Vampires - Editions Ellipses

8 sept. 2011 - explications renforcent encore le stéréotype occidental classique considérant le corps des femmes pendant la menstruation comme « sale » et ...
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vampires

au-delà du mythe

M. Boutet

DOSSIER DE PRESSE

Marjolaine Boutet

Collection « Culture Pop », dirigée par Thibaut de Saint-Maurice - éditions Ellipses 9782729864026 • 256 pages • 12,50 E

contact presse : Laurence Chagneau, éditrice - [email protected]

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ouvrage est d’explorer, de tenter e ce qui se cache derrière ces histoires d’en révéler les clés, les clichés, le sens, d’en exposer les implications et culturelles, pour aller au-delà du

Collection « Culture Pop », dirigée par Thibaut de Saint-Maurice éditions Ellipses 9782729864026 • 256 pages • 12,50 E

contact presse : Laurence Chagneau, éditrice - [email protected] M. Boutet

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comme hier, le vampire fascine, rebute. Qu’y a-t-il donc dans cette cite autant l’imagination des hommes ? fait-il qu’en 2011 les histoires de mmencer par Twilight) aient toujours ès ? Plus d’un siècle après la parution Bram Stoker, après des centaines mans, d’épisodes de séries télévisées, de bandes dessinées et même de jeux médies musicales, n’a-t-on pas dit tout à dire sur le sujet ?

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aine Boutet est maître de conférences en histoire poraine à l’université de Picardie-Jules Verne, ste de l’histoire des États-Unis, passionnée par ure populaire en général et les séries télévisées iculier.

Illustration de couverture : © Stasys Eidiejus - Fotolia.com

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« Que vous vous intéressiez aux fondements historiques de la mythologie des vampires (vous découvrirez ici quelques figures particulièrement terrifiantes et bien réelles), aux classiques admirables de la littérature de vampires, étudiés ici avec une finesse inégalée, aux narrations et gestuelles des films les plus marquants (de Murnau à Polanski, Coppola et Carpenter), à des héros de séries télévisées aussi remarquables que Buffy, Angel ou Bill Compton, mais aussi à des personnages moins connus et tant aimés comme Spike, Eric et Godric, ou au délire Twilight et à la vogue de la bit lit (ou « littérature mordante pour jeunes filles », genre : la vampire accro au shopping), vous trouverez dans Vampires, au-delà du mythe de quoi satisfaire tous vos désirs, même — et peut-être surtout — les plus pervers ! L’érudition diabolique et méticuleuse de Marjolaine Boutet — éminente spécialiste d’histoire contemporaine et remarquable connaisseuse des séries télévisées — touche, dans un grand esprit d’égalité, tous ces sujets, et surtout, en montre, avec une jubilation contagieuse, leur unité et leurs interactions. » extrait de la préface de Sandra Laugier

Aujourd’hui comme hier, le vampire fascine, interroge ou rebute. Qu’y a-t-il donc dans cette créature qui excite autant l’imagination des hommes ? Comment se fait-il qu’en 2011 les histoires de vampires (à commencer par Twilight) aient toujours autant de succès ? Plus d’un siècle après la parution de Dracula de Bram Stoker, après des centaines de films, de romans, d’épisodes de séries télévisées, de chansons, de bandes dessinées et même de jeux vidéo et de comédies musicales, n’a-t-on pas dit tout ce qu’il y avait à dire sur le sujet ? Le but de cet ouvrage est d’explorer, de tenter de comprendre ce qui se cache derrière ces histoires de vampires, d’en révéler les clés, les clichés, les symboles et le sens, d’en exposer les implications idéologiques et culturelles, pour aller au-delà du mythe… Marjolaine Boutet est maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Picardie-Jules Verne, spécialiste de l’histoire des États-Unis, passionnée par la culture populaire en général et les séries télévisées en particulier.

ui comme hier, le vampire fascine, u rebute. Qu’y a-t-il donc dans cette excite autant l’imagination des hommes ? e fait-il qu’en 2011 les histoires de ommencer par Twilight) aient toujours ccès ? Plus d’un siècle après la parution de Bram Stoker, après des centaines romans, d’épisodes de séries télévisées, , de bandes dessinées et même de jeux omédies musicales, n’a-t-on pas dit tout ait à dire sur le sujet ?

et ouvrage est d’explorer, de tenter dre ce qui se cache derrière ces histoires s, d’en révéler les clés, les clichés, et le sens, d’en exposer les implications s et culturelles, pour aller au-delà du

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Sommaire Introduction .................................................................................................15 Les origines du mythe ............................................................................ 17 Les vampires et les cadavres ................................................................18 Dans l’Occident médiéval ................................................................... 18 En Chine ................................................................................................20 Hystérie collective et mutilations de cadavres ...............................21 Les rituels slaves contre les vampires................................................. 21 Les cas rapportés par les autorités autrichiennes ............................22 Le travail de deuil....................................................................................27 Le deuil à l’époque médiévale.............................................................27 Les questionnements contemporains ................................................29

Le vampire et la mort ............................................................................. 33 Conjurer la mort par la superstition.................................................33 Les objets ................................................................................................34 Les rituels ...............................................................................................34 Le vampire et le christianisme .............................................................37 Les vampires et le catholicisme ..........................................................37 Les vampires et le dualisme ................................................................39 Les vampires et les autres religions chrétiennes ..............................44 Une vie après la mort « tangible » ......................................................47 Une immortalité tentante ....................................................................47 Une immortalité inquiétante ..............................................................49 9

ui comme hier, le vampire fascine, u rebute. Qu’y a-t-il donc dans cette excite autant l’imagination des hommes ? e fait-il qu’en 2011 les histoires de ommencer par Twilight) aient toujours ccès ? Plus d’un siècle après la parution de Bram Stoker, après des centaines romans, d’épisodes de séries télévisées, , de bandes dessinées et même de jeux omédies musicales, n’a-t-on pas dit tout ait à dire sur le sujet ?

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La mort comme alternative...................................................................51 Le repos éternel ..................................................................................... 51 La souff rance éternelle ......................................................................... 52

Le vampire et la morale.........................................................................55 Le vampire et le Mal ...............................................................................55 L’origine du Mal ....................................................................................56 Les personnages historiques ayant inspiré les histoires de vampires ......................................................................58 Des serial killers inspirés par les histoires de vampires .................64 La morale et la conscience ....................................................................70 Les vampires sans âme.........................................................................71 Le combat du Bien contre le Mal chez les romantiques ..................71 La perversion comme maladie ...........................................................73 La difficulté de « faire le Bien » ..........................................................75 Faire le Bien (ou pas) ............................................................................ 76 Faire le Bien sans rétribution ..............................................................79 La liberté de faire le Bien ..................................................................... 81

Le vampire et la science ........................................................................85 Le vampire comme substitut à la science .........................................85 Les malformations congénitales comme « signes de vampirisme » .......................................................86 Le vampire comme cause des maladies.............................................88 Le vampire comme reflet des progrès de la pensée scientifique ........................................................................92 Les médecins et les scientifiques dans les romans de vampires du XIXe siècle ........................................................................................92 Virus et génétique au XXe siècle .........................................................95

Le vampire et la peur..............................................................................99 Des peurs universelles ............................................................................99 Les démons suceurs de sang non occidentaux .................................99 La Chupacabra ....................................................................................100 La peur des animaux nocturnes........................................................101 La chauve-souris .................................................................................102 Le loup ..................................................................................................103 10

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ui comme hier, le vampire fascine, u rebute. Qu’y a-t-il donc dans cette excite autant l’imagination des hommes ? e fait-il qu’en 2011 les histoires de ommencer par Twilight) aient toujours ccès ? Plus d’un siècle après la parution de Bram Stoker, après des centaines romans, d’épisodes de séries télévisées, , de bandes dessinées et même de jeux omédies musicales, n’a-t-on pas dit tout ait à dire sur le sujet ?

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Les peurs de l’adolescence ..................................................................105 Buffy contre les vampires et le passage à l’âge adulte .....................106 Twilight et la peur de changer ........................................................... 110 The Vampire Diaries et la quête de soi ............................................. 113 Les peurs d’une époque .......................................................................114 Les peurs du XIXe siècle .................................................................... 115 Les peurs de l’entre-deux-guerres .................................................... 116 Les peurs des années 1950 ................................................................. 117 Les peurs post-guerre froide ............................................................. 119

Le vampire et le désir sexuel ............................................................121 Le mystère du désir ...............................................................................121 Éros et Thanatos..................................................................................121 La morsure comme métaphore de l’acte sexuel .............................123 Le rapport à l’Autre ............................................................................126 La sexualité réprimée au XIXe siècle ..............................................128 Goethe et la critique de la répression sexuelle ...............................129 Le premier vampire « sex symbol »..................................................130 Et Bram Stoker créa Dracula.............................................................132 Les fantasmes ..........................................................................................133 Le sexe à plusieurs ..............................................................................133 Le viol ...................................................................................................134 L’homosexualité ..................................................................................135 L’inceste ................................................................................................137 De l’érotisme à la pornographie .......................................................139 Le vampire abstinent ............................................................................139 La réhabilitation de la chasteté .........................................................140 Les risques de la sexualité.................................................................. 141

Le vampire et la féminité ....................................................................145 Des mythes anciens ...............................................................................145 Lilith .....................................................................................................146 Lamia ....................................................................................................148 Les succubes ........................................................................................ 149 Les autres démons femelles ............................................................... 149

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ui comme hier, le vampire fascine, u rebute. Qu’y a-t-il donc dans cette excite autant l’imagination des hommes ? e fait-il qu’en 2011 les histoires de ommencer par Twilight) aient toujours ccès ? Plus d’un siècle après la parution de Bram Stoker, après des centaines romans, d’épisodes de séries télévisées, , de bandes dessinées et même de jeux omédies musicales, n’a-t-on pas dit tout ait à dire sur le sujet ?

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Naissance de la « vamp ».....................................................................150 La réinterprétation des mythes au XIXe siècle ...............................150 Émancipation et répression de la sexualité des femmes à la fin du XIXe siècle .........................................................................155 La « vamp », femme fatale sur grand écran ....................................159 Les vampires et le féminisme..............................................................166 Les fictions de vampire et la culture populaire au féminin..........166 L’exception Twilight ............................................................................168 Les fictions de vampires féministes ................................................. 170 Des vampires mâles féminisés ............................................................174 « Le plus beau chez un homme viril, c’est un brin de féminité ; le plus beau chez une femme féminine, c’est un peu de masculinité. » (Susan Sontag) ................................ 174 Inversion des rôles et érotisation du corps masculin .................... 176

Le vampire et l’amour .......................................................................... 179 Le vampire comme incarnation des mythes et fantasmes amoureux ........................................................................180 L’amour au premier regard ................................................................ 181 Le vampire, nouveau prince charmant ...........................................183 Le vampire « expérimenté » ..............................................................184 L’amour éternel ...................................................................................185 Des descriptions plus réalistes des relations amoureuses.........186 Les tensions dans le couple................................................................187 La douleur d’aimer .............................................................................190 Les autres sortes d’amour...................................................................195 Les liens du sang .................................................................................195 Les liens amicaux................................................................................197

Le vampire et la mémoire ...................................................................199 Les vampires héros de romans historiques ...................................199 Dracula à travers les âges...................................................................199 Le comte de Saint-Germain, d’escroc véritable à héros fictif de romans historiques ........................................................................204 Les vampires et l’Histoire ..................................................................207

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Les vampires et le souvenir ................................................................209 Le rapport au passé dans les séries Buff y et Angel ......................... 210 La place de la guerre de Sécession dans les séries télévisées récentes.................................................................................................212 Le vampire et le voyage dans le temps ............................................214 Le voyage dans le temps comme ressort mélodramatique dans Dark Shadows ............................................................................ 214 Le voyage dans le temps comme expérience religieuse chez Anne Rice.................................................................................... 215

Le vampire et la société ....................................................................... 217 Le vampire comme perturbateur de l’ordre social à la période médiévale et moderne ...................................................218 Le marginal ......................................................................................... 218 Le parasite ............................................................................................ 219 L’affirmation de l’individualité à l’ère romantique ...................220 Une séduisante liberté........................................................................220 Dracula le rebelle ................................................................................220 Le vampire, emblème de la contestation des années 1960 et 1970 .......................................................................................................221 Le vampire et la libération sexuelle .................................................221 Le vampire noir ...................................................................................223 Le vampire et la crise économique ...................................................224 Affirmation ou contestation de la norme à la période actuelle ..............................................................................225 Les vampires délinquants des années 1980 ....................................225 Le vampire « queer » des années 1990 et 2000 ...............................226

Conclusion : le vampire aujourd’hui ........................................... 231 Bibliographie indicative ......................................................................233 Index des œuvres littéraires citées................................................235 Index des fi lms cités .............................................................................241 Index des séries télévisées citées ....................................................243

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de la fin du XVIIIe siècle : celui de la chasteté et de l’amour courtois. C’est très vraisemblablement grâce à son récit d’un amour aussi chaste qu’absolu que Stephenie Meyer est parvenue à séduire des millions de personnes, et principalement des femmes, aux quatre coins du monde.

La réhabilitation de la chasteté Le thème central de ses romans est la découverte de la sexualité à l’adolescence, lorsque les jeunes garçons ont peur de faire mal à celle qu’ils aiment et que les jeunes fi lles ont à la fois peur et envie de perdre leur virginité. Les sentiments confus de l’adolescence y sont brillamment décrits1. Loin des représentations médiatiques ultra-sexualisées des adolescents (et surtout des adolescentes), le succès de Twilight rappelle que beaucoup de jeunes gens ne considèrent pas les relations sexuelles comme quelque chose de banal, et qu’ils redoutent souvent de « souiller » leurs amours si pures par l’acte sexuel, facteur de risques (grossesse, maladies sexuellement transmissibles). Ces sentiments sont encore plus vifs aux États-Unis où les groupes prônant la chasteté avant le mariage sont puissants, et où les cours d’éducation sexuelle ne prêchent que l’abstinence comme moyen de contraception. L’appartenance de l’auteure à l’Église mormone, qui elle aussi prône l’abstinence jusqu’au mariage, est également évidente dans ces romans2. Dans Twilight, l’acte sexuel entre Edward et Bella est constamment présenté comme extrêmement dangereux et potentiellement mortel pour Bella, qui est « fragile » et à côté de laquelle Edward ne peut se permettre de « perdre le contrôle de lui-même3 ». De plus, Edward fait clairement référence au sexe avant le mariage comme un péché, et même comme « le seul péché qu’il n’ait pas commis » et que par conséquent « sa vertu est la seule chose qu’il ait réussi à préserver4 ». Edward s’est en effet retenu d’avoir des relations sexuelles depuis plus de cent ans, car il ne pouvait pas en avoir dans le cadre des liens du mariage, n’étant pas tombé amoureux. Stephenie Meyer écrit également qu’il s’est refusé pendant la plus grande partie de sa vie à « toute

1. 2. 3. 4.

Cf. le passage sur « les peurs de l’adolescence » dans le chapitre 4. Cf. chapitres « Le vampire et la mort » et « Le vampire et la morale ». Stephenie Meyer, Twilight, Boston, Little, Brown, 2005, p. 310. Stephenie Meyer, Eclipse, Boston, Little, Brown, 2007, p. 454.

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gratification physique1 », faisant sans doute ici allusion à la masturbation, qui ne serait donc pas non plus « morale » ou souhaitable. Tout acte sexuel hors mariage et hors d’une relation amoureuse hétérosexuelle est présenté de façon insistante comme mauvais et dangereux. En outre, Edward protège également « l’âme », la pureté et l’innocence de Bella en refusant de céder à ses désirs sexuels à elle, mais aussi en refusant de la transformer en vampire2. Ce choix est toujours présenté comme la bonne décision, pour sa sécurité à elle, mais aussi pour le bien de leurs âmes et de leur amour, car il est nécessaire aux êtres humains – dans la pensée mormone – de maîtriser leurs instincts grâce à leur volonté, même si les deux amoureux en souff rent, et de plus en plus avec le temps et l’intensification de leur amour3. Le désir d’Edward pour Bella est néanmoins très clairement exprimé par l’effet que produit sur lui « l’odeur » de Bella, et plus particulièrement l’odeur de son sang. L’abstinence n’est donc pas présentée comme un choix « facile », mais comme le « bon choix », qui provoque une certaine souff rance physique et une grande frustration, mais préserve la pureté de l’âme et des sentiments, voire même la vie de l’être aimé4.

Les risques de la sexualité Dans Breaking Dawn, lorsqu’enfin ils sont mariés, les deux jeunes époux consomment physiquement leur amour, mais Stephenie Meyer ne décrit pas l’acte en tant que tel : Bella rejoint nue Edward dans l’océan pendant leur lune de miel, et le lecteur les retrouve ensuite au réveil du matin suivant. Bella ne parle que « d’étreinte », a trouvé que « leurs corps s’emboîtaient parfaitement », signe qu’ils « sont faits pour être ensemble », et apparaît comme totalement satisfaite. Toutefois, Edward est beaucoup plus perturbé, notamment parce qu’il voit que son corps à elle est couvert de bleus, du fait 1. Stephenie Meyer, Breaking Dawn, Boston, Little, Brown, 2008, p. 25. 2. Stephenie Meyer, Eclipse, Boston, Little, Brown, 2007, p. 453. 3. Margaret M. Toscano, « Mormon Morality and Immortality in Stephenie Meyer’s Twilight Series », in Melissa A. Click, Jennifer Stevens Aubrey, Elizabeth BehmMorawitz (eds.), Bitten by Twilight: Youth Culture, Media & the Vampire Franchise, New York, Peter Lang, 2010, p. 25. 4. Carrrie Anne Platt, « Cullen Family Values: Gender and Sexual Politics in the Twilight Series », in Melissa A. Click, Jennifer Stevens Aubrey, Elizabeth Behm-Morawitz (eds.), op. cit., p. 77-78.

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de la violence de la « rencontre » de leurs corps, et de sa force physique à lui. Il a également mordu et éventré un oreiller pendant l’acte sexuel, pour détourner la violence de son désir1. Mais Bella n’a aucun souvenir de tout cela, ni de ce qu’a fait Edward précisément ni de sa douleur, comme si elle quittait son corps au moment de l’acte sexuel2. Bella se tient pour seule responsable de ses bleus, regrettant une nouvelle fois sa « fragilité » et sa maladresse humaines, et dédouane totalement son mari, adoptant ici de façon assez troublante le discours classique des femmes battues3. La représentation de l’acte sexuel tant attendu est donc loin d’être aussi pure et romantique que les longues promenades d’Edward et Bella dans les précédents romans et, dans une conception tout à fait néo-conservatrice de la sexualité, cet acte est immédiatement suivi de conséquences graves puisque Bella tombe enceinte sur le champ. La « punition » des jeunes filles qui s’engagent dans des relations sexuelles (même dans le cadre du mariage) par des grossesses non désirées est en effet devenue un cliché des fictions destinées aux adolescents4. De plus, la grossesse de Bella est surnaturelle et l’enfant à moitié vampire qu’elle porte menace sa vie. Dans Twilight en effet, les vampires mâles sont fertiles car la fertilité masculine, contrairement à la fertilité féminine, n’implique pas de changements physiologiques du corps après la puberté. Toutefois, ces derniers ont rarement des enfants car les mortelles survivent rarement à une relation sexuelle avec eux, et encore plus rarement à ces grossesses hors normes. On peut y voir un avertissement, voire une condamnation, à l’encontre des fantasmes sexuels des femmes à propos des vampires. Malgré les risques qu’elle court, Bella choisit de garder cet enfant, car être enceinte d’Edward donne un sens à sa vie et lui donne la force d’endurer mille tourments (notamment la fracture de ses côtes et un affaiblissement physique général). La description de l’accouchement de Bella par Stephenie 1. Stephenie Meyer, Breaking Dawn, Boston, Little, Brown, 2008, p. 87-92. 2. Danielle Dick McGeough, « Twilight and Transformations of Flesh: Reading the Body in Contemporary Youth Culture », in Melissa A. Click, Jennifer Stevens Aubrey, Elizabeth Behm-Morawitz (eds.), op. cit., p. 91-93. 3. Melissa Ames, « Twilight Follows Tradition: Analyzing “Biting” Critiques of Vampire Narratives for Their Portrayals of Gender and Sexuality », in Melissa A. Click, Jennifer Stevens Aubrey, Elizabeth Behm-Morawitz (eds.), op. cit., p. 40-41. 4. Carrrie Anne Platt (2010), p. 75-76.

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et ouvrage est d’explorer, de tenter dre ce qui se cache derrière ces histoires s, d’en révéler les clés, les clichés, et le sens, d’en exposer les implications s et culturelles, pour aller au-delà du

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Collection « Culture Pop », dirigée par Thibaut de Saint-Maurice éditions Ellipses 9782729864026 • 256 pages • 12,50 E

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contact presse : Laurence Chagneau, éditrice - [email protected] Marjolaine Boutet

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olaine Boutet est maître de conférences en histoire emporaine à l’université de Picardie-Jules Verne, aliste de l’histoire des États-Unis, passionnée par lture populaire en général et les séries télévisées articulier.

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Meyer est proprement cauchemardesque : l’enfant lui fracture le pelvis et la colonne vertébrale, elle se vide de son sang et ce n’est que parce qu’Edward accepte enfin de la transformer en vampire qu’elle survit. Mais ce supplice permet à Bella de parvenir à la félicité : elle est enfin vampire, enfin mère (elle baptise sa fi lle Renesmée, contraction des prénoms de sa mère et de celle d’Edward), c’est-à-dire enfin « elle-même ». La maternité apparaît donc comme la façon d’accomplir sa destinée de femme, et Bella trouve enfin sa place de mère et d’épouse aux côtés de l’homme qu’elle aime et entourée de son clan familial. Selon Kathryn Kane, l’image du vampire dans Twilight a été totalement débarrassée de ses éléments homo-érotiques, et la sexualité y retrouve le cadre patriarcal traditionnel en étant représentée comme uniquement hétérosexuelle, phallique, et où le plaisir n’est pas dissocié de la reproduction1. Dans sa représentation des multiples formes de sexualité (y compris la chasteté), le mythe du vampire montre une nouvelle fois son extraordinaire capacité d’adaptation aux désirs des sociétés et des publics qui peuvent à travers lui explorer leurs fantasmes pas toujours avouables.

1. Kathryn Kane (2010), p. 104.

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[…] Les vampires et le féminisme Les fictions de vampire et la culture populaire au féminin La tétralogie de Stephenie Meyer : Twilight (2005), New Moon (2006), Eclipse (2007) et Breaking Dawn (2008) s’est vendue à plus de 85 millions d’exemplaires dans le monde, a été traduite en 37 langues et est restée 235 semaines dans la liste des best-sellers du New York Times. Le succès phénoménal de ces romans s’explique notamment par l’utilisation habile de l’auteure et de sa maison d’édition des nouveaux médias, et en particulier des réseaux sociaux et des forums sur Internet, établissant des relations étroites avec une communauté de fans essentiellement féminines et très soudées. Les fi lms adaptés des romans de Stephenie Meyer ont également battus des records : 35 millions de dollars dès le premier jour de la sortie de Twilight1 aux États-Unis, un record pour un fi lm réalisé par une femme (la réalisatrice Catherine Hardwicke), et ont séduit un nouveau public, étendant la communauté de fans. En tout, ce premier fi lm a rapporté 350 millions de dollars (presque 10 fois son budget) rien qu’aux États-Unis2, en faisant sans doute le fi lm de vampire le plus rentable de l’histoire. Les fi lms suivants rapportèrent également des centaines de millions de dollars et ses acteurs principaux (Katherine Stewart, Robert Pattinson et Taylor Lautner) sont devenus des stars planétaires. Malgré ces succès commerciaux évidents, les romans comme les films ont été très mal reçus par les critiques, attaquant la prose d’une simplicité confondante de Meyer, les intrigues simplistes, les bons sentiments « dégoulinants », et, en ce qui concerne les fi lms, les défauts d’interprétation et de casting, les dialogues risibles et les effets spéciaux ridicules. Toutefois, dans l’introduction de leur ouvrage Bitten by Twilight: Youth Culture, Media & the Vampire Franchise, Melissa Click, Jennifer Stevens Aubrey et Elizabeth BehmMorawitz rappellent que la plupart de ces critiques sont des hommes, et qu’ils ont pour la plupart une idée très arrêtée de ce que doivent être les fi lms de vampires et les fi lms d’horreur, avec des références puisées davantage dans les fi lms de la Hammer que dans la bit lit (ou « littérature mordante pour 1. Twilight de Catherine Hardwicke (2008). 2. Le fi lm a attiré près de 2,8 millions de personnes dans les salles en France.

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jeunes fi lles ») qui s’est développée depuis le début des années 1990. Selon ces auteurs, cela correspond à une tendance générale consistant à dénigrer les pans de la culture populaire qui plaisent surtout aux femmes (comme les soap operas ou les romans Harlequin), alors que d’autres romans et/ou fi lms suscitant un engouement comparable, mais s’adressant à un public plus masculin, ne font pas l’objet d’un tel mépris, qu’il s’agisse de Star Trek, de Star Wars, du Seigneur des Anneaux, de Harry Potter ou même de Pirates des Caraïbes. Les fans féminines sont ainsi fréquemment qualifiées d’« hystériques », on parle de « fièvre » ou d’« obsession » ou de « folie » Twilight, alors que ces termes sont beaucoup plus rarement utilisés pour qualifier les comportements de fans masculins1. Depuis la fin des années 1980 s’est développé ce qu’on appelle la « chick lit » ou « littérature pour nanas », qui trouve son origine dans les romans sentimentaux et/ou gothiques du XIXe siècle, ainsi que dans les romans Harlequin du vingtième, mais développe des thématiques plus contemporaines et plus féministes, voire « post-féministes ». Les héroïnes ne sont plus simplement des demoiselles en détresse attendant l’homme grand, brun et mystérieux qui leur permettra d’échapper à l’ennui et donnera enfin un sens à leur vie : elles ont des amies fi lles extrêmement importantes, sont indépendantes économiquement et socialement, et l’amour n’est que l’une de leurs préoccupations parmi d’autres (en général le shopping, le sexe et les conversations avec leurs amies, voire le pouvoir, l’argent et leur carrière professionnelle). Les exemples les plus connus de chick lit sont Sex and the City de Candace Bushnell2, Le Journal de Bridget Jones d’Helen Fielding3, et plus récemment la série littéraire Gossip Girl4 . Tous ces romans ont fait l’objet d’adaptations télévisées et/ou cinématographiques, mais les recettes uniquement éditoriales de la chick lit se comptent en centaines de millions de dollars chaque année dans le monde.

1. Melissa A. Click, Jennifer Stevens Aubrey, Elizabeth Behm-Morawitz (eds.), Bitten by Twilight: Youth Culture, Media & the Vampire Franchise, New York, Peter Lang, 2010, p. 5-6. 2. Candace Bushnell, Sex and the City, New York, Warner, 1997. 3. Helen Fielding, The Diary of Bridget Jones, Londres, Picador, 1996. 4. Cecily von Ziegesar a publié 17 livres appartenant à cette série depuis 2002 chez Little, Brown.

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Au sein de la chick lit, la bit lit, littérature racontant l’histoire d’une héroïne jeune et belle (et souvent forte et indépendante) qui tombe amoureuse d’un vampire, est un sous-genre qui connaît un grand succès car, comme le roman gothique en son temps, il mêle amour, érotisme, aventure et horreur, tous les ingrédients susceptibles de faire frissonner le lecteur (et généralement la lectrice). Il est important de noter que la chick lit et la bit lit sont des genres littéraires dominés par des auteures féminines particulièrement prolifiques. On peut citer par exemple Charlaine Harris (au moins 33 romans publiés depuis 1990, dont 12 pour la série de bit lit avec Sookie Stackhouse comme héroïne), Chelsea Quinn Yarbro (plus de 65 romans depuis la fin des années 1970) et Laurell K. Hamilton (une quarantaine de romans depuis le début des années 1990). Ces auteures écrivent de véritables « séries » littéraires, avec en général une héroïne qui raconte ses aventures et ses émois à la première personne (parfois cela peut-être un héros) et la création d’un véritable univers avec une « mythologie » propre. Par le biais d’un univers fantastique peuplé de vampires, de loups-garous, de sorcières et autres créatures surnaturelles, ces fictions relatent les préoccupations des femmes d’aujourd’hui, leurs difficultés et leurs joies amoureuses, amicales, sexuelles, familiales et professionnelles dans un monde « post-féministe » où la place des femmes et leur relation avec « les hommes » restent un enjeu majeur. Comme dans le cas des séries télévisées, ces auteures bénéficient d’un lectorat fidèle et très demandeur, ce qui génère un grand nombre de produits dérivés, d’adaptations en bandes dessinées, fi lms et/ou séries télévisées et fait sortir certains de ces univers des tables de nuit et des sacs à main pour « envahir » la culture mainstream.

L’exception Twilight Les romans de Stephenie Meyer, et plus encore le succès de leurs adaptations cinématographiques, ont incontestablement attiré l’attention des médias et du grand public sur ce phénomène de la bit lit qui se développe depuis près de vingt ans. Toutefois, la saga Twilight est un cas à part et peu représentatif de la bit lit en tant que sous-genre littéraire. Tout d’abord, Stephenie Meyer n’a écrit « que » quatre romans avec Bella pour héroïne, là où ses consœurs dépassent en général les dizaines de volumes, surtout lorsqu’elles rencontrent le succès. Mais surtout, Twilight est un cas à part 168

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dans la bit lit du fait de sa représentation très traditionnelle de « la femme » et des enjeux de la féminité dans le monde d’aujourd’hui. Contrairement à la plupart des autres romans de bit lit, la préoccupation unique de Bella est d’ordre sentimental : sa relation avec Edward prend le pas sur toutes les autres, et elle n’a pas de relations avec des jeunes fi lles de son âge qui préexistent à – ou prennent parfois le pas sur – sa relation amoureuse avec Edward. Le seul enjeu de cette tétralogie, défini dès le premier roman, est le désir de Bella d’aimer Edward pour toujours (ce qui implique sa transformation en vampire). Toutes les aventures qu’ils traversent ont pour fonction de tester et de renforcer leur amour, et toutes ses autres relations – amicales et familiales – sont subordonnées à sa relation avec Edward. D’ailleurs, la « série » s’arrête lorsque Bella est devenue vampire, ainsi que la femme d’Edward et la mère de leur enfant, et que leur destin est désormais scellé pour l’éternité. Bella répond aux stéréotypes féminins traditionnels : elle est extrêmement émotive ; elle doit être constamment protégée par Edward (et/ou Jacob, l’autre « homme de sa vie ») car elle est trop fragile et trop faible pour affronter elle-même les multiples dangers qui la menacent1. En outre, tous les personnages féminins dans Twilight sont présentés comme désirant porter un enfant, et la maternité est présentée comme la seule chose qui donne à Bella la force de résister à Edward et à son « père » Carlisle lorsqu’ils envisagent de la faire avorter, puis comme la seule motivation qui lui permet enfi n de prendre le contrôle de sa vie pour « défendre sa famille ». De plus, Rosalie et Esme, la « belle-sœur » et la « belle-mère » de Bella, expriment à plusieurs reprises leur douleur d’avoir été rendues stériles par leur transformation en vampires qui est la seule chose qu’elles semblent regretter de leur vie en tant que « mortelles2 ». La représentation de la femme comme essentiellement « destinée à la maternité » est également visible dans la façon dont Stephenie Meyer parle 1. Carrrie Anne Platt, « Cullen Family Values: Gender and Sexual Politics in the Twilight Series », in Melissa A. Click, Jennifer Stevens Aubrey, Elizabeth Behm-Morawitz (eds.), Bitten by Twilight: Youth Culture, Media & the Vampire Franchise, New York, Peter Lang, 2010, p. 80-81. 2. Danielle Dick McGeough, « Twilight and Transformations of Flesh: Reading the Body in Contemporary Youth Culture », in Jennifer Stevens Aubrey, Elizabeth Behm-Morawitz (eds.), op. cit., p. 95-96.

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des « règles ». Le vampire Edward est décrit comme irrésistiblement attiré par l’odeur du sang de Bella, or Stephenie Meyer ne mentionne jamais le fait que Bella ait ses règles à un moment donné, et les problèmes que cela pourrait éventuellement poser vis-à-vis d’Edward ou d’autres vampires, eux aussi très attirés par l’odeur de son sang. Le seul moment où les règles de Bella sont mentionnées, c’est précisément lorsqu’elles « n’arrivent pas » pendant leur lune de miel et que Bella comprend qu’elle pourrait être enceinte. Interrogée sur le sujet, Stephenie Meyer répondit que le sang des règles était du « sang mort », donc différent de celui qui coule dans les veines de Bella, et qu’Edward était « trop gentleman » pour parler d’une telle chose à sa belle. Ces explications renforcent encore le stéréotype occidental classique considérant le corps des femmes pendant la menstruation comme « sale » et « impur » et les règles comme un « tabou1 », alors qu’en revanche le sang de la femme enceinte et parturiente est « porteur de vie » (ce qui justifie que Bella se laisse littéralement vider de son sang par son fœtus à moitié vampire). Carrie Ann Platt a montré dans son article sur « les valeurs de la famille Cullen » que la saga Twilight apparaît comme une tentative de réaffirmer les valeurs et les catégorisations traditionnelles des genres masculins et féminins dans le cadre patriarcal et hétérosexuel, résistant ainsi à la « confusion des genres » et des valeurs du monde d’aujourd’hui, et responsables selon les conservateurs du chaos et de la perte des repères et des valeurs « familiales2 ».

Les fictions de vampires féministes Cette vision traditionnelle de la femme dans les romans de Stephenie Meyer est une exception dans les fictions mettant en scène une héroïne (presque toujours humaine) et des vampires qui se sont développées depuis les années 1990. En effet, la plupart de ces fictions, qu’elles soient écrites par des femmes ou par des hommes, véhiculent un discours plutôt féministe ou post-féministe, où l’héroïne est l’égale, voire la supérieure, des protagonistes masculins, qu’ils soient vampires ou pas. La grande fiction de vampires féministe des années 1990 n’appartient pas au domaine de la littérature mais à celui des séries télévisées : Buff y contre

[…]

1. Danielle Dick McGeough (2010), p. 94. 2. Carrrie Anne Platt (2010), p. 71-86.

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résument parfaitement l’attrait de la figure du vampire pour les adolescents (cf. chapitre « Le vampire et la peur »), mais ces deux fi lms restent néanmoins profondément moralisants en montrant clairement les liens familiaux (l’amour d’un frère, des parents, d’un grand-père) comme la solution contre la délinquance juvénile et comme le remède ultime à la condition de vampire, car les jeunes héros de ces deux fi lms finissent par être guéris et accepter de revenir à l’intérieur de la société adulte. Ces deux films sont finalement typiques des années 1980 et de la domination de l’idéologie néo-conservatrice de cette période par leur réaffirmation de l’importance du lien social et par le fait que les vampires, métaphores des délinquants et des marginaux, finissent par être éliminés par les « héros » ou leurs figures parentales, permettant le retour de l’ordre établi.

Le vampire « queer » des années 1990 et 2000 À partir des années 1990, le vampire apparaît comme l’incarnation de l’identité « queer », c’est-à-dire des individus qui refusent de se définir comme homo- ou hétérosexuel, comme noir ou blanc, masculin ou féminin, marié ou célibataire, et toute autre catégorie « binaire » supposée ordonner la société. Les vampires ne sont en effet ni tout à fait morts ni tout à fait vivants, ni masculins ni féminins, ni sexuels ni asexuels, mais tout cela à la fois1. Cette ambiguïté est au cœur des romans d’Anne Rice depuis Entretien avec un vampire en 1976, mais c’est véritablement avec l’adaptation cinématographique de ce best-seller par Neil Jordan en 1994 que cet aspect « queer » est souligné. Jordan avait en effet réalisé deux ans auparavant The Crying Game, mettant en scène Dil (interprété par Jaye Davidson) un personnage fascinant de queer, ni homme ni femme, loin des clichés habituels sur les travestis. Cette sensibilité pour la confusion des genres et des identités rejaillit sur son adaptation du roman d’Anne Rice et lui a permis de diriger les plus grandes stars américaines de l’époque (Tom Cruise, Brad Pitt, Antonio Banderas) dans des directions éloignées de leur statut « viril » habituel pour insister sur leur ambiguïté sexuelle. 1. Kathryn Kane, « A Very Queer Refusal: The Chilling Effect of the Cullens’ Heteronormative Embrace », Melissa A. Click, Jennifer Stevens Aubrey, Elizabeth Behm-Morawitz (eds.), Bitten by Twilight: Youth Culture, Media & the Vampire Franchise, New York, Peter Lang, 2010, p. 105.

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Collection « Culture Pop », dirigée par Thibaut de Saint-Maurice éditions Ellipses 9782729864026 • 256 pages • 12,50 E

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contact presse : Laurence Chagneau, éditrice - [email protected] Marjolaine Boutet

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olaine Boutet est maître de conférences en histoire emporaine à l’université de Picardie-Jules Verne, aliste de l’histoire des États-Unis, passionnée par lture populaire en général et les séries télévisées articulier.

CULTURE POP

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Dans les années 1990, l’esthétique vampirique en musique fait son grand retour avec Marilyn Manson, incarnation du queer, personnage ultra-charismatique et volontairement inquiétant et ambigu, inspiré par toutes les esthétiques marginales (du dandy à l’antéchrist en passant par le burlesque et le médiéval), avec une prédilection pour le gothique pour mieux critiquer le « système » dans ses diverses formes d’expression artistique (musique, mais aussi peinture, fi lm, et toutes ses apparitions publiques qui sont en elles-mêmes des happenings artistiques). Le nom même de Marilyn Manson symbolise toute cette ambiguïté provocatrice : le prénom de l’icône sexuelle féminine par excellence et le nom de famille d’un tueur en série ayant terrifié l’Amérique dans les années 1970, tous deux devenus partie intégrante de la culture populaire, tous deux mettant en garde contre la perversion de la société contemporaine et contre le consumérisme. Par son apparence même (cheveux longs et noirs, front et sourcils rasés, lentilles de couleur, maquillage blanc, vêtements extravagants), le chanteur apparaît immédiatement inquiétant, différent, voire « non humain » et cela renforce son discours politique global qui prône la tolérance des différences et des mœurs même les plus « bizarres », et dénonce violemment l’hypocrisie de l’establishment, du milieu du show business et le snobisme culturel1. Depuis 2008, les vampires dans la série télévisée True Blood sont eux aussi des métaphores évidentes des queers et de toute personne qui ne correspond pas aux normes sociales et qui doit par conséquent lutter contre la discrimination et pour l’égalité des droits (Noirs, homosexuels, minorités religieuses, etc.). Ils ont en effet le choix de s’intégrer, d’adopter le mode de vie « humain » en buvant du « Tru Blood », du sang de synthèse en bouteille qui leur permet de ne plus avoir à tuer, et de gommer au maximum leurs différences avec l’espèce humaine (c’est le choix que tente de faire Bill au début de la série), ou bien au contraire de revendiquer leur identité et leurs traditions propres, et de chercher à être apprécié et toléré comme ils sont (cela correspond davantage à l’attitude d’Eric). On retrouve ici, développé dans la longueur, le dilemme sempiternel autour de la différence et de la norme, du conformisme ou du non-conformisme, de la tolérance ou du rejet, de l’intégration ou du séparatisme. Car les vampires ne sont pas les seules 1. Montague (2010), p. 186.

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ui comme hier, le vampire fascine, u rebute. Qu’y a-t-il donc dans cette excite autant l’imagination des hommes ? e fait-il qu’en 2011 les histoires de ommencer par Twilight) aient toujours ccès ? Plus d’un siècle après la parution de Bram Stoker, après des centaines romans, d’épisodes de séries télévisées, , de bandes dessinées et même de jeux omédies musicales, n’a-t-on pas dit tout ait à dire sur le sujet ?

et ouvrage est d’explorer, de tenter dre ce qui se cache derrière ces histoires s, d’en révéler les clés, les clichés, et le sens, d’en exposer les implications s et culturelles, pour aller au-delà du

vampires

au-delà du mythe

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M. Boutet

EXTRAITS

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Illustration de couverture : © Stasys Eidiejus - Fotolia.com

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vampires

Vampires, au-delà du mythe Marjolaine Boutet

Collection « Culture Pop », dirigée par Thibaut de Saint-Maurice éditions Ellipses 9782729864026 • 256 pages • 12,50 E

au-delà du mythe

contact presse : Laurence Chagneau, éditrice - [email protected] Marjolaine Boutet

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olaine Boutet est maître de conférences en histoire emporaine à l’université de Picardie-Jules Verne, aliste de l’histoire des États-Unis, passionnée par lture populaire en général et les séries télévisées articulier.

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créatures « différentes » dans cet univers fantastique, et la plupart des personnages non-vampires de la série cachent eux aussi une différence de nature, ou bien plus banalement une part d’ombre, un secret qu’ils dissimulent par crainte du jugement de la société. Le message de la série semble donc être que la « normalité » n’existe pas, et que les individus les plus dangereux ne sont pas ceux qui sont « différents » mais ceux qui nient ces différences par ignorance, par méchanceté ou pour accroître leur pouvoir. À l’inverse, la saga Twilight de Stephenie Meyer prend le contre-pied de ce discours car les vampires de la famille Cullen semblent prouver au contraire que même si l’on est « différent par nature », on peut choisir de vivre selon les règles et les valeurs traditionnelles, en bridant ses pulsions et ses instincts. Selon Kathryn Kane, Twilight serait un plaidoyer pour le mariage gay, montrant qu’être « différent » ne veut pas forcément dire avoir un sens moral et des valeurs différentes de la norme hétérosexuelle patriarcale1. Dans le très beau fi lm danois Morse de Tomas Alfredson, d’après le roman John Ajvide Lindqvist2, le vampire sert une nouvelle fois de métaphore des troubles de l’adolescence et des difficultés à s’intégrer mais, contrairement aux fi lms américains des années 1980, ici l’histoire ne se clôt pas sur un retour volontaire des jeunes délinquants à la normalité grâce à l’amour parental. Au contraire, c’est l’amitié indestructible entre un jeune garçon maltraité et une fi llette vampire qui va leur permettre de résister – souvent par la violence, à la manière de Bonnie et Clyde dans le fi lm d’Arthur Penn de 1967 – à l’injustice et à la violence intrinsèque de la société qui les entoure. L’attachement entre deux êtres est ici présenté comme supérieur au « lien social » et à toute tentative d’intégration ou de normalisation de ses différences individuelles. Ainsi, par sa capacité à défier toute tentative de catégorisation, par sa position « en marge » de la société des humains et en même temps par sa tendance à incarner les fantasmes et les désirs les plus inavouables, la figure du vampire remet en cause l’ordre social, critique les normes traditionnelles, 1. Kathryn Kane, « A Very Queer Refusal: The Chilling Effect of the Cullens’ Heteronormative Embrace », Melissa A. Click, Jennifer Stevens Aubrey, Elizabeth Behm-Morawitz (eds.), Bitten by Twilight: Youth Culture, Media & the Vampire Franchise, New York, Peter Lang, 2010, p. 116-117. 2. John Ajvide Lindqvist, Låt den rätte komma in (Laisse-moi entrer), Stockholm, St Martin’s Griffi n, 2004.

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et propose un mode de vie « alternatif ». La façon dont cette « différence fondamentale » est envisagée dans les fictions en dit long sur le rapport de chaque époque et de chaque société avec la norme et la différence, et révèle Sec2:228 13/09/11 sa dimension tolérante ou bien au contraire répressive.

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