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aujourdlhui pour se procurer la meme. Nous parlons souvent de statistiques de prix, de termes de lléchange, et nous oublions le drame humain qui se cache.
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NATIONS

U N I ES Distr. LIMITEE

ASSEMBlEE

A/C.2/L.980 24 nbvembre 1967 FRANCAIS ORIGINAL : ANGIAIS

GENERALE Vingt-deuxieme session DEUXIEME COMMISSION Point 38 de llordre du jour

DECIARATION DE M. JANEZ STANOVNIK, MEIvIDRE DU CONSEIL EXECUTIF FEDERAL DE YOUGOSLAVIE (RAPPORTEUR GENERAL DE LA REUNION MINISTERIELLE DU GROUPE DES SOIXANTE-DIX-SEPT), PRONONCEE A LA 1154eme SEANCE, LE 24 NOVEMBRE 1967 la charte dtAlger est un programme dtaction que les pays en voie de développement, assemblés

a

la Réunion ministérielle dtAlger, soumettent

a

ltexamen de la communauté internationale. La charte dtAlger ntest pas une déclaration se limitant points de vue différents.

a

enregístrer des

Son but ntest done pas un simple affrontement, mais

ltétablissement d ' un plan dtaction coromun pour assurer le développement économique dans le monde. la Réunion ministérielle a confié

a la

mission yougoslave la tache d'informer

et de convaincre aujourd ' hui cette assemblée éminente. Cette présentation a pour but de faciliter les négociations qui auront lieu a la prochaine conférence de New Delhi au sujet des principes

a appliquer

pour arriver

a des

solutions

pratiques. Stratégie globale du développement La charte d ' Alger estime que sa tache se subdivise en trois étapes consécutives : a) elle analyse la situation actuelle en passant en revue les tendances économiques et lrévolution dans llapplication des prograromesj

b) elle

propose une série de mesures réalistes et pratiques, prenant en considération le stade de développement technique et politiquej e) elle fait appel

a lrimagination

et recommande ltétude de domaines dtactivité futurs, consciente du fait que ltaction immédiate ne peut etre qutune phase de la politique de développement

a

long terme. 67-2783 0

/

...

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La clef gui permet de comprendre les principes directeurs de la charte d'Alger se trouve dans la partie suivante du préambule : liLa gravité du probleme reguiert d'urgence l'adoption d'une stratégie globale du développement comportant des mesures convergentes de la part des pays développés comme des pays en voie de développement." La charte d'Alger a

~té

rédigée sur la base d'un travail préparatoire exécuté

par des groupes régionaux et gui a trouvé son express ion dans la déclaration d 1 Alger, la déclaration de Bangkok et la charte de Teguendama.

Pour comprendre

les recommandations pratiques qu'elle contient, il faut se référer grands principes qui sont

a la

a

plusieurs

base de la nouvelle stratégie globale du

développement : l.

11 est fondamental de reconnaltre que la pauvreté en quelque endroit que

ce soit représente un danger pour la prospérité générale.

Ainsi, faire preuve de

coopération en vue du développement ne constitue pas un acte de charité mais un moyen de servir

a la

fois son propre intéret bien compris et le progres général.

Dans cette coopération, il n'y a ni "donateur" ni "bénéficiaire", mais des partenaires égaux conscients de leur interdépendance mutuelle.

Ce principe

établit le but commun, fondé sur une communauté d'intéret. 2.

Le deuxieme principe est une suite logique du premier : "Les pays en

voie de développement réaffirment que leur développement économique dépend essentiellement d'eux-memes" et leurs efforts de développement".

lI

se déclarent résolus

a

s'aider mutuellement dans

Une telle attitude ne devrait pas servir

d'excuse pour leur faire porter la responsabilité exclusive de

le~r

développement.

Les membres de la corumunauté internationale qui se trouvent dans une situation privilégiée devraient prendre l'initiative et encourager ainsi les efforts internes des membres moins favorisés de cette communauté.

On est done amené

a

reconnaitre qu'lI une mobilisation plus complete et une utilisation plus efficace des ressources nationales des pays en voie de développement ne sont possibles qu'accompagnées dlune action effective sur le plan international".

3.

Tbutefois, la complexité et l'interdépendance des problcmes que pose le

développement économique sont telles que des mesures isolées et non coordonnées ne peuvent donner les résultats escomptés.

Si l'action nJest pas coordonnée, il

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peut faeilement arriver qu'une mesuredonnée_annule partiellement ou totalement les résultats positifs produits par une autre. 11 est done essentiel dtavoir une politique internationale concertée.

Les

mesures prises doivent viser un but bien défini et se conformer a un ordre de priorité déterminé.

Elles doivent donc etre convergentes.

Etant donn¿ les grandes

différences qui éxistent entre les divers pays en voie de développement et compte tenu notamment de la situation spéciale des pays les moins développés, toutes les mesures doivent avoir pour objet dlassurer, aussi exactement que possible, une répartition équitable des possibilités et des avantages.

Elles doivent donc etre

eomplémentaires.

4.

Clest dans eet esprit que llon devrait aussi examiner la question

"commerce ou assistance".

Le comrnerce ne remplace pas l'aide et eette derniere

ntest pas un simple additif au commerce.

Tous deux sont des instruments

essentiels et fondamentaux dlune meme stratégie logique et internationale du développement.

Seul un effort (8oit sous forme de ~ommerce, soit sous forme de

transactions financieres) qui mobilise les ressources nationales et stimule les activités créatrices de la population peut donner des résultats durables. commerce et llaide ne sont que des moyens et non un but.

Le

Le but, c1est une

intégration éeonomique nouvelle du monde, qulassurera un développement économique général.

Toutefois, ltévolution des termes de lléchange dans le eadre de la

technique moderne et dlune politique économique indépendante n'entraine pas automatiquement une intégration économique plus poussée de pays a niveaux différents de développement éccnomique.

Les transfertsde capitaux doivent jouer

inévitablement un role important dans les ajustements structurels, conduire a une nouvelle division internationale du travail et, par la meme, a une nouvelle intégration économique mondiale.

5.

la charte ne précise pas les objectifs quantitatifs par seeteur du

programme stratégique qu'elle implique. oubliés.

11 ne faut pas en conclure qulelle les a

En déclarant qulllune part substantielle de tout accroissement de la

demande intérieure de produits de base dans les pays développés devrait etre réservée a la production des pays en voie de développement", la charte laisse a la Conférence elle-meme la possibilité de quantifier les objectifs par secteur

/ ....

"

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lorsqu'elle disposera de projections établies par les experts. d1établir une quantifieation précise soit laissé

a des

Bien que le soin

négociations ultérieures,

le eoncept fondamental est parfaitement clair : il s'agit pour les pays développés de réserver au moins une portion de llaugmentation de leur consommatian aux pays en vaie de développement, élargissant ainsi l'acces aux marchés sans devoir procéder

a des

ajustements structurels internes et élevant meme leur propre niveau

de vie en important des produits fabriqués a plus bas prix a llétranger. En ee qui concerne les exportations industrielles des pays en voie de développement, la charte ne précise pas non plus les objectifs quantitatifs par secteur.

La Réunion ministérielle a largement appuyé une.proposition visant a

doubler d1ici 1970 les exportations d 1 articles manufacturés.

Corr~Áe

les articles

manufacturés ne représentent que 17,4 p. 100 des exportations totales des pays en voie de développement, alors qu'ils constituent 70,5 p. 100 du total dans le cas des pays industrialisés et 61,6 p. 100 dans le cas' des pays socialistés, il n'est pas chimérique de slattendre a une croissance rapidement accélérée de cette catégorie d 1 exportations, surtout si l'on tient compte du fait que de nombreuses industries des pays en voie de développement sont caractérisées par une nette sous-utilisation de leur capacité de production par suite d'un manque de débouchés. Cependant, la aussi, la Réunion ministérielle a

j~gé

préférable de laisser aux

négociations futures le soin de quantifier eet objectif. Dans le domaine de l'aide finaneiere, les objectifs globaux par secteur ont déja été définis au cours de la premiere session de la Conférence.

Ce dont il

est question iei, c 1 est simplement d1atteindre llobjeetif de 1 p. 100 du revenu national.

Toutefois, par suite des différences d1opinion qui se sont manifestées

a ce propos, on a jugé utile a la Réunion de préciser certaines notions fondamentales relatives a cette mesure. Ainsi, les objectifs par secteur ne sont définis que grosso modo, ce qui évite de poser le probleme de 11 uniformité.

Des que la Conférence sera en

possession, a New Delhi, de llensemble des projections établies sur le déficit cow~ercial

des pays en voie de développement, on pourra procéder a des négociations

d 1 un caractere plus concret sur les objectifs quantitatifs et sur le degré d 'uniformité qui doit exister entre eux.

I ...

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6.

Etablir des buts et des objectifs ne sert qula définir un cadre qui

aidera a slattaquer rationnellement au probleme dlensemble.

Les objectifs

quantitatifs désirés ne peuvent etre atteints quIen abordant dlune fa~on différente les problemes de la politique internationale du développement, grace

a de

nouveaux programmes et mesures slinspirant de principes de coopération a la

fois nouveaux etharmonisés.

La charte dtAlger ne se contente pas dtaffirmer

qu1une nouvelle division internationale du travail slimpose; elle propose une série de mesures modestes, mais d1application pratique, qui permettraient d1atteindre par étapes les buts recherchés.

Se fondant essentiellement sur le

principe dlune évolution progressive, la charte se fait résolument llavocat dfune stratégie a long terme; il en résulte que des mesures partielles ne constituent pas·uniquement des "concessions limitées" mais bien les étapes effectivement prévues dans le cadre dlune politique a long terme.

7.

Une stratégie détaillée du développement exige aussi llétablissement

dtun certain ordre de priorités.

La charte marque un accord implicite au sujet

de certains "points de'cristallisation" sur lesquels les négociations devront porter durant la prochaine session de la Conférence, sans qulon entende par la limiter son ordre du jour. Jlai estimé nécessaire de donner a titre dtintroduction quelques explications sur les grands principes directeurs dont slinspire le programme dlaction formulé dans la charte dtAlger.

Il serait pratiquement impossible et du reste superflu

de présenter ce programme en détail, puisqufil s 1 explique le plus souvent par lui-meme.

Jfai pour tache de présenter le programme d1action a titre

"dfinformation".

J1espere que l'on me pardonnera si jamais je cede a la tentation

d'essayer la "persuasion". Problemes et politiques des produits de base Les problemes relatifs aux produits de base occupent naturellement une place centrale et un rang de priorité élevé dans le programme d'action esquissé par la charte dlAlger.

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Pres de 85 p. 100 du total des exportations des pays en voie de développement consistent en produits de base.

la part de ceuX-ci dans l'ensemble des expor-

tations mondiales est en déclin (elle est passée de 54 p. 100 en 1953-54

41,6 p. 100 en 1965-66).

Quant

a

a

la proportion exportée par les pays en voie de

- développement, elle aussi a marqué une diminution, passant de 44,8 p. 100 en

1953-54 a 40,4 p. 100 en 1965-66. Les prix des produits primaires ont baissé de 1 p. 100 depuis 1958, alors que ceux des articles manufacturés augmentaient de 9 p. 100. Meme dans le cadre de cette évolution générale défavorable des prix, nous relevons un paradoxe frappant.

Alors que les prix des produits primaires

exportés par les pays industrialisés ont augmenté de 9 p. 100 pendant la meme période (augmentation identique

a

celle des prix des produits industriels), les

prix des produits primaires exporté s par les pays en voie de développement ont baissé de 8 p. 100 (Bulletin mensuel de statistique, JUln 1967).

Ce paradoxe

s'explique par le jeu de certains facteurs économiques, techniques et politiques. Sur le plan économique, je pense avant tout

a

l'assez faible élasticité-revenu

de la demande dans les pays développés pour une

garr~e

étendue de ces produits

primaires; du point de vue technologique, on ne pourra citer d1exemple plus probant que le remplacement des produits primaires par des produits synthétiques ainsi, Jans la consommation de caoutchouc, la proportion du caoutchouc natarel est passée de 62 p. 100 en 1954 facteurs qui ressortissent

a

a 38

p.

100 en 1966; enfin, s'agissant des

la politique économique, on signalera la politique

agricole protectionniste des pays développés : on a démontré que pour chaque dollar que les pays développés dépensent pour importer des produits agrícoles des pays en voie de développement, ils en dépensent autant pour subventionner d'une faqon ou d'une autre leur propre agriculture. La charte dtAlger esquisse des mes;res pratiques permettant d1arriver

a une

solution progressive du probleme des produits primaires en combinant les deux méthodes d1élargissement des marchés et d1organisation des marchés.

Ces deux

méthodes ne sont pas incompatibles et peuvent se compléter dans le cadre du prograrnrne d'action intégré que suggere la charte d'Alger. Pour la charte, le moyen essentiel de résoudre le probleme des produits de base consiste

a

négocier des accords par produit.

Tbutefois, une solution

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progressive et durable de ces problemes ne saurait etre obtenue uniquement par des restrictions a la production; elle devrait plutot prendre la forme dynamique d'une expansion de la demande mondiale.

Le mécanisme des stocks régulateurs

paraít constituer un instrument souple dans le cadre des accords sur les produits, surtout si on l'associe a des programmes de diversification de la production et a une politique des prix visant non seulement a la stabilisation mais tenant également compte de la nécessité pour les pays producteurs de développer leur économie. Une politique d'accords sur les produits exécutée pendant qu'existent et meme se développent des entraves réelles ou implicites a l'exportation des produits primaires des pays en voie de développement serait un non-sens.

Si l'on

veut empecher que la main gauche ne reprenne ce que la main droite a donné, il est indispensable que les pays développés adoptent trdes mesures en vue de décourager les productions non rentables qui concurrencent des productions des pays en voie de développement ll • 11 convient peut-etre drajouter une explication au sujet de la disposition prévoyant qu' tren attendant 1 rélimination des taxes intérieures et des droits a caractere fiscal, il faudrait instituer un systeme de remboursement des droits, d'abord partiel, puis conduisant progressivement, sur une base annuelle, a un remboursement total ll •

11 est difficile d'évaluer exactement les fonds accumulés

dans les pays industriels a la' suite de contributions variables, de charges fiscales et d'autres impots. considérables.

On ne peut douter qu'il sragit la de sommes

L'imposition de ces charges entraine une augmentation des prix

de détail et, par conséquent, une réductio? de la demande, une contraction des importations et une baisse des prix

a l'exportation

drexportation des pays en voie de développement. aspects du probleme.

et des recettes totales

Toutefois, ce n'est la qurun des

L'augmentation du prix de ces produits entraíne aussi une

augmentation des salaires et des couts de production et influe sur le prix final des articles manufacturés.

Ainsi, ce mécanisme curieux des charges fiscales

internes a pour effet, d'une part, de faire baisser les prix des produits primaires et, d'autre part, de faire monter les prix des articles manufacturés. Le moins que llan puisse faire pour inverser le mécanisme est done de rembourser ces charges.

fon~tionnement ~ctuel

de ce

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Je ne m'acquitterais pas completement sur ce point de ma tache d'information

et de persuasion si je n'attirais votre attention sur les aspects purement humains de ce probleme.

Je me rappelle qulun représentant disait

a

la Réunion d'Alger

qulil y a dix ans, un paysan de son pays devait produire dix sacs d'un certain produit prímaire pour pouvoir acheter une machine et qu'il lui en faudrait vingt aujourdlhui pour se procurer la meme.

Nous parlons souvent de statistiques de

prix, de termes de lléchange, et nous oublions le drame humain qui se cache derriere ces chiffres. celui du sucre

a 1,5

Lorsque le prix du cacao tombe

a 15

cents la livre ou

cent, niveau auquel meme les producteurs les plus économiques

du monde ne peuvent couvrir leurs dépenses d'exploitation, nous devrions voir, au-dela des fluctuations des cours, les paysans producteurs dont l'existence meme est ainsi mise en cause. Exportations d'articles manufacturés et semi-finis Contrairement aux exportations mondiales des produits primaires qui ont augmenté en moyenne de 4,8 p. 100 par an seulement au cours de la derniere décennie, les exportations de produits manufacturés ont augmenté deux fois plus vite (pour atteindre un taux de 9,2 p. 100).

Pendant cette décennie, les pays en

voie de développement ont augmenté en moyenne leurs exportations de produits

7,7

100 par an, tandis qu'entre 1960 et 1965 leur taux annuel dlaugmentation a atteint 10,6 p. 100. Meme cette expansion rapide des expor-

manufacturés de

p.

tations de produits manufacturés en provenance des pays en voie de développement nta pas réussi a améliorer leur position dans le commerce mondial.

Si la part

des pays en voie de développement dans le volume mondial des exportations de produits manufacturés a atteint 6,6 p. 100 en 1955, elle nla été que de 5,8 p. 100 en 1965.

Les pays en voie de développement sont comme Alice au pays des merveilles

en train de découvrir que tout ce qui lrentoure bouge si vite qu'elle doit courir a toute vitesse pour rester seulement

a

la meme place.

Si nous voulons établir

une nouvelle division internationale du travail, les pays en voie dedéveloppement ne peuvent pas simplement marquer le pas, ils devront chercher l'expansion dans le domaine le plus dynamique du cornmerce mondial. La proposition d'établir un systeme général de préférences,

s~ns

nation ni réciprocité, souleve peut-etre des problemes de sémantique.

discrimiIl ne s'agit

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