taBLe DeS MatièreS - Brepols Publishers

7 nov. 2013 - toires ou des identités : c'est là un champ d'études différent, qui met en jeu des réa- lités sociales et mentales autres et qui relève davantage de ...
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taBLe DeS MatièreS INTRODUCTION

5

1. Les fondateurs

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1. HISTORIOGRAPHIE 2. Corpus et synthèses

3. Développements ultérieurs 4. Tendances récentes

1. Prépondérance de l’étude des cartes 2. Un « spatial turn » ?

2. BUT ET STRUCTURE DE L’OUVRAGE 3. HEURISTIQUE

1. Où trouver la « géographie » médiévale ? 2. Pour une première initiation

5 6 8

10 10 11 11

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preMière partie Une image du monde. La géographie dans l’Occident médiéval (Ve-XVe siècle) 15 Chapitre 1 Le temps des auctoritates (Ve -Xie siècle)

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1. La conservation du savoir antique

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A. DANS LA CONTINUITÉ DE L’ANTIQUITÉ TARDIVE 2. Le legs de l’Antiquité à la géographie

3. Les fondements de la géographie médiévale 1. L’image du monde

2. L’organisation harmonieuse du cosmos 3. La place centrale de l’homme 4. Le principe téléologique

B. LA PREMIèRE GÉOGRAPHIE MÉDIÉVALE 1. Les œuvres

1. Les cosmographies

2. Les schémas et les cartes 3. Les encyclopédies

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Table des matières 4. Les traités sur la nature

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6. Géographie et histoire

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5. Les récits de voyage

2. Le savoir géographique

1. Une géographie de la mesure et de la dénomination 2. Une géographie peu tournée vers la recherche

3. Une géographie portant la marque de Rome et de la Bible Chapitre 2 Le temps des questionnements (Xie-début Xiiie siècle)

A. LE RENOUVELLEMENT DES SAVOIRS 1. L’accès aux auteurs anciens et arabes 2. Des questions nouvelles

B. LA MULTIPLICATION DES ŒUVRES 1. Les ouvrages théoriques 1. Les maîtres chartrains 2. Les maîtres anglais

2. Les images du monde

1. Image du monde et encyclopédie 2. Image du monde et cartographie 3. Les figures et les cartes

3. La géographie du voyage 1. Les récits des pèlerins

2. Les guides de pèlerinage 3. Les routiers de la mer

4. La géographie régionale 5. L’apport des historiens 6. La géographie rêvée

C. UN NOUVEAU SAVOIR GÉOGRAPHIQUE 1. L’entrée en scène de la Nature

2. Une nouvelle approche des phénomènes

3. Un élargissement de la connaissance de la terre 4. La question des antipodes

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Table des matières 5. Des œuvres de clercs pour des clercs Chapitre 3 Le temps des voyageurs (milieu du Xiiie-début du XVe siècle)

A. LES SOURCES DE CONNAISSANCE

1. Les récits des missionnaires et des ambassadeurs 1. Les récits sur l’Asie

2. Les récits sur l’Afrique

2. Les écrits des marchands 3. Les récits des pèlerins

4. Les traités de croisade 5. Les historiens

B. L’APPROFONDISSEMENT DES QUESTIONS THÉORIQUES 1. Les traités des philosophes 2. Les encyclopédies

C. LA GÉOGRAPHIE EN LANGUE VERNACULAIRE 1. Œuvres encyclopédiques 2. Images du monde

D. LA REPRÉSENTATION DU MONDE 1. Les cartes régionales 2. Les mappemondes 3. Les cartes marines

E. UNE GÉOGRAPHIE QUI SE CONSTRUIT 1. L’appel à l’expérience

2. L’importance prise par la terre

3. La perception de la durée et de la mobilité 4. Savoir des clercs, savoir des laïcs 5. La tension vers l’ailleurs

Chapitre 4 Le temps des humanistes (XVe siècle)

A. L’APPORT DES HUMANISTES 1. L’humanisme en Italie

2. La diffusion de l’humanisme

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Table des matières 3. Des sources nouvelles

4. La géographie des humanistes

1. La reconstruction de l’espace antique 2. Les répertoires

3. Les encyclopédies

4. Les nouvelles images du monde

B. L’APPORT DES VOYAGEURS 1. Les pèlerins

2. Les chargés de mission 3. L’Extrême-Orient

4. Les explorateurs de l’Afrique 1. Les îles

2. L’Afrique occidentale

3. Les récits des explorateurs 4. L’Afrique orientale

C. LES CARTOGRAPHES 1. Les cartes marines

2. Les cartes ptoléméennes 3. Les mappemondes

4. Les globes terrestres

D. UNE « RENAISSANCE » DU SAVOIR

1. L’apparition de la géographie historique et ses conséquences 2. Le renouveau de la cartographie

3. Autorités et expérience : la difficile conciliation

E. CONCLUSION

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DeUXièMe partie thèmes et documents

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Chapitre 1 La terre dans le cosmos

161

1. Généralités, méthodes

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A. INTRODUCTION

1. Instruments de travail généraux et précautions de méthode

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Table des matières 2. La forme de la Terre

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4. Les coordonnées

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3. L’habitabilité de la Terre

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5. Les influences astrales

2. Un mythe de la modernité : la Terre plate au Moyen Âge

B. FORME, DIMENSIONS ET DYNAMIQUE

1. La forme de la Terre selon Isidore de Séville, Bède le Vénérable et Guillaume de Conches

2. La réception de la mesure de la circonférence de la Terre calculée par Ératosthène 3. La mesure de la Terre au service de la théologie (Roland de Crémone, première moitié du XIIIe siècle)

4. Une théorie mécanique de la formation de la terre émergée et de l’orogenèse (Jean Buridan, milieu du XIVe siècle)

C. L’HABITABILITÉ DE LA TERRE

1. Virgile de Salzbourg a-t-il été condamné pour hérésie pour avoir soutenu que la Terre est plate ? (748) 2. La division de la sphère terrestre en zones

3. Discussions sur l’habitabilité et l’habitation de la zone torride et de la zone tempérée australe à la Faculté des Arts (XIIIe-XIVe siècles)

4. L’humaniste Galeotto Marzio soutient l’habitation de la Terre tout entière

D. LES COORDONNÉES GÉOGRAPHIQUES

1. Paul Diacre mesure son ombre à Thionville pour déterminer la situation relative de la Scandinavie (fin du VIIIe siècle) 2. Une table de coordonnées géographiques (XVe siècle)

3. Calculer une distance à partir des coordonnées géographiques (Andalò di Negro, début du XIVe siècle)

4. Calculs de longitude et de latitude (XIe-XVe siècle)

E. LES INFLUENCES CÉLESTES

1. Une géographie astrologique en traduction latine (XIII siècle) e

2. Une critique de l’influence des étoiles sur les peuples (Gérard de Feltre, 1264-1265)

3. Conditions astrologiques de la fondation légendaire de la ville de Bavai et vérifications, par le chroniqueur Jacques de Guise (deuxième moitié du XIVe siècle)

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Table des matières 4. Une géographie médicale, à l’occasion de la comète de 1472

253

Chapitre 2 L’espace habité

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B. MOTIVATIONS DE L’ÉCRITURE GÉOGRAPHIQUE

262

A. INTRODUCTION

1. La mesure comme fondement de l’ordre cosmique (825)

2. La géographie, préparation à la contemplation (vers 1109-1110)

259 262 266

3. La description de l’espace comme expression de la souveraineté (1119)

268

5. Utilité de l’histoire naturelle et de la géographie pour Henri II Plantagenêt.

273

4. Une topographie insulaire : les singularités de l’Irlande (après 1188)

6. La géographie au service de la Chrétienté (Roger Bacon, 1267-1268)

270

275

7. La géographie, une satisfaction pour l’esprit (Riccobaldus de Ferrare, début du XIVe siècle)

278

1. Martianus Capella commenté par Remi d’Auxerre (fin du IXe siècle)

281

C. PRINCIPES ET MÉTHODES

2. Comment découper l’espace pour le rendre intelligible : la Pannonie selon divers auteurs, du Ve au XVe siècle

281

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3. Faut-il désigner les régions par leurs noms antiques ou modernes ? (fin du XIIe siècle)

292

5. Une description socio-économique de la Flandre (milieu du XIIIe siècle)

296

4. Asie Mineure ancienne et moderne selon Roger Bacon

6. Description du monde et géographie administrative de l’Église (début du XIIIe siècle)

294

298

7. Description du monde et carte marine dans une histoire des origines de Florence (premier quart du XIIIe siècle)

301

9. La géographie politique d’un héraut d’armes (1416)

309

8. Une description de la Hongrie pour Charles d’Anjou (1308)

10. Données antiques contre témoignages contemporains ? Les confins occidentaux du monde et l’île de Thulé (825) 11. Les Hongrois sont-ils un peuple nouveau ? (vers 910)

12. Une description des îles de la mer Baltique (XI siècle) e

13. Actualisation des connaissances sur l’Europe du Nord (début du XIIIe siècle)

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Table des matières 14. Une topographie régionale : la description de l’île de Bretagne (VIIIe siècle)

15. Décrire la ville au XII siècle e

16. L’Orient fabuleux : l’île de Taprobane (vers 1175-1185)

17. L’excellence du royaume de France justifiée par le héraut Berry (milieu du XVe siècle)

D. MAPPEMONDES

1. Qu’est-ce qu’une carte ? (Hugues de Saint-Victor, vers 1130)

2. Une critique de la carte (Gervais de Tilbury, début du XIII siècle) e

3. Carte et mémoire dans l’apprentissage de la géographie (1235)

4. Textes et cartes au service de l’histoire d’après Paulin de Venise (vers 1330-1339) 5. Cartes et stratégie dans un projet de croisade (1321)

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6. Une mappemonde schématique dans un manuscrit de Macrobe (XIe-XIIe siècle)

359

8. La carte de Sawley (XII siècle)

367

7. Une mappemonde dans un manuscrit de la Bible (1172) e

363

9. Un monument de la cartographie médiévale : la carte de Hereford (fin du XIIIe siècle)

372

11. Mappemonde et expression de la souveraineté

379

10. Les tables de Charlemagne

E. LA GÉOGRAPHIE DES HUMANISTES

1. La méthode géographique de Pétrarque : glose au Virgile de l’Ambrosienne

376 384 384

2. La mer Carpienne selon Boccace: difficultés de la confrontation entre espace antique et espace moderne 389 3. Difficultés de la géographie historique : le projet de Biondo Flavio (milieu du XVe siècle)

4. Les changements de souveraineté perturbent la division de l’espace (1461) 5. Pétrarque à la recherche de l’île de Thulé

6. Les incertitudes concernant l’Asie lointaine

7. Délimiter la mer Ionienne et la mer Adriatique (Antonio de Ferrariis, début XVIe siècle) 8. Le Pogge, chancelier de Florence, exhorte le prince Henri à poursuivre les navigations africaines (vers 1448-1449)

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Table des matières 9. Du nouveau au sud de l’Égypte : une ambassade éthiopienne au concile de Florence (1441)

10. Un espace problématique : l’Europe septentrionale dans l’Insularium illustratum d’Henricus Martellus (fin du XVe siècle) 11. Cartographie éclectique dans le recueil d’un frère mendiant (Ferrare, seconde moitié du XVe siècle)

420 428 433

Chapitre 3 La représentation cartographique de l’espace maritime

443

1. Description d’un corpus et instruments de recherche

443

A. INTRODUCTION

1. Aspect des cartes marines médiévales 2. Constitution d’un corpus

3. Un nom spécifique pour le corpus de cartes marines médiévales 4. Le contexte culturel des cartes marines : navigation, commerce et savoir géographique

2. L’étude des cartes : historiographie et état de la question 1. Date d’apparition 2. Lieu de création

3. Le style des cartes

4. La construction, l’efficacité et la modernité des cartes marines

3. Approches et enjeux actuels

1. Les cartes comme source pour l’histoire de la géographie 2. L’usage effectif des cartes sur les navires 3. Des usages divers

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B. L’UNE DES PREMIèRES MENTIONS DE CARTE MARINE (1248-1270) 455 C. LES TECHNIQUES ET LES INSTRUMENTS DE NAVIGATION : COMMENT S’ORIENTER EN MER ? 1. La boussole

2. Les vents des marins et le martelogio (tables de navigation)

3. Les portulans

D. LES USAGES DES CARTES MARINES 1. Des cartes de navigation

1. Du bon usage de la carte de navigation, avec la boussole et le compas

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Table des matières 2. Carte et instruments de navigation dérobés par des pirates (1361)

3. À bord du navire : le point de vue des voyageurs (fin du XVe siècle)

2. À terre

1. La carte marine présentée comme preuve dans un procès (1418)

2. Un objet de prestige : la carte marine de Mecia de Viladestes (1413) Chapitre 4 Le voyage

A. INTRODUCTION

1. Typologie : qu’est-ce qu’un récit de voyage au Moyen Âge ? 1. Chronologie 2. Le voyage 3. La forme

1. La structure

2. Une forme didactique

3. Les titres et la dénomination des récits 4. La diffusion des textes et leur public

2. L’analyse et la critique des textes

1. La question du narrateur-rédacteur 2. Les sources

3. Une géographie humaine

3. Bibliographie 1. Répertoires

2. Bases de données bibliographiques 3. Éditions et traductions 4. Études

B. PèLERINAGE ET SAINTETÉ

1. La mer Morte selon le pèlerin Arculf (vers 680)

2. Une description de Vulcano selon le pèlerin Willibald (723-729)

3. La traversée des Balkans par Lietbert, évêque de Cambrai (1054)

C. LES ITINÉRAIRES

1. Un itinéraire de Rome en Dacie (1240-1250)

D. DÉVOTION ET CURIOSITÉ

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Table des matières 1. La mer Rouge vue par Thietmar (1217)

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3. Motivation d’un pèlerinage et de sa mise par écrit (1480)

541

2. Le Nil vu par Simeon Semeonis (1323-1324) E. L’INTÉRÊT POUR L’ANTIQUITÉ 1. Athènes (1394-1395) 2. Carthage (1470)

F. LES PEUPLES DU MONDE

1. Rencontre avec les chrétiens orientaux (1335) 2. Rapport sur la Tartarie (1245)

3. Les Tartares sont-ils les peuples de Gog et Magog enfermés par Alexandre ? (fin du XIIIe siècle)

G. L’OCÉAN, LES MERS, LES ROYAUMES 1. Situation de la Méditerranée (1336)

2. Un pèlerin « géographe » : la Barbarie selon Ludolf de Sudheim (1336-1341) 3. Tableau des mers du monde, par Félix Fabri (1480-1483) 4. L’étendue des régions de l’Orient (vers 1330)

H. VERS DES ÎLES INCONNUES

1. Une géographie orientée vers la colonisation : les ressources des Canaries (début du XVe siècle)

2. Géographie mythique de l’Orient : les îles du paradis terrestre et du purgatoire (fin du XIVe siècle) Chapitre 5 Cartes et plans à grande échelle

A. CARTOGRAPHIES LOCALES AU MOYEN ÂGE 1. Dénominations

2. Origine et diffusion

3. Typologie des usages 1. Droit et justice

2. Administration, guerre et gouvernement 3. Les plans parcellaires

4. La technique

5. Connaissance et célébration

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Table des matières B. APPROCHES MÉTHODOLOGIQUES

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1. Où chercher les représentations figurées ?

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2. Où chercher les mentions de documents disparus ?

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3. Les auteurs

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4. Datation

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5. Supports

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6. Écritures

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7. Structures et perspectives

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8. Appareil cartographique

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C. ÉTUDES DE CAS

1. Schéma de la région d’Aardenburg (Flandre Zélandaise), 1307

600 600

2. Plan de partage de l’île de Thanet (Kent, Angleterre), avant 1414

602

4. Le village de Saint-Saturnin dans l’Armorial de Guillaume Revel (milieu du XVe siècle)

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6. Plan parcellaire du domaine de Brucourt et des marchements de l’abbaye Saint-Étienne de Caen (1477-1491)

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3. Vues figurées de la vallée de Château-Dauphin (1422)

5. Carte territoriale des Martinengo (Brescia, 1471-1472)

7. Plan des étangs de Maguelone (XV siècle) e

8. Plan du cours de l’Aa et des moulins de Saint-Bertin (XV siècle) e

9. Les figures du peintre Nicolas Dipre pour la ville d’Avignon (1500-1502)

Chapitre 6 techniques et pratiques de la mesure du sol

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625

A. INTRODUCTION

625

1. Regards de savants et de lettrés

2. Un seul traité d’arpentage médiéval, du début du XV siècle e

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3. Garantie des mesures

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5. Modes de mesure

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4. Estimation ou mesure ? 6. Mesure et organisation de l’espace urbain et rural 7. Mesure, gestion d’infrastructures et de domaines 8. Un vocabulaire régional varié puis unifié

9. Des systèmes de mesure variables dans l’espace et dans le temps

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Table des matières 10. Conclusion

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611. Bibliographie complémentaire

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B. LA MESURE DU SOL SELON LES SAVANTS

1. Le point de vue d’un théoricien de la géométrie (1220-1222)

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2. Le témoignage d’un lettré (fin du XII -début du XIII siècle)

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1. Mesure par décomposition et mesure en croix

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e

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C. QUELQUES PRINCIPES DE BASE SELON BERTRAN BOYSSET 2. Mesure en ligne directe

D. DÉLIMITATIONS OU DÉFINITIONS DE LIMITES

1. La marche entre la châtellenie de Melun et le comté de Champagne (1270) 2. Une enquête sur les limites de terres données à l’abbaye de Sawtry (vers 1149)

E. MODES DE MESURE

1. Mesure par jet de projectile (vers 1060-1070) 2. Mesure à la corde (1200)

3. Mesure à la règle et contestations (1253)

F. PROJETS URBAINS ET TERRITORIAUX

1. Construction d’un territoire de banlieue (1226)

2. Projet de la ville neuve de Giglio Fiorentino (1350)

G. DÉPENSES LIÉES A L’ARPENTAGE 1. Un compte de 1365

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648 650 650 654 657 657 658 660 663 663 665 669 669

INDEX BIBLIOGRAPHIQUE

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TABLE DES DOCUMENTS

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TABLE DES FIGURES ET PLANCHES

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TABLE DES MATIèRES

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LA TERRE

ConnaissanCe, représentations, mesure au moyen Âge

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L’ATELiER du médiévisTE 13 Collection dirigée par Jacques Berlioz et Olivier Guyotjeannin

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LA TERRE

ConnaissanCe, représentations, mesure au moyen Âge sous la direction de Patrick Gautier dalché Contributions de Christiane deluz, Patrick Gautier dalché, Nathalie Bouloux, Emmanuelle vagnon, Christine Gadrat-Ouerfelli, Paul Fermon et Armelle Querrien

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Printed in the E.u. on acid-free paper

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IntroductIon* Par Patrick gautier DaLCHé Cet ouvrage n’a pas pour ambition d’être un manuel d’histoire de la géographie et de la cartographie médiévales. un tel objectif serait réducteur. Tout d’abord, il n’existe pas de « géographie » médiévale constituée en discipline autonome. Les traités proprement géographiques sont très rares au moyen Age, et ils n’ont guère le souci d’un « savoir géographique » à exposer ou à développer. L’histoire d’une discipline, d’autre part, a tendance à partir de sa définition moderne et à repérer les étapes qui ont abouti à l’élaboration de cette définition ; focaliser l’attention sur la « géographie » risque donc d’entraîner des jugements anachroniques. On préfèrera donc parler de représentations de l’espace, et ce n’est que par commodité de langage que l’on emploiera les termes « géographie » ou « cartographie », en gardant cette précaution de principe à l’esprit. L’histoire même de l’étude des représentations de l’espace montre d’ailleurs combien il est difficile de se garder d’un mode de pensée téléologique.

1. HISTORIOGRAPHIE

s r e ish

l n b e u im ls P c e Sp repo B ) c (

1. Les fondateurs

La représentation de l’espace au moyen Age a retenu l’attention des historiens depuis la première moitié du XiXe siècle. dans un premier temps, l’intérêt se porta sur les cartes anciennes plutôt que sur les textes.

Edme-François Jomard, qui avait pris part à l’expédition d’égypte de Bonaparte et devint le premier conservateur du département des cartes et plans de la future Bibliothèque nationale, avait entrepris dès 1815 de rassembler des copies de cartes anciennes. L’ouvrage ne parut qu’après sa mort [Les monuments de la géographie, ou Recueil des anciennes cartes européennes ou orientales… depuis les temps les plus reculés jusqu’à l’époque d’Ortelius et de Mercator, Paris, s.d.] vers le milieu du siècle parurent deux autres ouvrages monumentaux. dans le cadre des rivalités entre la France, l’Angleterre et le Portugal pour la possession de la côte occidentale de l’Afrique, le vicomte de santarem (1791-1856), savant et homme politique portugais, s’attacha à démontrer l’antériorité des découvertes portugaises, attestée par la cartographie ancienne. il publia pour cela en 1841 (éditions successives en 1842-1844 et 1849-1855) une collection de fac-similés, l’Atlas composé de cartes des XIIe, XVe, XVIe et XVIIe siècles, pour la plupart inédites, et devant servir de preuves à l’ouvrage sur la priorité de la découverte de la côte occidentale d’Afrique au-delà du cap Bojador par les Portugais, accompagné d’un Essai de l’histoire de la cosmographie et de la cartographie pendant le Moyen Age (1849-1852) étudiées à partir des cartes. Le responsable du volume tient à remercier Olivier Guyotjeannin, professeur à l’école des chartes, pour sa lecture critique. Que soient aussi remerciés pour leur aide Jean-Patrice Boudet, professeur à l’université d’Orléans, sylvie Biet (Bages), conservateur en chef des bibliothèques, et marie-Clotilde Hubert.

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Introduction A peu près au même moment, l’historien Joachim Lelewel (1786-1871), qui avait fui la Pologne après l’échec de la révolution de 1830, suivit le même plan, sans toutefois être animé par les mêmes objectifs patriotiques. Parmi son œuvre considérable, se trouve un atlas de 50 planches qu’il grava lui-même (Géographie du Moyen Age étudiée par Joachim Lelewel. Atlas de 50 planches…, Bruxelles, 1850) et une Géographie du Moyen Age (5 vol., Bruxelles, 1849-1852 ; reprod. Francfort : institute for the history of Arabic-islamic science at the Johann Wolfgang Goethe university, 1993) comprenant une série de monographies précédées par une histoire générale (Prolégomènes). Le but de Lelewel était de reconstituer les cartes perdues de l’Antiquité et de mesurer le progrès ou la régression dont témoignaient les différents types de cartes médiévales, latines ou arabes. Pour la première fois, la méthode comparative était appliquée à ces représentations.

Tout au long du XiXe siècle, plusieurs facteurs de nature différente favorisèrent le développement des études d’histoire de la géographie médiévale. Le développement de la méthode historique, d’abord dans les universités allemandes, entraîna la publication de vastes corpus mettant à la disposition des savants des textes de tout genre, sans toutefois que les textes à contenu géographique fissent l’objet d’une attention particulière. En même temps une géographie scientifique se constituait en discipline autonome, appuyée sur des institutions puissantes : sociétés de géographie, congrès internationaux et publications périodiques. dans tous les pays européens désireux d’accroître leur domaine colonial, ces publications rendaient compte des explorations qui se multipliaient alors. Le modèle de ces expéditions sont les explorations scientifiques en Amérique latine d’un fondateur de la géographie moderne, Alexandre de Humboldt (1769-1859), qui laissa aussi une synthèse sur l’histoire de la découverte du Nouveau monde ; il y critiquait les témoignages textuels autant que figurés (Examen critique de l’histoire de la géographie du Nouveau Continent et des progrès de l’astronomie nautique aux XVe et XVIe siècles, 6 vol., Paris, 1836-1839). des études d’histoire de la géographie paraissaient aussi, parfois mal distinguées de travaux concernant la géographie historique, c’est-à-dire de la reconstitution des espaces du passé, exclusivement administratifs ou politiques, spécialité plutôt française marquée par les travaux d’Auguste Longnon (Géographie de la Gaule au VIe siècle, Paris, 1878) et d’Ernest desjardins (Géographie de la Gaule d’après la Table de Peutinger, Paris, 1869).

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2. corpus et synthèses La plupart de ces travaux d’histoire de la géographie médiévale étaient marqués par l’idéologie des Lumières et cherchaient de façon plus ou moins consciente à apprécier les « progrès de la raison » et le « développement des connaissances » au sujet de la surface terrestre. En conséquence, les textes médiévaux qui présentaient tous des notions peu en rapport avec une géographie scientifique, étaient presque toujours dévalorisés : ils exprimaient des croyances tenues pour « naïves », ou reflétaient une « géographie des Pères de l’église ». A la fin du XiXe siècle, par son titre même, l’œuvre d’un savant comme Konrad Krestchmer résume cette historiographie (Die physische Erdkunde im christlichen Mittelalter. Versuch einer quellenmässigen Darstellung ihrer historischen Entwicklung, vienne-Olmütz, 1889). La croyance au « progrès », accompagnant nécessairement le « développement » mais entrecoupé de périodes de « régression », n’entraînait pas systématiquement, en

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Introduction principe, l’abandon du moyen Age à l’ignorance, comme le soulignait Humboldt : « En examinant les événemens qui ont conduit à la découverte de l’autre hémisphère, je me suis efforcé surtout de faire voir cette continuité d’idées, cette liaison d’opinions qui rattachent la fin du Xve siècle, à travers les prétendues ténèbres du moyen-âge, aux temps d’Aristote, d’ératosthène et de strabon » (Examen critique…, p. Xvii).

En ce qui concerne spécifiquement les cartes, d’autres savants de grande ampleur poursuivirent les premiers efforts de santarem et de Lelewel. En plusieurs volumes, Konrad miller (1844-1933) mit à la disposition des chercheurs une série de monographies toujours utiles sur diverses mappae mundi, comprenant le catalogue des manuscrits, la transcription des légendes et des reproductions [Mappae Mundi : die ältesten Weltkarten, stuttgart, 1895-1898, 6 vol., i. : Die Weltkarte des Beatus (776 n. Chr.) ; ii. Atlas von 16 Lichtdruck-Tafeln ; iii. Die kleineren Weltkarten ; iv. Die Herefordkarte ; v. Die Ebstorfkarte ; vi. Rekonstruierte Karten (tous disponibles à : http://digital.ub.uni-duesseldorf.de)]. mais la méthode de Konrad miller, qui paraît avoir été détaché de l’idéologie du progrès, introduisait un autre biais dans l’étude, caractéristique de la Quellenforschung et de la reconstitution des documents disparus alors dominante en philologie. son but était en effet de reconstituer, à partir des témoins médiévaux, « la » carte romaine antique dont ils descendaient. L’idée, en soi, était juste : les mappae mundi médiévales proviennent en dernière analyse de modèles (au pluriel) tardo-antiques. mais la méthode reposait sur un a priori : celui de l’existence d’une carte originelle, et sur une illusion.

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de la même manière et dans le même esprit, l’explorateur et géographe suédois Adolf Nordenskiöld rassembla ce que l’on savait alors des cartes marines en vue de découvrir leur origine (trad. anglaise : Periplus. An essay on the early history of charts and sailing directions, with numerous reproductions of old charts and maps, stockholm, 1897, X-208 p. ; reprod. New York, 1961). L’idée fondamentale en est que tous les témoins de cette cartographie découlent d’un modèle unique, que l’auteur appelle « portulan normal ».

L’avertissement de Humboldt sur les « ténèbres » du moyen Age ne fut pas pris en compte par les auteurs qui firent la synthèse des travaux de détails poursuivis pendant plus d’un siècle de recherches. Les seules histoires de la géographie médiévale dont on disposa longtemps furent toutes infectées par l’idéologie du progrès des connaissances : • Beazley (Charles Raymond), The dawn of modern geography, New York, 1901, 3 vol. (reprod. New York, 1949). L’ouvrage étudie les sources écrites et figurées, arabes et occidentales. mais là encore le titre dit bien qu’elles sont envisagées moins en elles-mêmes que par rapport à la science du XXe siècle ; • une synthèse plus brève est présentée par Kimble (Georges Herbert Tinley), Geography in the Middle Ages, Londres, 1938, X-272 p. (reprod. New York, 1968). L’étude porte sur les textes arabes ou occidentaux et sur les documents figurés. Là encore, le titre du dernier chapitre : « The beginnings of geographical science » montre l’angle progressiste sous lequel les sources sont analysées ; • un ouvrage beaucoup plus utile est celui de Wright (John Kirtland), The geographical lore of the times of the Crusades. A study in the history of medieval science and tradition in Western Europe, New York, 1925 (reprod. 1965). Bien que fondé sur les mêmes principes, il se borne à analyser scrupuleusement le contenu des textes, donnant ainsi une première orientation sur la complexité du sujet. 7

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Introduction

3. développements ultérieurs Les a priori idéologiques de l’histoire dite positiviste n’ont pas disparu aujourd’hui ; on les rencontre encore dans les travaux de vulgarisation et parfois aussi dans des travaux savants (voir sur ce point la force du mythe de la terre plate au moyen Age, étudié dans la deuxième partie, (p. 166-170). Pas plus que pour d’autres entreprises du même genre intéressant diverses branches de l’histoire des sciences comme la cosmographie ou l’astronomie, il ne faut pas toutefois faire porter une critique trop radicale sur ces travaux dépassés du fait de leurs présupposés. Résultat d’un effort continu de recherche, de classement et d’analyse des documents caractéristique du XiXe siècle, ils donnent en général une analyse rigoureuse des sources, une fois écartés les préjugés de leurs auteurs. de ce même point de vue, il vaut la peine de mentionner le valeureux ouvrage d’un autre explorateur, le norvégien Fridtjof Nansen (1861-1930) qui apporte une vue d’ensemble informée et sagace des connaissances médiévales sur les mondes septentrionaux (trad. anglaise : In northern mists. Arctic exploration in early times, 2 vol., Londres, 1911). mais les corpus ainsi élaborés n’ont dans la plupart des cas pas été poursuivis. si des questions nouvelles sont aujourd’hui posées à des documents dès longtemps connus grâce à ces pionniers, il ne semble pas que l’accroissement du socle documentaire ait figuré parmi les buts principaux des travaux effectués depuis le milieu du XXe siècle, alors que des textes et des documents figurés en grand nombre se trouvent encore inexplorés et même inconnus dans la masse énorme des manuscrits médiévaux. une tâche indispensable pour le renouvellement de ces études – mais peut-être impossible dans les conditions actuelles – serait donc de poursuivre les dépouillements de manière systématique, plutôt que de répéter indéfiniment les plaintes sur le caractère « livresque », « coupé de l’expérience » et même sur le vide intellectuel des textes médiévaux de géographie. L’on se demande comment tant de savants ont pu ainsi passer leur vie à étudier des documents d’une si grande absence d’intérêt selon eux.

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L’« histoire des mentalités » et la « nouvelle histoire » apparues dans les années 1960 n’ont pas fondamentalement modifié ces caractéristiques. Niant à juste titre que l’espace soit un cadre objectif de l’expérience et cherchant à repérer avant tout des structures fondamentales de la perception et de la représentation de l’espace, souvent influencées par les recherches sur la psychologie de l’enfant, elles ont abouti à des généralisations à partir d’une information souvent limitée. deux ouvrages en témoignent : • Les catégories de la culture médiévale de l’historien russe Aaron J. Gourevitch, (trad. française Paris : Gallimard, 1983, Xiii-340 p.) s’appuie principalement sur l’étroit domaine de spécialité de l’auteur, les sagas scandinaves, pour dresser un tableau d’un modèle du monde médiéval où l’espace n’est ni abstrait ni homogène, situation naturellement destinée à changer avec la « Renaissance » ; • La mesure du monde, du spécialiste de la littérature médiévale Paul Zumthor (Paris : éditions du seuil, 1993, 438 p.).

un autre aspect de ce renouveau a conduit à s’intéresser à l’« imaginaire » médiéval, qui se révèlerait en particulier dans les productions intellectuelles portant sur les espaces différents de ceux de l’expérience immédiate : périphéries légendaires comme l’Orient, monstres divers apparaissant dans la littérature vernaculaire ou sur les mappae mundi… un exemple fondateur est donné par un article de Jacques Le Goff, 8

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Introduction « L’Extrême-Orient légendaire au moyen Age », dans Pour un autre Moyen Age. Temps, travail et culture en Occident, Paris : Gallimard, 1977, p. 280-298.

On trouvera un résumé de ce type d’historiographie, souvent paraphrastique et répétitive, dans martin (Hervé), Mentalités médiévales : XIe-XVe siècle, 2 vol., Paris : Presses universitaires de France, 1998 (2e éd. corrigée)-2001, Lviii-516, XXvii297 p. il n’est bien sûr pas question de nier le poids de l’imaginaire dans quelque entreprise intellectuelle que ce soit. mais, outre que cette notion n’a jamais été définie de façon précise par les historiens qui l’emploient, ce type d’approche conduit à définir un moyen Age « autre », porté au fabuleux, et destiné à disparaître avec la rationalité moderne : simplification qui néglige la spécificité intellectuelle des recherches intenses des clercs médiévaux pour comprendre et analyser leur propre espace. il y a là, non reconnu et non pensé, le poids d’un a priori aussi durable que celui du progrès scientifique et qui lui est d’ailleurs lié : l’opposition radicale entre moyen Age théologique et modernité renaissante, effet du succès et de l’influence sans exemple par sa durée et sa profondeur d’un chef-d’œuvre de l’histoire postromantique, œuvre de l’historien suisse Jacob Burckhardt, Civilisation de la Renaissance en Italie. Burckardt concevait la « Renaissance » comme un renouvellement profond de la conscience humaine associé à une libération due à une rupture totale avec les conditionnements antérieurs. dans cet ensemble, reprenant la formule de son contemporain michelet, intervenait la « découverte du monde et de l’homme » dans l’italie du Xve siècle, c’est-à-dire rien de moins que l’apparition de la conscience singulière et de la représentation réaliste de la figure humaine, et le développement d’une géographie. Or l’on sait depuis longtemps que ce que nous jugeons « médiéval » perdure dans la culture du Xvie siècle et que chez les mêmes individus, des traits culturels « médiévaux » voisinent avec des traits « modernes », etc. Pour rester dans le domaine des écrits encyclopédiques et géographiques, l’œuvre d’un Brunet Latin († 1294) présente déjà tous les traits de la culture qui sera définie comme « humaniste » quelques décennies plus tard.

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dans le domaine de la cartographie, on assiste à partir du début du XXe siècle à des tentatives continues de classer les mappae mundi qui se présentent sous des formes diverses. En gros, il existe des figures représentant l’espace habité et des figures représentant la sphère terrestre, catégories qui peuvent se subdiviser en souscatégories multiples plus ou moins imaginaires. Les historiens de la cartographie ont longtemps raffiné à l’extrême une taxinomie détaillée. Le résultat achevé de cette tendance est l’ouvrage de marcel destombes [Mappemondes A.D. 1200-1500, Amsterdam, 1964 (monumenta cartographica vetustioris aevi, 1), XXXii-322 p.]. Toujours utile, ce répertoire colligé par un esprit enthousiaste – et rempli d’erreurs – a eu une certaine et inutile postérité. il est fondé sur une distinction fausse entre les cartes qui reproduiraient l’image de la terre sphérique, héritière de la science antique, et celles qui traduisent le prétendu concept médiéval de terre plate. En évitant de se pencher sur les idées et les motivations de leurs auteurs, il a stérilisé la recherche pour quelques décennies [critique de cette tendance dans Gautier dalché (P.), « Mappae mundi antérieures au Xiiie siècle dans les manuscrits de la Bibliothèque nationale de France », dans Scriptorium, t. 52, 1, 1998, p. 102-162]. Plus récemment, une somme a renouvelé ce champ d’études. deux tomes de The history of cartography préparée à l’université de Wisconsin par david Woodward 9

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Introduction ont donné une vue plus objective des monuments cartographiques en s’efforçant de les situer dans l’environnement intellectuel et social de leurs auteurs : • t. i : Cartography in Prehistoric, Ancient and medieval Europe and the Mediterranean, Chicago-Londres : Chicago university Press, 1987 (version électronique à http://www.press.uchicago.edu/books/HOC/HOC_v1/volume1.html) ; • t. iii : Cartography in the European Renaissance, 2 vol., 2007, 2180 p. Les auteurs, malgré leur souci de renouvellement, n’ont pas totalement abandonné l’ancienne opposition moyen Age / Renaissance ni l’idéologie progressiste qui réapparaît subrepticement, par exemple dans le qualificatif de « transitionnelles » appliqué à des mappemondes du Xive siècle qui utilisent le dessin de la méditerranée des cartes marines. Transition vers quel stade ? Celui, évidemment, de la « redécouverte » de la Géographie de Ptolémée au Xve siècle qui, enfin, procurerait des cartes « justes » parce que fondées sur le réseau des méridiens et des parallèles. Pour situer la cartographie médiévale dans un contexte plus large, on recourra à schneider (ute), Die Macht der Karten. Eine Geschichte der Kartographie vom Mittelalter bis heute, darmstadt : Primus, 2004, 144 p.

4. tendances récentes 1. Prépondérance de l’étude des cartes

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Alors que l’historiographie s’est surtout intéressée aux textes jusque vers les années 1980, ce sont les cartes qui, depuis, ont fait l’objet d’une attention soutenue et de travaux souvent nouveaux, notamment de la part des historiens de l’art. Cette modification d’accent a eu des effets positifs, en ce qu’elle a permis de mieux approcher des représentations jusque là ou bien négligées, ou bien vues comme le simple effet de la « naïveté » médiévale. de tels travaux ont montré à quel point les mappae mundi étaient des entreprises réfléchies ; elles mobilisent des connaissances de toute nature et expriment des concepts théologiques complexes, tout en étant des supports de méditation et en offrant des représentations de l’espace réalistes et opératoires (pour leurs créateurs et ceux qui les contemplaient). mais ce choix exclusif comporte des dangers. d’une part, l’étude des textes a en conséquence été négligée ; et les représentations figurées, par leur caractère énigmatique, suscitent parfois des interprétations qui surimposent des a priori théoriques subtils aux documents. Par là, l’anachronisme caractéristique des travaux « progressistes » antérieurs réapparaît sous une forme nouvelle. deux exemples de ces dérives sont donnés par : • Connolly (daniel K.), The maps of Matthew Paris. Medieval journeys through space, time and liturgy, Woodbridge : The Boydell Press, 2009, X-224 p., aux interprétations personnelles fondées sur de nombreuses erreurs de lecture (voir compte rendu dans Le Moyen Age, t. 118, 2012, p. 265) ; • Lilley (Keith), City and cosmos : the medieval world in urban form, Londres : Reaktion Books, 2009, 256 p., où le néoplatonisme explique la création des villes neuves médiévales (voir compte rendu dans Francia-recensio, 2011-1 (http://www. perspectivia.net/content/publikationen/francia/francia-recensio/2011-1/mA/lilley_ gautier-dalche?set_language=it).

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Introduction On trouvera en revanche un modèle d’analyse précise et compréhensive d’une représentation figurée de la France, élaborée dans le cadre idéologique du conflit avec l’Angleterre, dans Serchuk (Camille), « Picturing France in the fifteenth century : the map in BNF ms Fr. 4991 », dans Imago mundi, t. 58. p. 133-149. 2. Un « spatial turn » ? A la fin des années 1980 est apparue aux Etats-unis la notion de « spatial turn », rapidement associée au succès acquis dans les mêmes lieux par ce qui y est appelé la « French theory ». dans les nombreuses discussions qui ont suivi, il est fort difficile de lui trouver un contenu concret. Plus qu’une attention particulière à l’espace, il semble s’agir, dans l’esprit de plusieurs de ses promoteurs, d’un changement de paradigme scientifique : l’espace ne serait plus une réalité neutre dans laquelle interviennent les processus sociaux et les produits intellectuels, mais une construction sociale dont les déterminants spécifiques sont à analyser dans chaque configuration. il est à craindre que l’on n’ait retrouvé là que des banalités sociologiques. L’un des maîtres des travaux relevant de ce courant écrit ainsi que l’espace au moyen Age se concevait comme « un ensemble hiérarchisé de lieux : lieux sacrés et lieux profanes, lieux protégés et lieux au contraire ouverts et sans défense, lieux urbains et lieux campagnards » [Foucault (michel), « des espaces autres », dans Dits et écrits, 19761988, t. ii, Paris : Gallimard, 2001, p. 1572]. il est facile d’observer que ce semblant de définition s’applique à n’importe quelle société – y compris la nôtre. [Pour une initiation à cette élaboration théorique en surplomb appliquée à la cartographie ainsi qu’à l’histoire du paysage, voir Cosgrove (denis), Apollo’s eye : a cartographic genealogy of the earth in the western civilization, Londres, Baltimore : The John Hopkins university Press, 2001 ; Torre (Angelo), « un “tournant spatial en histoire” ? Paysages, regards, ressources », dans Annales, économies, Sociétés, Civilisations, t. 63, 2008, p. 1127-1144].

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2. BUT ET STRUCTURE DE L’OUVRAGE

Le but de cet ouvrage d’initiation est modeste. En écartant (autant que possible) les a priori idéologiques, il veut indiquer une méthode pour examiner et comprendre la façon dont les auteurs médiévaux élaboraient la représentation du monde terrestre. il part d’un présupposé : cette représentation, qu’elle soit le fait d’« hommes de cabinet » ou de « praticiens », avait un sens et était opératoire. C’est la tâche de l’historien des représentations que de découvrir ce sens et cette fonction, en faisant abstraction des idées spontanées ou des jugements a priori plus ou moins conscients, plus ou moins critiqués dans lequel son temps le fait baigner. sous ce rapport, il y a en particulier un préjugé nouveau qui vient renforcer les anciens. Nous vivons dans un monde entièrement imprégné de techniques dont le contenu n’est en général pas maîtrisé par leurs utilisateurs. La moindre tâche de la vie quotidienne est devenue impossible sans elles, et toute une idéologie technologique complexe dans ses ramifications (bien qu’extrêmement simpliste dans son fondement) a pour fonction de justifier leur existence. il devient donc encore plus difficile de comprendre des outils dont le moyen Age a disposé, comme par exemple la carte marine, sans plaquer sur eux cette omniprésence de la technologie dans notre monde ; on oublie ainsi que de 11

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Introduction nombreux gestes étaient indépendants de toute technologie, et que la technique n’avait pas alors le poids déterminant qu’elle a acquis dans notre conception du monde.

Le plan du volume répond à ces préoccupations. une première partie apporte une vision d’ensemble de l’évolution de la géographie médiévale, en situant les auteurs et les textes dans leur contexte intellectuel et en insistant sur les continuités avec l’Antiquité mais aussi sur l’originalité des conceptions propres au moyen Age, enrichies par le contact avec la science antique transmise par les Arabes. une seconde partie apporte une présentation problématique et critique des documents touchant l’espace géographique, selon une conception à la fois large et restreinte du thème. Elle est large en extension. Le plan part des cieux et de leur influence sur la terre (chapitre 1) pour aboutir, par de successifs agrandissements de l’échelle considérée, aux cartes à grande échelle, à la pièce de terre et aux aspects techniques de sa mesure (chapitres 5 et 6). La représentation des espaces terrestres occupe nécessairement une place importante : c’est là en effet que l’on peut saisir au plus près les modes de réflexion des esprits très divers par leurs motivations qui s’intéressèrent au sujet (chapitre 2). Les espaces maritimes conduisent à étudier la genèse et l’utilisation des cartes marines (chapitre 3). Le voyage n’est pas ici examiné en lui-même, mais en tant qu’il apporte des notions sur des espaces proches ou lointains (chapitre 4).

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Ce choix peut surprendre ; il découle du souci de montrer que l’étude des représentations de l’espace n’est pas à proprement parler de la géographie au sens où nous l’entendons et que, pour les comprendre, il faut être au fait de disciplines variées, qui ne sont extérieures qu’en apparence : l’histoire de l’astronomie, de l’astrologie, de la théologie, du droit, de la technique La présence d’un chapitre sur la cartographie locale se justifie par la nouveauté de ce champ de recherche, actuellement en plein développement ; celui de la mesure du sol, lui aussi nouveau, lui est évidemment lié, puisque la pratique de la mesure – quelle que soit la forme qu’elle prenne – est associée à la représentation figurée d’espaces.

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mais cette seconde partie est volontairement restreinte en compréhension, parce qu’elle se limite au seul domaine de la représentation de l’espace à ses différentes échelles. On ne trouvera donc pas ici – sinon marginalement – de considérations ni de documents sur le rôle de l’espace perçu et représenté dans la formation des territoires ou des identités : c’est là un champ d’études différent, qui met en jeu des réalités sociales et mentales autres et qui relève davantage de l’histoire sociale ou culturelle. En résumé, cette seconde partie veut répondre à une question simple, sans se soucier de dessiner une évolution : comment, par quels procédés, à partir de quels principes les hommes du moyen Age, souverains, savants, voyageurs, commerçants, marins connaissaient-ils et analysaient-ils l’espace de leurs activités en vue de le penser, et quels étaient les effets spécifiques de ces connaissances ?

3. HEURISTIQUE 1. où trouver la « géographie » médiévale ? Comme on s’en rendra compte dans les documents commentés, si l’on s’attache plutôt aux représentations de l’espace qu’à la « géographie », c’est dans tous les 12

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Introduction genres de texte qu’on les rencontrera : dans les encyclopédies, mais aussi dans les chroniques universelles et dans les histoires régionales ou locales, dans les traités de philosophie naturelle et d’astronomie ou d’astrologie, dans les vies de saints, dans les traités de théologie et d’exégèse… La prise en compte du spectre le plus large possible de genres littéraires, outre qu’elle procure souvent d’heureuses surprises généralement négligées par les historiens de la géographie, a l’avantage d’étendre le champ d’analyse et de poser de nouvelles questions, bien au-delà de la mesure d’un illusoire « progrès des connaissances ». il serait faux d’autre part de croire que les données transmises par ces textes sont toujours livresques et répétitives. il en va de même pour les représentations figurées : on rencontre des cartes, mappae mundi, schémas et diagrammes, croquis topographiques dans des manuscrits très variés, des classiques latins (salluste, Lucain, macrobe ) aux traités de philosophie naturelle, ce qui permet de battre en brèche l’opinion selon laquelle le moyen Age n’aurait pas connu de véritable culture cartographique.

L’abondance des textes et des documents figurés, leur disponibilité électronique croissante conduisent à penser que nous connaissons l’essentiel de la production médiévale. il n’en est rien. d’une part, une partie notable de l’érudition antérieure est souvent perdue ou négligée. il y a donc beaucoup à glaner dans les revues savantes du XiXe siècle lues de façon systématique. surtout, les fonds manuscrits des bibliothèques sont une mine encore en grande partie inexplorée, notamment pour les derniers siècles du moyen Age où les manuscrits se multiplient. Le dépouillement des catalogues de manuscrits récompense toujours le chercheur en lui offrant des textes inédits plus susceptibles de remettre en cause les idées admises que le recours à des théories. des enquêtes de cette nature et la rédaction d’inventaires spécifiques sont une condition essentielle d’une meilleure connaissance de ces questions.

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2. Pour une première initiation

En langue française, il n’existe guère d’ouvrages généraux permettant de prendre une vue d’ensemble de la question. une synthèse élaborée suivant les principes développés ici et tenant compte de l’ensemble des textes en apparence éloignés du thème, n’existe pas. Les histoires générales de la géographie et de la cartographie continuent à transmettre les jugements idéologiques mentionnés ci-dessus. une initiation peut être demandée à : • simek (Rudolf), Erde und Kosmos. Das Weltbild vor Kolumbus, munich : C. H. Beck, 1992, 219 p. (trad. anglaise : Heaven and earth in the Middle Ages : the physical world before Columbus, Woodbridge : Boydell Press, 1996, Xii-164 p. ; l’ouvrage est rapide et comporte des lacunes dommageables (voir le compte rendu par Gautier dalché [P.], dans Annales, Histoire, Sciences sociales, juillet-octobre 1998, p. 978-979). • Edson (Evelyn), Mapping time and space : how medieval mapmakers viewed their world, Londres : British Library, 1997 (British Library studies in map history, 1), Xii-210 p. ; • Edson (Evelyn), The world map, 1300-1492. The persistence of tradition and transformation, Baltimore: The Johns Hopkins university Press, 2007, 305 p. • Gautier dalché (P.), « Le temps et l’espace », dans Le Moyen Age en lumière. Manuscrits enluminés des bibliothèques de France, sous la dir. de Jacques dalarun, Paris : Fayard, 2002, p. 35-63. 13

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Introduction Enfin, des catalogues d’expositions mettent à la disposition du public de nombreuses reproductions de cartes accompagnées d’études plus ou moins bien informées. Parmi les plus récentes, on citera : • Cristoforo Colombo e l’apertura degli spazi : mostra storico-cartografica, sous la dir. de Guglielmo Cavallo, 2 vol., Rome : istituto poligrafico e Zecca dello stato, 1992, Xvii-115 p. ; • Imago mundi et Italiae. La versione del mondo e la scoperta dell’Italia nella cartografia antica, sous la dir. de Luciano Lago, 2 vol., Trieste : La mongolfiera, 2003 ; • Segni e suogni della terra. Il disegno del mondo dal mito di Atlante alla geografia delle reti, sous la dir. de Carlo Pirovano, Novare : de Agostini, 2001, 286 p. ; • Magnificent maps : power, propaganda and art, sous la dir. de Peter Barber et Tom Harper, Londres : The British Library, 2010 176 p. • L’Age d’or des cartes marines. Quand l’Europe découvrait le monde, sous la dir. de Catherine Hofmann, Hélène Richard, Emmanuelle vagnon, Paris : seuilBibliothèque nationale de France, 2013, 255 p. il existe par ailleurs de nombreux sites internet qui permettent de visualiser des cartes (par exemple http://www.henry-davis.com/mAPs/carto.html ; ou http://www. cartographic-images.net ; les commentaires associés sont loin d’être toujours au point). Le site suivant est le plus riche en liens variés, quoique d’un usage assez complexe : http://www.maphistory.info/index.html.

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