Stéphane Courchaure
SECRETS D’AUTODIDACTES Célèbres ou méconnus : entreprenez et réussissez comme eux !
© Groupe Eyrolles, 2012 ISBN : 978-2-212-55451-9
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sommaire introduction
Sept milliards d’autodidactes, et moi, et moi, et moi. . . . . . . . . . . . 1
chapitre un
Réveillez l’autodidacte qui est en vous. 13
chapitre deux Histoires vraies, parcours exemplaires. 23 chapitre trois
Développez votre créativité . . . . . . . . 35
chapitre quatre Devenez votre propre coach . . . . . . . 45 chapitre cinq Dansez avec vos peurs. . . . . . . . . . . . 55 chapitre six
Adaptez-vous !. . . . . . . . . . . . . . . . . 63
chapitre sept Ayez confiance en vous, c’est contagieux . . . . . . . . . . . . . . . . 73 chapitre huit
Agissez, cela fait un bien fou . . . . . . . 83
chapitre neuf Posez-vous les bonnes questions. . . . . 91 chapitre dix
Ce que vous mesurez, se réalise. . . . . 101
chapitre onze Faites toujours plus que les autres. . . . 111 chapitre douze Soyez positifs et constructifs. . . . . . . . 119 chapitre treize Observez, copiez, modélisez, pour mieux vous démarquer. . . . . . . . 129
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conclusion
Osez, osez, osez. . . . . . . . . . . . . . . . 137
dédicace spéciale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143 bibliographie
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index
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SEPT MILLIARDS D’AUTODIDACTES, ET MOI, ET MOI, ET MOI
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« Nous voulons de la place au soleil. C’est normal mon garçon. Alors fait du soleil au lieu de chercher à faire de la place. » Jean Giono.
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A À
l’issue d’une journée de formation sur la « négociation commerciale dans la filiale d’un opérateur téléphonique », Jérémy, conseiller de vente d’environ vingt-cinq ans, au phrasé si typique de sa génération, m’interpelle : « Stéphane, j’ai une idée de business, je veux créer ma boîte, mais j’ai pas fait d’études. Comment je peux convaincre des banquiers de la financer ? Vous connaissez des gens qui pourraient m’aider ? » Sa question que je traduis intérieurement comme un SOS me laisse dans l’expectative. Avec une moue dubitative et un froncement de sourcils, je m’entends lui répondre par une pirouette digne d’un politicien expérimenté : « C’est une excellente question… »
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J’ai envie de faire appel à un ami, sortir un joker, me réfugier derrière une citation célèbre à multiples interprétations ou une phrase kabbalistique à tiroirs du style : « Cherche et tu trouveras », reformuler son interrogation afin de gagner du temps. L’illumination ne vient pas. Je reste sans voix puis m’entends botter en touche par un : « Vaste sujet qui mériterait plusieurs heures de développement, malheureusement… » Jérémy hausse les épaules et quitte la salle dépité. Quant à moi, je finis par ranger mes affaires, frustré de ne pas lui avoir consacré plus d’attention. Dans le TGV qui me ramène vers Paris, sa question revient en boucle, comme la technique de vente du disque rayé que j’ai développée l’après-midi même, et j’en viens à songer à mon propre parcours professionnel. Dire que ma scolarité fut chaotique relève de l’euphémisme. Au collège, puis au lycée, je m’ennuyais grave, sauf en français puis en philosophie. Je rêvais d’être une rock star entourée de fans hys-
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tériques m’arrachant mes vêtements backstage. Chaque mois de juin, ma mère se prenait la tête entre les mains, quant à mon père, il trouvait de nouvelles ressources diplomatiques pour convaincre le conseil des professeurs de me laisser passer dans la classe supérieure. Cependant, malgré des notes à un chiffre, je parvins à devenir LE premier bachelier à l’arrache de toute ma famille, voire de mes ancêtres, émigrés des schtetlles. Un titre honorifique conservé neuf ans. Mon frère et son admission dans une école de commerce banaliseront à jamais mon exploit. Le Bac. Un si précieux sésame que je n’ai jamais eu pourtant besoin d’utiliser professionnellement, mais dont l’absence aurait peut-être fermé certaines portes, ouvertes d’autres. Qui sait ? Je confesse qu’avec le recul de l’âge et de l’expérience, des études de droit m’auraient passionné. Mon fort esprit de contradiction, l’attirance pour les effets de manche et les plaidoiries sans doute.
Je fus tour à tour directeur de collection, auteur de plusieurs documents de société. « Tout bonheur que la main n’atteint pas n’est qu’un leurre » avait-il coutume de nous dire lorsqu’il entrait dans notre bureau pour annoter un papier, biffer un paragraphe redondant. Puis, sans autre
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J’ai débuté comme journaliste, sans autre formation que le terrain et la confiance d’un grand patron de presse, Philippe Bouvard, cancre lui-même comme il me l’apprendra plus tard avec son merveilleux sens de l’aphorisme : « Comme je n’avais aucun talent, je me suis efforcé toute ma vie de découvrir celui des autres. C’est donc librement, par choix et curiosité personnelle, que j’ai opté pour l’autodidaxie. » Un précepte coach attitude que j’assume avec discrétion.
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ambition professionnelle que celle d’appréhender des univers inconnus et multiplier les rencontres, les aventures humaines, j’ai poussé la curiosité et me suis égaré dans d’autres activités purement alimentaires (textile, grande distribution, immobilier, assurances) bien éloignées de mes aspirations profondes, où je pus, à loisir, développer mon impéritie, multiplier les échecs qui, sans le savoir, me rapprochaient petit à petit de ma future réussite personnelle autant que professionnelle en perpétuelle construction. Depuis bientôt dix ans, je suis conférencier, coach, formateur, consultant en management, action commerciale et communication et propose mes services à des entreprises internationales. Une activité passionnante, un bonheur quotidien que je façonne, peu à peu, sur mesure. Quoi qu’il en soit, je me suis toujours considéré comme un pur autodidacte, revendiqué comme un atypique, parfois victime du syndrome de l’imposteur bien connu de mes semblables en autodidaxie. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles l’interpellation de ce stagiaire résonna longtemps dans mon esprit et alimenta plusieurs années de réflexion, de recherche, et une constante interrogation admirative pour tous ces entrepreneurs communément appelés self made men and women dont je cherchais à comprendre ce qui les avait motivés et dont certains ont accepté de me confier, anonymement ou librement, une partie de leur jardin secret. Ces femmes et hommes célèbres ou totalement méconnus du grand public, qui ont construit leur réussite professionnelle avec pour seul fondement scolaire de « savoir lire, écrire et compter ». Élémentaire, essentiel et parfois suffisant !
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Leurs success-stories recèlent pourtant toutes des points communs : uu une
indéfectible confiance en leur instinct et leur bonne étoile ;
uu un
acharnement à transcender les difficultés pour les transformer en opportunités créatives ;
uu une
intarissable puissance de travail ;
uu des
facultés d’adaptabilité à l’environnement, à la situation, aux autres, proprement hallucinante ;
uu un
charisme et un leadership communicatif.
C’est à eux que cet ouvrage est consacré et dédié, qu’ils en soient ici remerciés pour m’avoir guidé. Les écouter évoquer le parcours qui les a menés au sommet est d’autant plus savoureux qu’ils l’évoquent avec modestie, étonnement, humour. Dans leurs regards brillent toujours la malice enfantine, l’énergie du bonnet d’âne fier d’apporter la contestation aux jugements péremptoires
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Tous témoignent que créer la vie de ses rêves n’est pas obligatoirement une condition concomitante à l’accumulation de diplômes ou de distinctions honorifiques posées sur le rebord d’une cheminée. Lorsque l’on est né quelque part ou issu de milieu modeste, ou bien sans héritage financier, ou sans précieux bagage intellectuel, sans don artistique précoce, sans prédispositions artisanales, ou sans qualités sportives de haut niveau – la réussite sportive et artistique fera peut-être l’objet d’un second ouvrage, les politiciens et hommes d’États du monde entier rempliraient à eux seuls un tome entier – l’acmé du succès entrepreneurial peut être tout aussi atteignable.
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et désolants de tous ceux qui, parents : « Mais qu’est-ce que l’on va bien pouvoir faire de toi », maîtres d’école : « Excelle dans la nullité », « fumiste astucieux », premiers employeurs : « Ce métier n’est pas fait pour toi », leur prédisaient « une vie médiocre ». Adultes aveuglés qu’ils étaient par la conformité aux règles, face à ces personnalités originales, uniques, exceptionnelles n’entrant pas dans le cursus classique et qui, de vilains petits canards deviendraient cygnes majestueux.
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Jadis, des personnalités, comme Thomas Edison, pionnier de l’électricité et fondateur du géant industriel General Electric, Walt Disney, Aristote Onassis, armateur grec, par exemple, ont imaginé, développé, donné vie et ampleur à leurs rêves de gosses, servi de modèles à des générations, ouvert la voie de tous les possibles. Des contemporains, comme Bill Gates, Microsoft, François Pinault, LVMH, Gérard Mulliez, Auchan, parmi tant d’autres, abandonnèrent précocement leurs études pour créer leurs entreprises, bâtir des empires, et figurent désormais dans le hit-parade des plus grosses fortunes mondiales. Chacune de leur histoire, magnifique leçon de vie, pourrait à elle seule faire l’objet d’une biographie, d’un biopic cinématographique, inspirer les scénaristes de séries télé ou, rêvons ! figurer un jour dans les manuels scolaires. Lorsqu’ils confectionnent un plat, les chefs étoilés suivent étape par étape la recette ancestrale puis l’adaptent, la transforment, la réinventent à leur sauce. Médiatiques ou pas, ils ont toutes et tous appliqué, répété, copié, réinventé des process de savoir-faire et savoir-être aisément duplicables. Car hier, tour à tour leur propre élève et enseignant, coaché puis coach, l’expérience aidant, qu’ils ou qu’elles soient chefs d’entreprises, professions 7
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libérales, bâtisseurs d’empire industriel ou leaders charismatiques, les autodidactes ont à cœur de passer le flambeau, consacrent une grande partie de leur temps à parrainer, soutenir, transmettre, conseiller de jeunes padawan comme Jérémy.
Le hasard existe-t-il ? Tout jeune journaliste, l’un des premiers portraits que je réalisais fut celui de Mark H. McCormack, un avocat américain devenu homme d’affaires, qui s’occupait des intérêts financiers de grands sportifs internationaux comme le skieur Jean-Claude Killy, le tennis-
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En 2012, et plus particulièrement en France, est-il encore possible, aisé, d’entreprendre et réussir lorsque l’on a séché les cours, obtenu aucun diplôme universitaire et que l’on ne figure dans aucun prestigieux trombinoscope de grandes écoles ? Le constat est de plus en plus pessimiste. C’est un parcours du combattant semé de multiples pièges destinés à décourager les plus coriaces. Cela finira-t-il par devenir une inaccessible étoile ? Qu’est-ce qui fait que notre bon vieil Hexagone est si frileux vis-àvis des non-diplômés alors que dans le reste du monde c’est le projet et celui qui le porte qui prédominent ? En période de mondialisation, de crise économique internationale et de changement de paradigmes associés, de CDD à vie, de multiplication de stages à titres gracieux, d’impossibilité à imaginer faire toute sa carrière dans une même entreprise, de taux de chômage à deux chiffres, de développement exponentiel de l’auto-entreprise et du slasher – exercer, cumuler, plusieurs métiers en même temps –, cet ouvrage n’a pas la prétention d’être exhaustif sur le questionnement de ce stagiaire. C’est un recueil de bonnes pratiques modélisables ad libitum et de témoignages qui sont autant un viatique qu’un message de douceur dans ce monde de brutes.
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man Björn Borg, le golfeur Arnold Palmer. À l’époque, j’étais bien loin d’imaginer que près de trente ans plus tard, je ressortirais de ma bibliothèque son livre, Tout ce que vous n’apprendrez jamais à Harvard. Notes d’un homme de terrain pour la rédaction de l’un des miens. Il fourmille d’exemples sur la création d’entreprises et écrit en préambule : « La meilleure leçon que vous puissiez tirer de la fréquentation d’une école de management, c’est la prise de conscience de ce qu’elle ne peut vous enseigner : les tenants et les aboutissements d’une vie professionnelle quotidienne. C’est quelque chose que l’on apprend seul, sur le tas. Les philosophies du management sont toujours dépassées par la vie réelle. Ce que je n’ai pas expérimenté moi-même, je l’ai observé. » Tout est dit.
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En développement personnel, cela s’articule autour du terme d’auto-coaching. À la lecture des chapitres qui suivent, retenez ce qui y fait sens pour vous, adaptez-le à votre personnalité, votre ambition professionnelle, afin que votre objectif, votre projet, votre rêve, puisse s’inscrire au Panthéon de toutes celles et ceux qui ont choisi la schola de la vie ; et tel Cyrano de Bergerac au banquet des cadets s’exclamer : « Ne pas monter bien haut, peutêtre, mais y monter tout seul. » J’ai pris pour habitude, lorsque j’ouvre mes séminaires de motivation comme mes sessions de formation, d’écrire sur le paper board : « Ce séminaire est pour vous. Ici, aucune obligation. Ici, que des opportunités. » Ce livre est donc pour vous. Que vous le lisiez de la première à la dernière ligne, que vous en parcouriez quelques chapitres, que vous picoriez çà et là des idées, faites tel que bon vous semble. L’important est que vous vous amu-
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siez, y trouviez quelque intérêt. Vous avez aussi le droit et le devoir de le refermer provisoirement, voire définitivement si une petite voix intérieure vous y incite. Ou, et j’avoue que je préfère cette troisième option, si vous lui trouvez quelque utilité, l’offrir autour de vous. Faites du buzz, inondez les réseaux sociaux, parlez-en à vos proches, vos amis, dans les entreprises, car vous en êtes les meilleures recommandations. Ainsi vous participerez au projet-rêve un peu fou que je souhaite enclencher à la suite de sa publication : consacrer la majeure partie des droits d’auteur de cet ouvrage à une fondation destinée à financer des projets entrepreneuriaux de jeunes autodidactes talentueux.
Engagements Grâce aux autodidactes et aux techniques éprouvées d’autocoaching qui illustrent ces chapitres, vous allez pouvoir : • vous réapproprier concrètement, factuellement, par une multitude de micro-changements de paradigmes et d’état d’esprit, votre autonomie ; • agir sur votre environnement afin de ne plus le subir. Cesser d’être en réaction face aux événements pour passer en mode action ; • faire le point sur vos qualités – si, si vous en avez ! – ainsi que sur vos axes d’amélioration, que je préfère à « défauts » ou « points faibles » si souvent et malencontreusement employé ;
• vous concentrer sur la solution, arrêter de vous focaliser sur le problème ; .../...
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• acquérir une meilleure estime de soi, clé de la confiance en soi et de la réussite ;
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• transformer des échecs en expériences constructives et positives ; • définir des objectifs, des buts qui vous correspondent vraiment ; • développer l’écoute, observer votre ressenti, accepter vos émotions et traduire leur message ; • vivre le présent pour construire le futur ; • dépasser les freins, résistances, blocages, craintes, peurs que l’on auto-produit et alimente ;
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• utiliser la distanciation, la prise de recul, la mise en perspective.
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chapitreun
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« T’as aucune chance, alors saisis-la. » Jamel Debouzze.
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« Il y a ceux qui rêvent les yeux ouverts et ceux qui vivent les yeux fermés. » Pierre Barouh.
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Réveillez l’autodidacte qui est en vous
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ierre, au physique rabelaisien, a créé une société de communication. Sarah, et son énergie communicative a, au décès de son mari, repris l’entreprise familiale de meubles. Robert, aux grosses lunettes d’écaille scotchées sur son crâne chauve est expert international en négoce de matières premières. Michel, et son look vintage Woodstock, dirige une multinationale informatique. Sur leurs bureaux, un, voire plusieurs ordinateurs, tablettes tactiles et téléphones high-tech. Parfois des photos de famille, quelques gris-gris ou souvenirs personnels, mais pas d’annuaire d’anciens élèves ou de réseaux célèbres ou occultes. Sur les murs, nul cadre avec de prestigieux parchemin à sceau doré. Dans un pays qui encense les diplômés, qui ne jure que par les bacs + 12, qui reconnaît son élite en une poignée d’abréviations : ENA, X, HEC, Sciences-Po donnant à son possesseur une rente à vie, elles et ils font-ils figures d’électrons libres, voire d’une espèce en voie de disparition ?
« Quoi qu’on en dise, la France change. Terre d’égalité certes mais qui a longtemps vénéré les seuls diplômés, elle reconnaît désormais davantage à la juste valeur tous les itinéraires. Nous devons lutter contre un handicap culturel : la réticence et même parfois le refus d’accorder en France une seconde chance à celui qui ayant pris des risques a pris aussi celui d’échouer et de se tromper. Notre système éducatif a de grandes qualités mais, excellent pour faire surgir les “élites”, il est moins performant pour valoriser tous les parcours. Il faut développer la culture de l’expérience acquise, la possible “nouvelle chance”. Le diplôme de l’autodidacte, c’est sa volonté. Son CV, c’est l’expérience. Son école c’est l’école de la vie, la plus exigeante, celle où se forge une personnalité, où se puise l’envie d’entreprendre, où s’acquiert peu à peu la confiance
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en soi. Dans un pays où le diplôme obtenu détermine souvent ce que sera une vie, où les notes sanctionnant un examen ou un concours comptent parfois plus que les actes accomplis au long d’un trajet professionnel, les autodidactes sont doublement méritants. Ils apportent beaucoup à notre croissance et à l’image de la France dans le monde. » Ainsi s’exprimait en 2001, Laurent Fabius, ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, ancien élève brillant, surdiplômé. Ce discours rendait aussi hommage à Pierre Bérégovoy, décédé en 1993, qui l’avait précédé plusieurs fois à ce poste entre 1984 et 1992, avant d’être nommé Premier ministre par François Mitterrand. Titulaire d’un certificat d’études et d’un CAP d’ajusteur, Pierre Bérégovoy, homme politique autodidacte, avait coutume de répéter : « Quand on veut, on peut. » En France, deux tiers des chefs d’entreprises de dix salariés et plus sont dans la même situation. Ces vingt dernières années, 65 % des créateurs d’entreprises n’ont pas suivi d’études supérieures. Il y a dix ans, deux chefs d’entreprises sur trois étaient autodidactes, et parmi les dirigeants des deux cents plus grandes entreprises françaises, ils étaient plus nombreux que les anciens élèves d’HEC.
« En 2010, 622 000 entreprises ont été créées en France, soit 7 % de plus qu’en 2009 : 163 600 l’ont été sous forme de sociétés et 458 400 sous forme d’entreprises individuelles, dont 359 700 demandes de création sous le régime de l’auto-entrepreneur, en forte hausse (+ 12 %
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À l’INSEE, Institut national de la statistique et des études économiques, Claire Hagège et Clotilde Masson résument la situation :
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par rapport à 2009). Une entreprise nouvelle sur quatre est une société, et les formes juridiques unipersonnelles sont de plus en plus fréquentes. Le nombre de demandes de création d’auto-entreprises augmente dans la majorité des régions, et notamment, cette année, dans les DOM. La plupart des créations d’entreprises se font sans salarié. Les créateurs d’entreprises individuelles sont légèrement plus jeunes qu’en 2009 (38 ans en moyenne contre 39). »
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S’ils avaient grandi aux États-Unis ou en Grande-Bretagne, recruteurs ou investisseurs se seraient davantage intéressés à l’atypie de leur parcours, à leurs expériences multiples ou diversifiées, à l’originalité de leurs passions, qu’à leurs diplômes. Avis aux amateurs, on trouve désormais sur Internet de faux certificats universitaires. David m’a raconté l’anecdote qui lui a permis d’être embauché dans une grande banque new-yorkaise : « Dans le bureau de la présidente qui me recevait, j’avais remarqué un échiquier sur une table basse. Après un bref dialogue poli, nous en vînmes à évoquer notre passion commune pour ce jeu. Elle me proposa immédiatement de poursuivre notre entretien autour d’une partie d’échecs. Inimaginable chez nous ! » Leur savoir, Pierre, Sarah, Robert, Michel et tous les autres ne l’ont pas appris dans les manuels scolaires ou les bancs d’amphi. Puisque personne ne leur a ouvert les portes du sérail, ils en ont eux-mêmes forgé les clés. Sept jours sur sept, leur cerveau est en éveil. L’origine latine du mot travail, trepalium, qui signifie instrument de torture, les fait bien rire puisqu’ils n’ont vraiment pas le sentiment de travailler. Leur travail est devenu leur passion principale. Leur adrénaline ?
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uu oser,
agir, sans aucun a priori ;
uu avancer, uu créer,
prendre des risques ;
innover, développer.
Leurs atouts ? curiosité, pragmatisme, adaptabilité, audace, réactivité, fidélité, opiniâtreté. Paradoxalement, l’ancien mauvais élève qu’elle ou qu’ils furent a développé une soif d’apprendre et de comprendre intarissable, doublée d’une humilité à savoir s’entourer, s’associer les conseils, les compétences qu’ils ne possédaient pas. Autodidacte. Le mot et sa connotation parfois péjorative sont lâchés. Ils n’en tirent aucune fierté mais aiment désormais le faire rimer avec succès et réussite.
« Le mot autodidacte, qui désigne le fait d’être son propre maître, fait partie du langage commun. Il évoque la personne qui a acquis des savoirs ou des compétences professionnelles sans passer par des circuits académiques, le self-made-man dont la volonté de réussir triomphe de tous les obstacles ; ou encore ces bricoleurs géniaux, par exemple Daniel Moreno [l’inventeur de la carte à puces décédé en avril 2012], jugés un peu fous mais sympathiques, dont les compétences interrogent celles de l’ingénieur formé dans le moule des grandes écoles.
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L’autodidacte « cette figure heuristique inépuisable », Hélène Bezille-Lesquoy, maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université de Rouen et chercheur au laboratoire éducation et culture de l’université Paris VIII, lui a consacré plusieurs savants ouvrages et en donne une définition aussi universelle qu’humaniste :
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Nombreux sont les adultes qui, en raison de ce qu’ils jugent être une particularité de leur parcours de formation, se définissent aujourd’hui comme autodidactes. »
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Autodidacte un jour, autodidacte toujours. Que celui ou celle qui ne s’est pas senti, à un moment où un autre, en position d’autodidacte lève la main. Ainsi, un jour ou l’autre, nous serons toutes et tous, dans notre vie personnelle ou professionnelle, dans la position de celui qui ne sait pas et apprend par lui-même. Un slogan qui pourrait les réconcilier avec leurs détracteurs, les réhabiliter auprès de ceux qui les regardent encore d’un air condescendant. D’ailleurs, fréquemment, bon nombre de ces autodidactes se re-scolarisent à l’âge adulte, retournent sur les bancs de l’université afin d’y combler des lacunes spécifiques – gestion, comptabilité, juridique, ressources humaines. Obtenant par là même une autoréhabilitation, une tardive reconnaissance, ou une légitimité avant tout pour eux-mêmes. Leur culture livresque, intellectuelle est aussi largement au-dessus de la moyenne. À l’instar de Charles : « Chaque jour, je commence et finis ma journée par une heure de lecture » ou Dominique : « Je fais une heure de méditation quotidienne et lis les grands textes sacrés » combien m’ont évoqué l’autonomie, l’émancipation, consciente ou inconsciente, acquise après avoir passé des nuits à puiser dans des ouvrages spécialisés ou historiques ardus, dans des autobiographies célèbres, des dictionnaires techniques, illisibles pour la majorité d’entre nous, ou des romans, des idées novatrices, des sources d’inspiration, des modèles de vie, le courage de s’engager, des motivations d’espérer, la volonté de persévérer dans leur quête. Une boulimie de savoir, un éclectisme, un zapping que la
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psychanalyse traduirait par des termes comme « réparation, faille, manque, incomplétude dans la construction identitaire » vis-à-vis de l’autorité ou bien de l’absence parentale, du pouvoir réel ou fictif d’un professeur, d’un maître d’apprentissage pour se reconnaître dans des guides, des mentors choisis, légitimes plus qu’imposés.
L’entrepreneuriat en France Jeunes diplômés, aventuriers et entrepreneurs en herbe, cadres lassés de la routine, techniciens impatients de rentabiliser leur savoir-faire, employés lassés par la hiérarchie, chômeurs désireux de créer leur propre emploi. Les motivations, les situations et les parcours des futurs entrepreneurs sont divers et variés. Les principales caractéristiques des créateurs d’entreprise :
• Hommes-femmes : les dernières données de l’Insee indiquent que 33 % des créateurs d’entreprises sont des femmes. Même s’il diminue lentement, l’écart hommes/femmes perdure alors même que le taux d’activité des femmes se rapproche progressivement de celui des hommes (81 % contre 94 % pour la tranche des 25-49 ans). Les femmes sont essentiellement présentes dans les activités commerciales, l’éducation, la santé, l’action sociale. Bien peu représentées dans les postes à responsabilité des entreprises, elles sont moins bien préparées que les hommes à prendre leur indépendance professionnelle ; en revanche, elles sont nombreuses à savoir faire fonctionner un commerce. Situation professionnelle au moment de la création d’entreprise : sans activité 14 %, au chômage 35 %, en activité 51 %. • Formation : environ 80 % des créateurs d’entreprises ont un diplôme en poche, dont : 35 % un CAP, BEP ou BAC pro ; 21 % un
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• Âge : la moyenne d’âge est de 38,7 ans. Moins de 30 ans, 20 %, de 30 à 39 ans, 37 %, de 40 à 49 ans, 27 %, plus de 50 ans, 16 %.
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bac généraliste ou un niveau bac + 2 ; 24 % une formation à bac + 2 et plus. Si un faible niveau d’études constitue rarement un handicap sur le plan technique, c’est souvent sur le plan administratif et financier que la gêne se fait sentir, à moins de suivre une formation. Car si le diplôme a un impact positif la première année, il n’est plus un facteur déterminant pour la suite puisque la survie à 5 ans des entreprises créées par des jeunes diplômés est plus faible que la totalité des créateurs : 44,5 % contre 51 %. Et ce, bien qu’ils prennent conseil et soient entourés pour la mise en place de leur projet. Les jeunes titulaires d’un BTS ont une survie plus élevée que ceux titulaires du diplôme général équivalent. Les jeunes diplômés représentent 8,5 % des créateurs d’entreprises. Ils s’engagent fortement dans les services aux entreprises (services informatiques, télécommunications, R&D...).
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• Expérience : pour la grande majorité d’entre eux, la création d’entreprise n’est pas leur première expérience professionnelle. Les deux tiers des créateurs sont en activité au moment de la création. L’activité de leur entreprise correspond à 55 % au métier qu’ils exerçaient auparavant. Et parmi eux, 20 % sont déjà chefs d’entreprises ou indépendants. Les deux tiers des créateurs d’entreprises avaient déjà une expérience professionnelle dans leur secteur d’activité ou un secteur proche avant de se lancer. Enfin, près d’un créateur sur trois a exercé précédemment des fonctions d’encadrement. • Statut : les demandeurs d’emploi représentent environ 40 % des créateurs d’entreprises. Le chômage, qui est le moment idéal pour se former et se réorienter professionnellement, reste une période propice à ceux qui, exclus du marché traditionnel du travail, veulent créer leur propre activité. Pour France Initiative Réseau (FIR), 66 % des porteurs de projet sont au chômage ou sans activité professionnelle. Plus précisément, les créateurs/repreneurs au chômage depuis plus d’un an sont plus nombreux dans le réseau FIR qu’au plan national : les PFIL (plateformes d’initiative locale) jouent dans ce cas un rôle de passerelle pour le retour à l’emploi.
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