Regards historiques sur le monde actuel - WordPress.com

article en 1993 dans la revue Foreign Affairs, puis un livre en 1996 The clash of civilizations and ... Le choc des civilisations dominera la politique à l'échelle planétaire. Les lignes ... La question religieuse a pu façonner bon nombre de conflits par le passé (croisades, ... L'instrumentalisation du facteur religieux est un risque.
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Regards historiques sur le monde actuel Thème 3 – Puissances et tensions dans le monde de la fin de la première Guerre mondiale à nos jours (17-18 heures) Question 3 - Un foyer de conflits (7h environ) Mise en œuvre – Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale. NB - Une question « longue » : le plus important volume horaire, la place importante dans les manuels Bibliographie Atlas : - Boniface Pascal et Védrine Hubert, Atlas des crises et des conflits. Cartographie : JeanPierre Magnier, Armand Colin / Fayard - Sellier A., Sellier J. et Le Fur A., Atlas des Peuples d’Orient – Moyen-Orient, Caucase, Asie Centrale, éditions La Découverte, 2004 - Thiollet Hélène, Le Moyen-Orient. Histoire et défis. 50 cartes et fiches, Ellipses - Vallaud P. et Baron X., Atlas géostratégique du Proche et du Moyen-Orient, librairie académique Perrin, 2010 Ouvrages généraux : - Corm Georges., Le Proche-Orient éclaté : 1956-2010, Gallimard, 2010 - Corm Georges, Histoire du Moyen-Orient de l’antiquité à nos jours, Paris, La découverte, 2007 - Defay A., Géopolitique du Proche-Orient, PUF, coll. Que sais-je ?, 2011 - Laurens Henry, L’Orient arabe, Paris, Armand Colin, 2000 - Laurens Henry, Paix et Guerre au Moyen-Orient. L’Orient arabe et le monde 1945 à nos jours, A. Colin, 2005 - Laurens Henry et Cloarec Vincent., Le Moyen-Orient au XXe siècle, A. Colin, 2003 - Mutin Georges, Géopolitique du monde arabe, Paris, Ellipses, 2001 Sur la question de la Syrie et du Liban : - Cloarec V., La France et la question syrienne, 1914-1918, préface d’Henry Laurens, Editions du CNRS, 1998 Dans la revue L’Histoire : - Henry Laurens, Alain Dieckhoff…« Les palestiniens », n° 298 – Mai 2005, p 31-55 - Henry Laurens, «La révolution de l’or noir», n° 354 - juin 2010 p 42-49. - Gérard D. Khoury, « Liban, naissance d’une nation», n° 327 – Janvier 2008, p 80-87. - Shlomo Sand, «Enquête sur le peuple juif » n° 343 – juin 2009, p 8-21. - Samy Cohen, «Israël, le vrai pouvoir des généraux » n° 330 - avril 2008, p 72-77. - Elie Barnavi, Serge Berstein…, «La guerre des Six jours», n° 321 – juin 2007, p 32-53.

Regards historiques sur le Proche et Moyen-Orient L’approche géopolitique a pour objet l’étude des interactions présentes et passées du politique et de l’espace géographique. Avec la naissance de l’Etat, l’espace n’est plus seulement façonné et cloisonné par la diversité du milieu naturel et par celle du peuplement mais aussi par l’exercice de souverainetés étatiques concurrentes. L’espace devient alors théâtre, enjeu du déploiement de la puissance et des rivalités.

Espaces en jeu : - Diapo 2 « Proche-Orient » : correspond à l’ancien « Levant » désignant les régions de l’Est du bassin méditerranéen c’est à dire l’Egypte et les pays du croissant fertile (Syrie, Liban, Irak, Jordanie, Israël) : dépourvu de frontières naturelles, d’unité physique ou humaine, le ProcheOrient se définit comme un terrain investi de représentations symboliques (lieux saints, foyer de civilisation…) et siège d’enjeux stratégiques pour les puissances européennes ; - Diapo 3 « Moyen-Orient » : en raison du déplacement et de l’extension des enjeux vers le golfe arabo-persique, l’expression anglo-saxonne s’est imposée. Elle désigne l’ensemble des pays de l’Asie de l’Ouest et du Sud-Ouest qui s’étendent de la Turquie à l’Iran (voire l’Afghanistan) et du Sud du Caucase à la péninsule arabique. Ces dernières années, avec le rôle central du conflit israélo-arabe et, plus particulièrement, du conflit israélo-palestinien, la notion de Proche-Orient est réemployée : signe qu’il s’agit d’un lieu de cristallisation des enjeux internationaux. Supports d’étude: Diapo 4 et 5 Des axes à replacer dans une approche systémique en privilégiant quelques cas significatifs en s’appuyant sur des cartes : - une région à forts enjeux ; - une histoire politique et diplomatique complexe ; - la montée de l’islamisme politique NB – Schéma systémique à partir des supports d’étude présentés dans la fiche ressource qui fournit un « cadre », une « démarche » pour traiter différents cas. Chaque cas précis s’inscrit dans un « temps court » à replacer dans un « avant » et un « après », moyen de couvrir un « temps long » et différentes temporalités, une caractéristique du programme.

Entrée en matière: Diapos 6 et 7 Partir d’une thèse et d’une carte qui ont connu un certain succès : le « Choc des civilisations » de Samuel Huntington. S. Huntington était (1927-2008) un professeur de sciences politiques à Harvard. Il publie un article en 1993 dans la revue Foreign Affairs, puis un livre en 1996 The clash of civilizations and the remaking of the world. Dans cet ouvrage Huntington émet l’hypothèse que les guerres vont se dérouler dans un nouveau contexte. Auparavant, les princes s’affrontaient à la recherche du pouvoir, puis les Etats-nations, les idéologies. Ainsi, selon Huntington : « Dans ce monde nouveau, la source fondamentale et première de conflit ne sera ni idéologique ni économique. Les grandes divisions au sein de l'humanité et la source principale de conflit sont culturelles. Les États-nations resteront les acteurs les plus puissants sur la scène internationale, mais les conflits centraux de la politique globale opposeront des nations et des groupes relevant de civilisations différentes. Le choc des civilisations dominera la politique à l'échelle planétaire. Les lignes de fracture entre civilisations seront les lignes de front des batailles du futur».

Huntington définit la civilisation par des éléments objectifs comme la langue, l’histoire, la religion, les coutumes, les institutions et par un processus subjectif d’identification de ceux qui partagent ces éléments objectifs. A partir de ces critères, l’auteur dresse une liste des civilisations majeures : occidentale (judéo-chrétienne), slave (orthodoxe), latino américaine (chrétienne mais renouveau des cultures indigènes), confucéenne (souvent divisée en deux : bouddhiste et confucéenne), hindouiste, japonaise (shintoïsme), islamique, africaine (à partir de la religion dite « traditionnelle »). Les attentats du 11 septembre 2001, suivi de l’intervention en Afghanistan en 2002 et de la guerre en Irak en 2003 ont été perçus comme un affrontement généralisé entre le monde occidental et les musulmans, redonnant ainsi une certaine vigueur à la thèse de Huntington. Hors en juxtaposant sur une même carte les « civilisations majeures » de Huntington et les conflits dans le monde, cela invalide la thèse de Huntington : de très nombreux conflits se trouvent à l’écart des zones de « choc des civilisations », les lignes de fracture passent à l’intérieur de chaque civilisation.

Problématiques/ enjeux : Diapo 8 Le Proche et Moyen-Orient sont traversés par ces tensions et ces conflits. La thèse de Huntington ne permettant pas de fournir des clés de lecture historique et géographique (titre du thème 1 introductif de géographie Terminale ES/L : « clés de lectures d’une monde complexe » et reprise de l’intitulé du programme histoire-géographie en terminale S : « des clés historique et géographique pour lire le monde ») de cet espace, quels facteurs font de la région un foyer particulier de conflits ?  La question religieuse a pu façonner bon nombre de conflits par le passé (croisades, protestants/catholiques en Irlande du Nord, ex-yougoslavie). Mais aujourd’hui cette question n’est plus un élément déclencheur de conflits mais plutôt un vecteur de consolidation de tensions existantes. L’instrumentalisation du facteur religieux est un risque perpétuel d’accentuation des tensions. Faire percevoir les origines complexes des nombreux conflits qui traversent la région. Comment comprendre que des conflits qui se jouent sur des territoires de quelques centaines de m² (le mur des Lamentations surmonté de l’esplanade des mosquées), de quelques dizaines de km² (365 km² pour la bande Gaza) voire quelques milliers de km² (Israël 20 770 km²) et qui n’entraînent pas des hécatombes (les conflits en Afrique ou la guerre des cartels au Mexique sont plus meurtriers) soient des foyers de tensions susceptibles de menacer la stabilité de l’ordre mondial ? Pourquoi ces conflits ont-ils une telle résonnance dans le monde ?  La gravité des conflits n’est ainsi pas corrélée à la superficie du territoire en jeu mais cela tient à l’importance de l’enjeu que représente le territoire. Cela renvoie ainsi aux représentations que les protagonistes se font du territoire en conflit. Les territoires sont « imaginés », chargés de valeurs transmises de génération en génération et sacralisées par l’école et les médias. Les pouvoirs politiques utilisent et manipulent ces représentations pour atteindre leurs objectifs stratégiques. Faire comprendre pour quelles raisons leurs conséquences se font sentir très au-delà des limites géographiques de cet espace. Le proche et Moyen-Orient occupe ainsi une place centrale sur l’échiquier géopolitique mondial où s’affrontent des visions multiples et contradictoires des acteurs (locaux et mondiaux) qui combinent des enjeux stratégiques, économiques et sociaux, culturels et identitaires.

Proposition de mise en oeuvre :

Une étude de cas introductive Un conflit : la guerre Iran-Irak (1980-1988) Tableau à construire (Clés de lecture/enjeux à réinvestir à partir du travail conduit en géographie) et à renseigner à partir des documents fournis afin de démontrer que la région est au cœur d’enjeux et d’une histoire politique et diplomatique complexe ayant une résonnance à différentes échelles Enjeu géopolitique, géostratégique

Enjeu géoéconomique

Enjeu géoculturel

Frise Chronologique Discours de Khomeiny et de S. Hussein Carte Tableau stat Extrait de Foreign Affairs

1979

1980 1981

1982

Sept 1980 : S. Hussein attaque l’Iran Fev 1979 : Révolution islamique en Iran Tensions frontalières autour de la rivière Chatt al-Arab

1983

1984

1985

1986

Début des attaques sur les installations pétrolières.

Début d’utilisation d’armes chimiques

1987

1988

1989

Août 1988 : cessez le feu Juillet : tentative de l’Iran pour prendre le contrôle maritime Interventions US pour assurer le trafic maritime

1990

Août 1990 : 2 - Invasion du Koweït 14 - Retour aux accords d’Alger pour l’Irak

Saddam et son gouvernement illégitimes veulent revenir à la période d’avant l’islam, temps de l’ignorance, […] pour faire prévaloir le seul pouvoir des Arabes en ignorant l’influence de l’islam. Ces gens ne croient pas à l’islam. […] Armée irakienne, rejoins ton peuple comme l’armée iranienne a rejoint le sien. Tu es responsable devant Dieu. Aucune excuse ne justifierait que tu fasses la guerre contre le peuple iranien et l’Iran musulman. Ce serait une guerre contre le Prophète Muhammad. L’armée irakienne accepterait-elle de faire la guerre contre le Coran et le Prophète ? L’Iran est aujourd’hui le pays du messager de Dieu. Sa révolution, son gouvernement et ses lois sont islamiques. Nous voulons fonder un Etat islamique qui réunisse l’Arabe, le Persan, le Turc et les autres nationalités sous la bannière de l’Islam. Khomeiny, Discours radiodiffusé, avril 1980. Nous avons pris la décision de recouvrer la pleine souveraineté […]. Nous déclarons au monde, à la nation arabe que […] que la religion n’est qu’un voile pour dissimuler le racisme et la haine millénaire des Persans à l’égard des Arabes. Elle est brandie pour attiser le fanatisme et la haine et dresser les peuples de la région les uns contre les autres, servant ainsi consciemment ou non les plans mondiaux du sionisme. Saddam Hussein, Discours, 16 septembre 1980.

Claudia Wright, "Les Implications de la Guerre Iran-Irak"

Pays en dehors du Proche et Moyen-Orient

Soutien à l’Iran Chine, Corée du Nord, Etats-Unis (avant 1983), entreprises occidentales françaises, suédoises, britanniques. Syrie, Israël

Soutien à l’Irak URSS, France, Brésil, Afrique du Sud, Italie, RFA, Royaume Uni, EtatsUnis (après 1983) Arabie Saoudite, Egypte

"... ceci a été et reste, beaucoup plus que "juste une autre guerre" dans la série des conflits régionaux qui court Pays du Proche depuis une quarantaine d’années. Il a et Moyen-Orient déjà laissé des cicatrices durables et un sens beaucoup plus aigu de la vulnérabilité, des divisions dans la zone. À l'Ouest, cette démonstration peut seulement intensifier la préoccupation déjà intense de la stabilité de l’approvisionnement pétrolier ; aux nations de la région, l’intensification des antagonismes apparaît comme un problème majeur. C'est en effet comme la situation avant 1914 avec la série de conflits et de tensions dans les Balkans - avec l'énorme différence que les Balkans n'étaient pas alors vitaux en termes économiques (…). Par ailleurs, il est concevable que la guerre et sa conséquence démontreront aux deux superpuissances que les risques d’intervention dans la zone peuvent être plus grands que les avantages. (…) La principale conclusion reste que la guerre a été un désastre pour la région et souligne la dépendance précaire et continue du reste du monde par rapport au Moyen-Orient. Foreign Affairs (États-Unis), hiver 1980/1981, p. 303.

En rouge dans le tableau, éléments n’apparaissant pas dans les documents mais permettent de mettre en lumière Enjeu géopolitique, géostratégique

Enjeu géoéconomique

Enjeu géoculturel

Frise Chrono

Volonté de contrer une puissance régionale rivale

1984 – attaques sur les installations pétrolières dans les deux camps. 1987 - Affrontements armés entre les Etats-Unis et l’Iran concernant la liberté de navigation des pétroliers dans le golfe Persique.

Volonté de contrer un pouvoir islamique rival

Discours de Khomeiny et S. Hussein

Rivalités et jeux de puissance : L'ayatollah Khomeiny proclame la république islamique après le départ forcé du souverain déchu, Shah d'Iran, en février 1979. Il appelle dès 1980 les Irakiens à renverser le régime de Saddam Hussein arrivé au pouvoir un an plus tôt. Son objectif est de promouvoir le mouvement islamique à travers tout le Proche-Orient.

Carte

Saddam Hussein redoute l'ascension de Khomeiny et son regain de popularité dans le monde musulman. Saddam Hussein souhaite luimême prendre le leadership dans le monde arabe en faisant disparaître ce régime islamique. Instabilité et contestation des frontières : Les frontières relèvent du découpage fait par les occidentaux (européens) après le démantèlement de l’empire ottoman. Plusieurs désaccords frontaliers : - obtenir le déplacement de la frontière sur la rive orientale du Chatt-el-Arab pour assurer une meilleure sécurité à la région de Bassorah ; - obtenir la restitution des trois îles du détroit d'Ormuz annexées par le Chah en 1971 et soustraire ainsi le détroit à une exclusive emprise iranienne Rivalités et jeux de puissance : Les deux pays souhaitent exercer un leadership sur cet espace mais d’autres acteurs sont en jeu : Arabie saoudite

Diversité ethnique et religieuse : Opposition entre Perses et arabes (« une haine millénaire »), Sunnites et Chiites («ces gens ne croient pas à l’Islam », « la religion n’est qu’un voile »). Le nom donné à ce conflit témoigne de cette opposition religieuse : - en Irak sous le nom de Qādisiyyah de Saddam en référence à la conquête de l'Iran par les Arabes au VIIe siècle. - en Iran sous le nom de Guerre imposée ou Défense sacrée. Les contre-offensives iraniennes sont nommées Kerbela 1, 2, etc., évoquant le combat des premiers chiites contre le pouvoir sunnite. Un carrefour maritime stratégique qui permet l’acheminement des produits pétroliers Les désaccords frontaliers sont également le moyen de contrôler le détroit d’Ormuz. Le 6 Mars 1975, l’Iran et l’Irak signent les accords d’Alger pour résoudre les tensions entre ces deux pays au niveau de la région du Chatt-al-Arab. Ces traités assurent une navigation libre dans cette région et donne donc un accès aux ports irakiens et iraniens. De plus, ces traités modifient légèrement les frontières entre ces deux pays au détriment de l’Irak. Réserves d’hydrocarbures : L’espace en jeu est une importante réserve d’hydrocarbures en Irak et en Iran sans oublier le Golfe Persique. La province iranienne du Khuzestan,

Diversité ethnique : Véritable mosaïque ethnique avec Arabes et perses mais aussi Kurdes et turcophones. Le peuple Kurde est sans Etats et se retrouve sous des souverainetés différentes (Irak, Turquie, Iran). L’Irak souhaite mettre la main sur le Khuzestan, peuplée d'arabes (Arabistan pour l'Irak) et l'annexer. Diversité religieuse : ici aussi une grande diversité avec les deux grands courants de l’Islam auxquels il faut ajouter les chrétiens. Cette diversité religieuse avec la diversité ethnique et aucune de ces diversités ne cadre avec les découpages territoriaux. Par ailleurs, les villes saintes du Chiisme (Nadjaf et Kerbala) se trouvent au cœur d’un territoire (Irak) contrôlé par les sunnites.

(contestée par l’Iran au sujet du contrôle des lieux saints, Médine et la Mecque), Turquie.

Tableau stat

Les Etats-Unis, après avoir avoir accepté cette révolution islamique, apportent leur soutien à l’Irak. L'investissement de l'ambassade américaine à Téhéran par les étudiants de la ligne de l'Imam, la longue prise d'otages qui s'en suivit et l'échec de l'opération destinée à libérer les employés fut le premier acte d'une guerre larvée entre ces pays. Rivalités et jeux de puissance : L'Arabie saoudite et les autres monarchies de la péninsule arabique ont largement financé l'effort de guerre irakien, par crainte d'une contagion révolutionnaire vers leurs propres populations chiites. Le contentieux de dettes de guerre a d'ailleurs été une des causes de l'invasion du Koweït par l'Irak en 1990. La Syrie, au contraire, a tenté d'affaiblir l'Irak en coupant l'oléoduc reliant Kirkouk au port syrien de Lattaquié. Les exportations irakiennes de pétrole auraient été ruinées sans l'ouverture d'une nouvelle ligne par la Turquie. L'Égypte a aidé indirectement l'Irak en lui fournissant deux millions de travailleurs pour remplacer ses hommes mobilisés et a collaboré activement dans le développement de matériel militaire. Influence des grandes puissances : Les grandes puissances, inquiètes de l'apparition de la république islamique iranienne, voyaient en l'Irak un pays qui pourrait évoluer vers la laïcité et le modernisme, faire contrepoids à l'Iran. C'est pourquoi elles ne s'opposent pas dans un premier temps à l'offensive irakienne, allant jusqu'à la soutenir ensuite. C'est en particulier le cas de l'URSS, de la France et des États-Unis. L'investissement

de

réclamée par l’Irak, est riche en pétrole. Dans une perspective régionale, les pays arabes producteurs de pétrole voient d'un mauvais œil la révolution islamique iranienne de 1979 qu'ils considèrent comme un facteur de déstabilisation économique, politique et social. Les tensions portent également sur la ressource en eau entre Irak/ Turquie/ Syrie.

Extrait de Foreign Affairs

l'ambassade américaine à Téhéran par les étudiants de la ligne de l'Imam, la longue prise d'otages qui s'en suivit et l'échec de l'opération destinée à libérer les employés fut le premier acte d'une guerre larvée entre ces pays. Bien que leurs relations diplomatiques soient gelées durant cette période, l'affaire Iran-Contra prouve que des contacts et des rencontres eurent tout de même lieu entre les gouvernements de ces nations quand leurs intérêts étaient convergents. Un conflit qui renvoie au temps des indépendances avec des territoires issus de la volonté des occidentaux (« depuis une quarantaine d’années »). Les grandes puissances qui interviennent, s’affrontent sur un nouveau « terrain » de la guerre froide mais où leurs gains sont parfois minimes par rapport aux risques encourus.

Un conflit qui témoigne du souci de stabiliser l’approvisionnement pétrolier. Une situation explosive en raison des intérêts vitaux de cette région pour les pays occidentaux. Un conflit qui témoigne de la situation de dépendance des pays occidentaux pour leur approvisionnement en pétrole.

Un conflit qui témoigne divisions dans cet espace.

des

Une zone explosive en termes de « nations » comme ce fut le cas dans les Balkans avant 1914.

Faire le bilan du travail sur la guerre Iran-Irak dans sa globalité ou insérer les différents points/enjeux au début de chaque partie consacrée aux enjeux du Proche et Moyen-Orient.

1° - REGARDS SUR LE PROCHE ET MOYEN-ORIENT, UNE REGION AU CŒUR D’ENJEUX GEOPOLITIQUES, GEOSTRATEGIQUES 1.1 – Influences anciennes, Etats « neufs » et frontière contestées (19141948) Un cas - La naissance du Liban  Démembrement de l’empire ottoman (Rappel Iran-Irak) : De nombreux pays ont vu leur configuration territoriale se préciser au lendemain de la 1° guerre mondiale avec le démembrement de l’empire ottoman : application des accords Sykes-Picot conclu secrètement entre la France (Syrie, Liban) et la Grande-Bretagne (Palestine, Transjordanie, Irak).  Influence des puissances coloniales européennes, politique des mandats et premières rancœurs (Rappel Iran-Irak)  Premières indépendances et premières tensions o o o o

Arabie Saoudite et Irak (1932) Egypte (1936) Liban et Syrie (1943-1946) Israël (1948) (simple évocation car traité plus en détail par la suite)

 Fragilité de la notion d’Etat : o o o o

pas de réelle tradition démocratique importance d’un groupe communautaire religieux, ethnique ou tribal des revendications populaires La Turquie : un cas original (1923) qui échappe à la domination directe des européens et qui connaît une évolution démocratique du pouvoir

1.2 – Luttes d’influence et rivalités : poids des grandes puissances et ambitions des puissances régionales (1948 à nos jours)  Ambitions des puissances régionales : nationalisme turc des années 20, panarabisme, Syrie/Liban, Irak/Koweït, Syrie/Irak, rôle des monarchies du Golfe /Iran, Irak, (Rappel Iran-Irak)  Le Proche et Moyen-Orient dans la guerre froide o Un jeu à trois (1945-1956) o Un jeu à deux (1956-1991)  L’hégémonie américaine (1991-aujourd’hui) : Afghanistan et guerre d’Irak « remettent en selle » l’Iran

1.3 – Israël, Palestiniens dans le Proche et Moyen-Orient Seconde étude de cas : La question d’Israël, nœud gordien du Proche et Moyen-Orient ? 1967 : un tournant ? Pourquoi 1967 ? Avant on ne demande rien à Israël sinon de disparaître ; après 1967 on lui demande de rendre les territoires qui deviennent une monnaie d’échange pour établir la paix. Moyen ainsi de traiter de :  la création de l’Etat d’Israël et des conflits qui ont suivi (influence internationale)  la présence des lieux saints des grands monothéismes  la question spécifique de la question palestinienne  la fragilité de la notion d’Etat (démocratie en guerre) Occasion de revenir sur :  la diversité ethnique et religieuse  l’influence des grandes puissances  la question des ressources (eau, pétrole)  la question des rivalités et jeux entre puissances

L’histoire du Proche Orient peut être lue à la lumière de la guerre des Six-jours. Au milieu des années 60 reprise des tensions avec notamment la création de l’OLP en 1964. Rappel des faits : 7 avril 14 mai

16 mai 22 mai 5 juin

6 juin 7 juin

8 juin 9 juin 10 juin 22 novembre

Israël abat six MIG égyptiens au-dessus du lac de Tibériade Unités de l’armée égyptienne pénètrent dans le Sinaï prétextant une menace israélienne sur la Syrie. Nasser exige le départ des Casques Bleus du Sinaï. Nasser annonce la fermeture du détroit de Tiran aux navires israéliens. l’aviation israélienne détruit en trois heures, l’ensemble de la force aérienne égyptienne. Les chars pénètrent dans le Sinaï Avancée israélienne dans le Sinaï et en Cisjordanie. Bataille de blindés dans le Sinaï. Prise de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. La Jordanie accepte le cessez-le-feu. Les israéliens atteignent le canal de Suez. L’Egypte accepte le cessez-le-feu. Prise du Golan La Syrie s’incline. Fin de combats Résolution 242 de l’ONU

Des conséquences multiples pendant quarante ans :  Pour Israël :  Passif : découverte de l’Israël biblique (la Cisjordanie : Judée et Samarie) qui donne une nouvelle interprétation au sionisme centrée sur la Terre plutôt que sur le peuple (donc colonisation des territoires occupés).  Actif : o conquête du Sinaï qui permet la paix avec l’Egypte o conquête du Golan qui permettre la paix avec la Syrie

o conquête de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, une chance de règlement du problème palestinien.  Les terres arabes conquises sont donc un billet d’entrée dans le club des nations du Proche-Orient. Avant on ne demandait rien à Israël sinon de disparaître. Après on lui demande de rendre des territoires qui sont une monnaie d’échange pour établir la paix. Toutefois, au sommet de Kartoum le 1er septembre 1967, les dirigeants des pays arabes prennent une résolution en trois « non » ;’Non à la paix avec Israël, non à la reconnaissance d’Israël, non à la négociation avec Israël ».  Pour les Palestiniens : étant sous domination israélienne, la demande d’un Etat palestinien est désormais envisageable alors que ce cela était impossible sous domination jordanienne ( septembre noir de 1970 en Jordanie).  Pour le Monde arabe :  Le drame du peuple palestinien devient celui de tous les arabes.  Frustration, colère, rejet de l’occident qui alimente le mouvement islamiste. Comment en arrive-t-on là ? Du modernisme au rejet occidental ? La guerre des Six jours marque une rupture et met fin au courant réformateur. C’est désormais le « traumatisme du désespoir ». Pourquoi ? - la faiblesse arabe a été mise à nue - prise de conscience de l’ampleur des manques/ Israël - Panarabisme, Progressisme, Nasserisme sont sanctionnés par l’échec : « Les leaders arabes encouragent leurs peuples dans leurs désirs et leurs rêves et leur dissimulent tout ce qui pourrait provoquer leur colère, jusqu’à ce qu’un inévitable nouvel échec se produise » - Radio-Tunis, 15 septembre 1967  Du sionisme à la création de l’Etat d’Israël La Palestine est sous mandat britannique. Le ministre des Affaires étrangères, Lord Balfour, se déclare, en 1917, favorable à l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif. Cette déclaration va à l’encontre des promesses faites aux arabes de créer un grand royaume incluant la Palestine.  Création d’Israël et premier conflit : En 1945, l’idée de créer un Etat d’Israël suscite des tensions. Mais l’arrivée de nouveaux migrants (la Palestine compte alors 1 200 000 arabes et 560 000 juifs), la révélation de la Shoah encourage le sionisme. Londres propose deux plans, en vain, et se tourne vers l’ONU qui fait un plan de partage : - création de deux Etats - Jérusalem, ville internationale Alors que la GB remet son mandat, Ben Gourion proclame l’Etat d’Israël ce qui entraîne la première guerre Israélo-arabe : - les armées arabes (Liban, Syrie, Transjordanie, Egypte) pénètrent en Palestine et envahissent rapidement le territoire durant le mois de juin 1948 ; - A partir de Juillet 1948, la contre-offensive israélienne est lancée. - Les opérations militaires tournent à l’avantage d’Israël en janvier 1949 ce qui permet de mettre en place des accords.  Les accords définissent un territoire israélien dont la surface est de 40% supérieure à celle prévue par le plan de l’ONU. La question palestinienne se pose alors : 750 000 palestiniens se réfugient dans les pays arabes voisins. Conséquences de ce premier conflit : - Nouvelle agression de l’occident, une dernière séquelle de la période coloniale.

-

Espoir de libérer la Palestine en menant une politique anti-impérialiste à l’extérieur (en se tournant vers l’URSS) et une politique de modernisation à l’intérieur. Volonté de constituer des Etats-nations modernes (Egypte, Iran, Turquie). Le modernisme est la réponse des élites urbaines occidentalisées. Volonté de développer une idéologie panarabe (qui est à l’origine du mouvement Baas et du Nasserisme). Volonté de fonder cette unité arabe sur l’idée de nation (idée occidentale). L’unité de langue et de civilisation remplace l’unité religieuse (abolition du Califat en 1922 par M. Kemal Atatürk)  un nationalisme arabe laïc

 Guerres indécises, paix improbable : 1970’s à nos jours : le Proche-Orient dans l’impasse ?

2° - REGARDS SUR LE PROCHE ET MOYEN-ORIENT, UNE REGION AU CŒUR D’ENJEUX GEOECONOMIQUES 2.1 – Le Proche et Moyen-Orient : une position de carrefour  Le contrôle des routes d‘approvisionnement : Suez – 1956  Rappel Iran-Irak

2.2 – Hydrocarbures et exploitation pétrolières  Les hydrocarbures, enjeu pour les grandes puissances : poids des « majors » et des grandes puissances (Rappel Iran-Irak)  Hydrocarbures et Etats : une chance, une arme ? (Tintin au pays de l’or noir)

2.3 – Des ressources (hydrocarbures et eau), sources de tensions  Les aménagements du Tigre et de l’Euphrate  Guerre du Golfe : 1990-1991 (rappel car vue en première)  2003

3° - REGARDS SUR LE PROCHE ET MOYEN-ORIENT, UNE REGION AU CŒUR D’ENJEUX GEOCULTURELS 3.1 – Une mosaïque linguistique et ethnique : question identitaire et revendications nationalistes 3.2 – Une grande diversité religieuse : vers une confessionnalisation des identités et des conflits  Présence des lieux saints des trois grands monothéismes o Place particulière de Jérusalem (cf question 1 du programme + travail sur Israël-Palestiniens dans le PMO) o Médine et La Mecque sous contrôle saoudien et contesté par l’Iran  Des groupes religieux et des territoires marqués par la diversité : inexistence de bloc monolithique (Rappel Iran-Irak)

3.3 – Fondamentalisme religieux, Islamisme politique  Un mouvement ancien : les Frères musulmans  Une idéologie réactivée par o L’échec du réformisme o L’interventionnisme américain

Travail à partir de l’article de l’Histoire n° 327 – Janvier 2008 « Liban, naissance d’une nation» Gérard D Khoury p 80-87 Guerres régionales et rivalités internationales depuis les années 70 réveillent les vieux démons des origines de la création du Liban. Certains soutiennent qu’il a été créé artificiellement par la France, d’autres estiment qu’il a été pris sur l’espace « naturel » et « historique » de la Grande Syrie (Bilad al-Cham : appellation des géographes arabes des VIII-IXème siècle qui désigne un vaste ensemble naturel compris entre le mont Taurus au nord, le Sinaï au Sud, la mer méditerranée à l’Ouest et l’Euphrate à l’Est). Dans sa genèse, sa définition, son extension, quel rôle ont joué d’une par les mouvements nationalistes, de l’autre les puissances européennes (en particulier la France) engagées dans la région ? La France a une relation privilégiée avec l’Empire ottoman depuis l’alliance politique entre François I et Soliman le Magnifique en 1535 avec notamment le régime des Capitulations (clauses de protection sur les lieux saints et sur les chrétiens d’Orient). Des rapports économiques et culturels se nouent ainsi (au collège royal, fondé en 1529, des hommes du Levant viennent enseigner les langues sémitiques et sensibiliser les Français aux cultures d’Orient). De 1861 à 1915, suite aux conférences de Beyrouth (1860) et Constantinople (1861), un régime spécial d’autonomie est instauré au Mont-Liban, régi par le droit international, dans le cadre de l’Empire ottoman. Le gouverneur est chrétien mais non libanais ; un conseil administratif composé de douze membres, représentant de façon proportionnelle les confessions, contrôle les principaux services publics. Il s’agit de l’ébauche d’un Etat démocratique mais avec une domination chrétienne (en 1914, 75% de chrétiens au conseil). Ce système garantit 54années de paix avant l’entrée en guerre des ottomans aux côtés des allemands qui met fin au gouvernorat et au régime des Capitulations. La défaite de l’Allemagne entraîne cette de l’Empire ottoman. Les accords entre Mark Sykes et François GeorgesPicot en 1916 prévoient la création d’un Etat arabe indépendant ou une confédération d’Etats arabes indépendants avec en contrepartie l’octroi pour la France et la GB de zones d’administration, d’influence et d’intérêt dans les provinces arabes de m’empire ottoman : le but est de convaincre le chérif Hussein (Hachémite, gardien des Lieux saints de La Mecque) d’entrer en guerre auprès d’eux contre les grecs. C’est son fils Faysal qui conduit cette révolte arabe. Les anglais, après une offensive victorieuse en Palestine et l’entrée des alliés à Jérusalem, prévoient, par la déclaration Balfour (2 novembre 1917), la création d’un foyer national juif en Palestine. Le président Wilson est critique à l’égard de cette diplomatie du secret et préconise l’envoi d’une commission d’enquête pour connaître le désir des populations en vertu du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Que veulent les Arabes ? A la veille de la 1° GM, trois grands courants nationaux se dégageaient : - Mouvement des nationalistes du Mont-Liban, maronite, favorable à l’indépendance et à l’extension du territoire ; - Nationalisme arabe, qui s’appuie sur le mouvement des intellectuels syro-libanais (Nahda : renaissance), souhaite une réelle indépendance des provinces arabes de l’empire allant du Hedjaz au Taurus ; - Projet de la Grande Syrie ou de « Syrie intégrale » lancé par les coloniaux français, ayant le souci de contrôler cette région : cette idée est reprise par Antoun Saadé et le Parti Populaire Syrien créé en 1932 et par le parti Baas syrien à partir de 1970 avec l’arrivée au pouvoir d’Hafez al-Assad Rien, dans les accords secrets, ne prévoyait la délimitation des territoires. En 1919-1920, britanniques et Français s’affrontent pour harmoniser leurs intérêts tout en s’efforçant de tenir leurs promesses. Les anglais imposent, en octobre 1918 le gouvernement arabe de l’émir Faysal à Damas après avoir chassé des émirs favorables à la France. Les anglais incitent l’émir à se rendre à la conférence de la paix à Paris dès novembre 1918, mettant les français devant le fait accompli. Début décembre, Clémenceau s’assure le soutien anglais pour l’obtention de parts allemandes (25%) dans la Turkish Petroleum Company. Durant 1919, Clémenceau, par anticolonialisme, cherche à trouver une entente avec l’émir Faysal pour respecter les accords Sykes-Picot. L’accord provisoire Faysal-Clémenceau est signé le 6 janvier 1920 : Faysal doit renoncer à un grand royaume arabe et reconnaître l’existence d’un Liban indépendant et souverain, la France reconnaît l’indépendance et la souveraineté de la Syrie. Mais l’hostilité de Robert de Caix aboutit au rejet progressif de l’accord. Les accords de San Remo, le 24 avril 1920, attribuent les mandats sur l’Irak et la Palestine à la GB et sur la Syrie et le Liban à la France. Faysal y est réticent et les relations se tendent avec la France (général Gourraud, haut commissaire au Levant) jusqu’à la défaite de Mayssaloun le 24 juillet 1920 qui marque l’élimination politique de Faysal. La création d’un grand Liban avec la clientèle française marque un tournant dans la politique française et le début du déclin de son influence au Proche-Orient. La fragmentation de la Syrie révolte les nationalistes arabes. Le territoire du Grand Liban est agrandi au-delà des demandes des nationalistes libanais : c’est l’origine des révoltes jusqu’à l’indépendance en 1943. Le pacte islamochrétien permet de vivre dans une certaine harmonie jusqu’en 1975. Les tensions persistent avec la Syrie (indépendante en 1946) qui reconnaît les frontières du Liban sans entretenir de relations diplomatiques. Un contentieux vif après plus de 80 ans en raison de la fragilité des jeunes Etats et des tensions constantes dans la région. Une nation libanaise s’est construite autour des chrétiens maronites avec le soutien de certains druzes, grâce aux conflits qui a permis parfois de souder cette communauté.

Travail à partir de l’article de l’Histoire n° 354 – Juin 2010 « La révolution de l’or noir» Henry Laurens p 4249 Pendant longtemps, la péninsule est apparue comme une terre de pauvreté. Lieu de passage vers les Indes, les britanniques des protectorats afin de préserver cette route. Un lutte d’influence s’établit entre ottomans et britanniques. Ces derniers contrôlent la région entre Bagdad et Bassorah, Aden (depuis 1839) et les territoires voisins (Yemen Sud) : maîtres de toutes les mers bordières de la péninsule. L’autre ressource était l’huître perlière ruinée dans l’entre deux guerre par la concurrence japonaise. Dans les années 30, en Arabie Saoudite, le seul revenu important était les taxes imposées sur le pèlerinage aux villes saintes de la Mecque et Médine. La découverte du pétrole L’exploitation de pétrole débute en Irak en 1927 et dans les années 30 dans la péninsule arabique. Les concessions sont accordées entre 1930 (Bahrein) et 1939 (émirats de la côte de la trêve, actuels EAU) et sont détenues par 7 grandes « majors » pétrolières : 5 sociétés américaines, 1 britannique (British Petroleum), 1 anglonéerlandaise (Shell). Invoquant des investissements lourds, elles obtiennent des contrats avantageux : durée de 60 à 94 ans, versement d’un louer annuel et une redevance (royalty) d’environ 12% de la valeur de la production. Pratiquant un intégration verticale, les majors s’entendent sur le prix (prix di « affiché ») en fonction de la qualité du produit et de la distance à parcourir. La mainmise américaine Dans les années 30, la production des pays du Golfe (Irak exclu) représente une faible part de la production mondiale (moins de 1%). Durant la 2 ème GM, les Etats-Unis prennent conscience de l’importance du bassin saoudien et réorganisent leur dispositif avec la mise en place en janvier 1944 de l’Arabian American Oil Company (Aramco). Ce pétrole du Moyen-Orient est destiné au marché européen, jusque dans les années 60, afin de mettre en œuvre la reconstruction économique (Plan Marshall) et de préserver les réserves américaines. Cette industrie pétrolière crée des enclaves de modernité. Les majors constituent des Etats dans l’Etat. Les Etats, manquant de personnel, font appel à des Indiens, à des arabes (libanais, égyptiens, palestiniens) pour assurer la modernisation. Durant les années 40 et 50 de grandes fortunes se forment (Ben Laden, Hariri). Début des années 50, les Etats renégocient et obtiennent de taxer à hauteur de 50% des revenus sur la base des prix affichés. L’Arabie Saoudite passe ainsi d’un revenu de1.5 million de dollar en 1939 à 20 en 1947, 112 en 1950, 260 en 1954. Croissance plus rapide au Koweit : 800 000 en 1946, 4 en 1950, 217 en 1954. La bataille de l’OPEP La crise de Suez entraîne un relèvement des prix affichés mais en 1959-1960 la tendance s’inverse en raison du retour à la normale et de la hausse de la production. Les pays exportateurs constituent à Bagdad, pour s’y opposer, l’Organisation des Pays exportateurs de Pétrole : 13 pays qui contrôlent au début des années 70 plus de 85% des exportations mondiales de pétrole. Les pays producteurs remettent en cause le système de concessions soit par des nationalisations (Algérie, Libye, Irak) soit par des prises de participation croissante. L’essentiel de la production est désormais assuré par des compagnies nationales alors que la commercialisation passe toujours par les majors. La hausse de la rente pétrolière (1973) favorise des investissements et des dépenses somptuaires. Des sociétés rentières L’industrie pétrolière suscite des flux migratoires importants qui créent une société stratifiée. La population locale bénéficie de la rente : absence de taxation, emplois réservés aux locaux, dons de terres et de maisons, « emprunts » non remboursables et interdiction faite aux étrangers de posséder des entreprises, voire des maisons. La redistribution de la rente se fait au détriment de toute culture du travail. L’imbroglio régional Les pays du Golfe, à la fois riches et faibles, se sentent toujours menacés (Egypte, Iran, Irak). Dès 1945, le Golfe a été défini comme un intérêt « national » américain. Cette indispensable protection US a un revers : l’indéfectible soutien des USA à Israël. Le second choc pétrolier conduit à l’abandon du prix « affiché » pour le prix dit « spot » (définition par l’offre et la demande). La baisse de la conso, développement de nouveaux sites de production  contrechoc (le cours du baril chute de 27 dollars à 7. Quotas de production pour enrayer la chute : non respecté par certains  invasion du Koweit. La diplomatie du pétrodollar Dubaï, place financière mondiale doit accepter une certaine dépendance/Abu Dhabi après crash immobilier de 2009. Les autres émirats investissent massivement dans l’éducation supérieure et dans la culture. Les chaines d’informations satellites (Al Jazira, Arabiyya, Abu Dhabi TV) mettent fin au monopole occidental de l’info. Après le 11/09, les Etats-Unis ont dû progressivement évacuer leurs bases dans le royaume et se replier sur la Qatar et le Bahrein. Pays du Golfe sont des enjeux et des acteurs sur la scène politique : Koweït, défenseur des intérêts palestiniens, Arabie Saoudite volonté d’établir un front arabe face à l’Iran.

Travail à partir de l’article de l’Histoire n° 330 – Avril 2008 « Israël : le vrai pouvoir des généraux» Samy Cohen p 72-77 De tous les pays démocratiques, Israël est celui dont l’armée (Tsahal, acronyme pour « armée de défense d’Israël ») dispose de la plus grande influence au sein de la société. Cette armée a pu jouir d’une popularité exceptionnelle en raison de l’Etat de guerre prolongé et parce qu’elle apparaît comme un rempart ultime contre la destruction de l’Etat. Mais cette conviction est en train de changer et son prestige est davantage contestée par une partie de la société civile (mères de soldats, réservistes…). Néanmoins, les généraux demeurent des figures respectées et promises aux plus hautes fonctions au sein du gouvernement. Un différend entre le Premier Ministre et le chef d’état major général de l’armée se solde rarement par l’éviction de ce dernier. Les généraux interviennent dans le débat public et peuvent ainsi critiquer les décisions du gouvernement sans encourir de sanction et sans rien ôter à l’autorité du gouvernement. Les premiers ministres parviennent à imposer leur volonté dans les débats à caractère stratégique : le pouvoir politique demeure l’acteur dominant. En 1956 (retrait des troupes de Sinaï), en 1977 (accord pour rencontrer Anouar al-Sadate), en 1993 (préparatifs des accords d’Oslo), en 2000 (retrait des troupes du Sud-Liban) le pouvoir politique s’est heurté à l’opposition du chef d’état major mais ce dernier a toujours fini par plier. Le pouvoir civil a toujours conservé la capacité de refuser les propositions de l’armée ou de prendre des décisions sans demander au préalable l’avis des militaires. Cela tient plus à la qualité du leadership politique que du comportement de Tsahal. Bon nombre des premiers ministres étaient eux-mêmes des militaires prestigieux : Yitzhak Rabin, Ehud Barak, Ariel Sharon. De nombreux ministres de la Défense étaient des généraux, comme Moshe Dayan, Benyamin Ben Eliezer. Un fois au pouvoir, ces anciens généraux se conduisent comme des dirigeants politiques ordinaires. En Israël, la légitimité politique s’acquiert souvent sur le champ de bataille. Même les militants de gauche font davantage confiance à un militaire auréolé d’un passé militaire glorieux qu’à un civil. En 2006 (seconde guerre du Liban), Ehoud Olmert (premier ministre) et Amir Peretz (ministre de la défense) ne pouvaient faire valoir un passé de combattant courageux, et aucun d’eux ne voulait prendre le risque de passer pour un velléitaire. Ils ont ainsi voulu saisir l’occasion de se présenter comme de véritables chefs de guerre dont la détermination de restaurer la dissuasion de l’armée et ramener les soldats à la maison. Ils ont ainsi pensé aux bénéfices politiques qu’ils pourraient tirer suite à cette guerre.

Travail à partir de l’article de l’Histoire n° 321 – Juin 2007 « 5 juin 1967 : Israël attaque» Elie Barnavi p 3242, « Du côté des Arabes : l’insupportable défaite » Mohamed Charfi p 50-52 Rappel des faits (cf chrono p 32-40) Quelle place accordée à la résolution 242 ? Pour Israël le document offre un cadre de négociation directe entre lui et ses adversaires afin d’aboutir à un accord sur des frontières « sûres et reconnues ». Ce document doit permettre de mettre en œuvre des accords de pays formels. Pour les voisins arabes, la restitution inconditionnelle des territoires perdus doit constituer le point de départ d’un éventuel processus de négociation. Que faire des ces territoires ? Israël a deux options : - Retrait spontané et inconditionnel afin de montrer qu’Israël cherche non à s’agrandir mais à assurer sa sécurité, la paix et son insertion dans l’espace régional. Israël dispose d’atouts pour faire ce choix : armée puissante, adversaires démoralisés, sympathie de l’opinion publique mondiale (choix défendus par une minorité) ; - Tenir ces territoires en attendant des temps meilleurs. Mise en place d’une occupation souple et la moins visible possible : en Cisjordanie, maintien du système administratif, juridique, municipal et scolaire ; libre passage des hommes et des marchandises entre Jordanie et territoire occupés ; mise en place d’un régime « libéral » qui a des retombées économiques (infrastructures, plein emploi, élévation du niveau de vie…). Mansuétude israélienne conditionnée à une « acceptation » de l’occupation Des conséquences multiples pendant quarante ans :  Pour Israël :  Passif : découverte de l’Israël biblique (la Cisjordanie : Judée et Samarie ; vieille ville de Jérusalem) qui donne une nouvelle interprétation au sionisme centrée sur la Terre plutôt que sur le peuple et avec le lancement de la colonisation des territoires occupés.  Actif : o conquête du Sinaï qui permet la paix avec l’Egypte o conquête du Golan qui va permettre la paix avec la Syrie o conquête de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, une chance de règlement du problème palestinien.  Les terres arabes conquises sont donc un billet d’entrée dans le club des nations du Proche-Orient. Avant on ne demandait rien à Israël sinon de disparaître. Après on lui demande de rendre des territoires qui sont une monnaie d’échange pour établir la paix. Toutefois, au sommet de Kartoum le 1er septembre 1967, les dirigeants des pays arabes prennent une résolution en trois « non » ;’Non à la paix avec Israël, non à la reconnaissance d’Israël, non à la négociation avec Israël ».  Pour les Palestiniens :  Humiliation des dirigeants arabes conduit à une émancipation de leur combat  étant sous domination israélienne, la demande d’un Etat palestinien est désormais envisageable alors que ce cela était impossible sous domination jordanienne à moins de faire de la Jordanie une entité palestinienne ( septembre noir de 1970 en Jordanie).  Pour le Monde arabe :  Mort du nassérisme (nationalisme panarabe et progressisme tiers-mondiste prosoviétique. Le seul projet unificateur de l’oumma est l’islam radical.  Le drame du peuple palestinien devient celui de tous les arabes. La guerre des Six jours marque une rupture et met fin au courant réformateur. C’est désormais le « traumatisme du désespoir ». Pourquoi ? - la faiblesse arabe a été mise à nue - prise de conscience de l’ampleur des manques/ Israël - Panarabisme, Progressisme, Nasserisme sont sanctionnés par l’échec : « Les leaders arabes encouragent leurs peuples dans leurs désirs et leurs rêves et leur dissimulent tout ce qui pourrait provoquer leur colère, jusqu’à ce qu’un inévitable nouvel échec se produise » Radio-Tunis, 15 septembre 1967

Travail à partir de Alexandre Defay, Géopolitique du Proche-Orient, PUF, Que sais-je ? 2011 (5ème édition) Un espace « surreprésenté » Représentations israéliennes Le sionisme, à ses débuts (fin XIXème siècle), est marqué par l’indifférenciation territoriale. Les sionistes demandent que l’identité nationale juive corresponde à une identité politique (Etatnation) mais dont le choix territorial reste ouvert : la Palestine est certes privilégiée mais d’autres envisagent l’Ouganda, l’Argentine, Madagascar ou la Syrie. Mais la Palestine n’est pas « une terre sans peuple pour un peuple sans terre » (Lord Balfour) : elle est peuplée d’Arabes opposés au projet sioniste. L’entreprise sioniste doit donc se doter de représentations du Proche-Orient qui vont évoluer au gré du contexte : - Contestation qu’un autre peuple puisse émettre une revendication de souveraineté : on dénie à la population arabe de Palestine toute capacité à constituer un peuple (Chaim Weizman, président de l’organisation sioniste mondiale et premier président de l’Etat d’Israël) - Le peuple palestinien n’existe pas puisqu’il appartient au peuple arabe, et ce dernier dispose de beaucoup de pays vastes pour constituer un territoire national. Le peuple juif renvoie à tous les juifs et pas seulement ceux présents en Palestine : tous sont ainsi habilités à faire valoir leur droit national, le droit au « retour » sur leur terre, la seule qu’ils puissent revendiquer, « Eretz Israël » (Ben Gourion). La représentation sioniste du Proche-Orient repose sur une conviction et une ambiguïté : o Conviction : seuls les juifs disposent d’un droit national sur la terre d’Israël. Les arabes présent peuvent exercer une souveraineté mais en dehors de l’Etat d’Israël ; o Ambiguïté : comment revendiquer un vaste territoire sans remettre en cause sa nature juive ? Trois constats : - L’Etat d’Israël n’a pas convaincu tous les juifs de le rejoindre : la poursuite de l’expansion territoriale risque de compromettre la nature juive de l’Etat (jeu des rapports de force démographiques). - Il existe un « fait palestinien » (1967 guerre des Six jours, création de l’OLP en 1969 et admission comme observateur à l’ONU en 1974) et un sentiment national palestinien qui ne se réduit pas à celui d’appartenir au « monde arabe ». - La société israélienne est clivante (rural/urbain, séfarades/ashkénazes…) et l’élément d’unité dans les moments de crise est uniquement la peur partagée de la disparition. Fin des années 90 (Intifada, accords d’Oslo, élection d’Ehud Barak), changement de la représentation israélienne du Proche-Orient : seul un partage de la Palestine mandataire entre Israël et un Etat palestinien peut garantir la pérennité et la sécurité de l’Etat juif : « la paix contre les territoires ». Mais la situation plus troublée au début des années 2000 (contradictions politiques, échecs sur les négociations des statuts des territoires) a trois conséquences : - Israéliens renouent avec les angoisses du rejet, de la disparition ; - Morcellement politique de la société israélienne ; - Une large part de la population reste convaincue que le partage est inévitable voire souhaitable (en 2003, selon les sondages préélectoraux, 60% des Israéliens favorables à la création d’un Etat palestinien et 63% à un démantèlement des colonies) mais quand ? sous quelle forme ? sur quels territoires ? … Une représentation confuse de la question palestinienne en raison des actes politiques, des choix électoraux depuis 2006 : victoire du Hamas, provocations du hezbollah (enlèvements, tirs de roquettes), répression israélienne (Intervention au Liban, assassinats plus ou moins ciblés, opération « plomb durci » dans la bande de Gaza début 2009).

Représentations arabes Longtemps marquées par le panarabisme avec pour but de créer un Etat rassemblant toutes les populations arabes et faisant preuve de modernité (contrepied des propos dévalorisants de l’Occident). Souhait qui se heurte : - Frontières décidées par les puissances européennes - Indépendants, les Etats ne veulent pas abandonner les instruments de leur pouvoir : ligue arabe (22 mars 1945) symbole, a priori, du panarabisme, consacre le morcellement en Etat. Autres tentatives d’union : vœu pieu ou échec (République arabe unie créée en 1958 entre Egypte et Syrie, dissoute en 1961. Echec du panarabisme donne naissance à une représentation palestinienne spécifique. Représentations palestiniennes Elles s’établissent après la première guerre mondiale sur la base de la revendication du territoire de la Palestine mandataire et du refus du sionisme. Représentation dominante (jusqu’en 1948) : un Etat unitaire sur toute la Palestine où seraient traités en citoyens égaux juifs et arabes (question : citoyenneté seulement pour les juifs présents avant la déclaration Balfour ?). Après 1948, focalisation sur la destruction d’Israël : obstacle à la création d’un Etat unitaire et démocratique. Mais cette logique de guerre ne suffit pas à fonder une identité notamment pour ceux qui vivent dans les pays arabes voisins. Donc à partir des années 60 (1968) définition plus précise (article 4 de la seconde charte de l’OLP) avec sacralisation de la Terre, du Retour et du droit du sang (emprunt aux idéologues sionistes). Représentation symétrique des israéliens qui débouche sur une nouvelle conception du futur Etat palestinien qui sera aux côtés de l’Etat juif (débouche sur les accords d’Oslo). Représentation brouillé à partir de 2000 : retour de la violence (deuxième intifada), situation économique désastreuse, perte de crédit de l’Autorité, audience croissante des islamistes (Hamas) en opposition avec le Fatah. Représentations arabes dans le reste du Proche-Orient Après 1948, deux thèmes majeurs : - Unité arabe - Disparition de l’Etat juif (corps étranger en « terre arabe ») Conception battue en brèche, sauf pour S. Hussein, par les défaites multiples, l’échec de la RAU, l’émergence de nationalismes étatiques, le poids grandissant des USA… Les Etats intègrent, plus ou moins rapidement, l’urgence de régler le conflit israélo-arabe à l’aune d’un rapprochement avec les Etats-Unis. L’Egypte est la première à franchir le pas. Mais la condamnation de cet acte retarde l’action des autres Etats. Ambiguïté entre le discours étatique et le discours « médiatique » (contrôlé par l’Etat) qui grandit sur un discours antisémite. Représentations dans les Etats de la périphérie Affrontement au Proche-Orient présenté comme symbole de l’affrontement Islam/Occident mais les Etats doivent composer avec leurs paramètres : - Arabie saoudite doit se montrer moins belliqueuse ; - Emirats, idem ; - Turquie : poussée islamiste et aucune affinité avec le monde arabe ; analogies avec le sionisme (modernité, laïcité) conduisent à une reconnaissance d’Israël dès 1949 et des accords de coopération militaire (1996) et éco (1997) ; - Iran : avant M. Ahmadinejad position identique à l’Arabie Saoudite, depuis radicalisation.

Représentations des « puissances » Fascination entre attrait et répulsion : - Attrait pour le berceau de la civilisation qui se mue en appropriation, pour le contrôle des routes terrestres et maritimes vers le Moyen et extrême Orient, pour les richesses énergétiques ; - Répulsion pour une région source d’obscurantisme, de despotisme, de violence. Préjugés pour ces « satanés arabes », qui « leur coup fait disparaissent sans laisser de traces » (Hergé, Tintin au pays de l’or noir), réactivés après l’hostilité des Etats arabes à la création de l’Etat d’Israël. Après la Shoah, Israël perçu comme un territoire qui fait fleurir le désert, la démocratie. Opposition modernité/obscurantisme. Mais des différences entre Europe et Etats-Unis. Représentations en Europe Conception moins monolithiques, prise en compte d’une question palestinienne en dépit de la violence qui apparaît toujours comme un stéréotype. Cause palestinienne prise en compte dans les ambassades et condamnée par les relais d’opinion d’Israël en Europe. Dans les 70’s, l’idée d’un Etat palestinien s’impose. Déclarations de Y. Arafat conforte l’Europe dans cette position et après 1993 soutien à la nouvelle Autorité palestinienne. Après la reprise des violences, européens misent sur la « feuille de route » (2003). En revanche interrogation sur le rôle des Nations-Unies, des Etats-Unis et d’eux-mêmes dans cet espace. Représentations américaines Début XXème siècle, mêmes préjugés que l’Europe pour aborder cette question. Espère tirer profit des ressources pétrolières. Après 1945, région perçue comme au cœur d’enjeux cruciaux pour établir puis maintenir sa suprématie. Dès lors britanniques et français ne peuvent conduire qu’une politique subordonnée à la leur : 1956 Suez et 2003 Irak. Autre différence, depuis 1967, soutien inconditionnel à Israël (2003 aide financière de trois milliards de dollars) avec le souci de donner des gages aux alliés arabes afin d’établir une paix « juste et équilibrée ». Accommodement rendu plus facile avec la disparition de l’URSS : ils sont désormais les maîtres du jeu (à nuancer au regard de la situation en Syrie). Représentations en Russie et en Chine Second rôle mais volonté de revenir sur le devant de la scène : leaders du mouvement Hamas, vainqueurs aux élections, invités à Moscou.

Un espace « surpolitisé » Un espace morcelé (1914-1948) Les britanniques font miroiter au chérif de La Mecque, Hussein, la perspective d’un grand Etat arabe dont il prendrait la tête tout en négociant secrètement avec la France la répartition de leurs rôles respectifs  accords Sykes-Picot (1916) : Liban et Syrie pour la France, Transjordanie et Mésopotamie pour la Grande-Bretagne, la Palestine entre le Jourdain et la mer serait sous une administration internationale. 1917 est marqué par deux événements qui vont faire du PMO un enjeu mondial : - Entrée en guerre des Etats-Unis amène France et GB à revoir leurs visées impérialistes alors que certains nationalistes voient dans les Etats-Unis un recours ; - Déclaration Balfour, moyen d’éviter l’internationalisation de la Palestine et de d’éloigner les français du canal de Suez Conférence de la paix à Versailles = fin des espoirs de Faysal (fils de Hussein, chérif de La Mecque) de constituer un grand royaume arabe (photo de Faysal à Paris dans de nombreux manuels) car divisions arabes et retrait US laisse les mains libres aux anglais et aux français  mise en place du régime des mandats lors de la conférence de San Remo (avril 1920) où les enjeux sont le pétrole et la question palestinienne posée par la déclaration Balfour. - Question pétrolière résolue facilement : la France renonce à ses prétentions sur le vilayet de Mossoul contre un accès au pétrole irakien (avec ses 23.75% de la Turkish Petroleum Company, elle crée en 1924 la Compagnie française des pétroles, ancêtre du groupe Total) ; - La France cède : la GB exerce un mandat sans partage sur la Palestine. Le ProcheOrient est alors morcelé (à l’opposé des aspirations arabes) par des frontières, fruits des négociations/marchandages franco-britanniques. Diplomatie et manière forte sont utilisées pour imposer ces négociations : o Manière forte : La GB mate l’insurrection en Irak à partir de mai 1920. Les français anéantissent l’éphémère royaume arabe et chasse Faysal du pouvoir (prise de Damas en Juillet 1920). o Diplomatie : Les britanniques lui proposent alors le trône irakien et à son frère, Abdallah (privé du trône irakien) l’émirat de Transjordanie (territoires à l’est du Jourdain et sud syrien qui ont été retranchés de la Palestine « historique »). Les Français apportent leur soutien aux chrétiens du Levant. Mise en place d’un grand Liban. Forte minorité musulmane (45% de la pop en 1921) = source de conflits quand les poids démographiques vont s’inverser. Grande Révolte (1925-1926) fortifie un nationalisme marqué d’islamisme qui se radicalise au vu de la situation en Palestine. Apparition d’une crise en Palestine : inquiétudes et protestations débouchent rapidement sur des heurts violents entre Arabes et Juifs (Jérusalem en avril 1920 et Jaffa en mai 1921). Les britanniques louvoient et finissent par préconiser la création de deux Etats. Ce plan Peel de 1937 est rejeté par les Palestiniens et les Arabes (la Palestine appartient à tous les arabes  cf les représentations). Le livre blanc de mai 1939 (projet binational) est rejeté par les deux parties. L’échec des puissances : découpage étatique = frustrations. Montée de l’islamisme avec les Frères musulmans en 1928 qui repose sur l’antisionisme et l’anti-occidentalisation des sociétés musulmanes. Ressentiment à l’égard des puissances mandataires (grand Mufti de Jérusalem opère ainsi un rapprochement avec l’Allemagne nazie). Perte de crédit des européens contribue à l’implication croissante des Etats-Unis : prennent pied dans la péninsule arabique (concessions pétrolières), liens étroits avec Ibn Saoud (conquiert l’Hedjaz en 1925 et crée l’Arabie saoudite en 1932). Le mouvement sioniste joue également la carte américaine. Les Etats-Unis, dans le conflit mondial, prennent conscience de l’importance vitale de cette région pour leurs intérêts. La shoah : nécessité de fonder un Etat pour protéger le peuple juif. Arabes considèrent que l’on ne résout pas une injustice par une autre injustice mais leur discours est inaudible au lendemain de la 2ème GM. La GB, incapable de résoudre la situation, s’en remet aux Nations Unies. La

population a fortement augmenté (croissance naturelle et immigration : 1944, 1 800 000 habitants dont 530 000 juifs. Israël : (scanner carte p 71) l’ONU adopte un plan de partage qui accorde 55% du territoire de la Palestine mandataire au futur Etat juif. Agence juive accepte mais les arabes palestiniens refusent. Camp arabe affaibli, divisé : le roi Abdallah de Jordanie souhaite étendre son royaume en annexant la partie de la Palestine que le plan de partage accorde aux arabes alors que le grand Mufti de Jérusalem milite pour une Palestine unitaire sur toute la Palestine mandataire. Il pense pouvoir le faire par la force en repoussant les juifs (contrôle des voies de comm.) mais c’est l’inverse qui se produit : exode des palestiniens devant les succès militaires de la Haganah (avant la proclamation de l’Etat d’Israël). La Nakba (catastrophe en arabe) : Les Etats arabes entrent en guerre le 14 mai. Les revers militaires entraînent de nouveaux départs : 600 à 760 000 palestiniens sont réfugiées à la périphérie. Sur les 26 millions de dunam (1 dunam environ 1000 m²) que comptait la Palestine mandataire, la colonisation juive en avait acquis, début 1948, 1.5 million ; l’exode en procure 18.5 millions. Les pays arabes affaiblis, divisés, humiliés, acceptent de négocier l’armistice. Désaccord sur la vision future de la Palestine, d’Israël et des réfugiés. Un conflit destiné à se perpétuer : Israël pour exister et s’étendre, le monde arabe pour revendiquer la cause palestinienne. La confrontation Est-Ouest : Proche Orient est une zone sensible (position géographique et ressources pétrolières) et une zone fragile (instabilité des régimes arabes, rivalités régionales).

Un espace déchiré (depuis 1948)  Les déchirures politiques o Possible, impossible démocratie Israël et Etats arabes s’engagent sur des voies différentes : - Institutions démocratiques, suffrage universel, séparation des pouvoirs, régime parlementaire (Knesset, pv législatif, élit le président et investit le gouvernement), indépendance de la justice : démocratie de type occidental ; - Instabilité, violence des les indépendances proclamées. Les constructions étatiques arabes, imposées par les puissances mandataires, reposent sur des fondements vulnérables :  Hiérarchies sociales traditionnelles bouleversées par l’exode rural et contestées par de nouvelles hiérarchies issues de la modernité éco  Diversité confessionnelles et existence de minorités ethniques  Aspirations panarabes que veut incarner le parti Baas fondé par deux syriens (Michel Aflak, chrétien et Salah al-Bitar, musulman) en réalisant l’unification de la « patrie arabe » et en la la faisant prospérer par un socialisme autochtone (rejet de la lutte des classes et de l’athéisme). Cette volonté conduit à l’édification d’Etats forts et rivaux.  De coups d’Etat en coups d’Etat, le Proche-Orient passe aux mains des régimes autoritaires contrôlés par l’armée : radicalisation de ces régimes avec l’arrivée de fortes personnalités (Hafez al-Assad en 1970, S. Hussein en 1979) o Impossible, possible paix 1967 modifie la donne géopolitique. Nasser, vu comme le héros de la cause arabe, se heurte à la méfiance des autres dirigeants. L’Arabie saoudite combat le nassérisme au nom de l’islamisme. La Syrie lui reproche son attentisme alors que Nasser doit compter avec de nouveaux militants palestiniens (le Fath, notamment créé fin 50’s par Yasser Arafat) qui ne veulent plus faire dépendre la question palestinienne de la réalisation de l’unité arabe. Nasser doit également compter avec l’intérêt croissant des grandes puissances pour le Proche-Orient. Dans un climat de tensions grandissant (incidents de frontières, attaques de commandos palestiniens), Nasser adopte une stratégie de provocations à l’égard d’Israël : - Renforcement des troupes dans le Sinaï - Obtient le départ des casques bleus - Remilitarise Charm al-Shaykh - Fermeture du détroit de Tiran à la navigation israélienne : casus belli pour Israël Moyen de provoquer une action d’Israël et d’obtenir un arbitrage des Grands qui lui soit favorable. La France décide de ne pas soutenir celui qui attaquerait en premier et il appartient grands de trouver une solution. Washington considère qu’il s’agit également d’un casus belli. Attaque d’Israël le 5 juin, victoire écrasante en six jours. Position dominante d’Israël qui, par l’occupation, transforme les relations israélo-palestiniennes et modifie le rôle des grandes puissances : Les Etats se substituent à la France pour la livraison d’armes et l’URSS renforce ses positions dans les pays arabes progressistes. Les mouvements palestiniens (OLP réorganisée avec entrée du Fath en 1968) adoptent une stratégie autonome utilisant le terrorisme à l’échelle planétaire ce qui accrédite l’idée d’un fait national palestinien mais fragilise les pays qui leur servent de base arrière (Etat dans l’Etat). La Jordanie démantèle les structures palestiniennes (« septembre noir ») afin de rétablir un pouvoir sans partage sur son royaume. Mort de Nasser = fin du rêve panarabe. Anouar al-Sadate décide avec la Syrie d’une guerre « totale » avec Israël. Guerre du Kippour lancée le 6 octobre 1973 qui surprend Israël mais qui réagit grâce au soutien US (reprise du Golan, avancée vers Damas, traversée du Canal de Suez pour encercler l’armée égyptienne). Cessez le feu le 25 octobre. Israël prend conscience que sa politique intransigeante l’expose à

des conflits à répétition et le fait dépendre des Etats-Unis. Ces derniers et l’Europe mesurent combien ils dépendent des réserves du Moyen-Orient. Dans ce contexte, Israël accepte les propositions de paix de l’Egypte. Accord condamné par les autres Etats arabes car prendre une telle initiative leur serait fatale car difficultés intérieures, révolution iranienne et nouvel acteur incontournable, l’OLP. o o o o

Guerre civile libanaise Colonisation des territoires occupés L’intifada Les conflits périphériques

 Les déchirures économiques Quasi absence d’échanges commerciaux intra-régionaux (Israël/Etats arabes et entre Etats arabes. Israël est le « géant » économique de la région entouré de voisins peinant à sortir du mal développement. Première ressource d’Israël : forte croissance démographique (900 000 habitants en 1948, 7 740 900 en 2011) en raison de l’immigration. 4,5% du PIB pour la recherche. Pays hautement développé avec des cadres biens formés, des valeurs et des méthodes occidentales, main d’œuvre bon marché dans les Territoires, fort PIB en ppa (30 000 dollars), 6.1 % de la pop active dans les TIC (deuxième place derrière la Suède). IDH (2010) : 15ème rang Maitrise de l’eau par des prouesses techniques (dessalement) et par accaparement des ressources régionales (source de discorde). Etats arabes avec forte croissance démo (accroissement naturel supérieur à 2.5% sauf en Egypte) : confrontés à des problèmes de scolarisation alors que les budgets sont grevés par les dépenses militaires (entre 8 et 11% du PNB sauf en Egypte à 4.8% ; France, 2.7%). Analphabétisme important (entre 40 et 50% en Egypte et en Irak) ou sensible (10-20% ailleurs) avec forte inégalité hommes/femmes. Manque d’emploi en milieu rural donc fort exode vers les villes qui connaissent une croissance considérable et souvent mal maîtrisée. PIB faibles : 10 400 dollar pour le Liban et 5 400 pour l’Egypte en 2007. Jordanie fait mieux que la Syrie (4 700/4 500) : signe que les difficultés tiennent davantage à des facteurs socioculturels qu’à à des données naturelles. Economie palestinienne dépendante des cycles politiques entre Autorité palestinienne et Israël. IDH (2010) : Jordanie (82ème), Egypte (101ème), Syrie (111ème). Progrès technologiques et réduction des gaspillages font que la compétition pour la maîtrise de l’eau tend à être, à plus ou moins long terme, plus un enjeu symbolique de puissance (Syrie/Irak/Turquie) qu’un enjeu vital pour la survie économique.

Un espace vassalisé (depuis 1948) Depuis la fin du califat arabe, le Proche-Orient n’a plus jamais été maître de son destin.  Un jeu à trois (1945-1956) Après 1945 les Etats accèdent à l’indépendance mais les puissances occidentales entendent exercer une influence tant la région est devenue importante en matière d’hydrocarbures (quantité importante et faible coût d’exploitation) et de communication (routes maritimes et terrestres/oléoducs  tapline permettant de convoyer le pétrole saoudien vers la méditerranée en service en 1950). Jeu à trois entre la France, la GB et les USA. GB dispose de bases militaires, la France cherche à retrouver sa place d’antan (difficile). Les USA tirent profit de leu position anticolonialiste, mise en place de la VI flotte et installés en Arabie Saoudite. URSS à l’écart car absence de parti communiste pour relayer son influence et les occidentaux font barrage par un système d’alliance : OTAN, OTASE, Pacte de Bagdad (endiguement).  Un jeu à deux (1956-1991) Nasser fait entrer l’URSS dans le jeu proche oriental pour contrebalancer l’influence occidentale. Les puissances européennes, avec cette entrée et la crise de Suez, sont marginalisées, laissant face à face les deux puissances. Le soutien inconditionnel des USA à Israël après 1967 ruine leur capital de confiance auprès des Etats arabes. Les USA sont désormais responsables de tous les maux : humiliations militaires, difficultés éco. Les opinions publiques contestent, critiquent les USA : discours alimenté par les mouvements islamistes.  L’hégémonie américaine (depuis 1991) Enjeu : les intérêts pétroliers et la nécessité de préserver l’intégrité des monarchies du Golfe  guerre du Golfe. Prise de conscience lors de ce conflit de l’importance du conflit israélo-arabe qu’il faut résoudre. Les accords d’Oslo : reconnaissance mutuelle entre Israël et OLP (photo du 13 septembre à Washington), « déclaration de principe » qui fixe à 5 ans la résolution du conflit par un transfert d’autorité à un gouvernement palestinien et par extension territoriale de ses compétences sur la Cisjordanie et la bande de Gaza. Septembre 1955 accords Oslo II qui partagent les Territoires en trois zones (A : responsabilité exclusive de l’Autorité, B : sécurité assurée par Israël, le reste pour l’Autorité, C : responsabilité exclusive pour Israël cf carte p 19 doc photo n°8086 « Géographie des conflits) Espace des ambiguïtés (réflexion centrée sur Israël)

Travail à partir de Georges Corm, Histoire du Moyen-Orient. De l’antiquité à nos jours, Paris, La découverte 2007 Le Moyen-Orient moderne (p 69) 1 – Fin des empires et irruption des puissances occidentales  Décadence de l’Orient, renaissance de l’occident Depuis 1798, rupture dans l’Histoire du Moyen-Orient : celle –ci est désormais rythmée par l’histoire européenne, israélienne et américaine. Le Moyen-Orient est l’ojet de craintes et convoitises occidentales. Pas de volonté d’établir une nouvelle synthèse de civilisation d’un rang supérieur mais volonté de tirer des avantages stratégiques et économiques : - Hier : Egypte, grenier à blé de l’empire romain - Aujourd’hui : Moyen6orient, réservoir de matières énergétiques.  Trois grands modèles de résistance à la domination européenne (p 75) Modèle turc : idéologie laïque et nationaliste des officiers Jeunes Turcs et kémalisme. Modèle influencé par la révolution française et la conception jacobine d’un Etat nation compact. Influence également du nationalisme ethnique et linguistique développé en Allemagne. Cela favorise l’homogénéisation du peuplement du plateau anatolien et garantit une stabilité et une puisssance. Fin XXème siècle, le kémalisme est terni avec : - Croissance du fondamentalisme islamique - Influence de la démocratie libérale européenne  acceptation de mouvements identitaires religieux ou ethniques - Fatigue de l’opinion/aux interventions des militaires Modèle iranien : - Aspirations modernisatrices, institutions politiques modernes - Marqué par le nationalisme à l’européenne - Pas d’homme fort à l’autorité incontestée et donc mélange contradictoire : conservatisme/progressisme chez les religieux, anti-impérialisme et révoltes sociales  explosion de 1979 : révolution islamique qui tente de concilier tous ces courants  contrôle du juriste religieux. Modèle nassérien : - Elimination politique de la grande féodalité terrienne et de la grande bourgeoisie - Parti unique - Nationalisation des intérêts des grandes sociétés occidentales - Anti-impérialisme - Lutte contre l’Etat d’Israël - Lutte pour la suppression des barrières étatiques artificielles 2 – Le moyen Orient sous domination européenne  La domination franco-anglaise directe sur le monde arabe (1919-1956) (p 87) France et Angleterre visent à un démembrement en petites entités politiques sous leur domination  accords Sykes-Picot (mai 1916). GB fait une double promesse contradictoire  déclaration Balfour et constitution d’un royaume arabe dans les territoires du croissant fertile et de la Mésopotamie. Promesses qui vont à l’encontre des accords Sykes-Picot  problème au niveau de la Syrie avec Fayçal (cf notes sur « Liban, naissance d’une nation ») : chassé de Damas il est installé en 1921 à Bagdad et son frère Abdallah en Transjordanie en 1924. Mise en place d’un grand Liban et d’une Syrie divisée (cf carte sur « Liban, naissance d’une nation »). Les Anglais s’assurent le contrôle de l’Irak et de la Palestine. Discrédit des Hachémites avec installation des Saoud sur le Hedjaz et les lieux saints  création d’un royaume d’Arabie saoudite en 1932.

Aspirations des nationalistes arabes « modernistes » sont frustrées partout durant la période des mandats. Mise en place d’entités multiples aux régimes divers : républiques en Syrie et au Liban, royautés constitutionnelles en Transjordanie,, en Irak, en Egypte, royauté de type islamique en Arabie Saoudite. Pas d’application des principes démocratiques énoncés par la France et la GB. En Palestine, anglais confrontés à l’agitation des immigrants juifs et à celle des palestiniens (inquiétude face à ces arrivées massives et ce repli sur sa communauté). GB s’en remet à l’ONU  plan de partage, échec, première guerre et guerre perpétuelle (pour exister ou pour revendiquer une cause). Instabilité politique, discrédit des régimes mis en place par la France et la GB. Instabilité en Iran  Mossadegh, intervention US, ressentiment profond de l’opinion publique à l’égard des Etats-Unis. Seule la Turquie parvient à mettre en place un Etat solide. Mustapha Kemal parvient à mettre hors de son territoire les armées européennes occupantes (anglaise, française, grecque, italienne). 1923 suppression du Califat, mise en place de la laïcité, latinisation de l’alphabet : tourne le dos au passé ottoman et musulman, volonté de moderniser la Turquie sur le modèle européen. Rempart de l’occident face à l’avancée de l’Union soviétique. 3 – Le Moyen-Orient saisi par la guerre froide, le pétrole et le conflit israélo-arabe. (p 93)  La rivalité américano-soviétique en Orient Le Moyen-Orient est un carrefour de communications vital pour le déploiement de troupes militaires vers l’Inde et l’Extrême-Orient où l’URSS effectue des percées. Ces percées s’effectuent également au Moyen-Orient. Le développement de l’industrie pétrolière fait de la région le plus vaste réservoir mondial. Pétroles irakien et iranien contrôlés par les Européens ; les Etats-Unis ont obtenu le monopole pour l’exploitation des réserves saoudiennes. Années 60 découverte des réserves dans les émirats. Construction d’oléoducs. 1956 : symbole du basculement d’Israël dans le camp occidental. URSS soutien de l’Egypte. Positions politiques et militaires sont ruinés (passage d’une guerre à trois à une guerre à deux). Menées contradictoires des deux grands empêchent tout forme de coopération régionale.  Les débordements du conflit israélo-arabe et l’épopée nassérienne o Coups d’Etat en Egypte et en Syrie, et tentatives d’alliance militaire Défait de 1948 entraîne la chute des gouvernements de Syrie (1949/) et en Egypte (1952) : les militaires prennent le pouvoir avec le soutien des puissances occidentales. Les Etats-Unis pensent alors pouvoir mettre sur pied des alliances antisoviétiques. L’Egypte refus toute idée de pacte militaire avec l’Occident tant que la question d’Israël n’est pas réglée (reconnaissance, retour des réfugiés…) La guerre froide s’installe également entre Etats arabes. o La guerre de juin 1967 1967 : fin de la puissance nassérienne et recul progressif de l’influence soviétique en raison de la déconfiture des régimes égyptien et syrien. Nasser accepte le dialogue avec les Etats-Unis  condamnations de la part des mouvements armés de résistance palestinienne (OLP créée en 1964)

o L’émergence des mouvements armés palestiniens En Jordanie, avec une tentative de prise de pouvoir en 1969 ; le Front populaire pratique également les détournements d’avions en Jordanie, en Ouganda et les attentats (JO Munich 1972). Chassés de Jordanie (Septembre noir), les mouvements de résistance palestinienne se réfugient au Liban. Actions palestiniennes suscitent réactions israéliennes  période de déstabilisation grandissante pour la République libanaise  alliance des partis dits « progressistes » (PC, Organisation des communistes libanais…) avec les partis constitutifs de l’OLP et soutenue par Moscou. Général Hafez al-Aassad prend le pouvoir en 1970 et élimine l’aile gauchisante du parti Baas. Au même moment, S. Hussein prend le pouvoir et élimine les forces nassériennes et communistes. Volonté, pour les deux, d’exercer un leadership anti-impérialiste et antisioniste. Rivalité, pour assurer l’unité, qui complique toute coordination au sein de la ligue arabe. o La guerre d’octobre 1973, la montée en puissance de l’Arabie Saoudite et l’éclatement du Liban Anouar al-Sadate veut ouvrir l’Egypte aux capitaux étrangers : 1972, chasse les experts soviétiques ; octobre 1973, rupture du statu quo militaire en vigueur sur le canal de Suez alors que la Syrie un attaque dans le même temps ; embargo sur le pétrole faisant de l’Arabie Saoudite une puissance financière. Egypte accepte un cessez le feu suivi ensuite de la Syrie au printemps 1974. Dès 1975, le conflit israélo-arabe se déroule sur le territoire libanais. Les mouvements de résistance palestinienne, soutenus par les pays arabes, constituent un Etat dans l’Etat. Etat libanais discrédité par l’ampleur des représailles israéliennes. 1983-1990, état d’anarchie au Liban. Accords de Taef conclu en octobre 1989 maintiennent les présences syrienne, israélienne et iranienne. o L’inexorable montée du fondamentalisme islamique au Moyen Orient, la révolution iranienne et la guerre Iran-Irak Montée des fondamentalismes depuis 1967, encouragée par les USA pour contrer l’URSS  création de la Conférence de l’Organisation des Etats islamiques (COEI) qui a pour bit de lutter contre l’athéisme marxiste, d’affirmer les valeurs islamiques et promouvoir la solidarité entre les Etats islamiques. Succès de cette politique incite les USA à favoriser une prise de pouvoir par les fondamentalistes à Téhéran lorsque le régime du Shah vacille. Retour de Khomeiny (exilé en France) qui se lance dans une surenchère islamique à l’échelle régionale et internationale  prise en otage de diplomates américains. Avec Saddam Hussein, l’Irak acquiert un statut de puissance régionale. Hussein bénéficie de la sollicitude des occidentaux car apparaît comme moderniste et un nationaliste laïque (différent de la situation dans la région). Attaque l’Iran, au plus grand profit des pays du Golfe et soutenu par les ccidentaux, un pays plus grand et plus puissant. Guerre longue, meurtrière et coûteuse pour les deux pays. 4 – La première guerre du Golfe et ses effets o Mise sous tutelle de l’Irak Irak en 1988 surendetté et surarmé  tensions avec le Koweït puis invasion. Intervention US et des troupes alliés légitimée par une série de résolutions des Nations Unies. Irak survit à sa défaite mais Moyen-Orient plus fragilisé. Crainte d’un regain d’influence chiite et crainte (pour la Turquie) des revendications kurdes. Groupes de terroristes se réclamant de Ben Laden deviennent de plus en plus agissants : Bosnie, Kosov, Tchétchénie. Seconde moitié des 90’s, se retournent contre les Etats-Unis (attentats sur les ambassades au Kenya et en Tanzanie en 1998).

o L’impossible émergence d’un Etat palestinien Accords d’Oslo ne débouchent pas sur une évacuation des territoires occupés. Question du statut de la partie arabe de Jérusalem, celle du droit au retour des réfugiés palestiniens, sort des colonies israéliennes sont les problèmes majeurs. Situation bloquée par les USA à l’ONU (aucune condamnation à l’égard d’Israël) et absence de soutien pour la population palestinienne. 5 – Le nouveau Moyen-Orient sur le mode américain : hégémonie, démocratie et terrorisme o La démocratisation par la force ? Succès de la thèse de Huntington dans les milieux néoconservateurs confortée par le 11/09. Engagement US sur la volonté de reconstruire le Moyen6orient sur des bases démocratiques et stables tout en soutenant les régimes arabes à éliminer les mouvements islamistes en bafouant les droits de l’Homme. o La crise irakienne : guerre préventive et occupation 2003 : nouveau et grave traumatisme pour la région. Invasion et pillage des administrations d’Etat et du patrimoine archéologique et culturel, dissolution de l’armée, de la police et des services de sécurité : volonté d’empêcher que l’Irak puisse un jour redevenir rapidement vraiment indépendant. Colonisateur américain a joué des divisions communautaires, ethniques et régionales pour asseoir sa domination et imposer son arbitrage : guerre civile larvée entretenue entre sunnites et chiites, rivalités entre Kurdes, Turcomans et arabes. o Le vide de puissance au Moyen-Orient Début XXIème siècle, PMO soumis à des turbulences permanentes aux causes complexes et multiples : - Traumatisme colonial et démantèlement de l’empire ottoman - Politique anglo-saxonne d’hégémonie - Incapacité des régimes arabes à constituer un noyau organique pour faire face aux défis extérieurs : désunion sur la question palestinienne, sur la révolution islamique en Iran Tout n’est pas sombre : - Le pétrole source de profits et de puissance y compris pour les petits émirats dirigés par un chef de tribu autocratique ; - Réussite du conseil de coopération du Golfe : harmonisation des politiques de sécurité, économiques, prévision d’une union monétaire après concrétisation de l’union douanière Mais en dépit des richesses pétrolières, les performances du Moyen-Orient restent faibles/aux autres régions du monde. Trois Etats, seulement, présentent les caractéristiques d’un Etat fort : Israël, la Turquie, et l’Iran. Mais ces Etats sont menacés par divers défis : politique d’expansion et de colonisation pour Israël, problème kurde, isolement sur le plan international et tutelle religieuse qui ne fait guère l’unanimité. Moyen-Orient, une construction introuvable. Moyen-Orient = zone de tempêtes où les puissances occidentales sont totalement impliquées économiquement, politiquement et militairement. Sans changement d’attitude des grandes puissances, difficile de mettre un terme à cette géopolitique cruelle (colonialisme, terrorisme, répressions…)

Le pétrole, une chance ? Pétrodollars et islamisation 1973 puis 1979, pétrodollars concentrés aux mains de l’Arabie Saoudite et du Koweït (faibles populations) au service de la solidarité islamique anticommuniste. Création d’un grand nombre de millionnaires qui bouleverse les structures économiques et sociales de la région : ère des émirs et des Cheikhs qui financent institutions pieuses islamiques et intense propagande pour l’idéologie wahhabite. Mais cette influence se conjugue avec celle de l’Iran qui se pose en défenseur des opprimés (effets les plus visibles au Liban avec le Hezbollah). Course à l’islamisation, grâce aux pétrodollars, qui ne favorise pas une industrialisation : délaissement de l’agriculture (sauf en Syrie), polarisation des efforts industriels sur le raffinage et la pétrochimie, développement du secteur touristique. Bilan négatif de l’ère pétrolière Contre choc pétrolier de 1985 = Moyen-Orient redevient un nain économique. Avec la reprise des cours, la place du Moyen-Orient demeure marginale dans la production et le commerce mondiaux. (2004 avec les pays du Maghreb, exportations sont de 520 milliards sur un total mondial de 9000 soit à peine 6% des échanges mondiaux : montant inférieurs aux échanges réalisés par la Belgique et les Pays-Bas). S’agissant du PIB/hab : en 2005 3970$ (maghreb inclus) mais des écarts importants (8 300$ en Libye, 15 332$ en Arabie Saoudite, 21 395 au Barheïn, 53 512$ au Qatar). Ecarts tout aussi important pour les Etats non pétroliers : Yemen 649$, Egypte 1 019$, Turquie 5 012$, Liban 6 028$ et Israël 19 878. Bilan globalement négatif même si hausse, mais inégale, des niveaux de consommation et de bien être. Economies fragiles (sauf Turquie), structures industrielles ne permettent pas de créer des emplois suffisants et d’exporter. Montée du chômage chez les jeunes contribue à la montée des fondamentalismes. Economie de rente, niveau du pétrole détermine les taux de croissance. Economie de rente ne favorise pas l’accélération de réformes démocratiques : oligopole de grands groupes familiaux qui disposent d’un poids politique qui leur confère privilèges immunités notamment fiscales.

Les premiers penseurs islamistes apparaissent dans l’entre deux guerres: La doctrine des « Frères musulmans» (créée en 1928) a été fixée par leur fondateur Hasan alBanna (1906-1949) et son disciple Sayyed Qotb (1906-1966). Cette confrérie égyptienne s'est dotée d'une organisation internationale, avec des branches dans plusieurs pays. Il s’agit d’une réponse aux maux du monde arabe, d’une alternative à la voie moderniste. Quel est le fondement de l’Islamisme ? - une pensée politique originale : ils souhaitent la réunification du religieux et du politique et font pour cela une lecture politique du Coran en se servant des concepts des idéologies occidentales « l’Islam est notre constitution ».

1- Je crois que tout est sous l'ordre de Dieu ; que Muhammad est le dernier des prophètes adressé à tous les hommes (…) que le Coran est le Livre de Dieu. 4 - Je crois que le musulman est responsable de sa famille, qu'il a le devoir de la conserver en bonne santé, dans la foi, dans les bonnes mœurs. Je ne ferai pas entrer mes fils dans une école qui ne préserverait par leurs croyances, leurs bonnes moeurs. Je lui supprimerai tous les journaux, livres, publications qui nient les enseignements de l'Islam, et pareillement les organisations qui nient les enseignements de l'Islam, et pareillement les organisations, les groupes, les clubs de cette sorte. 5 - Je crois que le musulman a pour devoir de faire revivre la gloire de l'islam, en promouvant la renaissance de ses peuples, en restaurant sa législation. Je crois que le drapeau de l'islam doit dominer l'humanité, et que le devoir de tout musulman consiste à éduquer le monde selon les règles de l'islam ; je m'engage à lutter tant que je vivrai, pour réaliser cette mission, et à lui sacrifier tout ce que je possède. 6 - Je crois que tous les musulmans ne forment qu'une seule nation unie par la foi islamique et l'islam ordonne à ses fils de faire le bien à tous ; je m'engage à déployer mon effort pour renforcer le lien de fraternité entre tous les musulmans, et pour abolir l'indifférence et les divergences qui existent entre leurs communautés et leurs confréries. 7- Je crois que le secret du retard des musulmans réside dans leur éloignement de la religion, que la base de la réforme consistera à faire retour aux enseignements de l'islam et à ses jugements, que ceci est possible, si les musulmans œuvrent dans ce sens et que la doctrine des Frères Musulmans réalise cet objectif. Je m'engage à m'en tenir fermement à ces principes, à rester loyal envers quiconque travaille pour eux, et à demeurer un soldat à leur service, voir à mourir pour eux. Le credo des Frères musulmans (sans date). Cité dans Dictionnaire mondial de l'islamisme, « Les Cahiers de l'Orient », Plon, 2002.

Quels sont les objectifs des Frères Musulmans ? - Restaurer l’unité primitive de l’oumma (communauté des musulmans) des « pieux ancêtres » (salaf) c’est-à-dire au début de l’Islam, époque de Mahomet et des cinq premiers califes Rashidun (« Biens Dirigés ») mais qui n’a jamais existé (mythe, une utopie, à laquelle on se raccroche néanmoins). - Faire disparaître les disparités, les inégalités entre les communautés musulmanes. Ils ont une attitude panislamique et souhaitent la réhabilitation du califat pour reconstruire l’unité de l’oumma. - Restaurer la gloire de l’Islam : tourner le dos à cette période de décadence qui a vu le triomphe des puissances coloniales, occidentales. - Propager le message de l’Islam pour faire de tous des musulmans Pourquoi peut-on parler du mouvement islamiste comme d’un mouvement totalisant ? - Les terres non-musulmanes sont des terres de conquête : il faut convertir. - Le don de sa personne au profit de la masse (« sacrifier tout ce que je possède ») - La suppression des journaux, livres, organisations qui sont contraires à l’Islam - Religion et politique ne sont pas distinguées Comment explique-t-on le retard des pays musulmans ? - Le retard est lié à un éloignement de la religion : il faut un retour aux écritures, à leurs jugements

Le premier islamisme est : - une idéologie politique totalisante anti-occidentale qui se développe dans un contexte difficile (colonisation, suppression du califat par Atatürk, modernisation du monde arabe, début de la transition démographique, bouleversement des sociétés traditionnelles). - Une idéologie qui s’applique à toute la société. L’Etat islamique supprimera, ainsi, les différences sociales, ethniques, tribales, religieuses, nationales…et restaurera l’unité primitive de la communauté. - marginal jusqu’en 1967, ensuite il devient un refuge. 1967 est un divorce avec l’occident, la modernité et la laïcité. Point sur Islam, Islams ?

Cartes du monde musulman. S’agit-il d’un monde idéologiquement, économiquement) ? Cartes sur diapos

unifié

(géographiquement,

 Une diversité géographique : - la majorité des musulmans vit à l’Est du Pakistan (Asie centrale) - 30% des musulmans se trouvent dans le sous-continent indien - 20% en Afrique subsaharienne - 17% en Asie du Sud-Est - 18% dans le monde arabe - 10% en URSS et en Chine - On dénombre ensuite des minorités musulmanes dans quasiment tous les états du monde NB : il apparaît que tous les musulmans ne sont pas arabes. Ces derniers sont mêmes minoritaires : 230 millions de musulmans arabes sur une communauté de 1,3 milliards d’individus.  Une diversité idéologique L’Islam (de la racine arabe Salam qui signifie paix, salut, est une soumission à Dieu) a été révélé à Mahomet au travers du Coran au VII siècle après Jésus Christ. L’Islam est la dernière religion universelle apparue à la suite du judaïsme et du christianisme. L’Islam se veut une religion de réconciliation avec Dieu. La nouvelle religion vient « sceller » (parachever) le message des deux précédentes religions. Le prophète et le livre sacré viennent mettre fin aux luttes tribales entre Arabes, et font de ces derniers une nation en leur donnant une langue unifiée, l’arabe. L’Islam prône que l’être humain est doté du libre arbitre nécessaire pour obéir ou non aux commandements divins, face auxquels il se trouve seul, sans clergé intercesseur entre lui et Dieu. A la fois religion et Etat, l’Islam, au travers de la loi islamique (chariah) est présent dans tous les aspects de la vie publique et privée du musulman. Mais l’Islam n’est pas unifié, on dénombre plusieurs courants : - SUNNISME : Courant majoritaire de l'islam qui s'appuie sur la Sunna (usage, coutume qui correspondent aux actes et paroles de Mahomet). Ils représentent 90% de la communauté musulmane. On peut distinguer quatre grandes doctrines et écoles d’interprétation au sein du mouvement sunnite : o Les Hanafites (de Abu Hanifa, mort en 767) : ils accordent beaucoup d'importance au jugement personnel du croyant lorsqu'il s'agit de déterminer ce qu'il faut faire ou ne pas faire. Ainsi, ils peuvent être. Considérés comme les moins rigides dans leur interprétation de l’islam. Ce sont pour la plupart, les musulmans de Turquie, d'lnde, du Pakistan,... o les Malikites (de Malik ibn Anas mort en 796) : (ils se basent sur le droit musulman en vigueur à Médine du temps du Prophète Mahomet (VII ème siècle). Ils accordent également une forte importance à l'opinion personnelle et se retrouvent principalement en Afrique du nord et au Soudan. o Les Shafiites (du juriste musulman AI Shafii, mort en 820): leur doctrine accorde beaucoup d'importance au droit musulman. Cette doctrine se retrouve dans le Golfe et en Indonèsie. o Les Hanbalites (de Ahmad ibn Hanbal, mort en 855): ce sont les plus rigoureux et les plus conservateurs dans leur vision de l’Islam. Leur doctrine repose sur une interprétation littérale stricte du Coran. Ce mouvement se retrouve en Arabie Saoudite. - CHIISME : Il n’y a ni concile ni autorité pontificale en Islam pour déterminer ces positions dogmatiques, et l’idée de majorité n’est pas plus l’équivalent d’orthodoxie que celle de minorité n’est l’équivalent d’hétérodoxie. Le Shiisme (Shia d’Ali : parti d’Ali) prétend défendre le droit au califat, dès la première guerre civile (656660), du cousin germain et gendre du prophète, Ali en raison de ses mérites (premier converti mâle, combattant). Après sa mort, les schiites reconnaissent la transmission de ses prérogatives à ses fils Hasan et surtout Husayn massacré à Karbala qui confèrent aux survivants de sa lignée les privilèges sur l’imamat (et non califat car ses grâces dépassent le champ politique et touche au religieux). En effet, si Mahomet a fait descendre le coran, il revient aux imams d’en interpréter le sens Les imams alides : (d’origine divine). En somme, la révélation n’est pas close avec la mort du prophète. Le shiisme 1 Ali insiste sur l’égale dignité des envoyés de Dieu (Adam, Noë, Abraham, Moïse, Jésus) et s’ouvre ainsi davantage sur l’héritage des autres religions. La distinction 2 Hasan entre l’obvie et le secret a fait naître une élite seule capable de révéler ses vérités initiatiques : ainsi, un clergé se met en place avec les imams et les mollahs qui 3 Husayn ( en 680) sont de véritables intercesseurs entre les hommes et Dieu. L’hérédité de l’imamat n’était réglé par aucun principe simple (par ex : 4 Ali primogéniture masculine) si bien que les scissions sont nombreuses. La plus importante intervient après la mort du sixième imam chiite Dja‘far al-Sadik en 765. 5 Muhammad ( en 731) 6 Dja’far ( en 765) 7 Isma’il

Une querelle de succession éclata entre ses deux fils Isma‘il et Musa al-Kasim. Les ismaéliens arrêtèrent la lignée des imams avec ismaël (7° imam de la dynstie alide d’où le nom de septimains). Le mouvement des partisans d’Isma‘il ou ismaéliens, ne devint actif qu’à la fin du IX e siècle, sous une double forme, qarmate (après 880) et fatimide (909-1171). D’autres scissions affectèrent le camp ismaeliens : - exil en Syrie des partisans de la divinisation  origine de la secte de Druzes - à la mort du calife Mustansir, son fils fut écarté du pouvoir et emmuré. Emporté par ses partisans en Orient  fondation du mouvement des assassins. Les musawiyya, au contraire, prétendaient que le successeur légitime de l’imam défunt était un autre de ses fils, Musa (numéro 8 et ne reconnaisse pas ismael) qui est leur septième imam. Cette branche débute l’occultation après la mort du 12° imams  duodécimains.

 Une diversité économique et sociale D’un point de vue économique et social, il apparaît que les pays qui comptent une forte population musulmane sont confrontés à des difficultés : - l’IDH est très largement plus faible - le PNB est lui aussi faible En somme, ces pays sont confrontés aux mal développement et appartiennent aux pays du Sud. Mais, comme vu en géographie, ce Sud est multiple. Ainsi, les situations rencontrés par ces Etats sont variables : les niveaux de développement et les richesses produites sont variables. Il y a là aussi une certaine diversité. La République Islamique d’Iran, une utopie ? Un symbole de l’échec de l’islamisme ? Quels signes témoignent du caractère islamiste, totalisant de cette révolution ? La révolution iranienne de 1979 menée par l'ayatollah Le gouvernement islamique soumisfondateur à la loi de Khomeiny est considérée commeest l'acte de l’islam qui n’émane ni du peuple ni de ses l'islamisme contemporain: elle instaure un régime d'idéologie représentants, mais directement de Dieu… Gouverner signifie uniquement mettre à effet les lois islamiste. Ce discours préfigure fatwa le Ces 15 février coraniques, autrement dit,lales loislancée divines. lois doivent être obéies et exécutées par tous, sans 1989 exception, contre l'écrivain musulman d'origine pakistanaise, et sans contestation. La loi divine s’applique au chef et au subordonné, à l’employeur et à Salman Rushdie, pour son œuvre les Versets sataniques. Ce l’employé. décret juridique du droit coranique équivaut à une condamnation Ayatollahà mort. Khomeiny, Principes politiques philosophiques, sociaux et religieux, Editions libres-Hallier, 1979.

1979 : s’agit d’une révolution marquée par son anti-américanisme, son opposition à l’Arabie Saoudite (sunnite), son tiers-mondisme (il s’agit de régler tous les problèmes des déshérités du monde). Il s’agit bien d’instaurer les lois divines : c’est une théocratie où le pouvoir émane de Dieu. Le pays est conduit par un Guide suprême (ayatollah). Cette révolution est universelle : le monde entier est conçu comme le Dar al islam (pays/territoire de l’Islam) Il s’agit de reconstituer l’oumma. Il s’agit d’un régime autoritaire, totalisant où les opposants doivent se taire.

"Si nous avions brisé les plumes empoisonnées de la presse corrompue, fermé toutes les publications conspiratrices et pourries, traduit en justice leurs responsables, si nous avions encore interdit, pour commencer, tous les partis politiques qui complotent contre la Révolution, pendu leurs dirigeants à des potences dressées sur les places publiques, nous n'aurions pas connu les difficultés auxquelles nous faisons face aujourd'hui (…). Il faut créer un parti unique, car il ne peut y avoir qu'un seul parti, celui des déshérités, celui de Dieu, au sein duquel tous les problèmes des opprimés du monde pourraient être réglés. C'est en effet à eux que reviendra la terre quand ils l'auront emporté sur leurs oppresseurs. Les journalistes, écrivains, intellectuels ont abusé de la liberté qui leur a été accordée. Nous voulons qu'il ne soit plus désormais permis à ces gens d'écrire quelque part (…). Ils sont en train d'essayer de dicter la voie que devrait emprunter le peuple, mais ce dernier sait ce qu'il veut. Ces gens-là devraient se souvenir qu'ils ne représentent que Cette entraîne un reclassement des alliances dans la région : deux révolution pour cent de la population.

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USA perdent l’Iran et son pétrole mais gagnent l’Egypte. Le fondamentalisme plutôt pro américain. L’URSS plutôt perdante, intervient en Afghanistan.

Discours de Qom, 17 août 1979, Pensées politiques de l'ayatollah Khomeiny, 1980.

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Opposition Arabie Saoudite – Iran.

Qu’en est-il 10 ans plus tard ? De l’islamisme au nationalisme Un échec de par la nature du projet : ce projet est contradictoire et impossible à réaliser car si il y a un Etat c’est qu’il y a primauté du politique sur le religieux et donc une forme de sécularisation qui est contraire à l’idée d’islamisme. -

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depuis 1988, l’Iran mène une politique étrangère fondée sur ses seuls intérêts nationaux. La nationalisation du mouvement iranien s’explique par la pratique du pouvoir qui conduit à l’identification avec un Etat nation et avec un espace politique spécifique, et donc au pragmatisme et au réalisme. En Iran l’islamisme s’apparente à un nationalisme et la politique extérieure iranienne est une real politik… l’islamisme iranien se traduit par une victoire du politique sur le religieux. La constitution iranienne organise une double souveraineté : Dieu par l’intermédiaire du Guide (celui qui est conscient de son temps) et le peuple puisque la constitution a été votée. Par ailleurs, la Charia cède le pas à la politique : en 1988 le Guide Khomeiny déclare au président qu’il est légitime de suspendre une obligation religieuse si la raison d’Etat l’exigeait. Enfin, quant au guide actuel l’Ayatollah Khamenei, élève de Khomeiny, il a été choisi par des hommes politiques et il n’était pas ayatollah, source d’imitation… Le pouvoir est « partagé » : la sécularisation est passée par là.

L’échec de l’islamisme ? Le cas iranien n’est pas isolé. Ailleurs, il en va de même, l’islamisme néo fondamentaliste a échoué son expansion en Bosnie, en Algérie et en Egypte. La violence extrême a détaché la bourgeoisie pieuse de ces mouvements ; le pouvoir autoritaire traditionnel (responsable en partie de cette violence ??  moines de Tibéhirine en 96 ?) a repris en main la situation et espère dans le développement de l’économie de marché pour dissiper le danger… Ainsi, pour généraliser, les grands mouvements islamistes : - ont abandonné l’internationalisme : ils ont voulu islamiser une société concrète (et non l’oumma en général) à partir de la prise du pouvoir d’Etat. - sont rentrés dans le jeu politique comme force nationale (programme : lutte contre la corruption, conservatisme et nationalisme). Dans ce contexte les mouvements islamistes se recentrent et cherchent l’alliance avec les partis du centre laïc (texte 5 p 125)→ cf la Turquie , le parti Fazilet (Vertu) d’Erdogan, rempaçant le parti Refah (prospérité) d’Erbakan ; ce parti s’apparenterait aux chrétiens démocrates, d’où le terme de « musulmans démocrates ». Ainsi pour cet auteur l’islamisme aboutirait à la démocratie ! Mais attention les islamistes ne sont pas démocrates par idéologie : ils s’efforcent de structurer la scène politique nationale de leur pays en mobilisant des catégories sociales exclues du jeu politique et en offrant une alternative idéologique.

Autres textes disponibles François Schlosser, «Un nouveau calife à Bagdad »...Prudent, avisé et calculateur, pourquoi a-t-il (Hussein) pris le risque de cette guerre ? D'abord, parce qu'il fallait, de toute manière, pour restaurer l'Irak dans ses dimensions historiques, lui rendre ces petits bouts de territoire que le chah d'Iran, quand il était au sommet de sa puissance, lui avait arrachés. Ensuite, parce que le nouveau régime islamique de Téhéran, depuis des mois, appelait les chiites irakiens à la révolte. C'était pour l'Irak, dont la majorité de la population est de rite chiite, un danger mortel. Et sur cette question, Saddam Hussein ne badine pas (...) En prenant ces objectifs à son compte, Saddam Hussein se taille, à coups de canons, un profil de grand dirigeant arabe, tout en réalisant sur le terrain son propre dessein national. Reste à savoir si les dirigeants irakiens n'ont pas sous-estimé la capacité de résistance de l'ancien géant militaire iranien. Et si la fortune des armes finit par sourire vraiment à Saddam Hussein, beaucoup dépendra de la manière dont il saura se dégager de cette guerre, c'est-à-dire la terminer.» Le Nouvel Observateur (France), 29 septembre 1980, p. 24

Yves Cuau, «Iran-Irak : la guerre jusqu'où?»

«...Guerre totale ou pas, Bagdad crée une situation nouvelle et terriblement complexe. On voit mal l'Armée irakienne victorieuse s'enfoncer profondément en territoire iranien, même dans ce Khouzistan que les Arabes nomment Arabistan, parce que la moitié de sa population est arabe, de confession sunnite, et qu'elle souffre depuis des siècles de la «colonisation» persane, mais on imagine mal aussi le terrible ayatollah Khomeiny accepter le moindre compromis, malgré les revers évidents de ses troupes. Avec le quart de l'ancienne aviation impériale, la moitié de sa marine et le tiers de ses blindés, il peut encore, sans doute, entraîner tous les États riverains du Golfe et les grands pays industrialisés dans une sorte de suicide collectif. Le drame est que le conflit arabo-persan (le premier conflit au Moyen-Orient dans lequel Israël ne soit pas impliqué) semble irréductible entre ses protagonistes et n'offre actuellement que très peu de possibilités d'intervention aux grandes puissances, malgré la neutralité déclarée de Washington et de Moscou.» L'Express (France), 4 octobre 1980, p. 34-36

Bob Levin, "Les buts de Guerre Ambitieux de l'Irak" "... Selon l'Irak, tout ce qu’il espère gagner de la guerre avec l'Iran est une longue tranche de lit de rivière et quelques petites pièces de terre ferme. En fait, le Président irakien Saddam Hussein combat pour des intérêts beaucoup plus grands. Après des années comme allié soviétique et un rejeté du monde arabe, Saddam Hussein essaye d'établir son pays comme une puissance majeure, indépendante (...) (en occupant un vide). L'Égypte est isolée des autres états arabes par sa participation dans le processus de paix de Camp David. La Syrie est embourbée avec des ennuis internes et l'Iran (…) est dans le trouble. L'Irak est un candidat prometteur pour marcher dans l'infraction (...) La guerre avec l'Iran est un long chemin déterminant si l’Irak, par son effort, peut réaliser l'hégémonie dans le monde arabe. Saddam Hussein a bien choisi son moment,

frappant à la fois quand le révolutionnaire l'Iran est faible, et quand pas même les deux superpuissances sont enclines à l'arrêter. Mais maintenant Saddam Hussein doit gagner sa guerre. S’i il échoue, les forces politiques opposées pourraient le priver d’une autre chance. Newsweek (Etats-Unis), 6 octobre 1980, pp. 37-38 Bob Levin, «Iraq's Ambitious War Aims» «...According to Iraq, all it hopes to gain from the war with Iran is a long slice of riverbed and a few small patches of dry land. In fact, Iraqi President Saddam Hussein is playing for much higher stakes. After years as a Soviet client and a radical outcast of the Arab world, Hussien is attempting to establish his country as a major, independent power (...) The vacuum is for the filling. Egypt is isolated from the other Arab states by its participation in the Camp David peace process. Syria is bogged down with internal troubles, and Iran, once the policeman of the Persian Gulf, is in turmoil. Iraq is a promising candidate to step into the breach (...) The war with Iran will go a long way toward determining just how successful Iraq will be in its effort to achieve hegemony in the Arab world. Saddam Hussein has chosen his moment well, striking at a time when revolutionary Iran is weak and when not even the two superpowers are willing or able to stop him. But now Hussein must win his war. If he fails, the treacherous currents of Iraqi politics may deprive him of another chance.» Newsweek (Etats-Unis), 6 octobre 1980, pp. 37-38