Les influences de la religion sur la planification familiale

Certains guides religieux soutiennent que l'espacement des naissances n'est pas accepté par la ... de femmes de chefs religieux pratiquent le planning familial.
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Les influences de la religion sur la planification familiale : Des extraits des groupes de discussion de l’enquête à mi-parcours Mars 2017 Diourbel Femmes : Groupe 1 Selon vous qu’est-ce que la religion a soutenu sur le comportement d’une femme enceinte ? Elle doit faire ses devoirs et obligations comme si elle n’était pas enceinte : faire ses prières journalières, respecter son travail, entretenir de bonnes relations avec ses voisins, prendre soin de son état de santé. Qu’est-ce que la religion a soutenu sur l’espacement des naissances ? La religion n’encourage pas les grossesses rapprochées. J’ai connu des complications graves sur les grossesses rapprochées que j’ai eues. J’en ai trop souffert avant d’accoucher et depuis lors, je ne suis plus en bonne santé. Je tombe souvent malade et j’ai été admise à l’hôpital à plusieurs reprises. Je pense que la femme doit se reposer, deux à trois ans après ses accouchements, avant de faire un autre enfant. L’espacement des naissances nous permet de prendre soin de nos enfants, de veiller à leur éducation. Avec les grossesses rapprochées, la femme n’est pas bien portante et ses enfants également. Certes nous sommes musulmanes et devons répandre la communauté musulmane mais la santé prime avant tout. Je dis oui pour l’espacement des naissances afin de mieux vivre. Qu’est ce que vous pensez d’une femme dont les grossesses sont rapprochées ? La femme sera très fatiguée et les charges seront lourdes sur le plan sanitaire vu la cherté des médicaments. Quand on prend de l’âge, c’est trop risqué d’avoir des grossesses rapprochées. Même si ton mari a les moyens de prendre en charge de nombreux enfants, je crois qu’il faut penser à ton état de santé, à l’éducation des enfants et à leur bien-être. Quelle est la position de votre guide religieux sur l’espacement des naissances ? Certains guides religieux soutiennent que l’espacement des naissances n’est pas accepté par la religion si tu es bien portante. Par contre, si tu souffres de complications après les accouchements, la religion t’autorise à espacer les naissances. Est-ce que les guides religieux doivent s’impliquer dans la promotion de la santé maternelle ? Si le guide religieux a les moyens financiers, il peut aider. Il peut également convaincre le mari de suivre la femme dans sa décision. Si le mari ne l’accepte pas, elle peut faire intervenir le guide religieux pour convaincre le mari à respecter sa décision dans le souci de son bien-être. Qu’est-ce que vous pensez d’une femme qui insiste à faire le planning ? Si c’est pour son bien-être, elle peut le faire. Mais avant tout, elle doit en discuter avec son mari. Je me suis très tôt mariée à l’âge de 14 ans. Quand j’ai accouché de mon premier enfant, la sage-femme était très préoccupée sur l’état de ma santé. J’avais accouché sans difficulté grâce à Dieu. Ainsi la sage-femme a demandé à mon mari que je fasse le planning pour mon bien-être et celui de mon enfant car je suis trop

 

jeune. Il a accepté et depuis lors je planifie mes naissances en respectant les médicaments qu’on m’a prescrits. Toutefois j’ai contracté une grossesse rapprochée malgré l’utilisation des pilules. Je me suis dit que c’est la volonté de Dieu et je n’y peux rien, mais j’étais tellement fatiguée pendant cette grossesse. Est-ce que vous discutez avec vos maris sur le nombre d’enfants que vous voulez avoir ? Je l’ai fait avec mon mari car je n’ai qu’un seul enfant. C’est lui-même qui a ouvert le débat. Puisque je n’avais pas fait une fête pour célébrer notre mariage, il voulait à ce qu’on fasse un autre enfant pour qu’il puisse m’honorer lors de la cérémonie de baptême mais Dieu en a décidé ainsi. On n’a eu qu’un seul enfant. Mon mari veut des enfants mais actuellement l’état de ma santé ne me le permet pas. Il compte même épouser une autre femme pour avoir des enfants. Il sait que donner un enfant pourrait être un risque pour moi, vu l’état de ma santé. Est-ce que dans le quartier les femmes pratiquent normalement le planning familial ? Les femmes pratiquent le planning. Si vous observez le temps d’espacement de leurs grossesses, on peut supposer clairement que les femmes font le planning familial. Les hommes l’encouragent. Le seul problème, c’est au niveau des chefs religieux. Comment les chefs religieux doivent-ils être impliqués dans la promotion de l’espacement des naissances ? Certains chefs religieux ont compris l’importance de l’espacement des naissances. Beaucoup de filles et de femmes de chefs religieux pratiquent le planning familial. Il faut organiser des réunions avec les guides religieux et les pères de famille. Les maris doivent être aussi impliqués car ce sont eux qui rejettent le plus souvent le planning. Ils rejettent le planning car ils soutiennent que la religion encourage les naissances pour répandre la communauté musulmane. Quelles sont les stratégies à mettre en œuvre pour que les chefs religieux puissent s’impliquer davantage dans la promotion de l’espacement des naissances ? La plupart des chefs religieux acceptent l’espacement de naissances.

Femmes : Groupe 2 Selon vous, qu’est-ce que la religion a soutenu sur les grossesses et la santé maternelle et infantile ? La grossesse n’est pas facile. Durant la grossesse, on tombe souvent malade à cause d’une mauvaise alimentation ou une mauvaise prise en charge sanitaire. Les hôpitaux coûtent chers et beaucoup de chefs religieux sont contre le planning. Je pense que la religion nous permet de prendre des précautions, de planifier les naissances avec le consentement de nos maris, si toutefois notre état de santé est menacé. Il y a des prières pour l’espacement des naissances et c’est prouvé. Est-ce que vous échangez avec vos références religieuses sur la santé maternelle et infantile ? Je discute le plus souvent avec les chefs religieux sur la santé maternelle. Quand on tombe enceinte, on sollicite leurs prières. Ils nous donnent des talismans et des eaux bénites, c’est le côté spirituel. Mais je crois que cela ne suffit pas dans le cadre sanitaire, raison pour laquelle je pense qu’il est plus sûr d’aller à l’hôpital et de respecter les soins. La religion accepte l’espacement des naissances. Donc je n’ai pas besoin d’en discuter avec l’imam.

 

Quel doit être le rôle des chefs religieux pour la promotion de la santé maternelle et infantile ? Ils doivent encourager l’espacement des naissances, accepter le planning familial. Certes, certains chefs religieux sont contre le planning, mais ils doivent être conscientisés afin de savoir que c’est pour le bienêtre de la femme et quant à nous, nous devons nous ranger derrière les chefs religieux qui encouragent le planning. Quelles sont les stratégies à mettre en œuvre afin que les chefs religieux puissent participer à la promotion de la santé maternelle et infantile ? Organiser des réunions et sensibiliser les communautés sur la santé maternelle. Les chefs religieux évitent de participer aux débats sur la santé maternelle et le planning familial pour plusieurs raisons : d’abord la position de l’islam et puis les complications issues du planning tel que les pertes de sang, la stérilité etc. Qu’est-ce que vous pensez d’une femme qui insiste à faire le planning ? C’est parce que c’est pour son bien-être ou qu’elle rencontre souvent des grossesses rapprochées, des complications après ses accouchements, et elle veut préserver sa santé. Elle doit en parler avec son mari avant tout. Est-ce que votre décision sur la santé maternelle et infantile peut être influencée par vos références religieuses ? On doit en parler avec notre chef religieux avant de prendre la décision mais si c’est pour le planning, il est de notre responsabilité de prendre la meilleure décision. On ne doit pas en parler à notre chef religieux. Il revient au mari et à la femme de prendre leurs responsabilités sur ce domaine.

Hommes : Groupe 1 Selon vous, quelle est la position de l’islam sur l’espacement des naissances ? La religion autorise à la femme d’espacer ou d’arrêter ses naissances si elle risque de perdre sa vie dans l’accouchement, mais le constat doit être fait par un médecin de bonne foi. Comment voyez-vous les grossesses rapprochées ? Les grossesses rapprochées rendent la femme faible et les enfants sont souvent malades car ils ont subi un sevrage brutal. La femme ne sera pas non plus bien portante car elle ne pourra pas prendre soin d’elle et de ses enfants. Chaque année mettre au monde un enfant, ce n’est pas bien pour la santé de la femme. Les hommes ont aussi une part de responsabilité sur les grossesses rapprochées. Ils doivent respecter les périodes d’allaitement de la femme. Qu’est-ce que les chefs religieux de votre localité soutiennent sur l’espacement des naissances ? L’imam associe la santé maternelle dans son sermon du vendredi. La femme doit prendre des précautions pour espacer ses naissances car c’est pour son bien-être. Les femmes font le planning pour espacer leurs naissances, mais cette pratique comporte des conséquences néfastes car beaucoup d’entre elles souffrent des effets secondaires après. Avant de faire le planning familial, il faut solliciter le consentement du mari. La femme mariée doit se soumettre aux décisions de son mari.

 

Il y a des femmes qui ont des complications après des grossesses rapprochées, et certaines ne sont pas confrontées à de telle difficulté. Maintenant si la santé de la femme est menacée, l’islam lui permet d’espacer ses naissances pour préserver sa santé et celle de l’enfant. Il est dur chez le père de famille polygame lorsque toutes ses femmes connaissent des grossesses rapprochées. La prise en charge de la famille sera difficile. Comment voyez-vous une femme qui prend la décision de faire du planning sans l’autorisation préalable de son mari ? Cette femme a désobéi à ses obligations à son mari. L’islam ne l’accepte pas. Aujourd’hui les hommes critiquent le planning parce que les femmes peuvent le faire sans le consentement de leur mari et cela encourage les femmes célibataires à faire du planning car la présence du mari n’est pas obligatoire. C’est [ça] que l’on déplore, cela doit être revu. Quelles sont les raisons qui poussent la femme à faire le planning sans l’autorisation de son mari ? Si elle a des grossesses rapprochées et que son mari lui refuse de faire le planning, dans ce cas elle doit chercher d’autres moyens de précaution, faire intervenir l’imam et le médecin pour ramener son mari à la raison tout en lui expliquant les conséquences qu’elle pourrait encourir en ayant des grossesses rapprochées. Les femmes doivent communiquer avec leur mari avant toute décision. Elles le font souvent pour leur bien-être ou pour leur liberté d’activités, raison pour laquelle elles font le planning sous le dos de leur mari. Est-ce que les chefs religieux peuvent influencer vos décisions sur la santé maternelle et infantile au sein de l’espace familial ? Mon guide religieux peut influencer mes décisions sur tous les plans. Les chefs religieux nous orientent sur les recommandations de l’islam. Donc tout ce qu’ils disent, on doit le faire. Si c’est pour le planning, je prendrai mon entière responsabilité en l’autorisant de le faire et le chef religieux ne sera pas au courant de notre décision.

Hommes : Groupe 2 Quel est le point de vue de l’islam sur les grossesses et la santé maternelle et infantile ? C’est le chef de famille qui doit s’occuper de la santé de la femme et celle de l’enfant. Dans ce cas, du début de la grossesse jusqu’à l’accouchement, il doit prendre toutes les charges hospitalières. Même si la femme est salariée, c’est lui qui doit la prendre en charge. Si toutefois le mari ne dispose pas de revenus pour la prendre en charge alors que la femme a les moyens, elle peut l’appuyer. Le mariage est une recommandation de Dieu, nous attendons des enfants issus du mariage pour fonder une famille. La religion demande à l’homme de bien prendre en charge sa famille sur tous les plans. Concernant la grossesse, la religion permet au couple ou la famille de prendre toutes les mesures appropriées pour préserver la grossesse et la santé de la femme et celle de l’enfant. Avez-vous connu des personnes qui ont rencontré des complications durant la grossesse ?

 

J’ai une parente qui a beaucoup souffert pendant ses grossesses rapprochées. Elle souffrait tellement qu’on l’a évacuée à l’hôpital par ambulance. Et pour son bien-être, le médecin lui a demandé d’arrêter ses naissances pour sauver sa vie. La femme avortait souvent. Je l’ai amenée à l’hôpital. Les médecins lui ont demandé de s’abstenir de son mari pendant un an et en respectant les consignes médicales, elle a finalement eu un enfant sans difficulté. J’ai vu un cas de ce genre. Chaque fois que la femme accouchait, on l’amenait à l’hôpital, même dans le cas de son dernier accouchement, elle a été admise au service d’urgence et pour sauver sa vie, les médecins ont arrêté ses naissances. Depuis lors, la femme ne peut plus avoir d’enfants. J’ai vu deux cas. Ce sont deux sœurs, l'aînée a eu quatre enfants mais on l’opérait souvent. Finalement, les médecins l’ont demandé d’arrêter ses naissances. Selon vous, quel est votre point de vue sur les grossesses rapprochées ? C’est dur les grossesses rapprochées. Il n’est pas facile d’élever deux enfants à la fois. L’un a subi un sevrage brutal et l’autre vient de naître. Je pense que la religion a demandé aux femmes d’allaiter leurs enfants pendant deux ans. L’islam interdit les grossesses rapprochées dans le cas où il mettrait en danger la vie de la femme. les neveux du prophète, Ousseynou et Assane, peuvent servir d’exemple d’enfants issus des grossesses rapprochées. Si la femme rencontre des complications des grossesses rapprochées, après constat d’un médecin de bonne foi, il lui est permis d’espacer ses naissances ou de suivre les recommandations du médecin. Mes parents m’ont donné des secrets pour l’espacement des naissances. C’est une amulette qu’on met sur le pied gauche de la personne et sous le côté gauche du lit. Est-ce que vous discutez avec vos références religieuses sur la santé maternelle et infantile ? Chaque jour, on discute avec les chefs religieux. Tout ce que j’ai soutenu ici j’ai tiré des enseignements et propos des chefs religieux. On discute avec les chefs religieux, surtout l’imam. On l’interpelle sur tous les sujets : sur notre religion, la gestion de notre foyer, les périodes de grossesse de nos femmes. On lui demande tout ce qui touche notre vie. Les imams doivent prendre des thèmes sur la santé maternelle tout simplement lors des sermons du vendredi pour que les communautés comprennent davantage la position de l’islam sur la santé maternelle et infantile. Ils parlent de la religion le plus souvent.

Religieux Imam 1 L’islam ne force personne à se marier. Il nous oriente et nous enseigne nos obligations en matière de mariage dans la vie de couple. Fonder une famille repose sur cinq points : la religion aide l’individu à protéger sa foi, ses biens, sa vie, ses relations sociales et sa nature. En effet, prendre la responsabilité de fonder une famille n’est pas une chose facile car les enfants sont des innocents. Il est donc la responsabilité du père de protéger les enfants et de les éduquer. La bonne éducation des enfants ne dépend pas du nombre mais du comportement des parents vis-à-vis de leurs enfants et de la société elle-même. Il revient donc de voir comment planifier les naissances pour pouvoir les éduquer normalement. L’islam nous enseigne notre manière de vivre en couple. Ce qu’il faut savoir, c’est que quand on a un enfant, il faut l’allaiter pendant deux ans. Et après cette période on peut faire un autre enfant. Et nous

 

savons que la durée de la grossesse dure neuf mois. Le premier enfant aura maximum trois ans. Donc elle a espacé ces naissances de trois ans naturellement, mais elle doit continuer de s’occuper de son enfant pendant sept ans avant de se séparer avec lui si c’est un garçon. C’est la période à laquelle l’enfant doit être assisté par sa mère et après cette dernière doit l’inscrire à l’école, l’amener au daara ou éventuellement à une autre formation. L’islam parle de l’espacement des naissances mais sous une autre forme. Nous sommes dans une société islamique et nous devons donc nous conformer aux recommandations de l’islam. Si l’on constate que la femme pourrait perdre sa vie après l’accouchement ou avoir des complications suite à des grossesses rapprochées dans ce cas, l’islam lui permet de protéger sa vie. Et ce constat doit être fait par un médecin de bonne foi et qui croit en l’islam. Dans cette situation, on pourra prendre d‘autres précautions pour protéger la vie de la femme par une voie médicale ou des moyens souhaités par la religion. Avant tout, le couple doit discuter et tomber d’accord sur la méthode et aussi éviter les méthodes utilisées pour faire le planning actuel. Je déplore la méthode de planning préconisé par l’occident. La plupart des écoles de pensées islamiques partagent le même point de vue à ce sujet, qui est l’espacement des naissances appelé sous différentes formes comme le planning familial. Est-ce que l’espacement des naissances peut participer au bien-être familial et infantile ? La bonne santé participe au bien-être de la famille naturellement. On ne peut rien réaliser si on n’est pas bien portant. Un esprit sain dans un corps sain. Donc l’on doit se protéger et prendre des précautions sur tout ce qui affaiblit notre santé. Quelles sont les stratégies à mettre en œuvre afin que les chefs religieux puissent s’impliquer davantage dans la promotion de la santé maternelle ? Je pense qu’il faut d’abord instaurer la confiance et avoir de bonnes relations avec les gens et ensuite que les communautés s’approprient des informations qu’on partage avec elles. Beaucoup de programmes sont rejetés par la communauté parce qu’au préalable les études qui devaient être menées avec l’implication de l’islam dans le processus n’ont pas été menées. Ils ne cherchent que le financement de ces programmes, mais l’islam ne les intéresse pas. C’est l’aspect économique qui les intéresse et non la religion. Donc on constate parfois des détournements d’objectif. Selon vous, quel doit être votre rôle pour l’utilisation des services sanitaires de l’espacement des naissances par la communauté ? Pour le planning familial, il faut qu’il se base sur l’aspect sanitaire et non sur l’aspect économique. Dieu a dit « Il vous est interdit d’éliminer vos enfants parce qu’il y a famine, ou d’éliminer vos enfants parce qu’il y aura famine, Dieu vous entretient et vous protège. » Il faut de la clarté dans les programmes. Qu’ils ne profitent pas de difficultés socio-économiques des gens pour les proposer des programmes malveillants. Avant qu’ils nous viennent en aide, ils doivent nous demander nos besoins, nos préoccupations.

Imam 2 Nous croyons à notre guide religieux et nous soumettons entièrement aux recommandations du khalife général des mourides. Je n’ai pas de connaissances sur l’espacement des naissances. Mais je constate que beaucoup de femmes adoptent le planning familial. Tout ce qui encourage le bien-être associant l’islam dans sa méthode est une très bonne chose, mais à défaut on ne l’encourage pas. Les principes de l’islam ne changeront jamais et le coran également. En tout cas, tout ce que l’islam encourage, on le fait.

 

Je ne suis pas médecin, mais je sais que dans certaines situations, l’islam permet à la femme de prendre des précautions après l’autorisation du mari et si la maladie qui affecte la femme est constatée par un médecin qui peut déclarer que son état de santé ne lui permet pas de porter une grossesse ou d’accoucher sans difficulté. Je sais que durant le mois de ramadan, la femme enceinte doit s’abstenir de jeûner. Quant à nous, on se soumet aux recommandations de notre guide religieux. Et dès que ce dernier donne sa position sur ce sujet, on va le suivre. Mais je pense que la religion ne l’interdit pas si c’est pour le bienêtre de la femme. Quant à planifier pour des politiques antinatalistes, là on ne l’encourage pas. On n’encourage pas également l’avortement car Dieu a dit de ne point tuer ton prochain. Nous sommes des croyants et nous appliquons les enseignements de l’islam dans toutes les situations. Est-ce que la position de l’islam sur l’espacement des naissances n’est pas un frein pour la pratique du planning par les femmes de la localité ? En ce que je sache, les femmes sous mon toit ne le pratiquent pas. Mais j’affirme que beaucoup de femmes promeuvent leur bien-être. Raison pour laquelle elles peuvent le faire en secret pour pouvoir suivre leurs activités et vaquer à leurs occupations sans contrainte majeure. Est-ce que lors des grandes manifestations religieuses vous abordez des sujets sur la santé maternelle ? Nous proposons des solutions pour l’amélioration de leur santé. Nous leurs prévenons de certaines maladies et les expliquer les moyens de prévention à travers les solutions de l’islam. Aujourd’hui, beaucoup de maladies sont causées par l’infidélité. Nous devons respecter les consignes des médecins et les recommandations de l’islam. Aujourd’hui, les femmes souffrent de beaucoup de maladies telles que le cancer et l’hypertension. Et je pense que les grossesses rapprochées n’arrangent pas beaucoup de personnes et ce n’est pas bien pour la santé de la femme. Si la femme mariée n’a pas connu de complications après ses grossesses, elle n’est pas obligée d’espacer ses naissances. Mais si elle rencontre des difficultés dans ces situations, il lui est permis de le faire.

Imam 3 Je me base tout simplement sur les enseignements de l’islam sur la santé en général. Mes sources viennent du coran et des propos du prophète (PSL). Le coran rapporte que les femmes doivent allaiter leurs enfants pendant deux ans. C’est une politique d’espacement des naissances qui vient de l’islam. La tradition permet à la femme d’aller chez ses parents pour allaiter son enfant pendant deux ans, ce qui lui permet de ne pas avoir des grossesses rapprochées. Le prophète a rapporté que lors des rapports intimes entre la femme et le mari, le mari a la possibilité lors des rapports sexuels d’éjaculer en dehors de la femme. C’est également un moyen d’éviter les grossesses rapprochées. Aujourd’hui, beaucoup d’ONG font la promotion de l’espacement des naissances pour le bien-être de l’enfant et de la femme, mais également de faciliter les parents dans la prise en charge des enfants. Aujourd’hui, il est très difficile de prendre en charge de nombreux enfants, tout en assurant sans difficulté leur santé et leur éducation. Et tous ces aspects ont été soulevés par le coran car Dieu dit les revenus des gens sont sous sa responsabilité. Donc il faut laisser vivre les enfants. Toutefois si la femme risque sa vie au moment de l’accouchement, l’islam demande à ce qu’on la protège. La période d’allaitement de deux ans est une politique de lutte contre les grossesses rapprochées. Certaines femmes sont opérées au moment de l’accouchement pour sauver leur vie et celle de l’enfant. Dans ce cas, si les médecins de bonne foi constatent que souvent pour accoucher la femme doit passer par une opération dans cette situation, le médecin peut demander à ce qu’elle arrête ses naissances ou espace les naissances pour sauver sa vie et préserver sa santé.

 

Dans certains cas, si la femme est bien portante, elle doit donner des enfants et répandre la communauté musulmane. Et dans d’autres cas, si la femme n’est pas bien portante, l’espacement des naissances pourrait contribuer à son bien-être, en se basant sur le respect des recommandations de l’islam. Est-ce que les femmes de votre communauté utilisent les services sanitaires pour l’espacement des naissances ? Je vois le planning familial sous deux angles : l’organisation des naissances et arrêter les naissances. Si c’est pour le premier, c’est une bonne chose. Par contre, l’islam n’accepte pas l’avortement et la limitation des naissances. Est-ce que les femmes de la localité pratiquent le planning familial ? Certaines femmes ne le font pas parce que leur mari est contre le planning. L’obstacle majeur, c’est la cachette. Beaucoup de femmes font le planning sans l’autorisation de leurs maris. Certaines font des plannings de 5 ans sans que leurs maris le sachent et la femme peut rester des années sans avoir un enfant. La méthode doit changer. Il faut qu’on associe l’islam dans la pratique. L’islam a demandé à la femme d’allaiter son enfant pendant deux ans. On voit des femmes qui font le sevrage brutal pour porter une autre grossesse ce qui n’est pas bien pour la santé de la femme et celle de l’enfant. Il faut que l’enfant soit fort. S’il plaît à Dieu, on peut être impliqué dans la mesure où tous les chefs religieux se réunissent et tombent d’accord sur les principes et procédés pour que l’application de l’espacement des naissances soit effective.

Imam 4 Mon point de vue sur l’espacement des naissances, c’est que l’islam nous facilite la vie. A partir du moment où il constate qu’il y a des difficultés, il apporte des solutions à ces préoccupations. En ce qui concerne l’espacement des naissances, l’islam s’y implique quand des conséquences découlent de la grossesse ou de l’accouchement. Par exemple, si la femme met au monde un enfant et quelque temps après elle contracte une autre grossesse alors que cela pourrait compromettre son état de santé, dans ce cas l’islam lui demande de protéger sa vie, suivant les moyens en conformité avec les recommandations de l’islam. Je l’ai rapporté des hadiths du prophète (PSL). Vous savez que la vision de l’islam est différente de celle des occidentaux. Ces derniers se fondent sur des situations socio-économiques pour défendre leurs positions. Quant à l’islam, il réfute cette position. Dieu dit dans le coran « sauvegardez vos enfants car je suis l’unique garant de leur subsistance ». Donc on ne doit pas limiter les naissances car leur subsistance proviennent de lui, raison pour laquelle s’il y a des problèmes de santé ou la femme risque sa vie pour donner un enfant, l’islam intervient dans ce cas pour lui demander d’espacer ou même d’arrêter les naissances. C’est comme l’obligation du jeûne. Ceux qui sont malades ou qui n’ont pas de quoi à manger après la rupture, l’islam les permet de s’abstenir du jeûne. Selon vous, est-ce que les femmes qui utilisent les services de santé maternelle prennent en considération les recommandations de l’islam lors de la pratique ? Naturellement, si elles sont de bonne foi. Il y a beaucoup d’entre elles qui m’interpellent le plus souvent dans ce domaine afin de comprendre la position de l’islam sur l’utilisation de certains services sanitaires. J’ai prêché lors des prières du vendredi des thèmes sur ces maladies et également sur la santé maternelle. Je fais également des prières pour faciliter l’accouchement de la femme et d’atténuer ses souffrances au moment des contractions.

 

Thiès Femmes : Groupe 1 Qu’est-ce que la religion a soutenu sur les grossesses et la santé maternelle ? En matière de santé maternelle, la religion nous autorise d’arrêter ou d’espacer les naissances si l’on constate qu’il y a des conséquences sanitaires après l’accouchement. Par contre, si aucun risque n’est opéré chez la femme, elle est tenue naturellement de donner des enfants. A votre avis, pourquoi la religion accepte-t-elle l’espacement des naissances ? Si notre état de santé nous permet de porter une grossesse, rien ne nous oblige d’arrêter ou d’espacer les naissances. Par contre si la femme est malade, elle pourrait mettre sa vie en danger en tombant enceinte. Dans ce cas, la religion l’autorise à espacer ses naissances. J’ai été victime de complications après plusieurs grossesses rapprochées. J’ai failli même y perdre ma vie. Ainsi les médecins m’ont demandé d’espacer ou d’arrêter les naissances et j’ai choisi la dernière tout en faisant un planning de 5 ans. Je l’ai fait parce que c’est pour sauver ma vie et aussi pour mon bien-être. Je sais que l’islam ne me refusera pas cette faveur qui est une porte d’entrée pour retrouver mon bien-être et ma bonne santé. Avez-vous connu une de vos proches qui a eu des complications durant sa grossesse ? Une de mes proches a connu des complications. Elle a eu trois grossesses rapprochées, et chacune d’elle, elle a accouché des jumeaux. Elle en avait énormément souffert. Ainsi pour son bien-être le médecin lui a demandé de faire le planning. Elle a choisi le planning de 5 ans. Ma petite sœur a avorté deux fois. Elle est actuellement admise à l’hôpital car elle est enceinte. Le médecin lui a demandé de faire le planning après l’accouchement car son état de santé actuelle ne lui permettrait pas d’avoir des grossesses rapprochées et je crois qu’elle va suivre les recommandations du médecin. Je souffre énormément lors de mes grossesses et après l’accouchement. J’accouche chaque fois par opération (césarienne). Raison pour laquelle j’ai opté de faire le planning. Qu’est-ce que vous pensez des grossesses rapprochées ? Avec les grossesses rapprochées tu deviens maladive, ainsi que les enfants. Tu n’auras pas la force et la vivacité de t’occuper de ton mari et de tes enfants. Je suis contre les grossesses rapprochées car elles favorisent des maladies, la faiblesse. Elles empêchent la femme de s’occuper de sa famille et d’avoir des activités. Qu’est-ce que la religion islamique a soutenu sur la santé maternelle en général ? L’islam accorde une importance capitale à la santé en général. santé maternelle est une priorité. La femme doit veiller à sa santé avant de s’engager dans toutes choses. Il faut être bien portant pour pouvoir s’occuper de son foyer et faire des activités. Quel doit être le rôle des guides religieux pour la promotion de la santé maternelle ? Les guides religieux ont un rôle important à jouer dans ce domaine. Après mon dernier accouchement, j’étais gravement malade. L’imam du quartier était venu me rendre visite. A cette occasion, il m’a demandé, après l’accord de mon époux, d’arrêter les naissances ou bien d’espacer les naissances. Il était très sensible à ma situation et je crois que tous les imams réagissent de la même manière et jouent pleinement leurs rôles dans leur quartier.

 

Je pense que les guides religieux ne doivent pas rester les bras croisés s’ils constatent qu’une femme a des complications sanitaires. Ils doivent les appuyer et les orienter pour leur bien-être. Quel est votre point de vue sur une femme qui s’obstine à faire du planning familial ? Je pense que certaines femmes font le planning pour le libertinage. Il y a beaucoup de femmes qui ont des grossesses rapprochées sans aucune complication et leurs enfants sont bien portants. Je ne suis pas d’accord avec le planning sans l’autorisation préalable de son mari. Si ce dernier refuse, elle cherche d’autres voies et moyens pour le convaincre. On fait le planning pour espacer les naissances et non pour avoir la liberté de faire ses activités ou le libertinage. Beaucoup de femmes font le planning pour le libertinage car avec le planning, elles ne risquent pas de tomber enceinte. Elles sont libres d’aller et de revenir comme elles veulent sans risque de tomber enceinte. Une femme qui s’obstine à faire le planning parce que ses grossesses sont rapprochées doit d’abord demander de l’autorisation à son mari et lui expliquer aussi les raisons d’une telle décision. Je pense qu’elle a peur des difficultés de la grossesse et de l’accouchement car ce n’est pas facile de porter une grossesse aussi bien d’accoucher. Si le mari refuse qu’elle fasse le planning alors qu’elle sait que sa vie serait en danger après l’accouchement, elle est obligée de le faire pour son bien-être. Est-ce que les guides religieux peuvent influencer votre prise de décision sur la santé maternelle ? Selon moi, les guides religieux ne peuvent pas influencer ma prise de décision sur le plan sanitaire. Toutefois je lui ferai comprendre les raisons de ma décision, comme je l’ai fait avec mon mari. Je suis la seule responsable de mon bien-être. Les guides religieux ne doivent s’occuper que de la religion et de nous orienter vers le droit chemin. Ils ne doivent pas interférer dans notre vie privée, autant sur nos décisions sanitaires. Les guides religieux ne peuvent pas influencer nos décisions en matière de santé maternelle. La santé n’a pas de prix. Les guides religieux doivent s’occuper de la religion et non interférer dans la vie des gens. J’ai fait quatre opérations et mon médecin m’a demandé de faire un planning de 4 ans. C’est ma vie qui était menacée. Donc dans mon cas, je n’admettrai pas qu’un guide religieux me demande d’arrêter le planning. Les guides religieux ne doivent pas influencer dans notre prise de décision. Concernant le cas que j’avais cité tout à l’heure, j’ai pris l’engagement d’amener ma voisine à faire le planning car je savais que sa vie était menacée et elle n’est pas en bonne santé. Dans de telles circonstances, personne ne peut influencer ma décision. Le guide religieux n’a pas le droit d’interférer en ce domaine. Une vie de couple, c’est le mari, la femme et les enfants. Les décisions en matière de santé maternelle ne concernent que le mari et la femme. Certaines décisions ne concernent que le mari et la femme. Le guide religieux n’a pas son mot à dire.

 

Est-ce que les guides religieux peuvent influencer votre prise de décisions sur le planning familial ou l’espacement des naissances ? Des fois ils abordent des thèmes qui nous éveillent dans ce domaine. On prend en considération leur orientation. Si toutefois je suis obligée de faire le planning alors que mon mari s’y oppose, le guide religieux peut le ramener à la raison pour qu’il adhère à ma décision. Si toutefois le guide religieux est contre le planning familial, de même que mon mari, je ne prendrai pas en compte leurs allégations. Je ferai ce qui m’arrange pour l’unique but de protéger ma vie, de préserver ma santé et celle de mes enfants. Je prends en compte les orientations du guide religieux si on partage les points de vue. Mais s’il s’y oppose de même que mon mari, cela ne m’empêchera pas de faire le planning, car c’est ma santé qui prime. Est-ce que vous discutez avec votre mari sur le nombre d’enfants que vous voulez avoir ? Mon mari n’est pas difficile, il est très compréhensif. J’avais des problèmes au moment de l’accouchement et les médecins m’ont demandé d’arrêter mes naissances. Il l’avait accepté et m’avait encouragé à le faire. Mais finalement, les membres de ma famille ont refusé que je le fasse. Depuis lors ils se moquent de moi quand je tombe enceinte. Cette pratique, on la laisse aux occidentaux. Je ne l’ai jamais fait car ce n’est pas dans nos traditions. Comment votre localité perçoit-elle le planning familial ? Certains sont contre le planning familial parce qu’ils pensent que les femmes d’aujourd’hui veulent de la facilité, raison pour laquelle elles espacent leurs naissances. Par contre, d’autres sont pour le planning pour des raisons de santé. C’est une très bonne chose. Ils pensent que c’est une très bonne chose si la femme le fait pour des raisons de santé car elle peut rencontrer souvent des complications au moment de l’accouchement. Je suis d’accord là-dessus. Je pense que celles qui font du planning ne sont pas bien portantes. Et les hommes doivent les encourager à le faire.

Femmes : Groupe 2 Qu’est-ce que la religion a soutenu sur la santé maternelle et infantile ? La religion musulmane est contre dans certaines circonstances le planning familial car le prophète voulait que la communauté musulmane se répande de plus en plus dans le monde. Mais toutefois il n’est pas interdit de faire le planning familial. Notre religion musulmane accepte qu’on fasse le planning familial si la femme n’est pas bien portante pour donner naissance à des enfants. Mais si elle peut faire des enfants sans complication majeure, il lui est interdit d’observer le planning. Si toutefois les grossesses rapprochées entraînent des complications chez la femme, dans ce cas elle est permise de faire le planning pour sa survie. Avez-vous connu une de vos proches qui a eu des complications durant sa grossesse ? J’ai connu des complications durant mes grossesses. J’en souffre énormément car je ne mange pas bien et j’ai des nausées tout le temps, raison pour laquelle après mes grossesses je me disais souvent qu'il fallait que je trouve un moyen d’espacer mes naissances. Car si je ne fais pas du planning, chaque année je

 

risque de tomber enceinte. Je mettrai ma vie en danger et mes enfants seront mal nourris et maladifs et dans de pareilles situations la religion me permet de faire le planning. Qu’est-ce que vous pensez d’une femme qui fait du planning familial sous le dos de son mari ? Avant de faire le planning, il faut en parler avec son mari et si ce dernier ne te l’autorise pas, mieux vaut ne pas le faire. Je pense qu’il n’y a rien de mal en ça. Ça fait des années que j’ai fait le planning sans que mon mari le sache. Et j’ai pris cette décision car j’ai 7 enfants et je constate que l’état de ma santé ne me permet plus de porter une grossesse.Auparavant, j’en avais discuté avec lui et il m’y avait autorisé, mais j’avais négligé de le faire. Du coup quand j’ai pris la décision de le faire, je ne lui ai pas mis au courant car je sais qu’il ne va pas m’interdire de le faire. Ce n’est pas bien de faire le planning sous le dos de son mari. Avant de prendre des décisions de ce genre, il faut en discuter avec son mari. Beaucoup de femmes font du planning car ça les arrange, et c’est leur vie qui est menacée avec les grossesses rapprochées. Et la prise en charge des enfants est dans leur entière responsabilité. Les pères sont délaissés de la prise en charge des enfants, raison pour laquelle les femmes font le planning sous le dos de leur mari. Les hommes ne comprennent pas la souffrance des femmes, alors que la grossesse n’est pas facile autant qu’entretenir les enfants. C’est pourquoi beaucoup de femmes, pour leur bien-être, font le planning sous le dos de leur époux. Avant de prendre une décision sur la santé maternelle et infantile, est-ce que vous en discutez avec un guide religieux ? Le guide religieux n’interfère pas dans notre vie privée. Son rôle est de nous enseigner la religion. Avant tout, il faut discuter avec ton mari. Le guide religieux nous renvoie toujours à notre mari. Il nous demande de suivre les orientations du chef de famille parce que nous sommes sous la responsabilité de nos maris. Est-ce que les femmes de [village] pratiquent le planning familial ? Presque la quasi-totalité des femmes ont fait le planning familial. Comment voyez-vous le planning familial ? Le planning familial est une très bonne chose car il nous permet d’être en bonne santé et de pouvoir s’occuper de nos enfants et de notre mari. Le planning fait grossir certaines femmes, et elles souffrent parfois de palpitation respiratoire. Mais une fois chez le médecin, tu peux trouver du mieux. Il y a des complications entraînées par le planning, telles que des saignements, des nausées tout le temps. Certaines ont des problèmes de respiration. Certes le planning est bien, mais il comporte des conséquences et les médecins doivent apporter des solutions à ces problèmes.

Hommes : Groupe 1 Selon vous, quel est le point de vue de la religion sur la santé maternelle et infantile ? Je pense que l’espacement des naissances est autorisé par la religion musulmane dans la mesure où la femme n’est pas bien portante à donner de nombreux enfants. Mais on constate de nos jours que beaucoup de femmes abusent de cette permission pour le faire afin de s’adonner au libertinage. Toutefois si son état

 

de santé ne lui permet pas de porter une grossesse, l’islam lui donne entièrement raison de faire le planning ou d’espacer ses naissances. La religion accepte le planning mais selon certaines conditions. En tant que musulman, si ta femme n’est pas bien portante, tu dois t’abstenir d’elle et la comprendre. Si la femme ne peut pas tomber enceinte car elle n’est pas bien portante, le mari pourrait le comprendre et lui donner le temps nécessaire pour se soigner. Je rappelle la genèse de l’acceptation de l’espacement des naissances par l’islam en nous permettant d’épouser deux à quatre femmes si on dispose les moyens ou de se limiter à une à défaut. C’est un moyen d’espacement des naissances. Je suis contre la méthode de planification pratiqué d’aujourd’hui car il y a des conséquences énormes chez la femme à titre d’exemple les femmes qui prennent les médicaments contraceptifs qui peuvent causer l’obésité chez elle, les fibromes, et également des complications causée par une mauvaise pose de l’appareil. La planification détruit également nos valeurs par l’utilisation des préservatifs qui sont des moyens de faciliter la sexualité chez les jeunes. Et également beaucoup de femmes d’immigrés voient d’autres hommes sans risque de tomber enceinte, ce qui est fréquent. Et également beaucoup de jeunes célibataires se permettent de faire le planning sous les yeux complices des médecins. C’est le système qu’on utilise aujourd’hui pour espacer les naissances que je déplore. L’espacement des naissances a toujours été pratiqué avec des méthodes naturelles. Mais ce sont les méthodes qui diffèrent. Je pense que la procréation est de la volonté divine. Par exemple, les personnes prennent des précautions pour ne pas tomber enceinte mais finissent finalement par l’être et vice versa. Raison pour laquelle je préfère la méthode naturelle, mais malheureusement il y a une politique sanitaire importée de l’occident qui influe sur nos valeurs. Depuis que la campagne de sensibilisation sur l’utilisation des préservatifs et certaines approches contraceptives, nos femmes ont commencé à connaître des complications. Qu’est-ce que vous pensez d’une femme mariée qui insiste à faire le planning familial ? Je pense qu’elle ne respecte pas son mari et elle veut se consacrer au libertinage. Avant de faire le planning, il faut avoir le consentement de son mari. Il faut privilégier la communication au sein du couple avant de prendre une telle décision.

Hommes : Groupe 2 Est-ce que les guides religieux de votre localité abordent des sujets sur la santé maternelle et les grossesses rapprochées ? J’ai entendu à la Sud FM de Thiès un chef religieux s’exprimer sur la santé maternelle. En effet, il soutenait qu’il est recommandé de s’abstenir de nos femmes après l’accouchement pour une durée de deux mois si elle a accouché d’une fille, et trois mois si elle a accouché d’un garçon. Et aussi de suivre le cycle menstruel de la femme et d’avoir des rapports dans les périodes hors risques. Certains chefs religieux sont contradictoires sur ce sujet. Ils doivent harmoniser leurs positions. Quel est le rôle des guides religieux pour la promotion de la santé maternelle et l’espacement des naissances ? Ils doivent animer des conférences, de diffuser les informations partout au besoin, de l’associer au sermon du vendredi entre autres. On entend ce sujet qu’à travers les radios et pourtant les chefs religieux doivent répandre l’information et nous éclairer la position de l’islam sur l’espacement des naissances et les méthodes à utiliser. En tout cas, ils ne jouent pas pleinement leur rôle pour la promotion de la santé maternelle.

 

Seuls les imams participent à la sensibilisation de la population. Mais l’information serait plus appropriée à la communauté si c’était les khalifes généraux ou leur porte-parole qui portaient le message sur la santé maternelle et infantile. Qu’est-ce que vous pensez d’une femme qui fait du planning familial sans le consentement de son mari ? Elle ne respecte pas son mari et la religion. Une femme ne doit pas faire le planning sans l’autorisation de son mari. Car s’il lui donne son accord et des complications s’ensuivent, il pourra l’assister et le prendre en charge. La femme doit se soumettre à la décision de son mari et communiquer avec lui dans toute chose. Quel est votre point de vue sur une femme qui insiste à faire du planning familial ? Je pense que les médecins doivent changer la pratique et insister sur la présence du mari avant que la femme fasse le planning. Ma femme souffrait souvent d’avortements et les complications sont constatées par le médecin, raison pour laquelle je l’ai encouragée à faire le planning. Qu’est-ce que vous pensez d’une femme qui fait le planning ? Je ne l’ai jamais vu car les femmes le font secrètement.

Religieux Imam 1 On se base sur les préceptes de l’islam dans ce domaine. L’enfant est un don de Dieu. Si toutefois le couple pense que la femme risque des complications au moment de l’accouchement, il sera donc important qu’elle en discute avec son mari pour la prise de décision. En effet l’islam interdit d’arrêter ce que la nature conçoit. Il ne faut pas avorter car l’avortement est banni par l’islam. Les hommes doivent se marier à l’âge adulte, avec des filles de bonne foi et qui sont bien portantes pour procréer. Il ne faut pas faire ce qui pourrait nuire à votre santé. Par exemple, si la femme veut sevrer son enfant, elle doit en discuter avec son mari. Il ne faut pas arrêter de faire des enfants pendant que tu es jeune et bien portante. L’islam interdit ce genre de pratique. Est-ce que votre communauté prend en compte le point de vue de l’islam sur la santé maternelle et infantile ? Actuellement les gens suivent trop le mode de vie occidentale sans tenir trop en considération ce que dicte l’islam. Comment comptez-vous diffuser ce message à la communauté ? Nous avons les mosquées, les zawiyas et les grandes cérémonies religieuses et tout le monde se retrouve sur ces lieux à plusieurs occasions. Ce qui est une occasion importante pour faire passer l’information sur l’espacement des naissances. On fait passer ces informations à l’occasion des prières du vendredi, des mariages, des baptêmes.

Imam 2 Comment voyez-vous l’espacement des naissances ? Si son état de santé ne lui permet pas d’avoir des enfants, elle peut planifier ses naissances. A titre d’exemple : même pour les pratiques des cinq prières journalières, des cas de force majeure obligent la personne à faire ses prières tout en restant assise. C’est la même chose: si le docteur lui recommande d’arrêter ses naissances pour son bien-être, elle doit se plier à la décision du médecin.

 

Beaucoup de femmes font le planning au détriment de leur mari. Est-ce que les femmes du village font le planning familial ? Il y a des changements positifs importants dans ce domaine. Des fois tu vois des écarts d’âge importants entre frères et sœurs et pourtant les parents ne le souhaitaient pas. Mais tel est la volonté de Dieu. Est-ce qu’il vous arrive d’animer des débats avec la communauté sur l’espacement des naissances ? Il faut qu’on s’unisse davantage et maîtrise ensemble le sujet avant de le transmettre à la communauté, de les associer au partage de l’information sur l’espacement des naissances.

Imam 3 Si toutefois la femme risque sa vie après l’accouchement, il lui est permis de planifier ses grossesses et encore mieux d’arrêter les naissances après avis consultatifs d’un médecin de bonne foi. Par contre si elle est bien portante elle n’a aucune raison d’arrêter ou même de planifier ses naissances. Je pense que l’essentiel, c’est de donner aux enfants une bonne éducation et de les montrer la bonne voie. En outre, si la femme risque sa vie au moment de l’accouchement l’islam lui permet d’arrêter les naissances pour le développement de sa santé et son bien-être. Vivre en paix et en bonne santé est meilleur que perdre la vie en donnant un enfant. Quels sont les différents facteurs qui peuvent freiner votre participation à la promotion de la santé maternelle au sein de la communauté ? On fait passer tout le temps les informations, mais les gens ne l'appliquent pas à la lettre. Nous, les guides religieux, nous avons fait notre devoir qui est de diffuser l’information. Mais pour l’application et l’appropriation, il revient à la communauté elle-même. Si le médecin constate que la femme doit espacer ses naissances ou les arrêter, dans ce cas on pourra raisonner le mari à ce qu’il se plie à la décision du médecin et également demander à la femme de respecter les consignes du médecin pour son bien-être. Par contre si elle veut faire le planning de son propre gré sans l’accord de son mari alors qu’elle est bien portante et ne risque rien après l’accouchement, dans ce cas on s’oppose à sa décision.

Imam 4 Dans toute action humaine, les gens doivent penser et se soumettre aux paroles du seigneur. Il faut d’abord avoir les raisons pour espacer les naissances. Dieu a créé les gens de manière différente, avec des corps différents. Certaines femmes peuvent avoir beaucoup d’enfants et d’autres non. Si la femme risque sa vie au moment de l’accouchement, dans ce cas il est acceptable qu’elle espace ses naissances. Et également si la mère n’a pas les moyens de nourrir ses enfants, elle est obligée aussi d’espacer ses accouchements. Quand on a un enfant on doit l’entretenir sur tous les plans : matériel, spirituel et moral. A l’époque du prophète Mohamed (PSL), l’espacement des naissances était pratiqué mais sous d’autres formes qui diffèrent de celles de nos jours. Quant à moi je crois que l’espacement de naissances est une très bonne chose car aujourd’hui la vie est tellement dure et les moyens pour entretenir les enfants font également défaut. En Europe, ils ont les moyens d’entretenir plusieurs enfants mais ils préfèrent limiter les naissances pour avoir du temps, ce qui n’est pas acceptable. Est-ce que l’islam accepte cette forme d’espacement de naissances ? L’islam est contre cette forme. Si la personne dispose les moyens alors que le couple est bien portant, il n’y a pas de raisons à ce qu’il limite leurs nombres d’enfants. Il ne faut pas fuir ses responsabilités vis-àvis de l’éducation des enfants. L’islam et la médecine vont de pair. Il ne faut pas priver la vie à ceux qui viendront au monde pour ton intérêt. Si la femme est en état de procréer, elle ne doit pas limiter les

 

naissances. Le prophète a dit qu’il faut procréer pour répandre la communauté musulmane dans le monde. Les européens qui ont pratiqué les politiques de limitation des naissances connaissent aujourd’hui des problèmes comme le vieillissement des populations et le manque de main-d’œuvres. Vous vous basez sur quel argumentaire pour défendre votre position sur l’espacement des naissances ? Sur le plan moral, il n’est pas acceptable de limiter ses naissances pour la seule raison de vouloir vivre en paix et le bien-être de soi. Si également tu mets au monde des enfants sans pouvoir les élever normalement et les donner une très bonne éducation, la responsabilité incombe aux parents. C’est plus facile d’avoir le bien-être avec 3 enfants qu’avec 15 enfants. C’est pour cette raison que certains choisissent d’avoir moins d’enfants pour vivre sans difficulté. Par contre il devient condamnable si tu as les moyens d’en élever 6 et que tu préfères te limiter à deux enfants. Tout ce qui est logique c’est le coran, de même que la morale. Celui qui a les moyens d’en avoir 6 ne doit pas se limiter à un enfant. Il n’est pas aussi normal d’avoir plusieurs femmes et beaucoup d’enfants sans pouvoir les entretenir. Tout le monde veut avoir accès au service de soins de qualité, mais les moyens font défaut. Beaucoup de femmes enceintes bénéficient de mes services dans ce domaine. Je dispose des prières qui favorisent un accouchement sans difficulté et même contre l’avortement. Et également des talismans qui te protègent contre les problèmes de fausse couche. La santé est une obligation. Dans le domaine de la gynécologie il est préférable que les femmes gynécologues prennent en charge les femmes enceintes. Mais à défaut d’une femme gynécologue, un homme peut le faire. Quel est le rôle des guides religieux pour la mise en place d’un programme pour le bien-être familial à travers l’espacement des naissances ? Il nous faut l’intégrer dans nos discours au moment des prières collectives, faire comprendre aux gens l’importance de l’espacement des naissances. Aujourd’hui beaucoup d’enfants sont dans la rue, sans éducation ni formation et s’adonnent à de mauvaises pratiques. La morale nous interpelle qu’il était plus juste de ne pas mettre au monde des enfants de cette nature. Si tu sais que tu ne peux pas entretenir un enfant et lui donner une bonne éducation, mieux vaut ne pas avoir d’enfant. Nous savons tous qu’il n’est pas plaisant de mettre au monde un criminel. Est-ce que vous pouvez faire la promotion de l’espacement des naissances ? Bien sûr, on peut le faire et donner des exemples à l’appui pour convaincre les couples à espacer les naissances et même arrêter les naissances si c’est nuisible à la santé de la femme. Si tu es irresponsable dans la prise en charge de tes enfants, tu n’es pas permis d’en avoir. Vous savez que l’avortement n’est pas permis en islam. L’enfant a une valeur inestimable, raison pour laquelle il faut accorder une importance capitale à sa vie et son bien-être. Les parents sont responsables de leur avenir d’ici-bas et dans l’au-delà. Ce n’est pas bien de mettre au monde des enfants que tu ne pourras pas éduquer, ni entretenir et qui seront plus tard des maux pour la société. A l’époque du prophète Mohamed (PSL), beaucoup de ses compagnons faisaient une retraite spirituelle pour ne pas encourir la responsabilité de mettre au monde des enfants qui pourraient nuire à la société et dont ils n’avaient pas de temps pour éduquer ces enfants et les entretenir. Et le prophète (PSL) était témoin de ces décisions prises par ses compagnons et il l’a accepté. Toutefois l’espacement n’est admis que dans certaines conditions. Il ne faut pas se baser sur des arguments fallacieux pour espacer les naissances.

 

Kédougou Femmes : Groupe 1 Qu’est-ce que la religion a soutenu sur l’espacement des naissances ? Je ne sais pas ce que la religion a dit sur la planification familiale. Aujourd’hui il y a celles qui sont contre le planning. Mais je pense que c’est une très bonne chose. Les grossesses rapprochées ont des conséquences sur la santé de la femme et de l’enfant. L’espacement des naissances est avantageux sur le plan socio-économique. Est-que la religion accepte le planning familial ? La religion accepte la pratique du planning pours certaines. Et d’autres le critiquent. Si la femme peut s’abstenir de son mari après l’accouchement, elle pourrait ne pas faire le planning. Par contre, elle peut faire le planning pour espacer ses naissances. Il faut qu’il y ait un consensus d’abord entre le mari et la femme. Mais dans tous les cas, la religion ne l’accepte pas. Qu’est-ce que les chefs religieux doivent faire pour promouvoir l’espacement des naissances au sein de la communauté ? Ils doivent discuter avec nous car nous n’assistons pas à la prière du vendredi. Qu’est-ce que vous pensez d’une femme qui insiste à faire le planning ? C’est parce qu’elle connaît souvent des grossesses rapprochées et elle pense à son bien-être. Est-il acceptable que la femme insiste à faire le planning sans en discuter avec personne ? Il y a des femmes qui le font en cachette, sans l’accord de leur mari. Certaines femmes en discutent avec leurs maris avant de le faire, elles le font pour leur bien-être et améliorer leur situation socio-économique. Par contre, d’autres le font sans l’autorisation de leurs maris et se confrontent le plus souvent à des problèmes au sein du couple.

Femmes : Groupe 2 Selon vous, qu’est-ce que la religion a soutenu sur les grossesses, la santé maternelle et infantile ? Il est difficile d’avoir des grossesses rapprochées. L’islam demande à la femme d’espacer ses naissances. Les grossesses rapprochées entraînent des complications sanitaires chez la femme et nous devons éviter certaines pratiques. Après l’accouchement, il nous est permis d’allaiter notre enfant pendant une période bien déterminée deux ans, et l’islam nous le permet. Pouvez-vous nous parler d’une personne qui a eu des complications durant la grossesse ? J’ai eu des complications durant ma grossesse. J’avais très souvent des maux de ventre et également après l’accouchement, j’ai été finalement admise à l’hôpital pour des soins. J’ai connu des complications au moment de l’accouchement car l’enfant était mort-né. Quels sont vos points de vue sur les grossesses rapprochées ? C’est une mauvaise chose, la femme pourrait en perdre la vie. La femme vieillit vite et devient de plus en plus faible.

 

Je n’ai pas fait le planning mais j’allaite mon enfant deux ans avant d’être avec mon mari, même s’il ne l’accepte pas. Comment les chefs religieux doivent-ils être impliqués dans la promotion de la santé maternelle et infantile ? Ils doivent tenir des réunions et nous expliquer leurs connaissances sur la santé maternelle et infantile. Qu’est-ce que vous pensez d’une femme qui insiste à faire le planning ? C’est parce qu’elle est fatiguée. C’est parce qu’elle est confrontée souvent à des grossesses rapprochées et son état de santé ne peut plus supporter les grossesses. Avant tout, elle doit discuter avec son mari et lui expliquer les raisons de sa décision. Est-ce que vous impliquez les guides religieux lors de vos décisions sur l’espacement des naissances, ou ça doit concerner le couple ? On doit impliquer l’imam et s’il l’interdit, on doit se plier en leur décision. Même si l’imam refuse après avoir été mis au courant de la décision, le couple peut prendre la responsabilité de faire le planning si elle va de leur intérêt, en vue de préserver leur bien-être et de celui des enfants.

Hommes : Groupe 1 Selon vous, quel est le point de vue de la religion sur les grossesses, la santé maternelle et infantile ? Il est bien d’espacer les naissances car la femme perd beaucoup de sang au moment de l’accouchement. Si la femme a des grossesses rapprochées, elle risque d’avoir une anémie qui peut lui coûter la vie. La femme doit d’abord obéir à son mari quand elle est enceinte. Le mari également doit prendre soin de la femme enceinte, la nourrir et l’entretenir. Il faut que la femme soit fidèle à son mari pour son bien-être. L’espacement des naissances contribue au bien-être des enfants mais également sur le plan économique et sanitaire. La femme qui espace ses naissances est bien plus portante que celle qui a toujours des grossesses rapprochées. L’espacement des naissances participe au développement de l’individu et contribue dans le développement économique car si on a moins d’enfants, la prise en charge sera facile à gérer, de même que l’éducation. Qu’est-ce que la religion a dit par rapport à l’espacement des naissances ? L’islam refuse qu’on mette au monde des enfants qu’on ne pourrait pas prendre en charge. Dans ce cas, il accepte l’espacement des naissances si on n’a pas les moyens de les éduquer et de les prendre en charge. Dieu dit dans le coran « vos fils, vos femmes et vos biens sont des pêchés pour vous, mais vous ne le savez pas ». C’est facile de donner un enfant, mais l’éducation et la prise en charge ne sont pas faciles à gérer. Si ta femme ne respecte pas tes parents et ta famille, dis-toi alors que tu n’as pas de femme. Et si vous dépensez vos biens dans la futilité, ça vous conduira en enfer. Chaque père de famille est un berger, et donc si tu leur donnes une bonne éducation, tu seras quitte avec ta conscience. Par contre à défaut d’une bonne éducation, tu seras responsable de leurs fautes.

 

Selon vous, quelle est la position des guides religieux sur l’espacement des naissances, le planning familial ? Autrefois on accordait à la femme trois ans pour allaiter son enfant et de prendre en charge sa santé. Les hommes avaient leur propre chambre et s’abstenaient très souvent de leurs épouses pour leur bien et celle de la femme. Avez-vous constaté ou connu des femmes qui ont des complications durant la grossesse ? J’ai vu beaucoup de cas car je travaille dans une case de santé. Les femmes souffrent d’anémie et de certaines pathologies. Même ma femme fut opérée durant son dernier accouchement et c’est dur pour elle de s’en remettre. Que devrait-on faire pour que les guides religieux puissent communiquer avec les populations sur l’espacement des naissances ? Il faut qu’on accentue la sensibilisation. Si les chefs religieux refusent de le faire, on peut organiser des émissions radios et télévisées car les chefs religieux n’ont pas de temps. Mais s’ils acceptent de sensibiliser les populations, ce serait une très bonne chose. Que pensez-vous d’une femme mariée qui prend la ferme décision de faire le planning familial ? C’est parce qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans son corps, raison pour laquelle elle a pris sa propre initiative pour espacer ses naissances, entre autres elle a expliqué à son mari les raisons de sa décision et ce dernier lui a refusé. Dans ce cas, pour son bien-être elle a pris une ferme décision de faire le planning. La femme a un droit au sein du couple de même que le mari. Est-ce que les chefs religieux peuvent influencer vos décisions sur la santé maternelle et infantile ? Les chefs religieux ont une grande influence dans nos décisions. Ils sont associés à toutes nos décisions.

Hommes : Groupe 2 Selon vous, qu’est-ce que la religion dit sur les grossesses, la santé maternelle et infantile ? Il faut la protéger et l’amener à l’hôpital, prendre soin de l’enfant, la motiver à respecter ses visites. Il faut tout faire pour protéger la femme et l’enfant qu’elle porte. Quand la femme accouche, tu nourris l’enfant et le baptises en lui donnant un nom et tu l’élèves selon les principes de l’islam. Est-ce que votre épouse(s) ou une de vos proches a une fois eu des complications pendant sa grossesse ? Mes femmes avaient souvent des complications pendant la grossesse, elles ont avorté deux fois. Par la suite les médecins m’ont demandé à ce qu’elles arrêtent de donner naissances pour sauver leurs vies. Qu’est-ce que vous pensez des grossesses rapprochées ? Les grossesses rapprochées ne sont pas bonnes. Il faut laisser à l’enfant le temps de téter jusqu’à deux ans. Il sera difficile de s’occuper d’eux avec les grossesses rapprochées. Mieux vaut espacer les naissances en demandant à la femme de faire du planning devant une sage-femme de bonne foi. Et après une durée bien déterminée, elle peut arrêter le planning pour donner un autre enfant. Ce n’est pas bien les grossesses rapprochées. C’est fatiguant de prendre en charge la mère, l’enfant qu’elle allaite et celui qu’elle porte. Il n’est pas facile de gérer tout ça. Il faut prendre des précautions tout en amenant la femme à l’hôpital pour qu’elle fasse le planning familial.

 

Est-ce que l’imam a déjà abordé la question de la santé maternelle, de la santé de la reproduction dans votre localité ? Tout ce que l’islam dit sur la santé maternelle et infantile, il nous l’a dit. Il nous sensibilise lors des prières, des baptêmes et des mariages. Quel devrait être le rôle de l’imam pour assister la communauté dans la promotion de la santé maternelle et infantile ? Il doit sensibiliser la communauté sur la santé maternelle. Que pensez-vous d’une femme qui se lève un beau jour et décide de faire le planning familial, l’espacement des naissances ? Je vais l’accompagner à le faire car l’espacement des naissances participe au développement. Comment votre communauté voit une femme qui pratique l’espacement des naissances, ou ils voient ça sous un autre angle ? Selon moi, ceux qui sont pour sont plus nombreux que ceux qui sont contre. Je suis pour l’espacement des naissances.

Religieux Imam 1 Selon vous qu’est-ce que l’islam a soutenu sur l’espacement des naissances ? Le cycle de la grossesse se déroule ainsi : dans les premiers 40 jours il devient de l’eau, les 40 jours suivant du sang, et enfin il devient de la chair. C’est à cet instant que Dieu lui souffle la vie et son destin est scellé. Si l’enfant naquit, la femme doit l’allaiter pendant deux ans avant de tomber enceinte à nouveau. Est-ce que la religion autorise l’espacement des naissances, le planning ? La religion ne l’accepte pas. Quels sont les fondements de vos propos sur l’espacement des naissances ? Je me suis basé sur le coran qui dit que la femme doit allaiter son enfant pendant deux ans. Les femmes allaitaient leurs enfants pendant deux ans. C’est le seul moyen accepté par l’islam pour espacer les naissances. Il y a des prières sur l’espacement des naissances, mais ce sont les pratiques traditionnelles que l’islam n’admet pas. Est-ce que les femmes du village et de ses environs prennent en compte les considérations de l’islam sur l’espacement des naissances ? Les femmes font le planning sans prendre en considération les recommandations de l’islam. A quelles occasions abordez-vous les thèmes sur la santé maternelle et infantile à votre communauté ? A l’occasion des prières du vendredi, des baptêmes, des conférences et des fêtes de Korité et de Tabaski. Quel doit être le rôle de l’imam pour la promotion de la santé maternelle et infantile ? Espacer les naissances en tenant compte les recommandations de l’islam car ce n’est pas interdit par la religion, mais également l’islam n’encourage non plus les grossesses rapprochées. Je n’encourage pas les méthodes employées aujourd’hui, ce qui est le planning familial.

 

Imam 2 Quel est le rôle de l’imam sur le plan socio-économique vis-à-vis de la communauté ? L’espacement des naissances est fréquent dans les communautés. Et Dieu dit « je suis garant de vos subsistances et de celles de vos enfants aussi nombreux qu’ils soient ». Dieu conçoit l’homme dans un cycle bien défini : 40 jours il est de l’eau, 40 jours du sang et 40 jours de la chair. Les grossesses rapprochées risquent d’affaiblir la femme et d’affecter l’état de sa santé. Et avec la fragilité des parties reproductives de la femme, il n’est pas bien d’avoir souvent des grossesses rapprochées, raison pour laquelle la religion accepte l’espacement des naissances. C’est pourquoi la religion demande à la femme d’allaiter son enfant pendant deux ans. Ma quatrième femme avait connu des graves complications au moment de l’accouchement et les médecins m’ont demandé à ce qu’elle arrête les naissances pour sauver sa vie. Et je l’ai accepté car l’islam est pour le bien-être de la personne. Est-ce que l’espacement des naissances participe au bien-être de la communauté ? Certainement car la femme sera bien portante, de même que son enfant, et elle aura du lait pour allaiter son enfant. Il n’est pas bien de porter une grossesse et d’allaiter un autre enfant. C’est ce qui entraîne la malnutrition chez l’enfant. Beaucoup de femmes du village font le planning familial. Tout ce qu’on interdit c’est l’avortement. Mais le planning n’est pas interdit par la religion.

Imam 3 Quel est le rôle de l’imam au sein de la communauté ? L’islam demande à l’homme de s’abstenir de sa femme pendant 24 mois après l’accouchement afin de laisser à la femme le soin d’allaiter son enfant. L’enfant sera fort et bien portant. Si toutefois la femme est bien portante après deux ans d’allaitement, elle peut refaire un enfant. Autrefois les hommes s’abstenaient longtemps de leurs femmes. Pour mesurer la durée de leur abstinence, ils coupaient un arbre et restaient jusqu’à ce que l’arbre pousse pour avoir des rapports intimes avec leurs femmes. Mais aujourd’hui, les gens ne peuvent même pas rester 40 jours après l’accouchement de la femme. Durant 40 jours elle n’est pas propre, donc on ne doit pas s’approcher d’elle. Je pense qu’il est mieux de rester deux ans avant d’être à nouveau avec sa femme. Est-ce que l’espacement des naissances participe au bien-être de la femme et de l’enfant ? Si c’est avec le consentement de son mari, l’espacement des naissances est une très bonne chose pour le bien-être de la femme. Si toutefois un an après l’accouchement la femme tombe à nouveau enceinte, je pense que ce n’est pas bien pour sa santé et ni pour celle de l’enfant. Est-ce que les femmes du quartier croient à ce que la religion soutient sur l’espacement des naissances ? Il y a celles qui le croient car on voit des femmes qui restent deux à trois ans sans porter une autre grossesse. Donc je peux dire qu’elles respectent la durée de l’allaitement. Est-ce que les femmes du quartier espacent leurs naissances ? Beaucoup de femmes le font. Le quartier des pauvres est différent de celui des riches. Ces derniers peuvent faire des enfants comme ils veulent. Si toutefois ta femme accouche plusieurs fois et qu’on constate qu’elle risque sa vie après un autre accouchement, il est raisonnable qu’on accepte qu’elle arrête de donner des enfants. J’ai vécu ces situations avec ma femme, et je l’ai accepté. Depuis lors elle a arrêté ses naissances. Je n’ai eu avec elle que deux enfants. Les gens doivent d’abord penser à leur bien-être.

 

Il faut de l'entraide et de la compréhension au sein du couple. Il faut organiser des réunions en la matière. Aujourd’hui les gens se préoccupent plus de leurs situations économiques que sanitaires, et sans la santé on peut rien faire. Il faut qu’on organise des réunions et pour cela il faut de la motivation pour les gens. Notre guide religieux et les khalifes généraux doivent être impliqués dans le processus.

Imam 4 Selon mon point de vue, je pense que l’espacement des naissances se fait pour atténuer la souffrance de la femme. Je me base sur la morale pour dire que l’islam accepte l’espacement des naissances. Les positions diffèrent car chacun parle selon ses connaissances. Il faut éviter la controverse pour ne pas conduire en erreur la communauté. Pour certains, le planning est un sujet tabou, raison pour laquelle ils ont honte d’en discuter avec leurs conjointes. Il faut faire l’espacement des naissances quand c’est nécessaire. En effet, si la femme a des grossesses rapprochées, il n’y a personne pour l’assister avec les tâches, elle ne dispose non plus des moyens pour prendre en charge ses enfants et sa santé est menacée, dans ce cas la religion autorise le couple à espacer les naissances. Il ne peut pas y avoir de développement si les personnes mettent au monde des enfants dont elles ne pourront pas prendre en charge et veiller la santé et l’éducation, d’où la nécessité d’espacer les naissances pour pouvoir régler tous ces paramètres. Est-ce que les femmes du quartier prennent en compte l’islam sur l’espacement des naissances ? Beaucoup de femmes ne demandent pas aux chefs religieux si le planning est autorisé ou pas et dans quelle situation il est permis. Elles font le planning volontairement et je ne sais pas aussi si au niveau des services, elles sont obligées de se présenter avec leurs maris avant de faire le planning. Quelles sont les stratégies à mettre en œuvre par les chefs religieux pour l’amélioration et la promotion de la santé maternelle ? Il faut qu’un consensus fort soit tenu par tous les religieux et que l’islam soit associé dans le processus de la pratique de l’espacement des naissances. Il peut arriver dans un couple que quelqu’un dit « Je n’ai pas de temps. Donc je ne veux plus faire d’enfants ». La religion ne l’acceptera pas dans cette mesure. La femme doit éviter d’avoir des enfants dont l’éducation est incontrôlable. Si on écarte tous ces points, moi je ne vois pas une position par laquelle on peut refuser la santé de sa conjointe. On n’a pas demandé de cesser de produire, mais de produire dans des conditions adéquates.

Prêtre 1 L’Église préconise l’espacement des naissances et suggère d’utiliser les méthodes naturelles. Un couple est venu me consulter pour me dire qu’ils ont utilisé le stérilet et cette méthode s’est avérée inefficace car la femme est tombée enceinte. Nous pensons que même les méthodes scientifiques ne sont pas efficaces à 100 pour cent. Je leur conseille d’utiliser les méthodes naturelles, telles que recommandées par l’Église. L’espacement des naissances est fondamental parce que la femme perd beaucoup de sang pendant son accouchement. La femme doit bien reposer son organisme après un accouchement. Quelles sont les implications pour les questions de santé ? Pour les questions de santé reproductive et de planification familiale, oui on peut bien être impliqué si on nous renforce les moyens pour communiquer sur l’espacement des naissances car l’Église préconise l’espacement naturelle des naissances. Même s’il y a des personnes qui essaient de changer nos propos.

 

 

Fondé en juillet 2014, le Cadre des Religieux pour la Santé et le Développement (CRSD) est une association interreligieuse qui rassemble les différentes familles religieuses, les associations islamiques et les Églises catholique et luthérienne du Sénégal. Depuis 2014, le CRSD travaille avec le ministère de la Santé et de l’Action sociale sénégalais pour améliorer la santé maternelle et infantile dans tout le pays. L’association veut encourager le dialogue et la coopération entre les communautés religieuses du Sénégal pour faire progresser le développement, améliorer la santé maternelle et infantile, protéger et soutenir les populations vulnérables, et promouvoir la cohésion sociale et la paix. Nous souhaiterions reconnaître le travail effectué par l’équipe de suivi et d’évaluation, en particulier Bakary Gueye, Youssoupha Sene et les enquêtrices.  

 

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