Sans titre 2

âge et qui finit par coucher avec le comédien star – Edward Norton – , le sauveur du show, le narcissique, le terrible, le « trop réel » badboy. Son personnage ...
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Birdman, l’envol de la beauté 


Par Capucine Brackers de Hugo


 On est face à une beauté brute et effrayante. On se sait pas vraiment si on aime ou pas, on se pose parfois la question pendant le visionnage mais on ne se sait pas y répondre. Keaton nous coupe dans la réflexion par une nouvelle explosion d’émotion et de fureur. On espère que ça ne se finisse jamais.  Qu’est ce que Birdman a d’incroyable ? 
 Ce film est comme un bon, un très bon livre. Quand on a fini de lire ce livre, on est horriblement déçu, on voudrait remonter le temps, oublier l’histoire pour la redécouvrir. Encore et encore, de manière infinie. Mais dans le même temps, on est si heureux de l’avoir lu ce livre. D’avoir découvert cette superbe histoire, d’avoir aimé la découvrir et d’avoir joué, dans nos esprits rendus créatif par la beauté des mots, les scènes qui nous touchaient. En lisant ce livre, on ne s’en rend pas compte, mais on a petit à petit construit un film. Ce film, on ne sait où il va, on ne sait pas ce qu’il va se passer dans la scène suivante. On n’imagine pas l’histoire on la subit. On est scénariste de substitution, créateur et créature des mots. C’est l’effet que m’a fait Birdman. C’est une explosion de fureur, de cris, d’émotions diverses, d’un morbide rendu beau, d’une schizophrénie incompréhensible mais réelle. On suivrait Michael Keaton n’importe où. On l’accompagnerait partout. Comme une bête curieuse, on le voit sans vraiment oser le regarder. Alors il nous force à le regarder, à le regarder de près. Il est poignant. L’homme est la définition même de l’antithèse: un esprit aussi faible que fort, une personnalité exécrable mais attirante, un homme touché par la folie mais sérieusement humain. Ses peurs, on les partage, on les vit. On aime ce Keaton comme on le méprise. © CC / Wikipedia


 Un chef d’oeuvre d’émotions 
 Vous souvenez vous quand, enfants, vous voyiez à la télé ou au cinéma un personnage se

ridiculiser d’une telle manière que vous ne vouliez pas regarder, par honte pour lui ? C’est ce que procure Keaton. On a honte pour lui, on veut se cacher les yeux, mais il nous dit « non, regarde. Regarde moi, regarde cette hilarante horreur qu’est ma vie, regarde mes envies et mes malheurs  ». Et on rit. On rit si souvent ! Il est drôle ce film. Réellement drôle. Pas des sourires, mais de réels rires. Mêmes les drames sont risibles. On rit du suicide, on rit de la haine, on rit de l’amour, on rit de la folie, on rit de la mort. C’est la force de ce film. Il nous fait rire de tout. Loin d’être une mascarade façonnée pour rafler les oscars (qu’il a quand même eut), Birdman est profondément humain et vrai. Il n’embellit rien, au contraire, il marque au fer rouge les folies, les défauts de ses personnages: un ancien acteur – Michael Keaton –  superhéro qui n’a rien perdu de son narcissisme, une comédienne – Naomi Watts – , la quarantaine, un peu ratée, qui place en cet homme tout espoir de reconnaissance et de succès, une « fille de star » – Emma Stone – qui tombe dans l’habituel trio drogue-alcool-sexe un peu trop tôt pour son âge et qui finit par coucher avec le comédien star – Edward Norton – , le sauveur du show, le narcissique, le terrible, le « trop réel » badboy. Son personnage doit être ivre ? Il boit du gin sur scène. Il doit faire l’amour ? Il fait l’amour à sa partenaire de scène. Il a perdu sa personnalité à travers toutes celles qu’il a dû imiter et jouer. Il ne bande plus, il ne sait plus vivre normalement. Il s’est perdu dans sa célébrité. Chaque personnage n’est que défauts et misère. Et rien ne les embellit vraiment, si ce n’est leur vérité. Et on aime ce genre de vérité brute et ce cadre fataliste.

BIRDMAN - OFFICIAL INTERNATIONAL TRAILER

https://youtu.be/uJfLoE6hanc