour cela, dix médecins légistes, mais aussi infirmiers et psychologues sont mobilisés. « Notre rôle est de vérifier que ce qu’on observe est compatible avec ce qu’elles (les victimes) racontent. Un rapport est remis à l’autorité judiciaire missionnée ». De plus, c’est aussi aux médecins légistes de déterminer si les personnes placées en garde à vue sont aptes ou pas à y rester. L’heure du décès à la minute près FAUX. La phrase du type « La victime est morte à 14 h 07 le 6 janvier 2014 » est un mythe. « Dans la vraie vie, on peut être relativement précis, à 2/3 h prêt, seulement pendant les 24 premières heures suivant le décès. La vitesse de décomposition est très variable ». Le travail du médecin légiste est alors une véritable course à la montre dans le cadre judiciaire. « Plus le temps passe, plus on perd d’éléments pour l’enquête. La date est importante dans les affaires d’homicide ». Afin de déterminer celle-‐ci, le médecin légiste se base sur plusieurs éléments : « la température du tympan et de l’anus, la rigidité cadavérique, la coloration rosé du corps due au sang qui sort des vaisseaux », voire les types d’insectes qui se sont développés sur le cadavre, lorsque le stade de la décomposition est avancé. Des éléments logiques trouvés au domicile de la personne défunte -‐ courrier, portable, date de péremption des aliments -‐ viennent aussi alimenter la base de données pour établir la date du décès. Découper et vider les corps est leur hobby FAUX. Tout en rappelant que son service pratique 350 autopsies* par an, Philippe Cathala tient à préciser. « On peut se détacher du côté visuel, de la pénibilité physique mais on ne peut pas vous dire qu’on n’y repense pas le lendemain ». Il évoque alors les cas de viol sur mineur ou les autopsies de corps d’enfant. Sa manière de relativiser : « Ceux qui sont sur la table, on ne peut plus grand chose pour eux ». Le médecin évoque aussi l’effort de son équipe pour présenter dignement les corps aux familles. « On les reçoit dans des salles de présentation. Découpés intégralement, les corps sont reconstitués de la manière la plus décente possible et arrangés avant d’être vu ». Quelques heures plus tard, Philippe Cathala doit autopsier le corps du deuxième petit garçon décédé, suite au drame qui s’est produit sur les bords de la Lergue à Ceyras, ce dimanche 4 mai. L’enfant de 9 ans, enseveli par plusieurs mètres cubes de terre, n’a malheureusement pas survécu. Caroline MALCZUK * L’autopsie consiste à vider le corps de ses organes un à un. Analysés au microscope, elle permet d’en tirer des informations, celles-‐ci qui détermineront les causes de la mort de la victime.