Sans titre 2

Génie canonisé du cinéma américain, entre cowboy mystérieux et flic héroïque, détesté de certains et adulé des autres, l'homme est l'un de ces maîtres du.
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SUR LA ROUTE DE CLINT EASTWOOD 
 Par Capucine Brackers de Hugo


On ne présente plus Clint Eastwood. Génie canonisé du cinéma américain, entre cowboy mystérieux et flic héroïque, détesté de certains et adulé des autres, l’homme est l’un de ces maîtres du cinéma qu’on n’oserait pas critiquer aujourd’hui. Mais ses films s’essoufflent, le réalisateur de génie semble s’effacer pour laisser place à une simplicité, une médiocrité qu’on ne lui a jamais connu. Clint Eastwood, artiste profondément républicain, engagé politiquement dans sa petite ville de Carmel où il a été maire de 1986 à 1988. Engagé aussi dans les films qu’il réalise, portants toujours des thèmes récurrents: l’image paternaliste, les valeurs patriotiques, les relations familiales, le mensonge et la dualité, très américaine, entre le bien et le mal. Eastwood, c’est l’un des dieux de l’Olympe cinématographique. Personne n’oubliera le séduisant et mystérieux cowboy de Sergio Leone dans la trilogie des dollars en 1964 et 1966 (Pour une poignet de dollars, Et pour quelques dollars de plus, Le Bon la brute et le truand). Ces films ont bercé l’enfance de beaucoup d’entre nous, tandis que son enfance à lui était moins fantasque bien qu’aventureuse en un sens. Né en 1930 à San Francisco, Clinton “Clint” Eastwood vient d’une famille d’ouvriers, toujours sur la brèche, qui n’établit jamais campement et  suis le père de famille là où le travail l’amène. Le jeune Clint abandonne les études rapidement, il développe alors ses rêves et envies qui le mèneront à Hollywood à 24 ans, pour offrir au monde sa superbe imagination. Ses débuts sont médiocres, pour ne pas dire minables, avant une ascension fulgurante. © CC / WikimediaCommons

Son oeuvre, nos amours
 Les westerns resteront son style de coeur “Ce n’est peut-être que mon opinion, mais à mes yeux il n y pas d’art original purement américain en dehors du western et du jazz ». Passion du jazz qui l’aura d’ailleurs amené à réaliser Bird en 1987. Mais il se lance ensuite dans les thriller. Il jouera l’Inspecteur Harry, dans la série éponyme. Bad cop, haineux, ténébreux, au coeur en or mais qui le cache, macho incontestable et incontesté. Il plait aux femmes, impressionne les hommes. Les thriller lui vont bien. Dans Un monde parfait (1993) il mélange les genres. Thriller, bien sûr, mais pas que. Ce film est un doux mélange de policier, d’intrigue et de suspens, d’émotion et de beauté. Un syndrome de Stockholm qui apporte une touche d’humanité et de sincérité au film. Une beauté qui ne quittera plus ses films. On retrouve cette émotion touchante, ce lien improbable entre l’homme et l’enfant dans Gran Torino quinze ans plus tard. Le vieux raciste, le jeune noir, une relation détonante et touchante. Ses jeunes années l’ont sûrement beaucoup touché, car l’enfance est récurrente dans ses films. Du moins le rapport de l’adulte aigri à la jeunesse cassée. Million Dollar Baby (2004), où le vieil entraineur de boxe découvre une crack, un diamant brut à façonner. Gran Torino (2008) encore, où un vieux raciste se lie d’amitié avec un jeune noir des rues. Mais ces belles histoires d’amitié, ces rapprochements improbables entre deux générations, deux styles, deux croyances et deux valeurs que tout opposent se finissent toujours de la même manière. La mort injuste de l’un ou de l’autre. La disparition fulgurante, un couteau dans le dos à cette sincérité touchante. Une fin à laquelle Eastwood s’est habitué.

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La vieillesse assassine  Il semblerait que plus l’homme vieillis, plus il ressasse la mort. Elle devient même récurrente dans ses derniers films. Derniers films souvent décevants, il faut bien le dire. Qui se souviendra d’Au-Delà dans 20 ans ? Ou d’American Sniper ? Alors que Le Bon, la brute et le truand, Sur la route de Madison, Mystic River, Bird… Ces films ont plus de 20 ans. Et qui oserait les oublier ? Clint disparait petit à petit dans une simplicité désolante et effroyable. Le monde veut Clint, le monde veut le génie. Qu’il finisse l’oeuvre de sa vie en crescendo, à la hauteur du dieu auquel on le compare pour ce qu’il a été mais plus vraiment pour ce qu’il est. Malheureusement, comme toute épopée Eatswoodienne, la fin se doit d’être dramatique. Son cinéma s’essouffle. Le petit garçon en quête de reconnaissance a su se faire un nom. Il fait partie de toute vidéothèque qui se respecte, de toute âme humaine un minimum cinéphile. Et on voudrait seulement qu’il nous éblouisse encore comme il l’a si souvent fait. Car après tout, l’humain n’est jamais satisfait. Il en veut toujours plus .