Nous ne comptons pas développer le cabinet virtuel"

14 sept. 2015 - Comptacom, un groupe qui se transforme en réseau de franchise, Didier Caplan croit depuis longtemps .... C'est un monstre qui arrive.
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"Nous ne comptons pas développer le cabinet virtuel" 14/09/2015

Chaque semaine, nous interviewons un professionnel sur une question d'actualité. Président de Comptacom, un groupe qui se transforme en réseau de franchise, Didier Caplan croit depuis longtemps au numérique. Pourtant, il estime que l'expert-comptable doit rester en contact physique avec ses clients. Comptacom devient un réseau de franchise. Qu’est-ce que cela signifie ? Ce sera sans doute le premier. Habituellement, au travers de la franchise, on transmet un savoir-faire, une

marque, une communication. S’il n’y a pas eu de franchise dans l’expertise comptable, c’est parce qu’on est un métier de sachant. La notion de savoir-faire est organisée dans un cadre professionnel réglementé. C’est l’Ordre qui est garant à la fois de la formation d’origine, avec la sanction d’un diplôme, et de la formation continue. Donc le savoir-faire est déjà organisé. Qu’est-ce qui a changé ? Il y a un domaine qui n’est plus réglementé : la communication. Ce n’est pas un savoir maîtrisé par les experts-comptables. J’en suis le premier exemple. Mais le plus fragrant se situe sur internet. On sait aujourd’hui que l’économie y bascule de manière considérable. Pour apparaître, il faut être dans les 3 premières pages des moteurs de recherche pour ne pas dire en haut de la 1ère page. Il existe en France 20000 experts-comptables et près de 18000 cabinets. On ne peut pas tous apparaître sur les trois 1ères pages. Comptacom, qui est un site et un logiciel, a été imaginé dès l’origine pour communiquer. Le nom de domaine Compta.com date de 1993. Nous avons anticipé depuis longtemps l’explosion d’internet. En quoi un réseau de franchise d’expertise comptable se différencie-t-il d’un réseau «classique» de cabinets ? En règle générale les réseaux laissent une certaine liberté dans l’utilisation des logiciels de production comptable. Nous, nous fournissons les deux : l’outil de production et de communication.

Notre offre s’adresse aux structures de 5, 6 ou 7 collaborateurs

Vous allez donc chercher à développer votre réseau comme n’importe quel réseau de franchise, c’est-à-dire que chaque franchisé pourra utiliser votre marque, votre outil et devra payer des redevances en contrepartie ?

Oui. En moyenne, un cabinet est composé d’un expert-comptable avec 5 ou 6 collaborateurs. Cette taille est trop petite pour rejoindre des réseaux existants qui s’intéressent essentiellement à des structures d'au moins 10 collaborateurs. Il existe aussi de grands réseaux et de grands cabinets qui font directement de l’acquisition. Pour les petits cabinets, il n’y a pas d’intermédiaire entre conserver leur indépendance et adhérer à une politique de communication commune et à un outil commun. Notre offre s’adresse aux structures de 5, 6 ou 7 collaborateurs. Pourquoi vous positionnez-vous sur ce type de cabinets ? Parce que c’est l’histoire de Comptaexpert [ex Comptacom]. C’est aujourd’hui 30 cabinets, 20 expertscomptables associés, 300 personnes dont 75 au siège social. Cela fait donc une taille moyenne bien inférieure à dix si on exclut le siège social. Quels sont les droits et les obligations du franchisé de votre réseau ? La 1ère caractéristique du franchisé est qu’il est indépendant sur ses travaux, ce qui est à l’intérieur même du concept de franchise. Que peut-il obtenir ? L’outil de production qui est partagé entre les collaborateurs, l’expert-comptable et les clients. C’est un des premiers outils à avoir été en ligne sur internet. 10000 utilisateurs l’emploient aujourd’hui. Il fait la production comptable, la récupération bancaire et la récupération de caisse. Et cela a été le 1er outil d’OCR [reconnaissance optique de caractères] pour la comptabilité. En même temps, nous avons inventé une Ged [gestion électronique de documents] comptable intuitive : en cliquant sur l’écriture comptable, on fait apparaître la pièce. L’OCR pour la comptabilité fait gagner du temps sur le traitement global de l’information mais n’automatise pas la production ? Effectivement. Je n’ai jamais présenté l’OCR comme une solution d’automatisation comptable. Par contre, en matière de révision assistée par ordinateur, c’est extrêmement puissant. Vous n’avez plus à manipuler de documents papiers.

Chez nous, il n’y a pas Pourquoi ? de commerciaux. Il n’y a A partir du moment où vous avez les pièces comptables qui ont été numérisées, vous disposez automatiquement du lien entre que des développeurs

l’écriture comptable et la pièce comptable, ce qui permet de vérifier l'imputation. C’est ce que j’ai mis au point en 2000. Pour autant, nous ne sommes pas devenus éditeur. Nous sommes un cabinet d’expertise comptable avec un service informatique qui travaille pour ses clients. Un éditeur, c’est 15% de développeurs et 85% de commerciaux. Chez nous, il n’y a pas de commerciaux. Il n’y a que des développeurs. Et ce sont les experts-comptables associés qui donnent l’impulsion des développements. Pour preuve, nous avons continué à mettre au point toujours plus de fonctionnalités. En 2004, on a franchi encore une étape : l’intégration d’un workflow décisionnel dans le logiciel de production.

C’est-à-dire ? Il s’agit d’inclure dans le processus comptable le processus décisionnel. On sait qui a commandé quoi, à quel moment, avec quelle autorisation hiérarchique. C’est intéressant pour les PME et les grandes entreprises mais les TPE ont-elles besoin de cela ? Non. Sauf qu’il y a toujours des impacts sur la TPE. Je vais prendre un exemple. Notre cabinet reçoit directement les factures, y compris papiers, des fournisseurs de notre client Warner car nous sommes pour ce client l’adresse de facturation de ses fournisseurs. Nous préférons recevoir les factures papier parce que nous maîtrisons la qualité de la reconnaissance optique de caractères qui est liée à deux facteurs : 1) la qualité du scanner, et curieusement de son nettoyage régulier ; 2) la qualité de l’image qui doit être en haute définition. Il se trouve que Warner a racheté l’éditeur EMI. La comptabilité d’EMI France était tenue par Accenture en Inde. Elle l’est désormais par Comptacom à Laval.

Notre offre comptable est moins chère que celle des indiens

Pourquoi ce changement ? Notre offre comptable est moins chère que celle des indiens. Nous sommes plus performants grâce à notre process complètement intégré. Donc l’impact du workflow ne s’applique pas que sur les gros dossiers.

Techniquement, votre offre permet-elle à un cabinet d’offrir une prestation comptable exclusivement en ligne ? Oui, techniquement c’est possible. Mais on le fait pour des activités très particulières. Exemple : les loueurs en meublé non professionnels. Il y a 4 ans nous avions 300 clients dans ce domaine. Aujourd’hui nous en avons 3000. Ca veut dire qu’il n’y a pas de rencontre de visu entre le cabinet et ces clients ? Quand un client recherche une prestation très standard, comme dans le cas particulier des LMNP qui demandent une simple liasse et un résultat fiscal, on n'a pas forcément besoin de le rencontrer. Par contre, dès qu’il pose des questions particulières, la présence de l’expert-comptable auprès de lui est indispensable. D’ailleurs, c’est pour cela qu’on veut développer un réseau de franchise : pour pouvoir s’appuyer sur des experts-comptables qui sont sur toute la France. Nous ne comptons pas développer le cabinet virtuel au-delà de quelques activités très particulières.

Quel autre exemple y a-t-il que les LMNP ? Le photovoltaïque, l’éolien. Ce sont des activités qui ne sont pas des métiers. Certains répondent que quand on fait de la visioconférence on a un contact. De même avec le téléphone ou avec le mail… Pour moi, il faut un contact de visu et physique. Ne pas aller chez le client, c’est ne pas se rendre compte de la façon dont il est installé. On perd un peu en connaissance du dossier. Autre exemple : on peut penser que l’évolution va vers la télémédecine. Mais je ne sais pas si on peut vraiment remplacer le contact physique avec le thérapeute. Certains de vos confrères critiquent le cloud computing en disant que c’est cher et que cela fait courir des risques de sécurité. Qu’en pensez-vous ? Nous sommes notre propre hébergeur. Donc en matière de sécurité, il n’y a pas de problème. Avez-vous une activité à l’étranger ? Non. Donc en théorie vous n’êtes pas concerné par les lois américaines en matière de sécurité ? Non. Nous maîtrisons l’information.

A partir du moment où Comment les cabinets et les TPE réagissent-ils par rapport au cloud computing ? Ou peut-être que les TPE ne se Quickbooks va maîtriser posent pas les questions dans ces termes ? les comptabilités, Non en ce qui concerne nos clients. Pour nous, c’est simple. Nous l’expert-comptable va se sommes responsables de tout vis-à-vis des clients. Nous avons faire piéger une obligation non pas de moyens mais de résultat. Donc on fait tout pour que ce soit hyper sécurisé. Et les clients nous font confiance. On va voir apparaître au congrès Quickbooks [logiciel édité par Intuit]. C’est un monstre qui arrive. Certains qualifient ce logiciel d’Uber de la compta. C’est vrai que c’est édité par une société américaine. On peut se poser de grosses questions. Quickbooks annonce plus d’un million d’entreprises clientes dans le monde. C’est forcément comparable à Uber qui investit des fortunes dans la voiture qui se conduit toute seule. Qu’est-ce qui va arriver ? On va passer à la révision intelligente, ce qui ira beaucoup plus loin que la révision assistée par ordinateur. A partir du moment où Quickbooks va maîtriser les comptabilités, l’expert-comptable va se faire piéger. Je ne tiens pas à être squizzé par Quickbooks. Je crois au contact entre le client et l’expert-comptable. Je dis à nos futurs franchisés : venez. Ca vous coûtera beaucoup moins cher que Quickbooks. Pouvez-vous donner quelques repères en matière de prix ? Les tarifs seront officialisés au prochain congrès. Ca va être moins cher pour les clients que l’utilisation d’un logiciel concurrent en ligne sur internet alors que le service va être beaucoup plus important. Notre logiciel sert aussi au suivi des temps, au suivi de la production, aux lettres de mission, à la mise à jour des tâches à réaliser pour chacun des clients. Et les droits d’entrée seront symboliques. Quels sont les objectifs du réseau ?

Nous souhaitons avoir entre 20 et 30 nouveaux franchisés par an. Nous «sélectionnons» les confrères sur une base de partage de valeurs, sans exclusivité géographique, comme s’ils étaient associés. Il faut rompre l’isolement des confrères.

Propos recueillis par Ludovic Arbelet

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