Tarifs transports scolaires : les familles trinquent

19 juil. 2018 - lions d'euros issus des trans- ports scolaires », argumentait t-il à ce moment là. Alors que la Métropole a an- noncé hier en grande pompe.
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La Marseillaise / jeudi 19 juillet 2018

NOTRE DOSSIER

Tarifs transports scolaires : les familles trinquent 220

Aix-MArseille La Métropole et la Région ont voté l’harmonisation des tarifs des transports scolaires pour la rentrée prochaine. Élus et familles dénoncent une hausse injustifiée des abonnements.

euros par an de tarification pour les élèves de la Métropole circulant sur le réseau historique de RTM, donnant également accès à tous les autres réseaux de transports métropolitains. Un autre tarif de 60 euros a été fixé, valable sur tous les réseaux hors RTM.

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armoniser » les tarifs des transports scolaires à la rentrée prochaine. Voilà le souhait de la Région et de la Métropole, désormais compétentes en matière de transports scolaires (voir encadré ci-contre). La justification ? La multitude de tarifs : six au total, allant de 0 à 220 euros par an, existent pour autant de départements dans la région. Seulement « l’harmonisation » ressemble fort à une « augmentation » des tarifs. La Métropole a donc décidé de deux tarifs : 220 euros pour les élèves résidant en zone RTM et 60 euros pour ceux qui vivent en dehors. Pas de tarification différente en fonction de l’éloignement du lieu du domicile : tout le monde est logé à la même enseigne, exceptés les élèves boursiers et les familles nombreuses (voir chiffres). La Région, elle, a choisi un tarif de 110 euros pour les élèves habitant hors Métropole ou se rendant dans un établissement hors de cette zone. « En réalité, cette harmonisation s’est faite par le haut : dans la plupart du territoire métropolitain, ce sont les familles qui vont régler la note », explique Marc Poggiale, conseiller métropolitain (PCF). « L’harmonisation a fait payer tout le monde plus cher et aboutit à une différenciation », abonde Séverine Gilles, présidente du Mouvement

110 euros par an de tarification pour les autres élèves hors Métropole. Un abonnement géré par la Région qui peut être ramené à 80 euros pour un élève interne voire 10 euros pour les familles les plus démunies (quotient familial inférieur à 700 euros par mois).

50% Prendre le bus pour aller à l'école va devenir plus cher à la rentrée.

Parents d’élèves des Bouchesdu-Rhône. Pour garantir la gratuité ou maintenir des tarifs réduits, la Métropole laisse le choix aux rassemblements de communes de compenser cette hausse ou non (voir ci-dessous). Une compensation d’autant plus difficile à assumer que les dotations de l’État aux collectivités locales sont en baisses.

Égalité mise à mal

Du côté de la Métropole, on se défend de toute hausse injustifiée. Ses services assurent avoir recherché un juste équi-

de réduction, sur la Métropole, pour les élèves boursiers ou bénéficiaires de la CMU. Une réduction de 20 % est appliquée pour les familles nombreuses (3 enfants et plus).

afp

libre entre la participation de la famille et le coût de transport d’un élève pour la collectivité. Ils déclarent supporter 90% du coût des transports scolaires, évalué à 1 000 euros par an en moyenne par élève. Lors de la séance du 28 juin, Jean-Pierre Serrus, vice-président (LREM) avait rejeté un amendement pour la gratuité par « pragmatisme et raison ». « Nous ne pouvons pas nous passer des 7 millions d’euros issus des transports scolaires », argumentait t-il à ce moment là. Alors que la Métropole a annoncé hier en grande pompe

une marque unique pour la mobilité sur son territoire dont le coût pourrait s’élever à près de 5 millions d’euros en quelques années (voir page 6), les propos ont de quoi surprendre. Même son de cloche du côté de la Région. « La baisse des dotations de l’État et l’équité territoriale nous ont poussé à choisir ce tarif de 110 euros », explique Cyril Juglaret, conseiller régional (LR). « La loi NOTRe nous a confronté à un problème que nous n’avons pas choisi », justifie l’élu. Pour certaines familles, cela peut représenter une aug-

mentation de 110 euros par an et par enfant. « Les élèves habitant hors Métropole sont les grands perdants de cette nouvelle tarification », détaille Aurore Raoux, conseillère départementale sur le canton d’Arles. A la Région, on n’exclut pas des arrangements futurs avec des communes pour limiter la hausse de tarif. En toile de fond : c’est le principe d’égalité et de gratuité de l’école qui est mis à mal. Et Aurore Raoux de conclure : « à nouveau, on créé des inégalités inacceptables ». Marius Rivière

Les territoires puisent dans leur budget pour maintenir la gratuité Face au tollé soulevé par l’harmonisation des tarifs des transports scolaires, la Métropole a laissé la possibilité à certaines communes de maintenir la gratuité au sein de leur territoire... A condition qu’elles financent l’opération. Pays de Martigues, Aubagne Pays de l'Étoile et Istres Ouest Provence sont parvenus à maintenir la gratuité. Les élus ne décolèrent pas.

Henri Cambessedes (PCF), premier adjoint à Martigues

Patricia Fernandez-Pédinielli (PCF), maire de Port-de-Bouc

lA Martigues, de façon

lLa situation est totalement injuste

historique, nous avons toujours opté pour la gratuité des transports scolaires. Avec le transfert des compétences, nous avons été sommés de nous plier aux exigences tarifaires de la Métropole. Pour nous, il était hors de question de faire payer les familles, nous avons préféré maintenir cet avantage que l’on considère comme un acquis pour la population. Cette harmonisation des prix ne devrait

et injustifiée. Avant la mise en place de la loi NOTRe, nous avions créé une régie publique des transports avec Saint-Mitre et Martigues (CAPEM) qui garantissait la gratuité des transports scolaires pour toutes les familles. Avec l’harmonisation des prix par la Métropole, on se retrouve à payer de 20 à 30 000 euros pour maintenir la gratuité ! C’est un comble. Mais il nous a semblé essentiel de maintenir ce service sur lequel nous nous étions engagés.