Pour changer le monde : augmentons l'impact du

28 janv. 2009 - ... preuve de courage politique — ce qui est une denrée rare, mais pas ... il est inévitable qu'une certaine compétition s'instaure entre les.
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POUR CHANGER LE MONDE : AUGMENTONS L’IMPACT DU MOUVEMENT ENVIRONNEMENTAL QUÉBÉCOIS Michel Bélanger, président de Nature Québec (Texte rendu public en marge d’une journée de réflexion sur l’impact du mouvement environnemental, laquelle s’est tenue à Montréal le 24 janvier dernier) Le mouvement environnemental a permis depuis bientôt 40 ans d’éveiller les consciences aux problèmes environnementaux, à leurs impacts et, surtout, à la nécessité de changer certaines pratiques et certains modes de consommation insoutenables. Bien que nous ayons fait des progrès dans certains secteurs, la bataille est non seulement loin d’être gagnée, mais apparaît presque perdue sur certains fronts, que ce soit au chapitre des changements climatiques (même si le Québec fait meilleure figure que ses voisins), de la disparition des espèces, de l’épuisement des ressources, du déséquilibre économique et social. Or, il est faux de prétendre face à l’ampleur de ces problèmes que l’inévitable mais nécessaire virage vert se fera sans heurt. Ce virage doit impérativement être amorcé durant le présent mandat politique de nos élus. On attend de ces derniers qu’ils fassent preuve de courage politique — ce qui est une denrée rare, mais pas impossible comme on le constate dernièrement — pour nous imposer collectivement certaines orientations de développement qui, inévitablement, modifieront nos habitudes de consommation et affecteront certains secteurs de l’économie. Nos gouvernements devront pouvoir compter sur un mouvement environnemental qui aura la confiance du public, qui pourra appuyer et encourager la mise en œuvre de décisions difficiles. Le mouvement environnemental, qui fut le premier à sonner l’alarme dans les années soixante-dix, doit plus que jamais assurer cette vigilance et être à la hauteur de la confiance que lui ont témoignée les citoyens et les médias. Or, nous avons assisté ces dernières années à des dérapages médiatiques qui ont desservi l’ensemble du mouvement environnemental. Pourquoi se sont-ils produits et est-ce possible de les éviter dans le futur ? Une survie financière qui dépend d’une visibilité limitée La très grande majorité des groupes environnementaux doit son existence aux donations privées, au financement par des fondations ou subventions publiques, que ce soit pour le fonctionnement de base ou pour la réalisation d’un projet donné. Dans ce dernier cas, des organismes deviennent parfois des exécutants de projets pour assurer leur survie, tentant de dégager un maigre profit pour réaliser le reste de leurs activités de sensibilisation. Les gouvernements ont d’ailleurs toujours été fort conscients de ce problème qu’ils ont même parfois exacerbé en dictant des règles de financement ciblant leurs propres priorités ou préférences. Certains organismes n’ont pu survivre à cette politique, comme ce fut le cas dernièrement du Centre québécois du droit de l’environnement qui a fermé ses portes après 20 ans d’existence, et malgré le besoin de soutien légal manifesté par une majorité de groupes du Québec. Dans un contexte financier plus restreint que jamais, il est inévitable qu’une certaine compétition s’instaure entre les groupes, pour occuper l’espace médiatique qui assurera sa reconnaissance, que ce soit auprès des pouvoirs publics ou de ses donateurs. Les paramètres de nos modes de fonctionnement Nous devons faire honnêtement un examen de conscience sur les forces et les faiblesses de nos actions. Sur le fond des dossiers, il est impératif de pouvoir communiquer et expliquer les enjeux inhérents à chaque problématique environnementale et, au besoin, d’en débattre, et ce dans le respect des points de vue divergents des autres organismes. Sans vouloir éviter des débats sains sur des enjeux souvent complexes qui n’apportent bien souvent pas qu’une seule réponse, pouvons-nous tenter de comprendre les raisons de nos différences, de manière à éviter que notre position vienne discréditer celle de l’autre ? Il faudra se donner les moyens de rechercher, dans la mesure du possible, des consensus préalablement à toute prise de position publique, afin d’éviter de confondre indûment les citoyens et de permettre à nos détracteurs d’utiliser nos différends à leurs avantages. Au plan structurel, comment favoriser la concertation et l’impact médiatique sans enlever l’autonomie de chaque organisme impliqué dans un dossier ? Les regroupements d’organismes ou coalitions ont parfois soulevé des tensions dans la mesure où les organismes membres ne partageaient pas la position de la majorité véhiculée par le regroupement, se sentaient insuffisamment consultés préalablement aux prises de positions ou estimaient y perdre en visibilité individuelle au profit de la structure coalisée… La raison d’être de ces regroupements ne se trouve-t-elle pas justement dans l’opportunité de concertation qu’ils devraient promouvoir entre ses membres ? L’impact médiatique de ces regroupements est-il mesurable et constitue-t-il un atout additionnel qui justifierait que ces regroupements se fassent les porte-parole des positions véhiculées par leurs membres ? Le mouvement environnemental québécois doit être aujourd’hui plus que jamais en mesure de proposer à notre société un mode de développement qui ne soit plus basé sur le gaspillage, sur l’exploitation et l’épuisement de nos ressources naturelles. Les propositions doivent être rigoureuses et proposées fermement pour qu’elles soient prises en compte. Cette responsabilité est lourde et nous devons l’assumer collectivement avec intelligence, en ciblant bien les grands enjeux stratégiques et en respectant nos différences et notre diversité.