Seniors et en couple

Joseph. Sa moitié réplique dans un éclat de rire : « On ne va pas divor- ... puis revendu à la Ville de Saint-Na- zaire ... mi les priorités de la nouvelle équipe.
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Saint-Nazaire

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Ouest-France 26-27 décembre 2015

Seniors et en couple : l’amour à la maison de retraite Certains disent que l’amour ne dure que trois ans. Ils prouvent le contraire. Et peut-être même qu’il est le secret de la jeunesse éternelle. La maison de retraite Suzanne-Flon le constate tous les jours.

Enquête « Ça va faire 70 ans ! » Ce sont les premiers mots de Jean-René Gaonac’h, 92 ans, lorsqu’on lui parle de son couple. L’éternel amoureux a toujours l’œil qui frise dès qu’il s’agit de Marie-Thérèse, « Mimi », sa moitié. Quand on parle amour avec les seniors, les chiffres font tourner la tête. « Ils sont la preuve que l’amour dure jusqu’au bout de la vie », sourit Sylvie Barnard, directrice de l’Ehpad (1) Suzanne-Flon qui compte cinq couples parmi ses 81 résidents. Pour elle et son équipe, pas question de refréner l’amour, ni le couple. « C’est à nous de nous adapter à leur vie à deux, l’entrée en institution ne doit rien changer à cela. »

L’amour, bon pour la santé La structure encourage même le rapprochement des cœurs. Quand il est arrivé, Jean-René Gaonac’h a été séparé de sa femme, pensionnaire ailleurs. « Rapidement, il a évoqué le manque », tout est donc mis en œuvre pour organiser leurs retrouvailles. « Il avait un comportement de jeune amoureux, surexcité plus le grand jour approchait », se souvient Majdouline Bouchiaoua, infirmière référente. Les années défilent mais l’amour

est toujours aussi vif. « Il y a des couples très fusionnels même à cet âge », confirme la directrice. À l’image de Simone Broussard, qui a quitté sa maison pour accompagner son mari, Roger. « Il a été malade et je ne pouvais plus le garder à la maison, confie l’élégante nonagénaire. J’aurais pu rester chez moi mais je ne voulais pas l’abandonner. » Le couple occupe deux chambres, de part et d’autre du couloir. L’une est aménagée en pièce de vie, l’autre en chambre. « J’ai été l’amour de sa vie, je sais qu’il aurait fait pareil pour moi. » « À cet âge, les séparations sont plutôt préjudiciables, relève le Dr Didier Lecerf, médecin coordinateur. Le couple leur permet d’être combatifs plus longtemps, c’est stimulant. » Preuve en est, la moyenne d’âge des couples est de 92 ans contre 88 ans pour un résident seul. Même en cas de maladie dégénérative, l’amour est positif : « Même si le malade ne reconnaît plus son conjoint, le lien affectif est toujours là et il y a un vrai manque. »

« Comme une princesse » « Quand ils tombent amoureux, ils gagnent dix ans, constate Marine Drouin, psychologue. Ils se redressent, se mettent en valeur, gagnent en dynamisme. Rester dans

La maison de retraite Suzanne-Flon.

la séduction, c’est valorisant, et ça les maintient. » Certains se sont même retrouvés après leur entrée à l’Ehpad. C’est le cas des Gaonac’h, plus fusionnels que jamais. « C’est monsieur qui choisit les habits de madame, tous les jours. Il la traite comme une princesse, sourit la directrice. C’est un grand sentimental, très épris de sa femme. » Certains, pour se reconquérir, ont fait livrer des repas pour des dîners romantiques dans leurs logements. Pour l’équipe de l’Ehpad, un seul mot d’ordre : la communication. « C’est important pour savoir où ils souhaitent fixer les limites pour leur laisser leur intimité de couple. » Quand ils décèlent des jeux de séduction entre résidents, « les soignants s’effacent un peu plus pour les laisser tranquilles. » Quand la mort vient troubler l’équilibre du couple, ce sont toujours les soignants qui assurent le relais. Sylvie

Simone Broussard n’a pas voulu se séparer de son mari, Roger.

Barnard se souvient d’un de ses résidents : « Avant de partir, il m’avait donné ses recommandations pour prendre soin de sa femme, ses ha-

bitudes, ses besoins. Il pensait plus à elle qu’à lui. » Comme toujours.

Marion LOPEZ.

(1) Ehpad: Établissement d’hébergement pour les personnes âgées et dépendantes.

Après 70 ans de vie commune, « que serais-je sans toi ? » Témoignages Simone et Roger : le grand amour « Il a fait beaucoup de choses mon mari, il était très connu. » Quand Simone parle de Roger, c’est avec beaucoup d’admiration. Ils se sont rencontrés pendant la guerre. Elle se souvient de la première preuve d’amour de Roger bravant les décombres pour la retrouver sous les bombes. Des années plus tard et, malgré la perte d’autonomie de son mari, elle prend soin de lui avec les mêmes égards. « Si je devais résumer, ce serait avec les mots de Jean Ferrat : « Que serais-je sans toi ? » » Mimi et Jean-René : « Ça a fait tilt » Entre Marie-Thérèse et Jean-René, 98 et 92 ans, les gestes sont tendres et les regards en disent long. Quand ils partagent une danse, en 1946, « ça a fait tilt tout de suite ». À l’évocation des souvenirs d’une vie, « Mimi » ne retient pas ses larmes.

Jean-René la console, avec humour : « Tu vois, tu es la plus petite mais la plus résistante », lui susurre-til d’une voix douce, en caressant ses cheveux. La fusion est criante, comme si les années ne s’étaient pas écoulées depuis leur rencontre. Ils ne partagent ni le même logement, ni le même étage, mais sont inséparables. Simone et Pierre : « Pas de cachotteries » Ce n’était pas le coup de foudre, mais « c’était différent des autres fois ». Cinq mois après leur rencontre, Simone et Pierre se marient. « Nous nous sommes connus au bal, à 24 ans, raconte Pierre. J’étais fringant à l’époque. » Presque 70 ans plus tard, il l’est toujours. Il a toujours un œil sur Simone, parfois un peu perdue. « Cette attention me fatigue mais c’est important d’être ensemble. » Ils l’ont d’ailleurs toujours été. Leur recette du bonheur ? « Rester droit et franc, sans cachotteries. »

Simone et Pierre Cochery.

Thérèse et Joseph : « Plus le moment de se fâcher » Thérèse et Joseph ne sont pas dépaysés à Suzanne-Flon. Leur ancienne loge de concierge, un métier qu’ils ont exercé ensemble pendant

Thérèse et Joseph Rineau.

43 ans, se trouve à 300 mètres. « Ca n’a pas été facile de quitter notre maison, surtout pour mon mari, confie la dynamique Thérèse. Ça aide d’être deux. » Tellement que Thérèse ne peut s’empêcher de pen-

Une maison inhabitée ravagée par un incendie

Feux de poubelles, jets de pierres : deux interpellations

En présentant son grand plan d’investissement pour les dix ans à venir, lors du conseil municipal du 18 décembre, ni le maire ni son adjointe à l’urbanisme n’avaient donné de détail sur la date de 2020, annoncée pour la remise en service du France. La mairie a récemment appris que le litige qui oppose la famille Lagrange, propriétaire du cinéma jusqu’à la vente de 2014 et l’acheteur qui l’a depuis revendu à la Ville de Saint-Nazaire, n’éviterait pas les tribunaux.

C’est le nombre de personnes qui ont découvert le U, la rampe sonore de 20Syl, artiste nantais et membre du groupe C2C, pendant une semaine au Vip. Curieux et skateurs ont découvert la rampe lors de l’inauguration qui a fait salle comble (450 personnes). Dès le lendemain, 120 skateurs se sont retrouvés pour profiter de la rampe sonore, des modules éphémères. Les scolaires aussi ont foulé la rampe. De la maternelle au lycée, presque 600 jeunes ont exploré ce drôle d’objet sonore et visuel.

Un duo d’investisseurs via la société Asa promotion avait aquis l’ancien cinéma fermé en 2000 pour une bouchée de pain. 100 000 € versés en février 2014, quelques semaines avant les élections municipales. L’ancienne majorité n’avait pas préempté le bien. Mais quelques mois plus tard, le lieu de spectacle figurait parmi les priorités de la nouvelle équipe municipale. Elle se tournait donc vers les nouveaux propriétaires, qui vendaient au prix évalué par les domaines moins 10 %, soit 240 000 €. On comprend que la plus-value de 140 000 € passe mal chez les Lagrange. S’appuyant sur un texte de

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L’origine du feu n’est pas déterminée.

maison en feu est inoccupée depuis 24 ans. Contacté, son propriétaire a indiqué qu’il l’entretenait toujours. L’enquête tentera de déterminer si l’incendie est d’origine accidentelle ou malveillante. La maison est totalement détruite.

En fugue, Laura retrouvée en Vendée

Le conflit lié au prix de vente de la salle acquise par la mairie ira devant les juges. L’exploitation est largement reportée.

mé peu après 23 h. Un homme de 25 ans qui s’en prenait aux forces de l’ordre a été interpellé. Il a été placé en garde à vue pour outrage. Il sera jugé en avril devant le tribunal correctionnel. Un peu plus tard dans la nuit, Plusieurs autres incendies de poubelles ont été déclenchés rue de l’Ile-du-Pé. Neuf conteneurs ont été détruits. Un suspect de 21 ans a été interpellé. Sans casier judiciaire, il sera pour l’instant convoqué devant le délégué du procureur pour un rappel à la loi.

C’est une fête d’anniversaire d’un jeune garçon célébrant ses 18 ans qui aurait basculé dans un mauvais délire de destruction. Les incendies volontaires se sont multipliés dans les quartiers du Petit-Caporal et de Villeneuve, dans la nuit de mercredi à jeudi. Les feux de poubelles ont commencé rue Piccard peu après 22 h. Pompiers et policiers ont aussitôt essuyé des jets de pierre pendant que deux conteneurs brûlaient. Il n’y a pas eu de dégâts sur les véhicules, ni de blessés. Un autre feu a été allu-

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éclat de rire : « On ne va pas divorcer maintenant… » Et de toute façon, ils n’auraient « pas osé quitter l’autre ». Ils ont « signé pour le meilleur et pour le pire ». M. L.

Cinéma France : l’affaire portée en justice

Faits divers

L’alerte a été donnée à 2 h du matin lorsque les flammes léchaient la toiture d’une maison située 13, rue Claude-Bernard, à Saint-Nazaire. Une vingtaine de pompiers ont pris soins d’éviter la propagation de l’incendie à la maison mitoyenne, car ils avaient rapidement appris que la

ser : « Celui qui partira le premier, laissera l’autre bien triste… » Alors en attendant, ils profitent l’un de l’autre. « À nos âges, ce n’est plus le moment de se fâcher », glisse Joseph. Sa moitié réplique dans un

Les grands chantiers livrés en 2016

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Une plus-value qui passe mal

La salle du France.

loi, et puisque qu’elle avait vendu à un prix inférieur aux 5/12e de la valeur du bien, elle sollicite une réparation financière. L’hypothèse peu probable d’un arrangement amiable a conduit la famille Lagrange à engager une procédure pour « lésion ». La date de l’assignation des acheteurs successifs n’est pas encore connue. Mais le spectre de longs délais judiciaires est pris en compte par la Ville, qui a fixé en 2020 le déménagement au France du cinéma Art et essai. En attendant, il lui faudra trouver un refuge provisoire, la salle Tati devant être détruite en 2016.

Frédéric SALLE.