L'engagement religieux dans les politiques de la planification ...

1 oct. 2015 - Voir Annexe 1 pour la terminologie appliquée aux différentes méthodes de la ..... Biosocial Science, 32(4), 513-526. (2000). 9. Ibid. 10. Ibid. 11.
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L’engagement religieux dans les politiques de la planification familiale Une expérience dans six pays majoritairement musulmans Katherine Marshall

Octobre 2015

Liste des Abréviations

Copyright © octobre 2015 World Faiths Development Dialogue (WFDD). Tous droits réservés. Conception : Sensical Design & Communication Photo de couverture : Al Hadji Sene Calligraphie de dos de couverture : Mahmoud Elalamy

AMPF Association Marocaine de Planification Familiale (Maroc) ASBEF Association Sénégalaise pour le Bien-Être Familial (Sénégal) BKKBN Conseil de coordination national de planification familiale (Indonésie) CIPD Conférence internationale sur la population et le développement DIU Dispositifs intra-utérins DW Dharma Wanita (Indonésie) EDS Enquêtes Démographiques et Sanitaires FALAH Family Advancement for Life and Health (la Promotion de la famille pour la vie et la santé) FNUAP Fonds des Nations unies pour la population IEC Information, education et communication ISSU Initiative Sénégalaise de Santé Urbaine (Sénégal) MUI Majelis Ulama Indonesia NU Nahdlatul Ulama (Indonésie) OMS Organisation Mondiale de la Santé ONG Organisations non gouvernementales PF Planification familiale PKB Partai Kebangkitan Bangsa (Indonésie) PKK Pemberdayaan Kesejahteraan Keluarga (Indonésie) PNPF Programme national de la planification familiale (Maroc) ROM Rabita Mohammedia des Oulémas (Morocco) SU Santé Universelle TFT Taux de fécondité total TMM5 Taux de mortalité des moins de 5 ans TPC Taux de prévalence contraceptive USAID United States Agency for International Development VDMS Visites à domicile de motivation systématique (Maroc)

Table des Matières

Avant-propos 

 2

Préface 

 3

1.

Comparaison des indicateurs : Le Bangladesh, l’Indonésie, l’Iran, le Maroc, le Pakistan et le Sénégal avec la Tunisie et le Suède comme comparateurs 

 4

2. L’Islam et la planification familiale : Consensus et débats 

 7

3. Etudes de cas des pays Le Bangladesh : Politiques de planification familiale de 1975 à 2015 

 9

L’Indonésie : Progrès spectaculaire, stagnation, ensuite nouvelle priorité à la planification familiale de 1965 à 2015 

 14

La République Islamique de l’Iran : Les politiques de planification familiale de 1967 à 2015 

 21

Le Maroc : Planification familiale et les approches de santé reproductive de 1965 à 2015 

 28

Le Pakistan : Essais et erreurs dans la politique de la planification familiale de 1960 à 2015 

 32

Le Sénégal : Revitalisation des politiques de la planification familiale de 1980 à 2015 

 36

4. Perspectives 

 42

Annexe 1 : Mots clés 

 44

Annexe 2 : Versets du Coran et des Hadiths auxquels on réfère en relation à la planification familiale 

 46

Liste des références 

 48

WORLD FAITHS DEVELOPMENT DIALOGUE

1

Avant-propos

C

ela n’est pas une coïncidence que parmi toutes les agences de développement au sein des Nations unies, le Fonds des Nations unies pour la Population (FNUAP) s’est concentré plus profondément et plus longtemps sur les rôles et les acteurs religieux que les autres. Son but est de « Créer un monde ou chaque grossesse est voulue, chaque naissance est sans danger, le potentiel de chaque jeune est rempli. » Pour accomplir cela, le FNUAP travaille pour assurer que tout le monde, surtout les femmes et les jeunes, sont capables d’accéder à un service sanitaire sexuel et reproductif de qualité, y compris la planification familiale, pour qu’ils puissent être informés et prendre leurs décisions volontairement sur leurs vies sexuelles. Le mandat du FNUAP, mis en place par le Conseil économique et social des Nations unies en 1973 et confirmé en 1993, est de (1) Bâtir la connaissance et la capacité de répondre aux besoins dans la planification familiale au sein de la population ; (2) De sensibiliser les pays développés ou en voie de développement sur les problèmes de la population et des stratégies possibles pour les éradiquer ; (3) De faire face aux problèmes de population dans la forme la plus adéquate selon le pays spécifique ; (4) D’agir comme guide dans les Nations unies afin de faire connaitre les programmes de la population, et de coordonner les projets soutenus par le Fonds. A la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD : Caire, 1994) ces idées ont été approfondies pour souligner les dimensions du genre et des droits de l’homme. Le FNUAP a eu un rôle de leader pour aider les pays à prendre en charge le Programme d’Action, qui a été adopté par 179 gouvernements. En 2010, l’Assemblée générale des Nations unies a prolongé le CIPD au-delà de 2014, ce qui avait été la date limite du Programme d’action de vingt ans. Le travail du FNUAP est affecté par des décisions prises par des couples, orientées par le contexte culturel, social et communautaire ainsi que leurs conditions de vie. Le FNUAP doit être conscient de l’influence de la religion et de la culture. Comment peut la religion influencer ces décisions ? Comment peut-elle influencer le rôle des femmes et comment l’éducation des filles peut influencer la santé des femmes ? Ces problèmes sont pertinents partout, mais ils sont d’intérêt

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particulier dans les communautés pauvres où la santé maternelle et familiale nécessite un engagement créatif et réfléchi par les spécialistes. Les pays majoritairement musulmans sont très divers : géographiquement, culturellement, politiquement, économiquement, linguistiquement et démographiquement. Le rôle du facteur religieux dans le comportement, ainsi que la création des normes, peut être très variée. Chaque pays nécessite une approche spécifique adressée à son histoire, besoins et son contexte. Plusieurs pays s’inspirent des leçons apprises dans d’autres pays. Les interprétations de l’islam dépassent les frontières menant à des pratiques et des enseignements riches à travers le monde musulman. Ce rapport nous offre un trésor d’informations et d’idées sur comment les facteurs religieux et l’influence islamique ont été engagés dans la formulation des politiques de planification familiale. Ce rapport met en évidence les rôles importants des leaders religieux joués dans plusieurs pays et sociétés. Les idées qui y émergent sont importantes pour le travail du FNUAP parce que cela souligne l’importance du contexte et la complexité des facteurs, aussi bien que les dangers d’ignorer les rôles religieux dans la création des attitudes sur la planification familiale. Il n’y a pas qu’un seul modèle : dans chacun de ces six cas, les approches ont été crées en mettant en interaction les circonstances et des personnalités différentes. Le niveau du succès différent dans les six pays partage une leçon commune : une politique efficace de la planification familiale doit prendre la religion en considération, intelligemment, explicitement, continuellement et d’une manière créative. Nous sommes redevables au World Faiths Development Dialogue, ainsi que la Fondation Hewlett pour leur soutien, d’avoir souligné des leçons importantes et d’avoir mis en place une nouvelle direction pour un travail et une recherche futurs.

Azza Karam Conseillère principale, Coordinatrice de la Culture. UN Inter-Agency Task Force on Religion and Development (Groupe de travail inter-agences sur la religion et le développement des Nations unies) Fonds des Nations unies pour la population / FNUAP

L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE

Préface

L

es décisions sur la planification familiale sont des choix intimes reflétant l’influence de plusieurs facteurs : les attentes et les espoirs formés par la culture et les circonstances familiales, économiques et sociales ; l’accès à l’information et les moyens de contrôler la fécondité ; et les préoccupations de santé. La politique et les programmes gouvernementaux, ainsi que des normes et des priorités internationales en pleine évolution, affectent l’offre et la demande de planification familiale. Le rôle des croyances et communautés religieuses sur les plans familial, social et individuel peut être significatif, encourageant des actions positives ou décourageant certaines formes de contraception. Cependant, les conséquences de ces rôles peut être difficile à déterminer et varient fortement selon la localité et les traditions religieuses. Comprendre comment les gouvernements prennent les attitudes religieuses en considération est un facteur important dans l’évaluation des approches variées de la planification familiale. Le World Faiths Development Dialogue (WFDD), dans le cadre de son travail sur les dimensions religieuses du développement, a entrepris des recherches sur les politiques partout dans le monde, comprenant toutes les traditions religieuses et, bien sûr, l’islam. La planification est l’un des enjeux sur lequel le WFDD a fait une analyse approfondie (Voir Faith and International Family Planning (2014))1. Un projet en cours au Sénégal (partie du multipartenaire, Partenariat Ouagadougou, et soutenu par la Fondation William et Flora Hewlett) engage systématiquement les religieux dans les programmes de planification familiale. L’expérience dans des pays à majorité musulmane a une pertinence spéciale sur les réflexions stratégiques sur l’engagement religieux dans l’Afrique de l’ouest. Ce rapport reflète une partie de ce travail, qui inclut une visite au Maroc par des chefs religieux sénégalais. L’attente est que les chefs sénégalais—publiques et privés, religieux et laïques—utiliseront cette information dans les efforts en cours à développer des programmes adaptés au contexte sénégalais. Ce rapport contient une série de courts récits sur les programmes de la planification familiale dans six pays différents à majorité musulmane : l’Indonésie, le Bangladesh, le Pakistan,

l’Iran, le Maroc et le Sénégal. Ces pays ont été choisis en tenant en compte des séries de circonstances différentes et de l’effort par le gouvernement et d’autres chefs pour engager les communautés religieuses. Ce rapport vise à servir comme de référence dans le contexte sénégalais, mais il est aussi pertinent pour une audience plus large puisqu’il comble des lacunes dans la connaissance en focalisant une attention explicite sur l’engagement des religieux dans les stratégies et les programmes de la planification familiale. Le récit de chaque pays souligne les approches du gouvernement, le rôle des ONG et le rôle des chefs religieux. Nous espérons que ce rapport va informer les personnes intéressées sur les liens entre la religion et le développement, surtout dans le contexte de la planification familiale, et encourager la conversation et la recherche. Ce rapport est basé sur les informations tirées des études académiques publiées, des rapports gouvernementaux et des ONG, des articles ainsi qu’un nombre limité d’interviews avec des praticiens. Dans le cas du Maroc et du Sénégal, il est basé sur une recherche et discussion du WFDD récente. Katherine Zuk, une collaboratrice du WFDD, a entrepris une recherche initiale, travaillant sous l’orientation de Crystal Corman, gestionnaire de programmes du WFDD. Lindsay Horikoshi, étudiante à l’Université de Georgetown, a fourni un soutien de recherche précieux. Lauren Herzog, coordinatrice du programme au WFDD, est notre coauteur avec la section sénégalaise. J’ai supervisé le processus, et j’ai édité et finalisé le rapport. Les commentaires de Douglas Huber, Ray Martin, Nancy Smith-Hefner, et Lauren Van Enk sont vivement appréciés.

Katherine Marshall Directrice Exécutive, World Faiths Development Dialogue Octobre 2015 Note de bas de page 1.

“Faith and International Family Planning.” Le World Faiths Development Dialogue. Février 2014. http://repository. berkleycenter.georgetown.edu/140201WFDDFaithand InternationalFamilyPlanningReport.pdf

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3

Comparaison des indicateurs Le Bangladesh, l’Indonésie, l’Iran, le Maroc, le Pakistan, et le Sénégal avec la Tunisie et le Suède comme comparateurs

Figure 1 : Population des pays étudiés, en millions 300

Indonésie Bangladesh Maroc

Pakistan Iran Sénégal

Figure 2 : Population des pays comparatifs, en millions Senegal

Suède

Tunisie

10 Morocco

200

Tunisia Sweden

Iran Bangladesh 6 Pakistan

100

Indonesia 2

1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s

1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s

Figure 3 : Taux de croissance de la population des pays étudiés (pourcentages annuels)

Figure 4 : Taux de croissance de la population des pays comparatifs (pourcentages annuels)

5%

Indonésie Iran

Pakistan Maroc

Bangladesh Sénégal

3%

5%

Senegal

Suède

Tunisie

Morocco Iran

3%

Bangladesh Pakistan 1%

1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s

4

Indonesia 1%

1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s

L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE

Tunisia Sweden

Figure 5 : Densité de la population des pays étudiés (personnes par km carré) 1500 1200

Indonésie Bangladesh Maroc

Figure 6 : Densité de la population des pays comparatifs (personnes par km carré) 80

Pakistan Iran Sénégal

Senegal

Suède

Tunisia

Tunisie

Sweden

Morocco 60

Iran

900

40 Bangladesh 600

Pakistan 20

Indonesia

300

1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s

1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s

Figure 7 : Taux de fécondité des pays étudiés (nombre d’enfants par femme)

Figure 8 : Taux de fécondité des pays comparatifs (nombre d’enfants par femme) 8

8

Senegal

Tunisia

Morocco

Sweden

6

6

Iran 4 Bangladesh

4

Pakistan 2

2 Indonésie Iran

Pakistan Maroc

Bangladesh Sénégal

1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s

Indonesia Suède

Tunisie

1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s

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5

Figure 9 : Population âgée entre 0–14 dans les pays étudiés (pourcentage du total) 50%

Figure 10 : Population âgée entre 0–14 dans les pays comparatifs (pourcentage du total) 50%

Senegal

Tunisia

Morocco

Sweden

Iran

30%

30%

Bangladesh Pakistan 10%

Indonésie Iran

Pakistan Maroc

Bangladesh Sénégal

Indonesia 10% Suède

Tunisie

1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s

1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s

Figure 11 : Population âgée entre 15–24 dans les pays étudiés (pourcentage du total)

Figure 12 : Population âgée entre 15–24 dans les pays comparatifs (pourcentage du total)

30%

30%

20%

Senegal

Tunisia

Morocco

Sweden

20% Iran

Bangladesh Pakistan 10%

10% Indonésie Iran

Pakistan Maroc

Bangladesh Sénégal

1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s

6

Indonesia Suède

Tunisie

1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s

L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE

L’islam et la planification familiale Consensus et débats

L

a planification familiale est un concept et pratique anciens au sein des communautés et familles musulmanes (comme le cas de tout le monde). C’est aussi un long sujet de discussion par les savants islamiques et les chefs religieux (cependant, trouver des publications historiques et des publications récentes peut être un peu difficile). Les compréhensions contemporaines sont partiellement le résultat des changements démographiques résultant de l’augmentation de l’espérance de vie, la diminution des décès d’enfants, des nouvelles études et tendances démographiques. Il y a une reconnaissance croissante au sein des gouvernements et des savants islamiques que la croissance rapide de la population facilitée par la médicine moderne use des ressources et menace les normes de vie. Les risques de santé pour les mères, les enfants et les familles, des naissances rapprochées et les grossesses précoces (par des femmes très jeunes) sont de plus en plus reconnus. Un nouveau facteur relatif est une concentration internationale sur les bénéfices du dividende démographique, ce qui est un encouragement pour les prospects de la croissance et la société plus généralement qui accompagne la période durant laquelle la mortalité diminue tout comme la fécondité1. Entre les savants et les juristes de l’islam, les débats sur la planification familiale sont généralement cadrés dans les enseignements de base de l’islam qui ont un rapport avec les politiques. Les préceptes majeurs du Coran qui sont cités dans le concept de l’islam étant une religion d’aisance et non de difficulté, de modération et de qualité2, avoir une famille ne doit surtout pas être un fardeau et la taille d’une famille ne doit pas compromettre la qualité de la vie3. Ces concepts basiques sont appliqués dans différentes communautés musulmanes, y compris des communautés sunnites et chiites aussi bien que par des savants respectés.

Les débats au sein des savants de l’islam spécifiquement sur la planification familiale ont une tendance à se concentrer sur des interprétations variées du Coran et de la Sunna, et d’une compréhension des principes basiques de l’islam. Chacune des écoles majeures de pensée de l’islam a produit des opinions sur ces problèmes. Le consensus large est que la planification familiale est permise dans l’islam. Chaque opinion, cependant, est nuancée et explore les légalités de problèmes spécifiques qui incluent des méthodes traditionnelles, modernes4 et permanentes5 de la planification familiale. Malgré un consensus large que les traditions islamiques soutiennent la planification familiale, largement depuis les années 1970, des débats contentieux ont émergé au sein de certaines communautés musulmanes. Dans les débats cultivés, les tensions primaires sont entre ces textes qui encouragent la croissance de la population musulmane et de l’autre part les enseignements coraniques qui mentionnent la qualité de la vie. Le Coran inclut des admonestations que les parents doivent prendre soin de leurs enfants et leur fournir le nécessaire d’une manière égale6. Le prophète a dit trois fois7, « Traitez vos enfants d’une manière égale8. » Alors que cela ne veut pas dire que les familles doivent faire des restrictions sur leurs tailles, cela suggère qu’ils doivent planifier pour leurs enfants, et qu’ils ne doivent pas avoir plus qu’ils ne peuvent se permettre pour garantir un traitement égal. Les juristes contemporains font référence à une tradition qui recommande la séparation des enfants durant leurs sommeils, ce qui n’est faisable qu’avec un nombre limité d’enfants. (Sha’rawi, Tantawi, Abdel-Aziz ‘Iesa) Malgré ces enseignements, perceptions que l’islam globalement oppose ou qu’il n’est pas encourageant envers la planification familiale sont très répandues et impliquent des

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Encadré 1: Justifications pour la planification familiale acceptées par les juristes9 La planification familiale est permise afin de: 1.

Eviter les risques de santé pour un bébé en cours d’allaitement du lait « changé » (diminué ou stoppé) de la mère enceinte (Ibn Hajar)

2. Eviter les risques de santé pour une mère à cause des grossesses multiples, courts intervalles, ou un jeune âge (Abdel Aziz ‘Iesa) 3. Eviter la grossesse d’une femme déjà malade (Sayyid Sabiq) 4. Eviter la transmission des maladies de parents déjà malades (Shaltout) 5. Préserver la beauté de la femme et sa condition physique, pour le plaisir de son mari et une vie matrimoniale plus saine et aussi pour préserver la loyauté de son mari (al-Ghazali)

savants, des clercs et des adeptes dans plusieurs régions du monde. S’opposer à ou hésiter envers la planification familiale est partagé avec plusieurs sociétés traditionnellement conservatrices, avec des différentes traditions religieuses. De même, le soutien envers la planification familiale est trouvé au sein de différentes sociétés et traditions religieuses. Les rôles de la culture contre les enseignements et les croyances religieuses peuvent être difficiles à distinguer. Il faut souligner que, cependant, l’encouragement et le refus de la planification familiale venant des enseignements religieux, avec une analyse plus profonde, peuvent être expliqués avec plus de précision par les traditions culturelles que par les enseignements religieux, ou par la combinaison des deux.

Notes de bas de page 1.

2.

8

Deux descriptions de ce phénomène peuvent être trouvées au Fonds des Nations unies pour la population et le Fonds Monétaire International respectivement: http://www.unfpa. org/demographic-dividend et http://www.imf.org/external/ pubs/ft/fandd/2006/09/basics.htm Abdel Rahim Omran. “Family Planning in the Legacy of Islam.” Fonds des Nations unies pour la population.

6. Eviter les problèmes économiques de prendre soin d’une famille plus large, ce qui peut forcer les parents à se tourner vers des moyens illégaux pour subventionner les besoins de la famille; ou trop se fatiguer pour survivre (al-Ghazali) 7. Permettre l’éducation, un élevage propre et un enseignement religieux des enfants ce qui est plus faisable avec une petite famille qu’avec une grande famille (Tantawi) 8. Eviter que les enfants se convertissent de l’islam en territoire ennemi (Hanafites, Hanbalites) 9. Eviter de donner naissance à des enfants en période de déclin religieux (Hanafites)

3. 4. 5. 6. 7. 8. 9.

Routledge: New York, 1992; Farzaneh Roudi-Fahimi. “Islam and Family Planning.” Population Reference Bureau (2004); et Ra’ufa Sherry Tuell. Islamic Approaches to Patient Care: Muslim Beliefs and Healthcare Practices for Caregivers. Beltsville: Amana, 2011. Voir Annexe 2 pour voir les Versets du Coran et les Hadiths sur les préceptes de l’Islam Permanent ici fait référence à la stérilisation Voir Annexe 1 pour la terminologie appliquée aux différentes méthodes de la planification familiale Voir Annexe 2 pour voir les Versets du Coran et les Hadiths sur les préceptes de l’Islam Le fait de le répéter trois fois en fait un devoir (wujub) Aliah Schleifer. Motherhood in Islam. Islamic Texts Society: Louisville, 1986. Abdel Rahim Omran.“Family Planning in the Legacy of Islam.” Fonds des Nations unies pour la population. Routledge: New York, 1992; Farzaneh Roudi-Fahimi. “Islam and Family Planning.” Population Reference Bureau (2004); et Ra’ufa Sherry Tuell. Islamic Approaches to Patient Care: Muslim Beliefs and Healthcare Practices for Caregivers. Beltsville: Amana, 2011.

L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE

Le Bangladesh Politiques de planification familiale de 1975 à 2015

L

’expérience du Bangladesh à la planification familiale et le rôle de la politique du gouvernement dans la promotion de la planification familiale sur une longue période sont largement considérés et respectés à l’échelle internationale comme un succès. Les changements dans les pratiques de santé reproductive sont liés à des programmes officiels de planification familiale et d’un appui substantiel de la société civile. Entre 1975 et 2010, le pourcentage de femmes utilisant la contraception a augmenté significativement. Le taux de fécondité a chuté de 6,9 enfants ​​ par femme en 1975 à 2,2 enfants par femme en 2012 ; le taux de la prévalence contraceptive se situait à 61,2 pour cent en 20121. Le succès du Bangladesh est en partie attribuable à son utilisation des médias pour diffuser le message sur les avantages de la planification familiale et la localisation des services de santé aux côtés des cliniques, avec des femmes comme agents de terrain qui étaient responsables de la sensibilisation et du suivi pour les patients. Le gouvernement a également donné la permission de facto pour l’avortement durant le premier trimestre en permettant (une partie du programme de planification familiale depuis 1975) une procédure connue comme régulation menstruelle.2,3 Lié par certains aux réactions à des grossesses généralisées résultant de viols en temps de guerre pendant les luttes pour l’indépendance, le processus permet une certaine marge pour l’avortement, ce qui est illégal. Peu de temps après le Bangladesh est devenu indépendant en 1971, le nouveau gouvernement a décidé de donner une haute priorité à la planification familiale. Il y avait eu une certaine concentration sur la planification familiale plus tôt, quand la nation était une partie du Pakistan, mais quand les deux pays se sont divisés, leurs politiques de population ont

pris deux chemins différents. À la fin des années 1980, le programme de planification familiale du Bangladesh a été bien lancé en montrant des résultats. Les progrès ont été soutenue depuis. Cette histoire est particulièrement remarquable par rapport au Pakistan, compte tenu des relations historiques étroites entre les deux nations. Les rôles joués par les autorités religieuses et l’engagement avec les gouvernements sont des facteurs importants. Le premier Plan quinquennal (1973–1977) du gouvernement du Bangladesh (1973–1977) s’est concentré sur la récupération de la destruction massive des structures et des programmes gouvernementaux suite à la guerre, aggravée par les dégâts du cyclone et il s’est axé sur la reconstruction des agences et des institutions. Le plan a donné la priorité à rétablir le programme de planification familiale. Les raisons comprenaient la conscience de la densité de population très élevée du Bangladesh et une appréciation croissante des liens entre la lutte contre la pauvreté et la grande taille de la famille. Le programme de planification familiale avant l’indépendance a été exécuté par l’intermédiaire du Conseil de la Planification familiale (un organisme indépendant), mais dans le cadre du premier Plan quinquennal, il a été rétabli sous le Ministère de la Santé et de la Planification familiale. L’objectif était une approche multisectorielle qui distribuerait les responsabilités pertinentes (et multiples) pour la planification familiale pour huit ministères différents. Le nouveau programme a été entièrement fonctionnel à partir de 1975. Bien que cette approche multisectorielle ait été conçue pour élargir le soutien, il a également posé des problèmes de coordination. La progression a été ralentie par la répartition des responsabilités et le budget de plusieurs ministères. L’application

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Figure 13 : Taux de croissance de la population au Bangladesh (pourcentages annuels) 3%

2%

1%

1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s

Encadré 2 : La chronologie du Bangladesh 1947 : Partition de l’Inde et le Pakistan : le Pakistan oriental fait partie du Pakistan. Propagation de violence et de dislocation des populations Pré-1971 : La santé et les politiques de la population fonctionnaient en tant qu’une partie du Pakistan 1971 : Un cyclone massif et guerre d’indépendance. Propagation de violence y compris le viol comme arme de guerre. 1972 : Le Bangladesh devient indépendant 1975 : Le programme de planification familiale est établi au sein du Ministère de la santé.

Figure 14 : Taux de fécondité total au Bangladesh (nombre d’enfants par femme) 8

6

4

2

1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s

significative des méthodes de planification familiale n’a pas été vue jusqu’à la fin des années 1980. Le message de base que le gouvernement et ses alliés utilisaient pour soutenir la planification familiale était qu’il a donné aux femmes une plus grande liberté ce qui va bénéficier à la société : si les femmes pouvaient prendre des décisions sur la planification familiale, elles auraient alors plus de pouvoir de décision dans la famille et pourraient contribuer davantage à la communauté4. Le gouvernement a également lancé un programme qui offrait « des alternatives à la procréation »

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1985 : Publication par la fondation islamique l’Islam et la famille (Islam and the Family) indiquant son soutien à la planification familiale. Les années 1990 : De l’opposition religieuse de groupes bengalis, liée à la polarisation religieuse et la croissance d’éléments extrémistes. Compris comme étant motivée politiquement; y inclus des attaques contre les cliniques. 2010: Les programmes de planification familiale bien établis, un engagement régulier des chefs religieux principalement à travers la Fondation islamique.

pour les femmes, principalement en les encourageant à se joindre à des clubs de femmes, coopératives, et des projets de formation professionnelle5. Cette argumentation a été possible à la fois en raison de la large ethos de la pré indépendance du Bangladesh, qui a favorisé de nouvelles initiatives, et par le contexte religieux et culturel qui a eu sa fierté dans l’ouverture et la tolérance. Dans le décor contemporain, le gouvernement organise des services de planification familiale à travers les cliniques, les services communautaires et les points de vente6. Beaucoup sont gérés par des ONG, y compris des campagnes de

L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE

marketing social. Les services cliniques sont offerts à upazila complexes de santé du gouvernement local (des centres contentant 31 lits qui offrent la stérilisation et la pose du DIU dans le cadre de leurs services) ou de centres de bien-être santé et famille au niveau local (qui ont souvent un assistant médical et une assistante de bien-être de la famille, qui insère le DIU et

assure le suivi auprès des patientes). L’accent significatif sur les services au niveau communautaire et l’attention constante sur le développement de services pareils (par les deux partenaires gouvernementaux et non gouvernementaux) est un facteur important expliquant le succès du programme. Au niveau de la communauté, les travailleurs féminins distribuent le plus

Encadré 3 : Mettre en avant le programme de la planification familiale en Bangladesh 1.

Le programme de planification familiale en Bangladesh a été intégré au Ministère de la santé et a été adopté en tant que programme de santé, noté en tant qu’agenda de politique séparée. Cela a rationalisé le processus bureaucratique mais a donné aussi une légitimité au programme.

2. Les problèmes de la planification familiale ont fait l’objet de vifs débats entre les experts et les chefs politiques, et ils ont aussi fait l’objet de débats publics sur des dimensions variées de la planification familiale sur différentes phases. En général, ces débats ont entrainé une meilleure conscience de la part de la population sur ces problèmes et ils ont contribué ultimement à forcer l’acception dans la société. 3. Des partenariats forts ont été établis avec des organisations non gouvernementales parce qu’ils étaient au premier plan dans l’établissement de stratégies pour implanter le programme de planification familiale. Un large encouragement des partenaires et de la communauté internationale (par exemple, la Banque Mondiale, UNFPA, USAID, etc.) était un facteur clef dans le soutien des programmes et leurs résultats. 4. Le gouvernement a encouragé « des alternatives à donner naissance7 », comme les clubs de femmes, coopératives, et des programmes de formations professionnelles, ce qui a donné aux femmes des activités possibles à suivre, pour au moins, retarder la grossesse. La croissance rapide

de l’industrie des vêtements qui a embauché plusieurs femmes a joué un rôle. Les femmes qui ont participé aux alternatives de la grossesse ont généralement un taux de contraception plus élevé que la moyenne nationale. 5. Le succès du programme de la planification familiale est dû en grande partie à l’efficacité de l’utilisation des mass médias pour propager les messages concernant les bénéfices de la planification familiale et des problèmes pratiques comme la localisation des services de santé aux cotés des cliniques, avec des femmes employés sur le terrain responsable de sensibiliser et de faire le suivi avec les patientes. 6. Le gouvernement a inclus les chefs religieux comme une partie intégrale de la discussion et l’implantation des initiatives de la planification familiale. Les chefs religieux ont eu aussi une exposition substantielle aux pensées progressistes des mullahs et des imams indonésiens à travers les voyages éducatifs auparavant en dans le programme de Bangladesh (les Bengalis sont allés en Indonésie et vice versa). 7. L’engagement des chefs religieux, même si pas toujours mis en avant comme une mesure clé de réussite, était un facteur important dans le succès à travers ces années. L’absence d’une organisation religieuse opposée durant les premières années critiques a joué un rôle signifiant, si difficile à cerner.

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des fournitures contraceptives et elles servent comme un facteur crucial pour encourager l’utilisation de la contraception chez les couples éligibles. Les ONG ont joué un rôle important dans la distribution de contraceptifs dès le départ. En 1990, l’organe de coordination des organisations non gouvernementales estime que les ONG étaient responsables de servir 20 pour cent des couples qui ont utilisé des méthodes de planification familiale. L’utilisation efficace des médias de masse était un aspect important du programme de planification familiale. Elle a été particulièrement influente dans l’acquisition de nouveaux utilisateurs. Une enquête8 en 2000 a démontré que 47 pour cent des femmes interrogées ont déclaré avoir entendu un message sur la planification familiale à travers la radio, la télévision, les affiches ou les panneaux d’affichages dans le mois précédant l’enquête9. La radio a été la source la plus utilisée durant la compagne d’information ; elle est aussi un outil de communication efficace dans les zones où les femmes ne peuvent pas être alphabétisés ou leurs familles peuvent ne pas être assez riches pour posséder une télévision10. Durant les premières années du programme de planification de la famille, il y avait peu d’opposition religieuse à la planification familiale11. Cependant, le soutien des chefs religieux est venu sous la forme de fatwas, des émissions de radio, de télévision, des éditoriaux, de mobilisation autour de la mosquée, et de collaboration avec le gouvernement. Cependant, l’opposition a émergé, en particulier dans les années 1990. Elle est centrée sur l’idée que la planification familiale était un stratagème imposé par la communauté internationale pour contrôler les pauvres; ces adversaires considèrent la contraception chirurgicale comme étant une castration (une question particulièrement sensible) et trouve les incitations financières comme des pots-de-vin12. Certains groupes islamistes, comme le Jamaat-e-Islami, ont fait valoir qu’ils ne voulaient pas que l’ingérence étrangère dans les affaires internes, et ils ont répondu à l’appel pour un programme de planification familiale en soutenant que la grande taille de la famille n’est pas un problème, en particulier lorsque les enfants indésirables supplémentaires pourrait être redistribués aux familles riches sans enfants13. Ces critiques ont appelé à un État de providence islamique plutôt que d’un nouveau programme de planification familiale.

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Encadré 4 : Paysage religieux de Bangladesh Le Bangladesh a la quatrième plus grande population musulmane dans le monde; environ 90 pour cent de Bangladais sont des adeptes de l’islam sunnite. Les traditions islamiques du Bangladesh sont diverses et ont longtemps été connu pour leur ouverture et le syncrétisme. Il existe de nombreux ordres soufis localisés, ainsi que de petites mais significatives communautés musulmanes ismaïlienne et ahmadie. Des hindous, à 9,1 pour cent de la population nationale, sont la plus grande minorité religieuse de Bangladesh. Les communautés bouddhistes sont concentrées principalement dans la région de Chittagong, constituant un autre 0,5 pour cent. Les chrétiens de toute une gamme de dénominations représentent 0,2 pour cent de la population et vivent dans tout le pays. Les animistes, les bahaïs, les sikhs et les jaïns ont également une présence au Bangladesh, bien qu’en petites communautés.

Le programme du gouvernement n’a pas répondu directement, essentiellement en ignorant l’opposition. Cependant, les dirigeants responsables du programme ont reconnu l’importance des chefs religieux, et ont décidé de participer activement avec eux. Ils ont mobilisé les dirigeants et les organisations religieuses afin d’éduquer leurs communautés sur les vues islamiques de la planification familiale14. Le département de la planification familiale du gouvernement a travaillé avec les chefs religieux pour élaborer des messages de planification familiale basée sur les enseignements religieux15. Les chefs religieux locaux, ou maulvis, ont utilisé la radio et les journaux pour soutenir les programmes de planification familiale comme étant un principe de l’islam16. Le gouvernement a appuyé la Fondation Islamique, une organisation gérée par l’Etat, mais relativement autonome, à former des imams rurales sur le développement social et économique dans un cadre islamique. Parmi leurs activités était une publication en 1985 intitulée « l’Islam et la famille » (Islam and the family).

L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE

Plusieurs ONG ont complété ces initiatives gouvernementales et centré leur travail autour de la mosquée. Ils comprenaient Bangladesh Masjid Samaj et la mosquée Mission de Bangladesh17. Ces organisations se sont concentrées sur le rôle social et religieux des mosquées comme paramètres efficaces pour la formation des imams sur le développement économique et social, y compris la planification familiale. La planification familiale et la contraception sont maintenant généralement acceptées dans la société du Bangladesh. Le soutien à la planification familiale fait partie du vaste changement de la société vers l’égalité des sexes18. La stratégie de planification familiale a fixé des objectifs réalistes et le programme a réussi à réduire les taux de fécondité, à augmenter l’utilisation des contraceptifs, et les attitudes sont en train de changer de sorte que la planification familiale est (généralement) considérée comme bénéfique. L’inclusion des chefs religieux dans la mise en œuvre du programme et dans les discussions autour de la permission des pratiques spécifiques dans le contexte des croyances religieuses de la société explique en mesure significative son succès. Le Bangladesh représente ainsi une réussite parmi les pays à majorité musulmane pour ses approches de la planification familiale.

Notes de bas de page 1.

2.

3.

Nations unies. “2015 Revision of World Population Prospects.” 2015. United Nations Department of Economic and Social Affairs, Population Division, Population Estimates and Projections Section http://esa.un.org/unpd/ wpp/index.htm Guttmacher Institute, “Menstrual Regulation and Induced Abortion in Bangladesh,” septembre 2012 https://www. guttmacher.org/pubs/FB-Bangladesh-MR.html Ruth Dixon-Mueller, “Innovations in Reproductive Health Care: Menstrual Regulation Policies and Programs in Bangladesh”, Studies in Family Planning, Vol. 19, No. 3 (mai– juin, 1988), pp. 129–140

4.

Rahnuma Shehabuddin. “Encounters with the State: Gender and Islam in Rural Bangladesh.” 2000. Ph.D. Dissertation, Princeton University. 5. Ibid. 6. Ann Larson and S. N. Mitra. “Family Planning in Bangladesh: An Unlikely Success Story.” International Family Planning Perspectives, 18:4 (1992) 7. Rahnuma Shehabuddin. “Encounters with the State: Gender and Islam in Rural Bangladesh.” 2000. Ph.D. Dissertation, Princeton University. 8. M. M. Islam et A. H. M. S. Hasan “Mass media exposure and its impact on family planning in Bangladesh.” Journal of Biosocial Science, 32(4), 513-526. (2000). 9. Ibid. 10. Ibid. 11. David Lewis. Bangladesh: Politics, Economy, and Civil Society. Cambridge University Press: Cambridge. 2011. 12. Warren C Robinson. “Family Planning Programs and Policies in Bangladesh and Pakistan.” Dans The Global Family Planning Revolution: Three Decades of Population Policies and Programs, Warren C. Robinson and John A. Ross, eds. La Banque Mondiale : Washington, D.C. 2007. 13. Rahnuma Shehabuddin. “Encounters with the State: Gender and Islam in Rural Bangladesh.” 2000. Ph.D. Dissertation, Princeton University. 14. Babar Tasneem Shaikh, Syed Khurram Azmat et Arslan Mazhar. “Family Planning and Contraception in Islamic Countries: A Critical Review of the Literature.” The Journal of Pakistan Medical Association 64(4 Suppl 3): S67-72. Avril 2013. 15. David Lewis. Bangladesh: Politics, Economy, and Civil Society. Cambridge University Press: Cambridge. 2011. 16. Constanze Weigl. “Reproductive Health Behavior and Decision-Making of Muslim Women: An ethnographic study in a low-income community in urban North India.” 2007. Lit Verlag: Munster. 17. Rahnuma Shehabuddin. “Encounters with the State: Gender and Islam in Rural Bangladesh.” 2000. Ph.D. Dissertation, Princeton University. 18. David Lewis. Bangladesh: Politics, Economy, and Civil Society. Cambridge University Press: Cambridge. 2011.

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L’Indonésie Progrès spectaculaire, stagnation, ensuite nouvelle priorité à la planification familiale de 1965 à 2015

L

es programmes audacieux de planification familiale nationale en Indonésie ont été lancés en 1965 et ont été poursuivis depuis, continuant ainsi pendant cinq décennies. L’élan initial pour le programme de planification familiale du gouvernement était préoccupé par la croissance rapide de la population et surtout l’impact sur les jeunes et l’impact social de la pyramide des âges. La population totale de l’Indonésie a augmenté, passant de 87,8 millions en 1960 à 100,300 millions en 1965 à un taux de 2,7 pour cent, avec une estimation que 59,4 pour cent de la population 1965

Encadré 5 : Paysage religieux de l’Indonésie L’Indonésie possède la plus grande population musulmane du monde. Elle est caractérisée par sa diversité considérable comme c’est le cas du paysage religieux de l’Indonésie plus largement. De la population totale estimée à 297 millions en 2014, quelques 88 pour cent sont musulmans1, suivis par les chrétiens (distingués entre catholiques et protestants), les hindous, les bouddhistes et les confucianistes ; ils constituent les six religions officiellement reconnues. La constitution de l’Indonésie se définit comme un État laïque et garantit la liberté religieuse. Le concept de Pancasila est fondamental et se réfère à la croyance en un dieu. Tandis que l’Indonésie est connue pour son harmonie religieuse, les tensions religieuses dans certaines parties de ce pays très diversifié sont signifiantes.

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est sous l’âge de 24 ans2. Le programme de l’Indonésie est respectable aussi bien pour son succès des résultats visant la baisse de la fécondité ainsi qu’ une large acceptation de la planification familiale parmi la population en Indonésie, et encore pour ses partenariats actifs et efficaces avec les institutions religieuses, en particulier les grandes organisations musulmanes Nahdlatul Ulama (NU), Muhammadiyah, et le Conseil indonésien des oulémas (voir encadrés) : quelques 75 pour cent des Indonésiens s’identifient avec NU ou Muhammadiyah. Ils ont des partenaires hautement influant pour le gouvernement et le programme3. Des organisations religieuses de femmes, généralement dans des organisations encore plus larges, ont joué des rôles importants dans l’obtention et le maintien d’un soutien religieux pour la planification familiale. Les partenariats avec les organisations musulmanes, ainsi que les institutions d’autres traditions religieuses, étaient le fruit de consultations avec des personnalités religieuses qui étaient délibérées dès le début : président Suharto, dont le leadership personnel a joué un rôle central, est dit d’avoir consulté de hauts chefs religieux au début de la planification à la recherche de leurs points de vues sur la façon d’aborder et de communiquer sur la planification familiale. Le programme de planification familiale en Indonésie a fait face à deux défis importants au fil des ans : (1) le soutien et l’avancement des objectifs nationaux pendant une époque dans laquelle la décentralisation a transformé la politique et les institutions, et (2) la définition et la mise en œuvre des rôles des acteurs publiques et privés dans la planification familiale. Les deux font actuellement l’objet de vifs débats.

L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE

Figure 15 : Taux de croissance de la population en Indonésie (pourcentages annuels) 3%

2%

1%

Encadré 6 : La chronologie de l’Indonésie 1965 : La planification commence pour le programme national de planification familiale, mené par le Président Suharto 1967 : Un atelier organisé avec des représentants du gouvernement et des dirigeants religieux sur la planification familiale encourage son acceptation à travers les principales traditions en Indonésie 1967 : Lancement du programme national de planification familiale pilote à Jakarta

1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s

Figure 16 : Taux de fécondité total en Indonésie (nombre d’enfants par femme)

1968 : Le gouvernement publie « L’opinion des religions sur la planification familiale » 1968 : Etablissement de l’Institut national de la planification familiale

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1969 : Nahdlatul Ulama (NU) publie une fatwa encourageant le programme national de la planification familiale

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1971 : Muhammadiyah publie une fatwa affirmant que les contraceptifs pour la planification familiale sont permis

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1987 : Le gouvernement lance l’initiative KB Mandiri pour privatiser la provision des contraceptifs

1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s

Les premiers pas Le programme de planification familiale nationale a commencé en 1967 avec un pilote à Jakarta et a été lancé à l’échelle nationale peu de temps après. Le Conseil de coordination national de planification familiale (BKKBN) a été créé pour assurer le leadership et la surveillance. Le gouvernement a apprécié au départ qu’il fallait impliquer les leaders religieux dans le processus. Le président Suharto a contacté l’un des principaux personnages religieux, le Dr Idham Chalid4, qui a dirigé un atelier en 1967 qui a recherché les avis des représentants religieux

1990 : Des organisations musulmanes majeures approuvent publiquement le programme national de la planification familiale 1999 : Les réformes de la décentralisation nationale défient la priorité de la planification familiale 2007 : De nouvelles directives sur la santé reproductive publiées par le BKKBN en collaboration avec des organisations musulmanes. 2014 : Le gouvernement rétablit un soutien financier pour le programme national de planification familiale et lance un programme sanitaire universel

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sur la planification familiale5. Divers comités ont réuni des représentants du gouvernement et des chefs religieux des grandes traditions en Indonésie—musulmane, chrétienne et hindoue—ce qui a abouti à une brochure intitulée « L’opinion des religions sur la planification familiale6. » Haryono Suyono, le chef adjoint du BKKBN, a rassemblé des renseignements sur les points de vue des chefs religieux sur la planification familiale avec l’objectif de minimiser toute attaque potentielle alors que le programme a été lancé et élargi7. Le BKKBN avait une structure très organisée et hiérarchisée, en commençant par le quartier général supervisant les bureaux provinciaux avec les chefs de districts, les agents de terrain locaux et les superviseurs de terrain. Les agents de terrain se sont engagés avec les femmes, les jeunes, les groupes religieux, les écoles et les employeurs sur la planification familiale. Comme les agents de terrain ont approché un utilisateur potentiel de contraception, les chefs religieux de temps en temps les ont accompagnés afin de fournir des directives supplémentaires et du soutien. Le programme du gouvernement a insisté sur l’idée de « une famille petite mais prospère » et les « familles de qualité » qui étaient capables d’éduquer leurs enfants. Le programme de planification familiale a été entendu comme étant étroitement liée à l’expansion des écoles, publiques et religieuses, et de la formation des enseignants. Il s’est transformé en un matériel pédagogique pertinent. Bien que l’idée d’une famille petite mais prospère ait été généralement bien acceptée socialement, le programme de planification familiale avait certains éléments de coercition. Les responsables locaux dans les zones rurales avaient des « quotas » à respecter de nouveaux accepteurs de planification familiale afin de maintenir certains avantages. Il y avait des rapports d’acceptations forcées et de stérilisations forcées dans certaines zones. Une caractéristique distinctive du programme de planification familiale de l’Indonésie a été cette collaboration proactive du gouvernement avec les hauts responsables religieux tout au long du processus. L’objectif était de discerner et agir sur toute opposition aux efforts du gouvernement. Trois organisations musulmanes ont été au centre des efforts de planification de la famille : NU, Muhammadiyah, et le Conseil indonésien des oulémas. NU (voir encadré 7) avait émis une fatwa en 1938 affirmant que la grossesse était une partie naturelle de la vie

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Encadré 7 : Nahdlatul Ulama8 Fondé en 1926 par Hasyim Asy’ari, Nahdlatul Ulama (NU) soutient l’éducation, l’engagement culturel et le développement socio-économique enraciné dans les principes islamiques de la justice, de la diversité et de la tolérance. La plus grande organisation musulmane en Indonésie, le nombre des membres est estimé à 30 millions. Le Partai Kebangkitan Bangsa (Parti national d’éveil, PKB), un parti politique fondé par NU en 1999, est classé quatrième dans le vote populaire lors de cette élection. S’appuyant sur le respect accordé à NU au sein de l’Indonésie, le PKB a contribué à légitimer l’élection à travers leurs réseaux dans les zones rurales afin d’assurer l’éducation des électeurs et le vote équitable. NU est un groupe islamique sunnite conservateur, mais il est aussi un ardent défenseur contre l’islam radical, jugeant que l’Indonésie a besoin de construire une identité nationale qui inclut tous les groupes religieux. NU soutient les hôpitaux et les écoles, à la fois religieuses et laïques, à travers l’Indonésie. Ses deux organisations de femmes sont Fatayat NU et Muslimat NU.

d’une femme; prévention de la grossesse, que ce soit pour une raison spécifique ou non ne pouvait être excusée, et tout médicament qui pourrait prévenir la grossesse a été interdit9. En 1960, NU a déclaré dans une fatwa différente que certaines formes de contrôle des naissances visant à espacer les naissances étaient autorisées, telles que le coït interrompu, la phytothérapie ou la médecine injectable, mais empêcher la grossesse de façon permanente était encore interdit. Après le programme national a été lancé, NU a publié un autre fatwa pour soutenir le programme et l’a justifié par des arguments centrés sur le bien-être de la famille10. Cet engagement a conduit à travailler avec les institutions religieuses de diverses manières dans les écoles, les mosquées, les cercles de prière, les hôpitaux et les réseaux sociaux des organisations islamiques afin de poursuivre le programme tout en fournissant un soutien matériel et des prix récompensant leurs participations11.

L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE

Encadré 8 : Muhammadiyah12 Fondé en 1912 à Yogyakarta, le Muhammadiyah a été principalement inspiré par un mouvement de réforme égyptien dirigé par Muhammad Abduh. Le Muhammadiyah était un groupe réformiste dans ses approches et a plaidé pour l’abolition de toutes les coutumes superstitieuses, principalement des vestiges de l’époque préislamique, et le relâchement des liens traditionnels rigides qui tendaient à étrangler la vie culturelle moderne. Muhammadiyah a établi des écoles selon les principes modernes en enseignant les sciences, les mathématiques, la géographie et les langues ainsi que la religion. Il a mis en place des orphelinats, des hôpitaux et d’autres services sociaux. En 1920, Muhammadiyah était la force dominante dans l’islam indonésien et l’organisation la plus efficace du pays. Ses organisations de femmes internes sont Aisyiyah et Nasyiatul Aisyiyah.

Encadré 9 : Majelis Ulama Indonesia Le Majelis Ulama Indonesia, ou le conseil des oulémas indonésiens (MUI), est le principal organisme religieux musulman et comprend les membres de chacune des organisations musulmanes influentes, y compris Nahdlatul Ulama, Muhammadiyah, Persis, Al-Irsyad, Mujahidin Indonesia, Hizbut Tahrir de l’Indonésie, Forum UlamaUmat l’Islam, et le Front de défense islamique. Le conseil a été fondé en 1975 sous le régime du Nouvel Ordre du président Suharto. Le but de l’organisation était d’émettre des fatwas, ou des avis juridiques islamiques, sur les questions contemporaines.

Muhammadiyah (voir encadré 8) a publié des lignes directrices en 1968 indiquant quels contraceptifs utilisés pour la planification familiale ont été considérés comme admissibles

au sein de la loi islamique, dans des circonstances spécifiques. La contraception était toujours interprétée comme interdite, mais les lignes directrices ont souligné que l’islam conseille aux musulmans de ne pas laisser leurs enfants vivre dans la pauvreté. Concernant la contraception, les lignes directrices l’ont autorisée dans les cas d’urgence suivants : la peur pour la sécurité de l’âme et de la santé de la mère fondée sur l’avis d’un médecin, de peur de maintenir une vie religieuse en raison d’une incapacité à répondre aux besoins de l’enfant, et la peur pour la santé et l’éducation des enfants en raison de l’espacement des naissances insuffisant13. NU et Muhammadiyah ont encadré leur soutien pour la planification familiale en général dans le sens du bien-être de la famille. Leur principale préoccupation était que la mère doit être en bonne santé et que la taille de la famille ne devrait pas entraver de manière significative la qualité de vie des enfants. Les arguments autour du nombre global de la population ont été évités. Malgré le soutien actif des dirigeants religieux suivant l’atelier 1967, il y avait une opposition à différents moments au sein de chacune des principales organisations nationales au programme de planification familiale14. Bien que NU et Muhammadiyah aient émis des fatwas à l’appui du programme, ils ont été divisés en interne sur si les formes de planification familiale étaient permises et même si le programme lui-même est sanctionné par la loi islamique. Certains membres du NU n’ont pas opté à soutenir le programme, ils ont simplement donné leur soutien aux méthodes traditionnelles de planification familiale, alors que MUI a émergé comme un partisan de l’utilisation de méthodes modernes comme le dispositif intra-utérin (DIU)15. Le travail des organisations de femmes au sein de NU (Fatayat NU et Muslimat NU) et les initiatives gouvernementales qui ont encouragé le partenariat sur la promotion de la planification familiale ont contribué à des changements au sein des organisations vers un soutien ouvert au programme global de planification familiale. Muslimat NU, une organisation NU pour les femmes de plus de 40 ans, a opéré à l’échelon national, provincial, de district, et aussi sur les niveaux des sous-districts (Fatayat NU était pour les femmes âgées entre 20–40). Muslimat NU a mis la pression sur le conseil central de NU afin de changer son point de vue sur la planification familiale en

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contestant leur interprétation de la loi islamique et a offert simultanément des contraceptifs aux femmes dans certaines cliniques de santé NU. Le régime de Suharto a offert des incitations sous forme de soutien matériel, tels que du matériel audio-visuel, les machines à écrire et aides à l’apprentissage pour les chefs religieux qui ont promu la planification familiale16. Les autres mouvements de femmes, notamment Autonomisation bien-être familial (Pemberdayaan Kesejahteraan Keluarga, PKK), ont eu une influence significative sur la diffusion et l’acceptation de la planification familiale en Indonésie. Le PKK, une organisation de femmes locales dispersées à travers la campagne, a été dirigée localement par la femme du village ou de la chef régionale. Les femmes ont diffusé des informations à leurs communautés sur les problèmes de la famille, y compris la santé maternelle et infantile, la nutrition, la propreté, la gestion du ménage et la taille de la famille. Le Dharma Wanita (DW), une organisation de femmes parmi les plus hauts niveaux de l’administration, a préconisé l’utilisation de la planification familiale parmi tous ses membres.

Les relations à travers les années Les relations avec les institutions religieuses et les dirigeants ont été dynamiques. Là où il y avait une opposition, le BKKBN a réagi. Par exemple, en 1972, NU a émis une fatwa déclarant que l’utilisation de dispositifs intra-utérins (DIU) n’a pas été autorisé dans l’islam. Avec les DIU comme aspect central du programme de planification de la famille, les fonctionnaires du BKKBN ont rencontré les dirigeants NU pour discuter de leur opposition et ont constaté que l’opposition est centrée sur le souci que les DIU ont causé des avortements et qu’ils ont été insérés par les prestataires de sexe masculin. Le BKKBN a commencé les efforts d’éducation sur les DIU et a atteint un compromis avec NU : que les DIU ne seraient insérés par les prestataires de sexe féminin, ou avec l’accompagnement d’une autre femme ou le mari de la cliente. Cette réponse rapide à la critique religieuse potentielle du programme souligne la nécessité d’être constamment conscient des problèmes potentiels et de les traiter dès qu’ils se présentent. À la fin de la journée, le soutien de NU et Muhammadiyah a incité d’autres chefs religieux à emboîter le pas et de donner leur soutien total au programme du gouvernement. Puisque

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75 pour cent des Indonésiens s’identifient dans ces deux organisations, ils se sont avérés être des partenaires très influents pour le gouvernement et le programme17. Ils ont promu la planification familiale comme une pratique pas contradictoire avec la loi islamique et ont collaboré avec le BKKBN au niveau local. La collaboration a commencé avec l’engagement du BKKBN des chefs religieux des deux organisations afin de désamorcer l’opposition, et a appuyé l’utilisation de leurs documents d’information des organisations sur la planification familiale et l’inclusion de cours sur la planification familiale et de santé génésique dans les écoles religieuses18. La relation entre le BKKBN et les organisations religieuses a continué et a évolué au cours des années. En collaboration avec le Fonds des Nations unies pour la population, le Ministère des Affaires religieuses, MUI, NU et Muhammadiyah, le BKKBN ont publié un manuel en 2007 intitulé « Information sur la santé reproductive, l’éducation et la communication pour les oulémas » (Reproductive Health Information, Education and Communication for Ulemas). Muhammadiyah et le BKKBN ont signé un nouveau contrat en août 2013 pour continuer à améliorer le bien-être familial à travers le programme de planification familiale nationale19.

Changement des approches de la planification familiale Le programme de planification familiale indonésien a changé au fil des années, en réponse à l’expérience acquise et les changements politiques et institutionnels. Le transfert de la responsabilité opérationnelle primaire de la livraison des services de planification familiale du gouvernement au secteur privé est d’une importance particulaire. Au milieu des années 1980, le gouvernement couvrait autant que 90 pour cent des coûts du programme, et le fardeau financier était significativement plus élevé que tout autre programme social20. En 1987, de nombreux services de PF ont été privatisés durant l’initiative du KB Mandiri (la Planification familiale autonome), qui vise à réduire la dépendance aux services de planification familiale fournis par le gouvernement et a cherché à réorienter les services aux fournisseurs de soins de santé privés21. Pendant cette période, les dirigeants et les organisations religieuses ont joué un rôle crucial dans la prestation de services de planification familiale grâce aux

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cliniques de santé qu’ils ont dirigées, en particulier Fatayat NU, Muslimat NU, Muhammadiya, et diverses organisations chrétiennes. En 2005 (l’année la plus récente pour laquelle les données sont disponibles), Muhammadiyah a été le fournisseur de contraceptifs peu coûteux et donc abordables dans plus de 300 de ses centres de santé à travers 23 provinces comme une alternative aux méthodes plus coûteuses disponibles par le biais des réseaux privés22. Ses centres comprennent des hôpitaux, des cliniques régionales et des postes de la communauté. La santé reproductive a disparu de l’ordre des priorités dans l’agenda national après que Suharto a quitté ses fonctions en 1998. Un aspect important du plan Reformasi qui a suivi a été la décentralisation du gouvernement à 550 districts. En pratique, la décentralisation a perturbé les programmes de planification familiale. La budgétisation et la mise en œuvre de la planification familiale ont été décalées du niveau national au niveau du district. Divers indicateurs suggèrent que la planification familiale a atteint une stabilité après 2002, lorsque les données ont montré la prévalence contraceptive positionnée à 57 pour cent et le taux de fécondité oscillant autour de 2,6 enfants par femme. Le taux de fécondité a stagné alors que la population a augmenté de 32 millions de 2000–2010. En février 2014, le gouvernement a annoncé des plans pour réorganiser la campagne nationale de planification familiale. Un objectif est de réduire le taux de fécondité de 2,1 enfants par femme, et donc de limiter la croissance globale de la population23. Bien que la budgétisation et la qualité des soins demeurent la responsabilité des gouvernements de district, le gouvernement central a augmenté le budget pour les programmes de planification familiale presque quadruplé depuis 2006, avec $USD 214 millions dans le financement à partir de 2013. Le gouvernement mettra en œuvre un nouveau programme de soins de santé universel au cours de la période de cinq ans de 2014 jusqu’à 2019. Ce système couvrira la santé sexuelle et reproductive, avec le BKKBN qui fournit les contraceptifs. Dans ce cadre, le gouvernement central a contribué à la formation de médecins et de sages-femmes rurales par l’intermédiaire de messages texte. Il a également convaincu certains religieux musulmans pour encourager les vasectomies24.

Conclusions et leçons principales En bref, au fil des années, les dirigeants religieux et les institutions religieuses ont joué un rôle important en influençant les attitudes du public envers l’utilisation de la planification familiale25. Eddy Hasmi, directeur de la collaboration en matière d’éducation de la population au BKKBN, a déclaré que les chefs religieux sont « un facteur crucial dans le développement de la planification familiale en Indonésie26. » Le programme de planification familiale de l’Indonésie est considéré comme l’un des plus grands succès par des organisations dont le FNUAP, la Banque Mondiale et l’USAID. La perte de l’élan suite à la décentralisation a généré d’importantes réflexions qui mettent en évidence des défis importants. Premièrement, le programme n’a pas été accompagné par une forte campagne médiatique qui a diffusé des messages à travers la télévision, la radio ou les réseaux sociaux27. Deuxièmement, avec la décentralisation du gouvernement, des autorités de niveau des districts ont eu tendance à consacrer la plus haute priorité à rétablir l’équilibre budgétaire et à la sécurité (contrairement aux services sociaux). Préserver les services de santé génésique était rarement dans l’ordre du jour. En outre, la politique locale (influencée en partie par des rôles limités de femmes) ont eu tendance à donner la santé de la famille, y compris la planification familiale, une priorité relativement faible sur les plans leadership et financement. Troisièmement, les services de planification familiale sont devenus de plus en plus privatisés, enlevant la responsabilité du gouvernement et augmentant le coût des contraceptifs pour plusieurs personnes. Notes de bas de page 1. 2.

3.

4.

http://www.pewforum.org/2010/11/04/muslimpopulation-of-indonesia/ Nations unies. “2015 Revision of World Population Prospects.” 2015. United Nations Department of Economic and Social Affairs, Population Division, Population Estimates and Projections Section http://esa.un.org/unpd/ wpp/index.htm Jeremy Menchik. “The Co-Evolution of Sacred and Secular: Islamic law and family planning in Indonesia.” 2014. South East Asia Research 22(3). Abby Seiff. “Indonesia Enlists Religious Leaders to Stop Population Boom.” UCA News. 7 mars 2014. Pris de http://

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www.ucanews.com/news/indonesia-enlists-religious-leadersto-stop-population-boom/70445 5. Jeremy Menchik. “The Co-Evolution of Sacred and Secular: Islamic law and family planning in Indonesia.” 2014. South East Asia Research 22(3). 6. Elizabeth Leahy Madsen. “Indonesia: Pioneering Community Outreach Creates Success Story.” New Security Beat, Woodrow Wilson Center. 31 janvier 2012. Pris de http://www.newsecuritybeat.org/2012/01/buildingcommitment-to-family-planning-indonesia/. 7. Jeremy Menchik. “The Co-Evolution of Sacred and Secular: Islamic law and family planning in Indonesia.” 2014. South East Asia Research 22(3). 8. The Berkley Center for Religion, Peace, and World Affairs. “Nahdlatul Ulama.” Pris de http://berkleycenter.georgetown. edu/organizations/nahdlatul-ulama 9. Jeremy Menchik. “The Co-Evolution of Sacred and Secular: Islamic law and family planning in Indonesia.” 2014. South East Asia Research 22(3). 10. Ibid. 11. Ibid. 12. Encyclopedia Britannica. “Muhammadiyah.” 2015. Encyclopedia Britannica Inc. Pris de http://www.britannica. com/EBchecked/topic/396507/Muhammadiyah 13. Jeremy Menchik. “The Co-Evolution of Sacred and Secular: Islamic law and family planning in Indonesia.” 2014. South East Asia Research 22(3). 14. Martin van Bruinessen. «Indonesia’s ulama and politics: caught between legitimising the status quo and searching for alternatives,» Prisma, The Indonesian Indicator (Jakarta), No. 49 (1990), 52-69. 15. Ibid. 16. Jeremy Menchik. “The Co-Evolution of Sacred and Secular: Islamic law and family planning in Indonesia.” 2014. South East Asia Research 22(3). 17. Jeremy Menchik. “The Co-Evolution of Sacred and Secular: Islamic law and family planning in Indonesia.” 2014. South East Asia Research 22(3). 18. USAID. “Unraveling the Factors Behind the Growth of the Indonesian Family Planning Private Sector.” USAID. 2006. Pris de http://www.shopsproject.org/sites/default/files/ resources/3050_file_Technical_Report_004.pdf

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19. Jakarta Post. “Muslim ulemas to help govt steer family planning.” Jakarta Post. 3 juillet 2007. Pris de http://www. thejakartapost.com/news/2007/07/03/muslim-ulemas-helpgovt-steer-family-planning.html; Jakarta Post. “BKKBN, Muhammadiyah join hands for family planning.” Jakarta Post. 1 août 2013. Pris de http://www.thejakartapost.com/ news/2013/08/01/bkkbn-muhammadiyah-join-handsfamily-planning.html 20. Lucy S. Mize and Bryant Robey. 2006. “A 35 Year Commitment to Family Planning in Indonesia: BKKBN and USAID’s Historic Partnership.” Baltimore: Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health/Center for Communication Programs. 21. USAID. “Unraveling the Factors Behind the Growth of the Indonesian Family Planning Private Sector.” USAID. 2006. Pris de http://www.shopsproject.org/sites/default/files/ resources/3050_file_Technical_Report_004.pdf 22. Jeremy Menchik. “The Co-Evolution of Sacred and Secular: Islamic law and family planning in Indonesia.” 2014. South East Asia Research 22(3). Jakarta Post. “Muhammadiyah, USAID lead campaign to birth control.” Jakarta Post. 12 mai 2006. Pris de http://www.thejakartapost.com/ news/2006/05/12/muhammadiyah-usaid-lead-campaignbirth-control.html 23. Abby Seiff. “Indonesia Enlists Religious Leaders to Stop Population Boom.” UCA News. 7 mars 2014. Pris de http:// www.ucanews.com/news/indonesia-enlists-religious-leadersto-stop-population-boom/70445 24. Shamim Adam, Berni Moestafa et Novrida Manurung. “Indonesia Population Approaching U.S. Revives Birth Control.” Bloomberg. 28 janvier 2014. 25. Ibid. 26. Abby Seiff. “Indonesia Enlists Religious Leaders to Stop Population Boom.” UCA News. 7 mars 2014. Pris de http:// www.ucanews.com/news/indonesia-enlists-religious-leadersto-stop-population-boom/70445 27. Abby Seiff. “Indonesia To Revive National Family Planning Programme.” The Lancet. 22 février 2014. Pris de http:// www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736 (14)60244-0/fulltext

L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE

La République Islamique d’Iran Les politiques de planification familiale de 1967 à 2015

L

a République islamique d’Iran a eu une histoire tumultueuse avec les programmes de planification familiale. Depuis 1967, lorsque le gouvernement a d’abord présenté une initiative visant à réduire le taux de fécondité élevé, il a inversé sa position sur la planification familiale à quatre reprises. Malgré l’incohérence de la rhétorique qui l’entoure, le programme de planification de la famille est considéré comme l’un des cas les plus réussis entre les pays musulmans : le taux de fécondité est passé de 6,91 enfants par femme en 1960 à 1,8 en 2010. Le programme de planification familiale nationale a été introduit à un moment où la population était d’environ 26 millions, avec 60,5 pour cent de cette population sous l’âge de 24 ans, un taux de croissance annuel de la population de 2,61 pour cent, et la moyenne de fécondité est de 6,91 enfants par femme dans les zones urbaines et 8,2 enfants par femme dans les zones rurales1. Le programme iranien se distingue des autres pays à majorité musulmane dans la façon dont les questions religieuses sont institutionnalisés (voir encadré 10). Cela a permis au gouvernement de diffuser facilement le message de programme de planification de la famille à travers ses réseaux religieux centraux, qui ont eu un rôle majeur dans l’élaboration de la conception et de l’impact de la planification familiale. L’autorité du gouvernement a été en mesure d’effectuer des changements considérables dans la politique et de les mettre en œuvre au fil des ans. L’Iran a introduit un programme de planification familiale en 1967 (la Déclaration de Téhéran a soutenu la planification familiale comme un droit humain)2. Le programme a été activement poursuivi pendant une décennie3. Durant cette période, le gouvernement a souligné que la PF joue

un rôle dans la promotion du développement économique ainsi que le bien-être général des familles et de la société4. Le gouvernement du Shah a développé un Haut conseil de la population qui a travaillé sous la direction du ministre de la

Encadré 10 : La République Islamique d’Iran : Quand la religion et le gouvernement ne font qu’un La République islamique d’Iran a été la seule théocratie islamique moderne du monde depuis la révolution de 1979, offrant un cas unique d’intersection entre la religion et la planification familiale. La religion officielle est l’islam chiite duodécimain. Les décrets et les décisions religieuses sont centralisés, et le gouvernement sert comme l’autorité centrale sur les questions religieuses. En conséquence, les programmes de planification familiale ont été facilement institutionnalisés, diffusés aux chefs religieux et mis en œuvre au niveau local, avec une référence explicite à des interprétations religieuses comme principes fondamentaux et avec l’engagement opérationnel direct des autorités religieuses. Environ 90 à 95 pour cent des Iraniens sont des musulmans chiites et cinq à dix pour cent sunnites et /ou soufis. Le reste s’identifie avec les minorités religieuses non islamiques qui incluent les bahaïs, les mandéens, les yarsanis, les zoroastriens, les juifs et les chrétiens.

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Figure 17 : Taux de croissance de la population en Iran (pourcentages annuels) 4% 3% 2% 1%

1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s

Figure 18 : Taux de fécondité total en Iran (nombre d’enfants par femme) 8

6

4

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1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s

santé. Ce conseil se compose de sous-ministres du ministère de l’éducation, du travail, des affaires sociales, de la culture et l’enseignement supérieur, de l’orientation islamique, l’Organisation du budget et de la planification, de la radiodiffusion nationale et de l’Organisation de l’état civil5. La Division de la Population et de la Planification familiale affilée au Ministère de la Santé a fourni des informations dans toutes les cliniques et les centres de santé gouvernementaux, a formé un staff médical et a encouragé l’éducation sur la santé et la recherche.

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Encadré 11 : La chronologie de l’Iran 1967 : Une politique formelle sur la réduction du taux de fécondité élevé est introduite dans la Déclaration de Téhéran 1979 : Les initiatives de planification familiale sont suspendues pour encourager la procréation de « soldats de l’Islam » au cours de la Guerre Iran-Irak 1980-1988 : Des débats publics et privés avec des dirigeants religieux sur la nécessité de rétablir le programme de planification familiale 1989 : Les initiatives de planification familiale sont rétablies 2010 : Le Président Mahmoud Ahmadinejad est revenu à la rhétorique pro-nataliste. Les familles peuvent encore bénéficier de paiements pour chaque nouvel enfant 2012 : Le budget concerné au « Contrôle de la population » du Ministère de la santé a été supprimé pour être redirigé à l’élargissement des familles. 2014 : Le parlement a voté 106 contre 73 pour que la stérilisation soit illégale, passible de cinq ans d’emprisonnement au maximum

Les premiers stades du programme ont montré des réussites et des lacunes. La prévalence contraceptive chez les femmes a augmenté d’approximativement zéro à 37 pour cent, cependant au milieu des années 1970 seulement 24 pour cent de ceux utilisant la planification familiale ont utilisé des méthodes modernes6. Il y avait des tensions au cours de cette période entre les fonctionnaires du gouvernement et les dirigeants religieux sur les implications du programme pour des enjeux sociaux, tels que les droits et la liberté des femmes (le gouvernement a pris une position forte pour les droits de la femme)7. Les chefs religieux ont utilisé les sermons du vendredi pour condamner la planification familiale comme étant un complot impérialiste8.

L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE

La situation a brusquement changé avec la Révolution iranienne (1979) et la Guerre Iran-Irak. Le nouveau gouvernement a suspendu les initiatives de planification familiale entièrement, encourageant les citoyens de procréer des « soldat de l’islam » pour protéger la nation9, a abrogé la loi sur la protection de la famille et a réduit l’âge légal du mariage de 15 à neuf pour les filles et 14 pour les garçons10. Le gouvernement a accordé des subventions en fonction de la taille de la famille. Les incitations à augmenter la taille des familles comprennent : le rationnement et la distribution d’articles alimentaires essentiels à des prix subventionnés aux familles en fonction de leur taille ; donnant des salaires supplémentaires aux travailleurs pour chaque enfant supplémentaire ; gratuité de l’enseignement à tous les niveaux ; et le traitement gratuit des enfants dans les centres de santé publics11. En conséquence de ces politiques, la population a explosé, augmentant de 14 millions en une décennie. En 1986, près de la moitié de la population était âgée de moins de 1512. Toutefois, la réduction de l’âge légal du mariage n’a pas abouti à un changement radical dans l’âge au premier mariage pour les femmes, l’âge moyen est passé de 19,7 en 1976 à 19,9 en 198613. Cette explosion de la population a causé des tensions économiques graves, en particulier sur les écoles et les approvisionnements alimentaires. Le gouvernement a donc rétabli les programmes de planification familiale en 1989 pour répondre à ces problèmes écrasants14. Le nouveau programme de planification familiale a eu les éloges internationales comme étant l’un des cas les plus réussis parmi les pays à majorité musulmane ; elle a conduit à une augmentation de la prévalence contraceptive, qui est passée de pratiquement inexistante à 82 pour cent, et une réduction du taux de fécondité total de près de cinq enfants par femme (en 1989) à deux enfants (2000), avec des différences minimes entre les régions rurales et urbaines15. Cette baisse est l’une des plus forte partout et la plus rapide dans le monde. Ce succès est attribuable à plusieurs facteurs, mais surtout à l’approche cohérente et ‘islamifiée’ de la campagne16. Alors que d’autres pays à majorité musulmane ayant mis en œuvre des programmes de planification familiale cherchaient l’approbation des chefs religieux, le gouvernement iranien, qui était composé de chefs religieux, était capable de se propager ses propres messages de soutien du gouvernement religieux

à ses oulémas. Le gouvernement centralisé a écrit décrets sur la planification familiale qui ont été transmis à travers la hiérarchie des chefs religieux à tous les niveaux, qui ont ensuite promptement informé leurs communautés. Tous les chefs religieux pourraient alors prêcher sur le nouveau programme de planification familiale et démontrer les fatwas récentes publiées dans la communauté religieuse iranienne. L’utilisation de l’approbation de clercs de la planification familiale en général et la contraception plus particulièrement a aidé à briser la stigmatisation sociale autour de la planification familiale, et a finalement conduit à une acceptation généralisée nationale du programme17. L’objectif initial était d’encourager les femmes à espacer les naissances de trois ou quatre ans entre les grossesses, faire une pression sur les couples pour limiter la taille de la famille de trois enfants et de décourager les femmes de moins de 18 ans et plus de 35 d’avoir des enfants18. Le gouvernement a utilisé plusieurs actions pour promouvoir la planification familiale, tels que l’emploi d’un réseau existant de santé du gouvernement à fournir des services de planification familiale, y compris 18.000 dispensaires ruraux ; l’intégration de ces services dans le cadre des soins de santé primaires ; offrant des contraceptifs gratuits et des conseils de planification familiale aux couples mariés dans les cliniques de santé du gouvernement ; fournir des vasectomies et des ligatures des trompes gratuits ; la promotion de la planification familiale pour réduire les taux de mortalité maternelle et infantile ; l’enseignement de cours sur la population dans les écoles ; et en utilisant les médias pour promouvoir le message de planification familiale19. Le gouvernement a également utilisé des agents de santé communautaire, ou behvarz, qui ont été choisis de leurs communautés ciblées et ont construit des relations avec les communautés locales20. Les liens avec l’établissement religieux ont distingué le programme iranien des initiatives semblables dans les autres pays. Le gouvernement a également travaillé à impliquer les chefs religieux dans l’élaboration du programme de planification familiale. Les ministres, les experts et les décideurs ont tenu des réunions à huis clos avec les hauts responsables religieux pour les informer de la réalité et de l’impact de la croissance rapide de la population, en utilisant une variété de faits et de statistiques21. Ils ont obligé les membres du clergé

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à réévaluer leurs positions sur la politique de la population d’une perspective islamique22. Comme le programme était en train de sensibiliser et de solliciter le soutien du public, le gouvernement a cherché à atteindre en particulier la population pauvre et rurale. Comme il était difficile pour de nombreux experts et praticiens de la santé d’atteindre cette population, les chefs religieux locaux ont eu un rôle crucial pour accroître la sensibilisation et le soutien pour le programme. Dans les années après que le gouvernement s’est activement impliqué dans la promotion de la planification familiale, les chefs religieux ont poursuivi les discussions sur la planification familiale dans divers forums publics. Deux journaux ont publié une série de huit articles par des fonctionnaires et des érudits sur la planification familiale et ont invité les chefs religieux à y participer. Beaucoup ont ignoré l’invitation, mais

certains membres du clergé conservateur (Ayatollah Azari, Ayatollah Qomi, HohatolislamYazdi, Hojatolislam Moqtadri et Hojatolislam Bayat) ont pris part à la discussion et leurs publications ont été publiées dans le journal national le plus distribué. Ceci a inspiré d’autres articles ainsi que des programmes de télévision et de radio qui présentaient des chefs religieux de rangs hauts et bas. La question de la planification familiale a été souvent soulevée dans les sermons du vendredi et sur la télévision nationale. En 1988, l’Organisation du budget et de la planification a organisé une conférence nationale sur la politique de la population avec les chefs religieux, des décideurs politiques, des érudits, des ministres et des représentants de toutes les organisations nationales. Le résultat a été le nouveau programme national de la planification familiale, qui a été ratifié

Encadré 12 : Directives pour la politique de la planification familiale en Iran, 198923

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Une éducation générale en personne avec les groupes à risque encourageant la planification familiale



Le contrôle de la population et la planification familiale sont intégrés dans les autres programmes nationaux de développement



Le programme exécutif défini pour qu’il se fasse adapter selon les conditions existantes du pays, de la culture et de la religion, ainsi que les expériences d’autres pays



Former et reformer les agents de santé à tous les niveaux pour améliorer leurs compétences, surtout sur les nouvelles méthodes



L’intégration du système sur la planification familiale dans le système national primaire de santé



Accorder une attention particulière aux couples avec un risque élevé qui pourraient donner naissance dans les villes, les banlieues et les zones défavorisées



Utiliser toutes les ressources potentielles de la communauté et du secteur privé pour développer le programme



Utiliser la recherche pour promouvoir la gestion pour rendre l’accès à la contraception plus pratique et améliorer la qualité du service



Inclure des matériels éducatifs concernant la population et la planification familiale à l’école secondaire et les programmes universitaires



Collaborer avec les organisations internationales afin d’apprendre de leurs expériences, en plus de partager les expériences iraniennes avec d’autres pays, en particulier les pays islamiques

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en 1989. Cette campagne s’est appuyé sur les contributions des chefs religieux et les a incorporées dans la discussion ; cela a aussi aidé pour informer d’autres chefs religieux. Les chefs religieux considéraient que leur rôle consistait à dissiper le mythe que la planification familiale était une invention de l’Occident et un complot. Un autre contre-argument qu’ils donnaient était que la croissance de la nation musulmane n’était plus une préoccupation, mais plutôt qu’une société qui est forte, saine et morale est importante. Ils racontaient des histoires à leurs communautés sur le désespoir des pères quand ils étaient incapables de subvenir aux besoins de leurs familles et ont fait valoir que de telles souffrances était contraire à la volonté d’Allah et l’islam. Les chefs religieux ont mis ainsi en évidence aux familles l’importance sociale de la planification familiale. Certains opposants religieux, cependant, ont fait valoir que l’intervention du gouvernement dans les décisions de fécondité ne pouvait être justifiée au sein de la loi islamique, sauf dans le cas de crise. Ils ont soutenu qu’un fois la crise serait terminée, le programme national devrait cesser, et les chefs religieux ne devrait pas appuyer le message que le programme resterait à long terme. Le message religieux central et officiel au cours de cette période a approuvé toutes les formes de contraception, et il a même approuvé l’utilisation de la vasectomie24. Avant le rétablissement de la priorité de la planification familiale en 1989, les chefs religieux avaient opposé la stérilisation et toutes les formes de contraception qui, selon eux, pouvaient aboutir à un avortement25. Cependant, le Grand Ayatollah Ruhollah Khomeini est apparu à la télévision pendant un entretien où il a répondu à des questions sur l’acceptabilité des méthodes de planification familiale dans l’islam, et il a déclaré explicitement que la prévention des grossesses et l’utilisation des contraceptifs oraux étaient permises26. Les chefs religieux ont encouragé les hommes à devenir plus actif dans les décisions de fécondité en plus d’encourager les méthodes de planification familiale chez les femmes27. Le programme de planification familiale de l’Iran a conduit à une réduction du taux de croissance annuel de la population à environ un pourcent. C’était ce ralentissement spectaculaire de la croissance de la population qui a expliqué un renversement soudain et fort de la politique du gouvernement en

2010. Le gouvernement a commencé à craindre que la population de l’Iran serait trop petite. Le soutien actif à la planification familiale et la limitation de la croissance de la population nationale a fait place à la rhétorique pro-nataliste28. En 2010, le Président Mahmoud Ahmadinejad a déclaré que la population était devenue trop faible et a appelé à un doublement de la population de la nation. Il a dénoncé la contraception comme un plan pour l’extinction ; il a rétablie les paiements pour chaque nouvel enfant pour encourager la croissance de la population29. En 2012, Ayatollah Ali Khamenei a appelé le programme de contrôle de la population une erreur30. Le premier slogan de ‘moins d’enfants, des vies meilleures’ a changé en ‘plus d’enfants, des vies meilleures’ ; les panneaux ont montré les grandes familles heureuses à la différence des petites, tristes ; et les clercs à la télévision ont encouragé les familles à avoir au moins cinq enfants—la taille de famille du Prophète—mais idéalement douze—le nombre d’imams historiquement adorés par les musulmans chiites31. Dès 2014, le budget de contrôle de la population du Ministère de la Santé a été entièrement redirigé vers les programmes de fertilité qui prendraient soin des mères et des enfants, les moyens de contraception n’ont plus été subventionnés et les vasectomies ont été votés illégales et passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans en prison32. Le changement de la politique encourage les grandes familles, mais il n’a pas été accompagné par un changement dans les normes culturelles et sociales. L’encouragement précédent du gouvernement à l’éducation et l’emploi des femmes pour abaisser le taux national de fécondité a donné lieu à une situation dans laquelle certaines femmes choisissent de retarder le mariage et les grossesses, surtout pour celles qui sont en train de terminer les études universitaires. Beaucoup de jeunes couples préfèrent avoir un seul enfant étant donné le climat économique actuel.

Notes de bas de page 1.

Nations unies. “2015 Revision of World Population Prospects.” 2015. United Nations Department of Economic and Social Affairs, Population Division, Population Estimates and Projections Section http://esa.un.org/unpd/wpp/index. htm; Warren C. Robinson, “Family Planning Programs and Policies in Bangladesh and Pakistan.” in The Global Family

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Planning Revolution: Three Decades of Population Policies and Programs, Warren C. Robinson and John A. Ross, eds. La Banque Mondiale : Washington, D.C. 2007. 2. En 1967 Mohammad Reza Shah a signé la Déclaration de Téhéran qui ont reconnu la planification familiale comme un droit humain http://www.mercatornet.com/articles/view/ irans_plummeting_birth_rates/5629#sthash.TlzkXZvI.dpuf Aussi la Conférence sur les Droit de l’Homme à Téhran, République d’Iran, 22 avril au 13 mai 1968. La Conférence a adopté la Résolution XVIII sur les Aspects des droits de l’homme sur la planification familiale, qui ont commencé dans sa paragraphe opérative 3 qui: ‘[...] couples have a basic human right to decide freely and responsibly on the number and spacing of their children and a right to adequate education and information in this respect.’ (Resolution XVIII: Human Rights Aspects of Family Planning, Final Act of the International Conference on Human Rights. U.N. Doc. A/CONF. 32/41, p.15). 3. Farzaneh Roudi-Fahimi, “Iran’s Family Planning Program: Responding to a Nation’s Needs.” Population Reference Bureau, 2002. 4. Negar Ghobadi. “Essays on Fertility, Gender Preference and Family Planning in Iran.” PhD dissertation, University of California Berkeley, 2010. 5. Homa Hoodfar and Sama Assadpour. “The Politics of Population Policy in the Islamic Republic of Iran.” Studies in Family Planning, 31(1). 2000. 6. Negar Ghobadi. “Essays on Fertility, Gender Preference and Family Planning in Iran.” PhD dissertation, University of California Berkeley, 2010. 7. Ibid., Warren C. Robinson, “Family Planning Programs and Policies in Bangladesh and Pakistan.” in The Global Family Planning Revolution: Three Decades of Population Policies and Programs, Warren C. Robinson and John A. Ross, eds. La Banque Mondiale: Washington, D.C. 2007. 8. Homa Hoodfar and Sama Assadpour. “The Politics of Population Policy in the Islamic Republic of Iran.” Studies in Family Planning, 31(1). 2000. 9. Rachel Ladd Patterson. “Improving Family Planning in Pakistan: Lessons Learned from Iran.” MA Thesis, Dartmouth College, 2013. 10. Raz Zimmt. “Marriage-out, Divorce-In: The Escalation of the Marriage Crisis in Iran.” The Alliance Center for Iranian Studies. 2010 11. Negar Ghobadi. “Essays on Fertility, Gender Preference and Family Planning in Iran.” PhD dissertation, University of California Berkeley, 2010.

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12. Rachel Ladd Patterson. “Improving Family Planning in Pakistan: Lessons Learned from Iran.” MA Thesis, Dartmouth College, 2013. 13. Fatemeh Torabi and Angela Baschieri. Ethnic differences in transition to first marriage in Iran: The role of marriage market, women’s socioeconomic status, and process of development. Demographic Research 22 (janvier-juin 2010): 29-61. 14. Negar Ghobadi. “Essays on Fertility, Gender Preference and Family Planning in Iran.” PhD dissertation, University of California Berkeley, 2010. 15. Djavad Salehi-Isfahani, M. Jalal Abbasi-Shavazi, and Meimanat Hosseini-Chavoshi. “Family Planning and Fertility Decline in Rural Iran: The Impact of Rural Health Clinics.” Health Economics (2010). 16. Rachel Ladd Patterson. “Improving Family Planning in Pakistan: Lessons Learned from Iran.” MA Thesis, Dartmouth College, 2013. 17. Ibid. 18. Ibid. 19. Djavad Salehi-Isfahani, M. Jalal Abbasi-Shavazi, and Meimanat Hosseini-Chavoshi. “Family Planning and Fertility Decline in Rural Iran: The Impact of Rural Health Clinics.” Health Economics (2010). 20. Djavad Salehi-Isfahani, M. Jalal Abbasi-Shavazi, and Meimanat Hosseini-Chavoshi. “Family Planning and Fertility Decline in Rural Iran: The Impact of Rural Health Clinics.” Health Economics (2010). 21. Hossein Malekafzali. “Population Control and Reproductive Health in the Islamic Republic of Iran.” Archives of Iranian Medicine: 7(4), 2004. Homa Hoodfar et Sama Assadpour. “The Politics of Population Policy in the Islamic Republic of Iran.” Studies in Family Planning, 31(1). 2000. 22. Ibid. 23. Ces directives ont été présentées au début par Hossein Malekafzali. “Population Control and Reproductive Health in the Islamic Republic of Iran.” Archives of Iranian Medicine: 7(4), 2004 24. Rachel Ladd Patterson. “Improving Family Planning in Pakistan: Lessons Learned from Iran.” MA Thesis, Dartmouth College, 2013. 25. Warren C Robinson. “Family Planning Programs and Policies in Bangladesh and Pakistan.” in The Global Family Planning Revolution: Three Decades of Population Policies and Programs, Warren C. Robinson and John A. Ross, eds. La Banque Mondiale: Washington, D.C. 2007. 26. Rachel Ladd Patterson. “Improving Family Planning in Pakistan: Lessons Learned from Iran.” MA Thesis, Dartmouth College, 2013.

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27. Ibid. 28. Janet Larsen. “The Swinging Pendulum of Population Policy in Iran.” Earth Policy Institute. 25 juin 2014. Pris de http:// www.earth-policy.org/plan_b_updates/2014/update124 29. Kenneth R Weiss. “Iran’s Birth Control Policy Sent Birthrate Tumbling.” Los Angeles Times. 22 juillet 2012. Pris de http://www.latimes.com/world/population/la-fgpopulation-iran-20120729-html-htmlstory.html 30. Arash Karami. “Khamenei Calls Iran’s Population Control Program a ‘Mistake’.” Al-Monitor. 17 octobre 2012. Pris de http://www.al-monitor.com/pulse/originals/2012/almonitor/iran-population-control.html

31. Mehrnaz Samimi. “Iran’s Billboard Guide to Family Planning Teaches ‘The More, The Merrier’.” Al-Monitor. 27 décembre 2013. Pris de http://www.al-monitor.com/pulse/ originals/2013/12/iran-billboards-samimi.html; Economist. “Iran: Make More Babies.” The Economist. 7 juin 2014. Pris de http://www.economist.com/news/middle-east-andafrica/21603477-irans-leaders-are-worried-about-theircountrys-declining-population-make-more; et Larsen, Janet. “The Swinging Pendulum of Population Policy in Iran.” Earth Policy Institute. 25 juin 2014. Pris de http://www. earth-policy.org/plan_b_updates/2014/update124 32. Ibid.

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Le Maroc Planification familiale et les approches de santé reproductive de 1965 à 2015

L

’expérience du Maroc avec la planification familiale se distingue parmi les pays à majorité musulmane, en particulier par le soutien de la communauté religieuse du programme national au cours de son exécution. En outre, le programme a rencontré un succès considérable, transformant la dynamique des populations du Maroc. En 2008, la prévalence contraceptive se situait à 67,4 pour cent ; le taux de fécondité est passé de 6,7 enfants par femme en 1970 à 2,7 en 20121. Le Ministère de la Santé au Maroc définit cinq étapes clés dans le développement du programme de planification familiale (voir encadré 13) : (1) de 1965 à 1969, la création et la mise en œuvre du programme de planification familiale et le lancement du programme national de planification familiale (le Programme national de la planification familiale, PNPF) ; (2) de 1970 à 1991, le développement du

PNPF ; (3) de 1992 à 1999, le renforcement des activités ; (4) 1995 à 2005, la consolidation et la progression vers l’autosuffisance ; et (5) à partir de 2005, la consolidation et le repositionnement du PNPF dans un cadre plus large de la santé reproductive2. En 1965, le roi Hassan II a publié un mémorandum mettant en lumière les défis socio-économiques qui faisaient face au Maroc en raison de la croissance de sa population ; l’année suivante, le roi a créé le PNPF au sein du Ministère de la Santé. En 1968, on a commencé à intégrer la planification familiale dans les différents plans de développement. En 1971, le Maroc a pris part à la Conférence internationale sur l’islam et la planification familiale à Rabat (également appelé la Conférence de Rabat) et l’Association Marocaine de Planification Familiale (AMPF, une ONG) a été créée.

Figure 19 : Taux de croissance de la population au Maroc (pourcentages annuels)

Figure 20 : Taux de fécondité total au Maroc (nombre d’enfants par femme) 8

3% 6 2%

1%

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En 1977, le gouvernement a lancé un important programme de visites à domicile de motivation systématique (VDMS) pour la planification familiale. Les activités de planification familiale ont été intégrées à la santé maternelle et infantile à travers ce système de 1981 à 1983 comme le gouvernement a élargi le réseau VDMS. Le Projet marocain de marketing social pour la contraception a été introduit en

1988 et l’année suivante, on a lancé une Stratégie nationale de l’information, l’éducation et la communication (IEC) et des centres régionaux de formation pour la planification familiale. Cependant, la Division de la Population au sein du Ministère de la Santé n’a été créée qu’en 1993. Le Ministère de la Santé a commencé à offrir des services avancés pour la planification familiale en 1994, y compris les

Encadré 13 : La chronologie du Maroc 1965 : L’annonce officielle du programme national de planification familiale à travers un Mémorandum Royal

1988 : La fondation du Projet marocain de marketing social pour la contraception

1966 : Lancement officiel du programme national de la planification familiale. L’établissement de la Commission nationale de la population et les commissions locales de la population.

1989 : Le développent de la Stratégie nationale de l’information, l’éducation et la communication (IEC)

1967 : L’abrogation de la loi française qui interdit la publicité, la vente et la distribution des contraceptifs3. 1968 : L’intégration de la planification familiale dans des différents programmes nationaux de développement

1991 : La création des centres de formation régionaux sur la planification familiale 1993 : Le lancement de la semaine nationale de la mobilisation sur la planification familiale 1994 : L’introduction des services injectables et postpartum dans le programme

1971 : Une conférence internationale sur l’Islam et la Planification familiale à Rabat ; la création de l’Association Marocaine de la Planification Familiale

1996 : La formation des médecins dans le secteur privé sur la planification familiale

1972 : La création de la Division de la Population au sein du Ministère de la Santé.

1998 : L’organisation d’un atelier multisectoriel sur la stratégie de consolider les programmes variés de la santé reproductive

1976 : La création des centres de référence de la planification familiale aux niveaux provincial et préfectoral

1999 : L’élaboration des « Standards des méthodes de planification familiale au Maroc »

1977 : Le lancement du système des visites à domicile et de motivation systématique pour la planification familiale (VDMS) 1981 : L’intégration de la planification familiale et la santé maternelle et infantile au VDMS 1982 : L’établissement du Centre national de la reproduction humaine.

2001 : La responsabilité totale du gouvernement de fournir les méthodes de planification familiale 2006 : Le lancement du « Carnet de santé de la femme » 2010 : L’élaboration de la « Stratégie nationale de la santé de la reproduction 2011-2020 »

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injectables et les services post-partum. On a fourni une formation pour les agents de terrain de la planification familiale ainsi que des médecins. En 1999, on a établi « Les standards des méthodes de planification familiale au Maroc. » En 2001, le Ministère de la Santé a assumé la responsabilité financière de fournir la contraception au public. Les services de planification familiale offerts comprennent des consultations, des examens cliniques, la fourniture de la contraception, des suivis réguliers avec les clients et des campagnes d’information sur les avantages et les méthodes. Le Ministère de la Santé définit l’objectif du programme de planification familiale au Maroc comme « contribuer à la réduction de la mortalité et morbidité maternelles et infantiles et l’amélioration de la santé reproductive et sexuelle chez les femmes et les couples. » Les objectifs déclarés visent à réduire les besoins non satisfaits en matière de planification familiale ; améliorer la qualité des services de planification familiale ; promouvoir les méthodes modernes et les méthodes à long terme, tel que le stérilet ; et repositionner la planification familiale dans le cadre de la santé reproductive. L’acceptation religieuse de la planification familiale au Maroc se distingue parmi les pays à majorité musulmane de façon significative. Les hauts fonctionnaires du Ministère de la Santé affirment qu’il y avait peu de lutte pour convaincre les chefs religieux de soutenir le programme national de planification familiale4. On a tenu une conférence internationale sur l’islam et la planification familiale en 1971, la Conférence de Rabat, qui a réuni des représentants du gouvernement aux côtés de chefs religieux et d’érudits. Le thème qui a émergé de la Conférence de Rabat était que l’islam ne constitue pas un obstacle à la planification familiale, et que les textes religieux doivent être réinterprétés et adaptés à la situation contemporaine. Une autre conférence du Ministère de la Santé à Rabat en 1993 a abordé la question de l’islam et de la planification familiale. Un orateur, le Dr Abdelkebir Alaoui M’Deghri, ancien ministre des Habous et des affaires islamiques du Royaume du Maroc, a demandé si le Coran, dans le passage appelant à la croissance de la nation musulmane, était destiné à la population de croître en nombre ou en force. L’interprétation du Dr M’Deghri était qu’il est plus avantageux d’avoir une nation forte et développée plutôt qu’une nation faible mais importante en nombre.

30

Le gouvernement a produit des brochures et des rapports sur l’islam et la planification de la famille qui ont été largement distribués aux chefs religieux ainsi que le public. Les matériaux soulignent les textes religieux qui ont un rapport avec la planification familiale et expliquent également diverses méthodes de planification familiale et les vues des savants religieux sur chaque méthode. Le Ministère de la Santé n’a pas été le seul à produire des documents d’information sur l’islam et la planification familiale. A partir de 2008, la Rabita Mohammedia des Oulémas (RMO), un réseau de chefs religieux et d’érudits au Maroc, a été active dans la promotion des activités de planification familiale5. La RMO a produit des documents d’information sur les points de vue des leaders religieux et des universitaires par rapport à la planification familiale pour le public aux côtés de rapports qui examinent les débats autour de la planification familiale pour les chefs religieux dans le réseau. Elle a également publié des guides sur la position de l’islam sur de nombreux problèmes de santé et sociaux, tels que le VIH et le sida, la violence sexiste et les droits des femmes. La Rabita travaille en étroite collaboration avec un centre de recherche où on intègre des interprétations féministes du Coran sur les questions sociales et de santé modernes. Bien que le programme ait remarquablement réussi à promouvoir la planification familiale, le Ministère de la Santé et les ONG travaillant sur ​​la planification de la famille sont toujours confrontés à des défis importants. Une préoccupation centrale est de parvenir à une plus grande priorité aux questions de santé génésique et aux adolescents au sein du programme de planification familiale du Ministère de la Santé6. La planification familiale a été la première priorité de l’agenda de la santé reproductive au Maroc, mais d’autres questions de santé génésique concurrencent pour les ressources, telles que l’avortement, les maladies sexuellement transmissibles et la santé maternelle et infantile. Différents acteurs de la planification familiale font valoir que la planification familiale devrait être mieux intégrée dans un programme de santé reproductive plus large qui assure la santé des femmes et de leurs familles. Le programme national de planification familiale offre des services uniquement aux couples mariés, en négligeant les besoins des adolescents. Les ONG font un appel particulier pour un nouveau changement sur l’éducation et la protection des adolescents au sein du programme national.

L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE

Notes de bas de page 1. 2.

3.

http://www.prb.org/DataFinder/Topic/Rankings.aspx Les informations historiques sur la planification familiale ont été présentées à travers une présentation donnée par le Ministère de la Santé marocain à Rabat, au Maroc durant un entretien privé avec les employés du WFDD en novembre 2014. Mohamed Ayad et Farzaneh Roudi, “Fertility Decline and Reproductive Health in Morocco: New DHS Figures,” Population Reference Bureau, 2006. Pris de

4. 5. 6.

http://www.prb.org/Publications/Articles/2006/ FertilityDeclineandReproductiveHealthinMoroccoNew DHSFigures.aspx Basé sur un entretien avec le Ministère de la Santé en Novembre 2014 Basé sur un entretien avec la Rabita Mohammadia des Oulémas en Novembre 2014 Basé sur un entretien avec les ONG travaillant sur la planification familiale et la santé reproductive au Maroc en Novembre 2014

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Le Pakistan Essais et erreurs dans la politique de la planification familiale de 1960 à 2015

L

e Pakistan a l’un des taux les plus élevés de fécondité au monde. Le taux de fécondité est resté constant à 6,6 enfants par femme de 1950 à 1980, puis, lentement, a diminué à une estimation de 3,2 en 2010. La stigmatisation religieuse et sociale a constitué un obstacle dans les décisions des couples d’utiliser des méthodes de planification familiale1. L’influence des clercs islamiques est importante dans diverses régions, généralement avec peu de coordination entre eux (tout à fait à la différence du cas de l’Iran). Par conséquent, un message religieux cohérent sur la planification familiale lié aux stratégies et programmes de planification familiale du gouvernement a été difficile. Dans les décennies qui ont suivi l’indépendance du Pakistan en 1947, les programmes de planification familiale ont vu plusieurs phases très différentes et les résultats sont nettement différents. Le programme était, dans ses premières années, cité comme l’un des plus ambitieux au monde, et celui qui devrait servir de prototype pour d’autres pays cherchant à introduire des politiques de population. Malgré cette excitation au début2, le programme a eu de loin moins de succès que d’autres initiatives dans les pays à majorité musulmane. L’échec relatif est souvent attribué à la nature trop ambitieuse du programme et à des contraintes politiques sur les décisions de la politique de la population, mais un autre facteur était l’incapacité de profiter de l’influence potentielle de chefs religieux ou de les engager dans la prise de décision. Des ONG ont démontré cette lacune, et divers programmes visent actuellement à accroître la participation des chefs religieux. La planification familiale est apparue comme une question principale de la politique dans les années 1960 sous la présidence de Mohammed Ayub Khan. Faire face à la

32

croissance rapide de la population a été considéré comme une préoccupation économique, abordée dans le deuxième plan quinquennal (1960–1964). Au moment du troisième plan quinquennal (1965–1969), il était un objectif principal. Le programme de planification familiale, créé en 1965, a ciblé plus de 20 millions de couples dans 52 districts. L’objectif était de réduire la fécondité de 20 pour cent avant l’an 1970. Un Conseil national de planification familiale a été créé pour diriger la politique. Fournir une couverture nationale semblait être réalisable vu que le programme utilisait des structures déjà existantes et distribuait des contraceptifs classiques principalement par des agents locaux, en particulier les sages-femmes de village. L’apparente simplicité et la faisabilité de la mise en œuvre ont conduit à des attentes élevées du public. Cependant, la première étude nationale d’impact (1968–1969) a révélé que le taux de prévalence contraceptive n’était que de six pour cent et le taux de fécondité est demeuré inchangé. L’échec du programme à atteindre sa cible de 1970 a abouti à un remaniement de la direction et de repenser à la stratégie. Un changement majeur a été le remplacement des sages-femmes de village avec des équipes hommes-femmes— idéalement un couple marié avec un enseignement universitaire—pour tenir des registres de clients potentiels et les inciter à utiliser les services de planification familiale. En 1971, la guerre civile au Pakistan et puis la guerre avec l’Inde ont présenté de nouveaux obstacles pour le programme de planification familiale. Tous les services ont été suspendus pendant les conflits et ils ont été rétablis qu’après 1972. Les gouvernements successifs, cependant, n’ont pas appuyé le programme de la planification familiale3 et ont cherché à

L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE

Figure 21 : Taux de croissance de la population au Pakistan (pourcentages annuels)

Encadré 14: La chronologie du Pakistan

3%

1965 : La planification familiale est l’objectif principal du troisième programme quinquennal

2%

1971 : La guerre civile perturbe les programmes du gouvernement, suspension de la planification familiale

1%

1960 : Le deuxième plan quinquennal encourage la planification familiale

1972 : Le nouveau gouvernement n’encourage pas la planification familiale 1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s

Figure 22 : Taux de fécondité au Pakistan (nombre d’enfants par femme) 6

4

2

1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s

se distancier de leurs prédécesseurs, faisant appel à la base conservatrice de la société. L’idée était que cela les exigeait de laisser derrière eux les politiques visant à limiter la population. Ainsi, l’histoire des programmes de planification familiale du Pakistan en général est l’un des résultats décevants, liés à une faible volonté politique et aux priorités changeantes. Malgré des résultats décevants, les partenaires extérieurs ont généralement toujours offert leur soutien au fil des ans. Dès le départ, le rôle des chefs religieux dans la planification familiale a été mitigé. Les premières aspirations du

1978 : La réorganisation du programme de la planification familiale 1986 : Le gouvernement développe un schéma de marketing social 1990 : Le programme de planification familiale est, brièvement, un ministère gouvernemental séparé 2006 : USAID organise une conférence avec les chefs religieux sur leurs points de vue sur la planification familiale 2008 : USAID et Population Council lancent la Promotion de la famille pour la vie et la santé (Family Advancement for Life and Health, FALAH) au Pakistan 2009 : Séminaire FALAH tenu sur « L’implication de leaders religieux dans le programme du bienêtre de la population » 2014 : Renouvellement des efforts pour réduire le taux de fécondité, augmenter la prévalence contraceptive

gouvernement étaient la baisse du taux de fécondité et la réduction des les besoins non satisfaits de planification familiale. Cela a rencontré une opposition considérable des chefs religieux. Les clercs instruisaient aux familles que les femmes doivent continuer à donner naissance à autant d’enfants que

WORLD FAITHS DEVELOPMENT DIALOGUE

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possible4. Même aujourd’hui, certains chefs religieux enseignent que la planification familiale est haram (interdite)5. Ils considèrent la planification familiale comme une pratique qui perturbe la procréation6. Beaucoup de chefs religieux au Pakistan ont une forte influence dans la vie politique ainsi que dans leurs communautés locales. Leur opposition à la planification familiale au cours des années a été une barrière7. Plusieurs études mettent en évidence le rôle influant des institutions et croyances religieuses dans les décisions du gouvernement et de la famille sur les services de planification familiale au Pakistan. Les femmes dans les communautés où les chefs religieux musulmans ont donné la permission d’utiliser des méthodes d’espacement des naissances ont été trouvées à être 1,7 fois plus susceptibles d’utiliser des contraceptifs8 ; les obstacles psychosociaux, y compris la désapprobation sociale découlant des convictions religieuses, apparaissent comme étant le plus grand obstacle pour les femmes pauvres dans les zones urbaines9 ; et les hommes dans le Pakistan rural ont cité la religion comme une raison importante pour ne pas utiliser la contraception10. Les effets négatifs de l’attitude générale qui ont dissuadé l’engagement des chefs religieux sur la planification familiale ont été aggravés par les échecs des responsables gouvernementaux impliqués dans le programme de planification familiale d’engager les leaders religieux en tant que partenaires. Les organisations non gouvernementales et les organismes d’aide internationaux jouent des rôles plus directs et importants dans l’engagement des chefs religieux dans la discussion sur la planification familiale, comme par exemple fournir une formation sur les services de planification familiale. Un exemple est une initiative de changement de comportement soutenue par l’USAID, FALAH (la Promotion de la famille pour la vie et la santé), qui a impliqué un module expliquant les vues islamiques sur la santé reproductive. Une conférence avec les chefs religieux en 2006 s’est focalisée sur leurs points de vue de la planification familiale, comme l’a fait un séminaire de 2009 intitulé « L’implication de leaders religieux dans le programme du bien-être de la population » avec le Ministère du Bien-être de la population. Malgré la difficulté confrontée par les programmes de planification familiale, il existe des preuves d’un changement de comportement chez la société pakistanaise. Une étude de

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la Banque Mondiale en 2014 a constaté que les hommes manifestent un intérêt accru dans les services de la planification familiale et la contraception, principalement en raison de la mauvais climat économique et de ses implications pour les grandes familles11. En outre, les femmes préfèrent les interventions qui impliquent le soutien des chefs religieux, en particulier ceux qui sont instruits sur la planification familiale et se réfèrent aux enseignements du Coran et des hadiths. Le taux de fécondité total aujourd’hui est légèrement au-dessus de trois enfants par femme, ce qui représente une réduction de près de sept enfants par femme depuis les années 1950. Les premiers programmes étaient loin d’atteindre les objectifs ambitieux fixés par le gouvernement de Ayub Khan. Il y a cependant des preuves de changements dans les attitudes, et donc, d’un potentiel d’aller de l’avant. Les chefs religieux s’impliquent dans la discussion. Mais avec des exceptions significatives, la plupart disent que l’islam accepte la planification familiale12. Les spécialistes du domaine de la santé de reproduction recherchent activement le soutien de oulémas13.

Notes de bas de page 1.

Rob Stephenson et Monique Hennink, “Barriers to Family Planning Service Use among Urban Poor in Pakistan.” Opportunities and Choices Working Paper no. 2, 2004. http://www.socstats.soton.ac.uk/choices/Pakistan%20 barriers%20WP2.PDF 2. Warren C. Robinson. “Family Planning Programs and Policies in Bangladesh and Pakistan.” dans The Global Family Planning Revolution: Three Decades of Population Policies and Programs, Warren C. Robinson and John A. Ross, eds. La Banque Mondiale: Washington, D.C. 2007. 3. Mehboob Sultan, John G. Cleland et Mohamed M. Ali. “Assessment of a New Approach to Family Planning Services in Rural Pakistan.” American Journal of Public Health, 92:7, 2002. 4. Julie McCarthy. “In Pakistan, Birth Control and Religion Clash.” NPR. 10 août 2011. http://www.npr.org/2011/ 08/10/139382653/in-pakistan-birth-control-and-religionclash 5. Ibid. 6. Rachel Ladd Patterson. “Improving Family Planning in Pakistan: Lessons Learned from Iran.” MA Thesis, Dartmouth College, 2013. 7. Ibid.

L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE

8.

De diverses etudes du Pakistan National Institute of Population Studies; les rapports ont inclus Demographic and Health Surveys 2012-13 et An In-depth Analysis of 2006-07 Pakistan Demographic and Health Survey Data. http://www. nips.org.pk/ 9. Rob Stephenson et Monique Hennink. “Barriers to Family Planning Service Use among Urban Poor in Pakistan.” Opportunities and Choices Reproductive Health Research Program Working Paper no. 2, 2004. 10. M. Ali et Ushijima H. “Perceptions of men on role of religious leaders in reproductive health issues in rural Pakistan.” J Biosoc Sci. 2005; 37(1), 115–122.

11. La Banque Mondiale. “Men in Pakistan Want Fewer Children, Eager to Learn More About Family Planning.” La Banque Mondiale. 21 avril 2014. http:// www.worldbank.org/en/news/feature/2014/04/21/ men-pakistan-want-fewer-children-family-planning 12. Right Vision News. “Pakistan: ‘Religion allows family planning.’” Right Vision News. 8 janvier 2013. ; M Asif Sheikh, “Family Planning and Islam.” Pakistan Observer. 27 novembre 2013. 13. Right Vision News. “Pakistan: Family planning Saleem asks ulema to dispel misconceptions.” Right Vision News. 12 juin 2012.;Friday Times. “Taking Family Planning Religiously.” The Friday Times. 13 juillet 2012.

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Le Sénégal Revitalisation des politiques de planification familiale de 1980 à 2015

L

a santé reproductive a longtemps été un défi pour le développement du Sénégal, comme c’est le cas pour la région globale du Sahel. L’Afrique occidentale et centrale ont actuellement les taux de natalité les plus élevés du monde1 et les plus bas taux de prévalence contraceptive2. La région est également confrontée à des taux élevés de mortalité infantile et maternelle. Durant quelques temps, cependant, la planification familiale n’était pas une priorité et, dans certains cercles, le sujet était largement tabou. À partir de 2012 , le taux de mortalité des moins de 5 ans (TMM5) se situait à 60 décès pour 1000 naissances vivantes, le taux de mortalité infantile à 45 décès pour 1000 naissances vivantes et le taux de mortalité maternelle à 370 décès de femmes pour 100.000 naissances vivantes3. Le taux de fécondité était de 4,9 enfants par femme en 20134, tandis que le taux de fécondité des adolescentes était de 80 naissances pour 1000 femmes âgées de 15 à 19 en 20145. Le faible niveau d’acceptation de la planification familiale et le changement lent de comportement à l’égard de la réduction de la fécondité sont des obstacles importants à surmonter pour l’amélioration de la santé maternelle et infantile. Le gouvernement du Sénégal doit relever le défi de convaincre la population que la planification familiale est une intervention acceptée et promue au sein de leurs religions respectives, et surtout l’islam. Alors que dans de nombreux cas, les chefs religieux n’ont pas pris des positions actives par rapport à la planification familiale, certains religieux musulmans avec une présence importante des médias ont fait valoir que la planification familiale est une tentative de limiter et de contrôler la taille de la famille et la taille de la population musulmane globale, qui contredit une obligation religieuse à croître la population musulmane.

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La population du Sénégal a augmenté de plus de sept millions depuis 1990, avec environ 15,1 millions de personnes aujourd’hui6. Le taux annuel de changement de la population pour la période de 2010 à 2015 est estimé à 3,1 pour cent7. Les personnes âgées de 0 à 14 constituent 44 pour cent de la population, et les personnes âges de 15 à 24 en constituent 19,6 pour cent8. Cela signifie que la population de moins de 24 ans représente près des deux tiers de la population actuelle. Une grande population de jeunes pose de nombreux défis, en mettant la pression sur l’économie ainsi que les ressources en éducation et les produits alimentaires qui sont déjà limités. Le taux de prévalence contraceptive au Sénégal (TPC) reste l’un des plus bas au monde, mais il a considérablement augmenté ces dernières années. De 2010 à 2011, seulement 12,1 pour cent des femmes mariées âgées de 15 à 49 ans ont utilisé une forme moderne de contraception9, mais un regain d’intérêt et des pressions pour l’amélioration de la santé maternelle et infantile a conduit à une augmentation à 20,3 pour cent en 201410. Le Ministre de la Santé du Sénégal, Dr Awa Marie Coll Seck, a mentionné lors du Sommet de Londres sur la planification familiale en 2012 que l’objectif du Ministère était d’augmenter le TPC à 27 pour cent avant la fin de 201511. Les deux tournants ont été les années 1980 et 2012. En 1980, la loi française de 1920 interdisant la distribution et l’utilisation de la contraception a été abrogée ; le Président nouvellement élu Abdou Diouf a soutenu la planification familiale ; et les politiques de planification familiale présentées dans le Cinquième plan quadriennal de développement économique et social (1977-1981) ont été traduites en plans d’action12. Ces initiatives ont eu un succès limité. Le

L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE

Figure 23 : Taux de croissance de la population au Sénégal (pourcentages annuels)

Encadré 15 : La chronologie du Sénégal

3%

1980 : Abrogation de la loi française de 1920 qui interdit la distribution et l’usage de la contraception

2%

1%

1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s

Figure 24 : Taux de fécondité au Sénégal (nombre d’enfants par femme) 8

6

4

Avant 1980 : La planification familiale est un sujet tabou

1980 : Le nouveau président Abdou Diouf encourage la planification familiale, les politiques de planification familiale sont introduites dans le Cinquième plan quadriennal de développement économique et sociale (1977-1981) 1994: Nouvelle concentration sur la planification familiale en union avec la Conférence du Caire 2012: Plan d’action national de planification familiale 2012-2015 2012: Le Sénégal est un membre du Partenariat Ouagadougou concentré sur la planification familiale et l’espacement des grossesses 2014: Formation d’un group interreligieux, le Cadre des Religieux sur la Santé et le Développement, concentré sur la planification familiale

2

1950s 1960s 1970s 1980s 1990s 2000s 2010s

programme du Sénégal manquait de stratégie, de financement et de cohérence—entre 1980 et 1999, le programme a changé de département onze fois13. Une autre étape importante a été la Conférence internationale sur la population et le développement au Caire en 1994, ce qui a stimulé l’intérêt pour la planification démographique et familiale entre les dirigeants nationaux et des partenaires internationaux. Les répercussions de décennies de taux de fécondité élevés ont incité le gouvernement à étendre ses efforts de planification familiale. En 2012, le Ministère de la Santé et de l’Action

sociale a redoublé ses efforts et a formulé un plan explicite pour la promotion et l’amélioration de la santé de la reproduction en vue d’atteindre l’objectif d’un TPC de 27 pour cent. L’état inquiétant de santé infantile et maternelle, ainsi que la lenteur des progrès vers les Objectifs du Millénaire pour le développement concernés, a incité le gouvernement à déclarer la santé reproductive comme une priorité nationale. Avec le soutien et la contribution de ses partenaires internationaux, le Ministère a élaboré un plan d’action pour guider ses activités de planification familiale de 2012 à 201514. Le programme de planification familiale met l’accent sur l’amélioration des fournitures et des services. Une étude en 2011 a révélé que 84 pour cent des femmes sénégalaises interrogées ne pouvaient pas se procurer les fournitures pour leur méthode de contraception au cours de l’année précédente

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en raison de ruptures de stock15, ce qui reflète de graves perturbations et incohérences dans l’approvisionnement. Le gouvernement sénégalais, en collaboration avec l’Initiative sénégalaise de santé urbaine, répond avec le Informed push model de distribution pour assurer l’approvisionnement en contraceptifs. Plutôt que de laisser les structures de santé avec la responsabilité de faire le suivi et le stockage de leurs propres inventaires, le modèle utilise un logisticien professionnel pour livrer, recharger et suivre l’utilisation des fournitures16. Le modèle assure que les femmes qui utilisent les services de planification familiale peuvent avoir une continuité dans la livraison de leur protection contraceptive. Un autre aspect essentiel du programme de planification familiale nationale était la campagne généralisée de dix mois Moytou Nef, qui signifie « éviter des naissances rapprochées » en wolof. Le Ministère, avec le soutien de l’USAID et la FNUAP, a diffusé le message à travers les spots dans les médias, les panneaux et les affiches et brochures dans les centres de santé17. La campagne a utilisé la langue locale prédominante, le wolof, pour rendre les messages de planification familiale plus accessible au public. En choisissant l’expression Moytou

Nef, le Ministère différencie l’espacement des naissances de l’idée de limitation des naissances, un concept que beaucoup de communautés religieuses rejettent mais qu’elles ont longtemps associé à la planification familiale. Ensemble, le gouvernement et les agences de développement—locales et internationales—ont longtemps vu la

Encadré 17 : Les piliers du Plan d’action national de planification familiale 20122015 du Ministère de la Santé et de l’Action sociale Sociale •

Une stratégie de communication à grande échelle avec des messages spécifiques et divers en fonction de la population ciblée, principalement pour les hommes et les jeunes



Un programme de plaidoyer ciblant les décideurs politiques, les chefs religieux, les sponsors et la société civile pour solliciter leurs soutien et engagement



Accessibilité des produits contraceptifs à travers la mise en œuvre d’une stratégie innovante



La distribution à l’échelle communautaire des méthodes à court terme et l’expansion des types de produits offerts



L’inclusion des acteurs du secteur privé pour développer l’offre et l’utilisation de contraceptifs, notamment à travers le marketing social, les cliniques mobiles et la mise en œuvre d’un réseau de franchises sociales



L’amélioration de l’offre, surtout des méthodes à longue durée, dans le système public afin d’avoir des services de meilleure qualité plus accessibles qui maintiennent la discrétion et fournissent un soutien approprié aux femmes et aux jeunes

Encadré 16 : Le paysage religieux du Sénégal La population du Sénégal est majoritairement musulmane (94 pour cent), mais la nation a été toujours fière de sa diversité religieuse et de sa tolérance. Approximativement quatre pour cent de la population est chrétienne, et pratiquement deux pour cent pratiquent des religions traditionnelles africaines. Le paysage religieux est marqué par le rôle fort de quatre ordres soufis principaux. Le gouvernement respecte la diversité religieuse (la constitution est laïque), mais reconnaît le rôle important des chefs et des croyances religieux sur de nombreuses dimensions de la politique. Une enquête du Pew Forum en 2010 sur la religion et la vie publique a révélé que 98 pour cent des Sénégalais qui ont été interrogés ont déclaré que la religion est « très importante » dans leur vie ; le Sénégal est classé le premier des 56 pays étudiés18.

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L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE

participation des communautés et chefs religieux dans les efforts de planification familiale comme importante. Cependant, il s’est adressé principalement aux chefs religieux au niveau local, tels que les imams du quartier. Le Plan d’action national de planification familiale 2012-2015 du Ministre de la Santé a décrit les activités et les avenues qui élargissent les efforts pour engager les leaders religieux. Cela comprenait la nomination de « champions » de la communauté religieuse qui parleraient publiquement en faveur de la planification familiale. Afin de comprendre le rôle des hommes dans la santé reproductive, l’USAID a examiné le rôle des croyances religieuses dans les attitudes et les comportements de planification familiale depuis 199619. Des organisations locales, telles que l’Association Sénégalaise pour le Bien-Être Familial (ASBEF), ont depuis longtemps intégré les chefs religieux dans leurs activités de planification familiale20. La planification familiale a des défenseurs et adversaires parmi les chefs religieux au Sénégal. Alors que beaucoup promeuvent la planification familiale dans leurs communautés, certains imams indépendants agissent fortement contre la planification familiale21. Toute perception que l’objectif est « le contrôle de la population » plutôt que la promotion de la santé reproductive est particulièrement sensible. Les débats télévisés sur la santé reproductive réunissent des représentants du Ministère de la Santé, des chefs religieux (les défenseurs et les adversaires), des associations de femmes et des professionnels de la santé. Les débats publics ont contribué à sensibiliser sur la question. La santé de la reproduction est de plus en plus considérée comme une priorité parmi les organisations religieuses sénégalaises, y compris le Réseau islam et population et l’Association nationale des imams et oulémas du Sénégal. Même quand la planification familiale, et la contraception en particulier, était un sujet tabou dans les années 1990, ces organisations ont cherché à informer la population sur ses avantages et sa permissibilité par rapport à l’islam. Elles ont organisé des réunions et ont écrit des livres sur le sujet en faisant face à des critiques sévères22. Plusieurs chefs religieux musulmans et érudits sénégalais sur l’islam ont écrit des argumentaires en soulignant comment la planification familiale est considérée au sein de leur religion. Parmi les érudits se trouvent El Hadj Moustapha Guèye, Abdoul Aziz Kébé et Ousmane Samb. Ils

Encadré 18 : La stratégie du Ministre de la Santé et de l’Action sociale pour engager les chefs religieux23 •

La révision du programme de formation standard et formation de rappel continue des chefs religieux et des communautés sur la planification familiale



L’amélioration des efforts sur la promotion de la planification familiale parmi les chefs religieux



L’évaluation des efforts au sein des communautés et chefs religieux afin d’assurer une couverture sur tout le pays



Le recrutement et la formation de chefs religieux potentiels pour augmenter leur présence en cas de besoin



Un programme de plaidoyer pour renforcer les réseaux religieux, ainsi que les « champions » locaux et nationaux de la planification familiale



L’identification et la formation de «» religieux aux niveaux local et national



Une compagne de masse ciblant les hommes et des activités de sensibilisation en collaboration avec des relais religieux pour promouvoir les connaissances concernant les bénéfices de l’utilisation de la planification familiale pour la santé des couples



La revitalisation des agents de santé communautaires religieux pour soutenir la communauté et coordonner les efforts de sensibilisation



La création de un comité national de plaidoyer pour promouvoir la planification familiale aux plus hauts niveaux

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ont essentiellement estimé que l’islam est une religion pour tous les peuples et pour tous les temps, et il est donc nécessaire de comprendre le Coran à la lumière de la technologie moderne et des changements sociétaux. Bien que les chefs religieux aient été engagés dans les débats nationaux sur la planification familiale, leur engagement a été en grande partie au niveau local. En 2014, le Cadre des Religieux pour la santé et le développement, a été formé pour réunir des chefs religieux de chacune des confréries, ou ordres soufis, ainsi que les Eglises catholiques et luthériennes du Sénégal. Leur objectif principal est de promouvoir le dialogue sur la planification familiale avec des chefs religieux de niveau élevé ; le groupe conduit des visites de courtoisie pour rencontrer les khalifes (dirigeants des confréries) pour discuter de l’importance de la planification familiale pour le bien-être familial et ses racines dans l’islam. Les membres du groupe ont développé un argumentaire sur l’islam et la planification familiale, ce qui favorise l’utilisation de l’espacement des naissances pour la santé maternelle et infantile. En mars 2015, ils ont présenté une version de l’argumentaire à des chefs religieux, des érudits islamiques, des représentants du Ministère de la Santé et des ONG travaillant sur la santé reproductive24. Le groupe distribue maintenant l’argumentaire au sein du Sénégal et il en parle dans les programmes des médias et organise des ateliers à travers le pays25. Le groupe a également visité le Maroc pour rencontrer des responsables gouvernementaux et des acteurs religieux afin de s’inspirer de l’expérience marocaine. Le Sénégal a toujours apprécié l’importance d’impliquer les leaders religieux dans les stratégies et les programmes gouvernementaux. Cependant, les efforts étaient fragmentaires et on ne les a pas maintenus. Aussi il y avait une tendance à instrumentaliser, plutôt que de collaborer avec les chefs religieux. Alors que certaines organisations ont engagé des chefs religieux au niveau local, elles ne pouvaient pas créer un réseau durable de chefs religieux de haut niveau qui pourrait alors diffuser les messages à travers leurs disciples. La stratégie actuelle de planification familiale du gouvernement est prometteuse, y compris l’accent mis sur l’engagement religieux. Le Ministère de la Santé et de l’Action sociale collabore avec le Cadre des Religieux sur la santé et le développement et d’autres partenaires pour mobiliser les

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chefs religieux sur la santé reproductive. Le Ministère espère inspirer un changement de comportement autour de la santé de la reproduction en démontrant l’acceptation de l’espacement des naissances et la contraception aux plus hauts niveaux du leadership musulman26.

Notes de bas de page 1.

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L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE

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Perspectives

L

’énorme (et souvent sous-estimée) diversité des pays à majorité musulmane du monde est la toile de fond de ce rapport. Cette diversité est non seulement religieuse, mais aussi géographique, culturelle, politique, économique, linguistique et démographique. Il est donc peu surprenant que les histoires de programmes de planification familiale et leur interaction avec les facteurs religieux varient aussi largement. C’est en effet, la principale conclusion qui ressort de l’analyse : sans négliger les liens éthiques et spirituels forts qui lient ces six pays à d’autres pays à majorité musulmane, les rôles des acteurs religieux et croyances religieuses ont été très différents. En outre, les perspectives—internationales et nationales—par rapport à la planification familiale ont changé au fil des décennies, par exemple, allant d’une focalisation sur le contrôle de la population, qui a conduit à certaines réactions, à une autre qui a insisté sur la santé et les droits des femmes. Une analyse plus large pourrait, vraisemblablement, mettre en évidence une plus grande diversité parmi les différents pays et les communautés, et donc souligner une importante première conclusion : que les sur-généralisations sont toujours périlleuses et surtout lorsqu’il y a une interaction complexe de la religion et de la société. Une implication centrale de ces grandes différences est que une analyse profonde de l’histoire et le paysage religieux de chaque pays est essentielle et devrait faire partie de toute approche d’une programme ou d’une politique de planification familiale vu que les croyances et les pratiques religieuses jouent des rôles importants, et toujours complexes. Il est essentiel d’identifier les acteurs religieux et de comprendre leurs liens aux niveaux national et international, ainsi que leurs domaines d’intérêt liés au développement et à la santé.

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Lorsque la planification familiale est concernée, les approches pour les relations entre les genres dans toutes leurs dimensions ont une importance particulière. Malgré de grandes différences, il y a des points communs et des enseignements importants, bien illustrés par les expériences très différentes de l’Indonésie, réputée pour son succès de la planification familiale, et du Pakistan avec son histoire de déceptions. Une caractéristique commune est que, à un moment ou un autre, les autorités gouvernementales et religieuses se sont engagées ensembles dans l’encouragement de la planification familiale et ont regardé les enseignements islamiques à la fois comme une source d’inspiration pour les politiques et pour mettre en place des limites et des frontières. Là où il y avait un manque d’engagement, les tensions ont émergé. Là où il y avait une réponse rapide à des tensions religieusement liées, il était souvent possible de tracer un chemin satisfaisant. Dans le cas des retards, cependant, les problèmes ont eu tendance à être agrandis. Une autre caractéristique commune et importante dans les expériences les plus réussies était les partenariats qui comprenaient la collaboration sans « l’instrumentalisation » ou l’utilisation d’une ou d’autre partie. Les partenariats significatifs impliquent une consultation précoce, une combinaison d’érudition et de pratique, en engageant les réseaux religieux, ainsi que les idées et les enseignements religieux et impliquant les leaders à la fois formels et informels. Un défi commun a impliqué la distinction des enseignements islamiques auprès des autres qui confondent les enseignements religieux avec les hypothèses et croyances culturelles. Dans chaque cas, les efforts visant à lier les politiques de planification familiale à un moment ou un autre avec des

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principes et croyances islamiques de base ont été considérés comme particulièrement importants. Ici, les échanges entre les chercheurs et les praticiens de toute la grande communauté islamique ont été utiles et significatives. Il est probable que ces défis sont amplifiés par les augmentations rapides dans médias sociaux, mais les preuves venant de ces cas sur cet aspect de l’expérience étaient trop limitées pour hasarder des conclusions spécifiques. Les attitudes religieuses négatives ont été dans certains cas liées à la perception de certains leaders religieux à propos de ce qu’ils percevaient comme des agendas cachés sous les programmes. Dans certains cas, les chefs religieux ont supposé que les programmes de planification familiale ont été fondés sur des valeurs qui n’étaient pas prises en charge par les enseignements islamiques. Dans le cas du Pakistan et de l’Iran, où les programmes de planification familiale sont confrontés à une résistance de la part des autorités religieuses, les adversaires des programmes gagnent du terrain en faisant valoir que ces programmes avaient été inspirés ou pressés par les pays occidentaux, et même dans certains cas, qu’ils étaient motivés par des attitudes négatives envers l’islam. Une « leçon » de cette étude est que les expériences des autres pays sont souvent considérées comme utiles en informant et en inspirant, en particulier dans un domaine aussi

sensible et culturellement lié comme la planification familiale. Dans plusieurs cas, des visites d’échanges, des conférences et d’autres formes d’apprentissage ont été marquées comme des tournants importants. Beaucoup de pays se tournent vers les enseignements tirés de l’expérience des autres nations, en particulier quand ils partagent des liens culturels et religieux. Vu que les interprétations de l’islam transcendent les frontières nationales, les enseignements riches et instructives ainsi que les pratiques des dirigeants et des communautés à travers le monde musulman sont une force dynamique, et souvent, une source d’inspiration. Cette critique est un effort primaire et partiel, mais les résultats suggèrent que l’élargissement de l’étude dans d’autres pays et une analyse plus profonde donneraient des indications précieuses qui pourraient être d’une aide matérielle dans la conception et la gestion des programmes de planification familiale. Pour rappel, il n’y a pas de modèle ou de plan unique pour la planification de la famille ou d’un engagement religieux. Chacun des six cas a été marqué à la fois par l’évolution des circonstances et de différents dirigeants et personnalités. Mais, dans tous les cas, les politiques de la planification familiale ont gagné quand ils ont pris en compte les facteurs religieux d’une façon explicite, intelligente, créative et continue.

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Annexe 1

Mots clés

Planification familiale (définitions OMS)1 La planification familiale permet aux individus et aux couples d’anticiper et d’atteindre leur nombre souhaité d’enfants et l’espacement et le moment des naissances. Il est obtenu grâce à l’utilisation des méthodes de contraception et du traitement de l’infertilité involontaire. La capacité d’une femme à espacer et à limiter ses grossesses a un impact direct sur sa santé et son bien-être ainsi que sur le résultat de chaque grossesse. Il existe plusieurs méthodes de planification familiale qui peuvent être utilisées efficacement et sans risques pour prévenir la grossesse : ƒƒ Les méthodes de barrière comme les préservatifs, le diaphragme et l’éponge contraceptive ; ƒƒ Les dispositifs intra-utérins (DIU) ; ƒƒ Les méthodes hormonales, comme les pilules, implantations ou les injectables ; ƒƒ Les méthodes de stérilisation, comme la vasectomie, l’hystérectomie et la ligature des trompes ; et ƒƒ Les méthodes naturelles, qui comprennent la connaissance de la fécondité et l’allaitement durant la période post-partum

Taux de fécondité total (TFT)2 Le taux de fécondité total représente le nombre d’enfants qui seraient nés d’une femme si elle devait vivre jusqu’à la fin de ses années de procréation et porter des enfants conformément aux taux de fécondité actuels et spécifiques à l’âge.

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Taux de prévalence contraceptive (TPC)3 Le taux de prévalence contraceptive est le pourcentage de femmes qui utilisent actuellement, ou dont le partenaire sexuel est en train d’utiliser, au moins une méthode de contraception, quelle que soit la méthode utilisée. Il est généralement indiqué pour les femmes mariées ou en union de 15 à 49 ans. Les besoins non satisfaits de planification familiale4 Les femmes avec des besoins non satisfaits sont celles qui sont fécondes et sexuellement actives, mais n’utilisent aucune méthode de contraception, et elles expliquent ne plus vouloir d’enfants ou de vouloir retarder le prochain enfant. Le concept de besoins non satisfaits souligne l’écart entre les intentions de procréation des femmes et leur comportement contraceptif. Les besoins non satisfaits sont exprimés en un pourcentage basé sur les femmes qui sont mariées ou en union consensuelle. Notes de bas de page 1.

2.

Organisation Mondiale de la Santé. Family Planning: A Global Handbook for Providers. Organisation Mondiale de la Santé. 2011.; Organisation Mondiale de la Santé. “Ensuring human rights with contraceptive programs: A human rights analysis of existing quantitative indicators.” 2014. Organisation Mondiale de la Santé. La Banque Mondiale. “Fertility Rate, Total (births per woman).” La Banque Mondiale. Dernière modification 2014. Consulté depuis http://data.worldbank.org/indicator/ SP.DYN.TFRT.IN

L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE

3.

La Banque Mondiale. “Contraceptive Prevalence (% of women ages 15-49).” La Banque Mondiale. Last updated 2014. Pris de http://data.worldbank.org/indicator/SP.DYN. CONU.ZS

4.

Organisation Mondiale de la Santé. “Ensuring human rights with contraceptive programs: A human rights analysis of existing quantitative indicators.” 2014. Organisation Mondiale de la Santé.

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Annexe 2

Versets du Coran et des Hadiths auxquels on réfère en relation à la planification familiale Facilité

Qualité

« Allah veut pour vous la facilité, [yusr] ; Il ne veut pas la difficulté [‘usr] pour vous. » (2:185)

« Dis : Le mauvais et le bon ne sont pas semblables, même si l’abondance du mal te séduit. Craignez Allah, donc, ô gens intelligents, afin que vous réussissiez. » (5:100)

« Et Il ne vous a imposé aucune gêne dans la religion. » (22:78) « Allah veut vous alléger (les obligations), car l’homme a été créé faible. » (4:28) « Et parmi Ses signes Il a créé de vous, pour vous, des épouses pour que vous viviez en tranquillité avec elles et Il a mis entre vous de l’affection et de la bonté. Il y a en cela des preuves pour des gens qui réfléchissent. » (30:21)

Modération « Allah n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité. » (2:286) « Ne porte pas ta main enchaînée à ton cou [par avarice], et ne l’étend pas non plus trop largement, sinon tu te trouveras blâmé et chagriné. » (17:29) « Certes la religion est facilitée et personne n’est dure dans la religion sans qu’elle ne prenne le dessus sur lui. Ainsi œuvrez avec perfection ou tentez de l’atteindre et recevez la bonne nouvelle. Et aidez vous par le matin, l’après-midi et un moment de la fin de la nuit. » (Hadith, al-Bukhari et Muslim)

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« Combien de fois une troupe peu nombreuse a, par la grâce d’Allah, vaincu une troupe très nombreuse ! » (2:249)

Planification « Nous avons créé toute chose avec mesure. » (54:49) « Méditent sur la création des cieux et de la terre. » (3:191) « Le soleil ne peut rattraper la lune, ni la nuit devancer le jour; et chacun vogue dans une orbite. » (36:40) “Béni soit celui dans la main de qui est la royauté, et Il est Omnipotent. Celui qui a créé la mort et la vie afin de vous éprouver (et de savoir) qui de vous est le meilleur en œuvre, et c’est Lui le Puissant, le Pardonneur. Celui qui a créé sept cieux superposés sans que tu voies de disproportion en la création du Tout Miséricordieux. Ramène [sur elle] le regard. Y vois-tu une brèche quelconque ? » (67:1-3)

L’ENGAGEMENT RELIGIEUX DANS LES POLITIQUES DE LA PLANIFICATION FAMILIALE

Enfants et procréation

Mariage

« Mariez les célibataires d’entre vous et les gens de bien parmi vos esclaves, hommes et femmes. S’ils sont besogneux, Allah les rendra riches par Sa grâce. Car (la grâce d’) Allah est immense et Il est Omniscient. » (24:32)

« Et parmi Ses signes Il a créé de vous, pour vous, des épouses pour que vous viviez en tranquillité avec elles et Il a mis entre vous de l’affection et de la bonté. Il y a en cela des preuves pour des gens qui réfléchissent. » (30:21)

« Mariez-vous et augmentez votre nombre, car en vérité je rivaliserai avec les autres nations par vous tous (c’est-à-dire votre nombre) le Jour de la Résurrection1. »

« C’est Lui qui vous a créés d’un seul être dont il a tiré son épouse, pour qu’il trouve de la tranquillité auprès d’elle. » (7:189)

« Rappelez-vous quand vous étiez peu nombreux et qu’Il vous a multipliés en grand nombre. » (AL-A’RĀF, V86)

« Allah vous a fait à partir de vous-mêmes des épouses, et de vos épouses Il vous a donné des enfants et des petits-enfants. » (16:72)

« Lors, Zacharie pria son Seigneur, et dit: « Ô mon Seigneur, donne-moi, venant de Toi, une excellente descendance. Car Tu es Celui qui entend bien la prière. » (AL-’IMRĀN, V38) « Seigneur, fais-moi don d’une [progéniture] d’entre les vertueux. Nous lui fîmes donc la bonne annonce d’un garçon (Ismaël) longanime. » (AŞ-ŞĀFFĀT, V100-01) « Et Nous avons certes envoyé avant toi des messagers, et leur avons donné des épouses et des descendants. Et il n’appartient pas à un Messager d’apporter un miracle, si ce n’est qu’avec la permission d’Allah. Chaque échéance a son terme prescrit. » (AR-RA’D, V38) « Les biens et les enfants sont l’ornement de la vie de ce monde. » (AL-KAHF, V46) « Ni vos biens ni vos enfants ne vous rapprocheront à proximité de Nous. Sauf celui qui croit et œuvre dans le bien. Ceux-là auront une double récompense pour ce qu’ils œuvraient, tandis qu’ils seront en sécurité, aux étages supérieurs (du Paradis). » (34:37) « Il est meilleur pour toi de laisser tes hérités riches que de les laisser pauvres et mendiants2. »

Infanticide « Et ne tuez pas vos enfants par crainte de pauvreté; c’est Nous qui attribuons leur subsistance, tout comme à vous. Les tuer, c’est vraiment, un énorme péché. » (17:31) « Ne tuez pas vos enfants pour cause de pauvreté. Nous vous nourrissons tout comme eux. » (Surat Al-An-aam: 151) « Et quant à la terre, Nous l’avons étalée et y avons placé des montagnes (immobiles) et y avons fait pousser toute chose harmonieusement proportionnée. Et Nous y avons placé des vivres pour vous, et (placé aussi pour vous) des êtres que vous ne nourrissez pas. Et il n’est rien dont Nous n’ayons les réserves et Nous ne le faisons descendre que dans une mesure déterminée. » (15:19-21)

Notes de bas de page 1. 2.

Hadith du Prophète (Imam Ahmad Bnu Hiban dit que dans un Hadith disant, selon Anas) Hadith du Prophète selon Amir bn Sa’ad bn Abi Waqqas dans Sahih Bukhari

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