TRANSCRIPTION Presqu' île de Gallipoli, le 3 septembre 1915 R. P. Mallet Supérieur au Scolasticat des Pères Blancs Carthage Tunisie Cher et vénéré Père, C'est toujours avec beaucoup de plaisir que je reçois le “petit communiqué de Carthage”. Recevoir des nouvelles de la maison, des confrères qu'on a quittés, tant de souvenirs, cela fait du bien. Avec quelle joie aussi j'ai reçu la photographie de Notre Dame du Retour que vous avez bien voulu m'envoyer. À quand ce beau jour du retour? À l'ambulance, toujours beaucoup de malades. Nous avons dépassé 200 par jour. On les logeait un peu partout, 3 pour deux lits, puis encore par terre, soit sur un brancard, soit sur la dure quand il n'y en avait plus. On va agrandir nos domaines, construire plusieurs baraquements en bois et un bruit court que ce serait l'hôpital de campagne, où se trouve le frère Cavalerie, qui viendrait ici nous remplacer?… Où irons nous alors? Nous n'en savons encore rien - probablement à leur place fonctionner comme ambulance. Du front, le journal du R.P. Arsène vous en dira plus long et mieux que je ne pourrais le faire. Il y a 4 jours nous nous sommes tous trouvés réunis. Les 3 Pères, les frères Verdoux, Cavalerie, Chabot, Henri et moi ainsi que Mr l'abbé Jacquemont. Tous les 9 nous avons passé la soirée dans la tranchée du Père Sabeau. Là les doux souvenirs pas plus que la joie n'ont manqué. Nous avons terminé notre soirée par la récitation du chapelet et de la prière. Il y avait longtemps que je n'avais eu ce bonheur. À l'ambulance, presque tous les infirmiers ont eu la fièvre du pays, quelques uns l'ont encore ce qui fait que j'ai à m'occuper de 2 salles de malades, soit 36 lits. Le frère Brunel, mon compagnon, n'en a pas été exempté et voilà 3 jours qu'il est au lit. Jusqu'à notre médecin chef et à notre officier d'administration qui ce matin sont restés au lit avec une forte fièvre. Le R.P. Müller compte parmi nos malades. Il est ici depuis 3 jours. Il a eu de la fièvre et un mal de tête affreux durant 3 ou 4 jours. Depuis avant-hier la fièvre est tombée et le mal de tête a fortement diminué. Une première analyse d'urine a détecté une forte quantité d'albumine. Une deuxième décidera de son départ soit à Tenedos, soit en France. Il a l'air fatigué et est fort maigre. Il espère avoir l'autorisation de dire la messe demain, 1er vendredi. Pour moi, fidèle à la consigne, je ne suis pas du tout malade. Adieu, cher et vénéré Père. Priez beaucoup pour nous. Frère Fontugne Tampon: Trésor et Postes 194 – 3 septembre 1915 Tampon: Tunis R P – Tunisie – 8/9/15 Tampon: Régence de Tunis – Carthage – 8/9/15