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Les annotations suivantes (■) montrent quelques notions et concepts relatifs à la séquence argumentative développés aux pages 272 à 275 du manuel de l’élève B.
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Procédé argumentatif dominant : réfutation
PLACE PUBLIQUE
Quelle crise mondiale de l’eau ? Par Frédéric Julien L’auteur est doctorant en science politique et membre du Laboratoire d’études et de recherches en sciences sociales sur l’eau (LERSS-eau) à l’Université d’Ottawa.
Introduction
■ Sujet amené
En peignant une pipe avec sa légende « Ceci
être à court d’eau, images de terres desséchées et
n’est pas une pipe », Magritte a montré dans
craquelées à l’appui. [En fait, souligne-t-on, l’accès ■ [Discours rapporté direct : énonciateur non identifié]
La trahison des images que nier une évidence peut servir à provoquer la réflexion sur le réel
à l’eau de centaines de millions de personnes est 20
déjà déficient, au point où un enfant en meurt
■ Sujet posé 5
et sa représentation. Convaincu de la valeur
toutes les huit secondes.]
du procédé, je propose de souligner la Journée
Pour éprouvante que soit cette réalité, la
mondiale de l’eau (22 mars) par une telle
qualifier de « crise mondiale de l’eau » ne convient
provocation surréaliste : non, l’humanité ne fait
peut-être pas. D’abord, s’agit-il d’une « crise » ?
pas face à une crise mondiale de l’eau.
25
Pas nécessairement, du moins si on part du
■ Séquence descriptive secondaire 10
Développement
les classes où le manuel Zénith est utilisé.
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■ Opposition d’une objection à la thèse adverse
Si la première grande rencontre internationale
principe qu’une crise correspond à l’aggravation
sur l’eau remonte à 1977, ce n’est que dans les
subite d’une situation. Or, la première grande
deux dernières décennies que s’est construite l’idée
rencontre internationale sur l’eau évoquée plus
selon laquelle nous serions confrontés à une
haut – tenue il y a plus de 30 ans – visait déjà à
« crise mondiale de l’eau ». Depuis le début des 15
30
s’attaquer au drame de l’accès à l’eau déficient à
années 90 se succèdent en effet les reportages-
l’échelle mondiale. La Décennie internationale de
chocs annonçant que l’humanité pourrait bientôt
l’eau potable et de l’assainissement (1981-1990)
Textes modèles annotés
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qui s’ensuivit avait d’ailleurs pour objectif de régler
point de vue de l’accès à l’eau des populations,
définitivement le problème... Il ne s’agit pas ici de
ce sont les ressources disponibles localement ou
banaliser la situation actuelle en lui retirant son
55
à l’intérieur d’un bassin versant. D’ailleurs, si des
statut de « crise » ; au contraire, elle est d’autant
communautés souffrent d’un accès à l’eau défi-
plus tragique que le problème semble chronique.
cient un peu partout sur la planète, y compris au
■ Concession d’un fait pour en tirer avantage
40
Évidemment, vu le nombre scandaleusement
Canada, il reste que le problème est fortement
élevé de personnes dont l’accès à l’eau est défi-
concentré dans certaines zones, l’Afrique subsa-
cient, nier le caractère mondial du phénomène
60
harienne en premier lieu. ■ Concession d’un fait pour en tirer avantage
paraît absurde. À tout le moins, ce caractère
Il est vrai qu’il existe une telle chose que le
■ Reformulation
mondial peut être qualifié. C’est-à-dire qu’il n’est
cycle hydrologique global et que l’humain a une
pas tant question d’une crise unique s’abattant
influence sur celui-ci, notamment à travers les
sur la planète, que d’une myriade de crises de
changements climatiques, qu’il favorise. Toutefois,
45
65
cela ne signifie pas que l’humanité tienne l’eau
sation que fait la population québécoise de
en partage de la même manière que l’atmo-
l’eau, mal avisée ou non, a peu à voir avec la
sphère, véritable « poubelle commune » pour
soif dans le monde : la consommation d’eau est
gaz à effet de serre. ■ Opposition d’une objection à la thèse adverse
localisée et ne relève pas d’un marché unifié.
Et puis même si l’ensemble de l’humanité
■ Opposition d’une objection à la thèse adverse 50
En ce sens, il est partiellement trompeur de
70
tirait son eau d’un puits unique, on peut être
parler de « réserves d’eau mondiales » et de
assuré que celui-ci ne serait jamais à sec, au
« demande mondiale en eau ». Ce qui importe du
sens où en matière d’eau, rien ne se perd, rien ne
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les classes où le manuel Zénith est utilisé.
■ Comparaison
■ Reformulation
l’eau locales et régionales. Autrement dit, l’utili-
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Développement (suite)
Quelle crise mondiale de l’eau ? (suite)
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Quelle crise mondiale de l’eau ? (suite)
Développement (suite)
■ Argument
75
■ Opposition d’une objection à la thèse adverse
se crée, tout se transforme. Il y a aujourd’hui autant
Au demeurant, dans la mesure où la problé-
d’eau sur Terre qu’à l'époque lointaine où l’homo
matique de l’eau renvoie d’abord à la mort et à
sapiens était encore un chasseur-cueilleur.
95
l’atteinte à la dignité de millions de personnes
■ Concession d’un fait pour en tirer avantage
Si la ressource est bel et bien finie, limitée,
chaque année, parler de crise de l’eau devient
elle n’en est pas nécessairement rare pour autant,
carrément insensé. De fait, virtuellement partout
des quantités colossales d’eau étant continuel-
sur la planète on trouve suffisamment d’eau pour
lement recyclées à travers le cycle hydrologique.
répondre aux besoins fondamentaux de chacun.
■ Argument 80
■ Argument
De cet angle, il n’en tient qu’à nous de vivre à
100
l’intérieur des limites hydrologiques naturelles.
Le problème se situe plutôt du côté de la distribution : un manque cruel d’infrastructures, de
85
Certes, on peut accélérer le cycle grâce au dessa-
capacité institutionnelle ainsi que de ressources
lement de l’eau de mer ou saumâtre, mais pour
humaines et financières est le premier responsable
l’essentiel, il faut savoir hiérarchiser nos usages
du pauvre accès à l’eau à l’échelle mondiale. Ceci
et en améliorer l’efficience. Globalement, ce n’est
105
donc pas une crise de l’eau comme telle qu’il faut
n’est pas une crise de l’eau, c’est un problème politique. ■ Résumé des étapes du raisonnement
Bien entendu, parler ou non de crise mondiale
redouter, mais une mauvaise gestion ou gouver■ Argument
90
nance de la ressource. D’ailleurs, l’impact des
de l’eau ne change rien à la matérialité des défis
changements climatiques sur la disponibilité de
auxquels l’humanité fait face. Et puis, interprétée
l’eau dans le monde est bien moins à craindre
110
différemment, la situation actuelle peut légitime-
que celui des croissances démographique et
ment justifier la notion d’une crise mondiale de
économique à venir.
l’eau. Je l’ai annoncé d’emblée, la présente
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Conclusion
les classes où le manuel Zénith est utilisé.
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■ Concession d’un fait pour en tirer avantage
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Quelle crise mondiale de l’eau ? (suite) de l’eau la subissent déjà depuis longtemps et
trait. Il reste que les idées reçues peuvent parfois
120
ont en commun d’être pauvres et marginalisées. ■ [Reformulation de la thèse]
[Cette crise n’est pas une fatalité imposée de
détourner de l’essentiel.
l’extérieur : l’humanité n’est pas près de manquer
Or, il se trouve que les populations qui
d’eau. Reflet d’un monde profondément injuste, elle est plutôt notre fait et notre responsabilité.]
souffrent et souffriront le plus de la crise mondiale
Frédéric JULIEN, « Quelle crise mondiale de l’eau ? », Cyberpresse, 17 mars 2010 [en ligne]. © 2000-2010 Cyberpresse inc., une filiale de Gesca. Tous droits réservés.
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les classes où le manuel Zénith est utilisé.
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camoufler certaines vérités dérangeantes ou
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Conclusion (suite)
réflexion se voulait provocante, quitte à forcer le
